L'impression que votre frustration de ne pas avoir eu ce que à quoi vous vous attendiez est la principale raison de votre rejet total ou partiel du film. Je serais curieux de savoir, pour ceux qui lui auraient donné une seconde chance, s'ils maintiennent ou non leur avis. Moi qui ne voue pas un culte particulier à Shyamalan, voir qui ait plutôt de mauvais souvenirs de certains de ses films (ce qui m'avait poussé à ne pas aller voir en salle celui-ci, craignant comme l'écrit Art Core que l'accueil élogieux de la critique soit avant tout un exemple supplémentaire des travers d'une politique des auteurs jusqu'au boutiste), ce Split est finalement une excellente surprise, surpassant mes attentes. Et j'avoue ne pas très bien comprendre certaines des critiques qui lui sont faites ici.
Beaucoup lui reproche de ne pas avoir poussé le concept jusqu'au bout. Mais de quel concept parlez-vous? Du fait que le film aurait dû être un thriller psychologique en huis-clos comme l'évoque FF? Ça n'est apparemment pas le film que Shyamalan souhaitait faire, on peut toujours lui reprocher de choisir une autre voie que celle que l'on aurait préféré, mais tout de même pas d'avoir fait le film tel que lui le voulait.
Le fait qu'il ne pousse pas plus loin l'évocation des 23 personnalités? Mais comme le fait remarquer Abyssin le film serait devenu un truc foutraque informe et grotesque, une performance ridicule et inaudible. Et le fait que l'on a pour l'essentiel 3 personnalités est dans l'exact ordre des choses, le film s'ouvre alors que les personnalités qui ont pris l'ascendant sur les autres sont celles de la horde, il n'y a donc clairement pas la place pour que les autres puissent intervenir, sinon à la marge (elles sont sinon toutes sur l'écran d'ordinateur, on en découvre d'ailleurs 3 supplémentaires lorsque Casey ouvre un à un les fichiers).
Sinon je lis mise en scène pas folichonne, manque de rythme, problème d'écriture... moui non franchement je vous trouve excessivement dur, personnellement il n'y a rien qui m'a choqué à ces niveaux là, j'ai trouvé la mise en scène vraiment élégante avec de vraies fulgurances (la parcours de La Bête du wagon de métro à son antre est particulièrement saisissante), je n'ai jamais senti de chute de rythme et je trouve au contraire le scénario ciselé. Comme par exemple
Film Freak a écrit:
il y a des trucs grossiers comme les flashbacks que le Shyamalan de jadis n'aurait jamais écrit et mis en scène aussi grossièrement.
Mais c'est tout sauf grossier, on est bien loin du flashback qui vient lourdement expliqué le trauma des protagonistes, pour reprendre les termes de Jacky G. le film étant tout entier centré autour du retour du refoulé, les flashbacks sont justement ce refoulé, qui chemine insidieusement pour sourdre dans ces deux moments paroxystiques où
Art Core a écrit:
J'aime beaucoup le personnage principal aussi fascinant qu'émouvant, incarné par un génial James McAvoy. Cette manière de contourner le traumatisme par cette multitude de personnalités toutes unies pour protéger "l'original" c'est super beau. Et cette idée de horde est vraiment excellente.
Tout à fait d'accord avec ça, sur le papier et dans son exécution c'est vraiment l'une des grandes forces du film. Il y a suffisamment de films où la dimension psychologique/psychiatrique est totalement pétée pour que l'on reconnaisse comme il se doit lorsque c'est une vraie réussite. Réussite que je rapprocherai d'ailleurs de celle de
Fight Club, qui partage de grandes similitudes dans la description de son personnage principal, bouffé par la schizophrénie (pour des raisons différentes dans chaque film) et qui ne voit d'issue que dans passer par la violence (accompagnée d'une vision fantasmée du corps).
Art Core a écrit:
Il y a quelque chose d'assez beau aussi qui se passe aussi sur le sujet animal (impression que c'est une obsession du cinéma américain récent et tant mieux).
Si je l'avais vu en temps et en heure je l'aurais nécessairement inclus dans mon top de l'année 2017. Ce rattrapage tardif me servira au moins de clé d'entrée à la filmo de Shyamalan, dont j'ai maintenant très envie de revoir et réévaluer ses films (à commence par
Incassable)
5/6