Forum de FilmDeCulte

Dans l'Angleterre du 19ème siècle, un paysan du Dorset, John Durbeyfield, découvre par hasard qu'il est le dernier descendant d'une grande famille d'aristocrates. Motivé par le profit qu'il pourrait tirer de cette noblesse perdue, Durbeyfield envoie sa fille aînée, Tess, se réclamer de cette parenté chez la riche famille des d'Urberville. Le jeune Alec d'Urberville, charmé par la beauté de sa "délicieuse cousine", accepte de l'employer et met tout en œuvre pour la séduire...

Film assez étrange (comme tout le tournage effectué en France ?) où l'on se ballade entre sentiment d'académisme léché, saupoudré de quelques touches surréalistes scientifiquement casées (le pano nocturne dans la laiterie, la scène du plafond à la fin...)... et un traitement des personnages qui semble très personnel. On retrouve le goût du jeu sur les points de vue de Polanski, qui passée l'introduction assez chouette (le plan séquence du générique , la révélation de l'aristocratie qui raccorde au bal qui ne distingue pas encore deux des héros), reste tout du long avec son héroïne jusqu'aux dernières 45 minutes.

On ne peut s'empêcher de penser aux accusations contre Polanski dans ce portrait de créature diaphane et victime rebelle pourtant dédié à Sharon Tate... Les deux personnages masculins paraissent souvent odieux, mais semblent à la fois être condamnés et parler pour Polanski. On a la sensation de regarder des rapports de sado-masochisme sous-jacent à ces images bien victoriennes, un jeu sur la pureté sur laquelle pourrait se calquer cette forme de livre d'image faussement lisse. Le cinéaste se plait d'ailleurs à jouer à ce jeu avec le spectateur même dans tout le passage de la lettre et celui des révélations lors de la nuit de noce.

Jusqu'au basculement de point de vue à la fin qui vire à la quête de rédemption et à l'échappée fatale la plus romantique. Presque jusqu'au Kitsch d'ailleurs, avec le décor de Stonehege et surtout ces détails Une sensation un peu troublante entre expression des rapports de créateur (prédateur?) et propos féministe. Il semble qu'il y ait eu des rumeurs de liaison Kinski / Polanski d'ailleurs...