Préambule. J'ai résumé ce pavé dans la dernière phrase.
Nan mais c'est reprocher à une politique de tenir un discours de politique. T'as déjà entendu Le Maire parler d'économie, Le Pen d'identité nationale et Mélenchon d'humanisme sans trouver ça complètement niais ?
J'en reviens à ce que je disais. Des prototypes d'agriculture alternatifs avec un faible impact environnemental, il y en a. Plein. Plus ou moins sérieux. L'important est de les expérimenter à une certaine échelle pour en déterminer la validité. Et ce n'est ni poussé par l'Etat, en dehors d'initiative type agriculture urbaine relevant du greenwashing et reposant sur l'ESS (ce cache-sexe du démantèlement du service public de proximité), ou les industriels et financiers qui n'aiment pas la diversité des modèles que ça implique puisque rarement compatibles avec une concentration et uniformisation des surfaces, beaucoup plus simple pour se placer en situation de quasi-monopole.
Ce modèle de bassines, c'est sans doute valable dans les Amériques ou en Asie, mais en Europe, on est mort à long terme. Parce qu'à court terme, je ne doute pas que ça marche (maintenant, deviner précisement le court et le long terme...).
Comme pour d'autres types d'industries, notre seule issue en agriculture, c'est le luxe. Le vin, même si on fait encore de la piquette, on a réussi à avoir le standard quantité / qualité le plus haut au monde (au coude à coude avec l'Italie) en imposant des normes qualités passant par un arrachage massif de pieds, pour ne pas produire plus qu'on ne puisse vinifier correctement. Mais comme pour les couturières de chez LV, contrairement aux couturières de chez Etam, il faudrait payer les petites mains en conséquence (dans le Champagne, une saison de vendanges rapporte bien et t'es bien traité mais ça ne reste qu'une saison). Or, 99% des gens préfèreraient bosser chez McDo ou vendre des coques de portables que d'aller arracher des mauvaises herbes avec le statut de travailleur agricole qui est certainement le pire qui existe. Donc c'est aussi un modèle de société à remettre en cause. Ce dont les Verts sont conscients depuis leurs origines mais à force de vouloir donner des gages, ils se sont fourvoyés dans des délires sociétaux à la Rousseau qui les ont rendu imbuvables pour beaucoup de citoyens.
Ils en reviennent, après les dernières claques électorales. Ils sont encore assez confus vu leur électorat urbain qui chevauche celui de LFI. Mais ce type de discours qui te dérange, c'est aussi un signe d'un retour aux fondamentaux. de mon point de vue, j'aimerais qu'il profite de cette occasion pour mettre en avant un modèle qui permettraient aux jeunes des campagnes et du peri-urbains de considérer des boulots agricoles comme une option pas seulement réservée à ceux sans aucune autre perspective. Financièrement et en termes de qualité de vie au travail (parce qu'eviter de travailler avec des pesticides, c'est bien, ne pas se casser le dos en prime, c'est mieux).
Alors tout ça, ça se finance et je ne comprends pas qu'ils n'aient pas cherché à empêcher de présenter l'écologie comme punitiv. Parce que plus que les délires de célébrité de Rousseau qui lui fait enchaîner propos interessants et débiles dans la même phrase, le vrai rejet (sur lequel surfe le RN que tout récemment finalement) c'est cette écologie basée sur des taxes (et c'est vrai les interdictions mais voilà quoi, faut bien faire quelque chose), sans insister que cadevrait être la source de financement de tels plans (après, les promesses...). Alors j'y comprends pas grand chose, ça se joue à l'échelle européenne (mais je comprends au moins que l'écologie subit un rejet massif au niveau européen) mais ya aussi le sentiment que les seuls investissements dans les zones rurales sont celles de l'agro-industrie (ce qui est vraie d'ailleurs) et que l'agro-industrie est encore une des seules qui tiennent encore la route (ce qui est aussi vraie, il n'y a pas que ça en Vendée, département le plus dynamique de France, mais c'est un peu le socle du reste). Donc, peut-être y aller mollo sur le veganisme par exemple (mais toujours le totem Rousseau : on ne retient que ce qui buzzer).
Bon, ça c'est du domaine d'un programme et ça existe d'ailleurs chez eux. Je regrette juste que ça ne redevienne pas la priorité dans celui-ci et que ça ait été relégué de plus en plus loin à mesure que les suffrages venaient de quartiers gentrifiés (et je serais curieux de savoir s'il n'y a pas eu vases communicants entre 1ère génération urbaine issue de l'exode rurale, donc ayant encore mamie à visiter à la campagne, et 1ers gentrificateurs). Il y a aussi eu l'entrisme d'un gauchisme dont l'anti capitalisme est la seule boussole, la Nature étant accessoire (d'ailleurs, je préfère le terme "nature" plus qu'à"environnement" en soit, l'Homme étant un élément de la Nature alors que l'environnement le distingue et peut-être de toute autre... nature).
Mais là, dans l'absolu, je trouve injuste de reprocher aux Verts de vouloir simplifier leurs discours face à l'urgence des bassines, qui finiront par se multiplier. C'est perdu d'avance, hein. Mais symboliquement, ne rien faire serait incohérent. Ok, ya encore là-dedans du folklore du Larzac. Et ça va mener à une plus grande radicalisation, ce qui ravira les gauchistes mais bon, ya plus vraiment de domaines qui échappent à la radicalisation de nos jours donc bon... Et malheureusement, il y a le passif Notre-Dame-des-Landes. Ils n'ont pas su convaincre la population locale, qui était plutôt contre le projet à l'origine mais s'est retournée face à l'enfumage et le pourrissement de la situation dans la durée (merci pour une fois à l'opportunisme de Macron d'ailleurs) et c'est la réaction violente qui a eu gain de cause (bon, stratégie pas reproduisible sur les bassines, on est sur des terres privées, c'est disséminés et le précédent de la ZAD NDDL ne permet pas un autre Ayrault ahuri).
En bref, on est dans la merde sanitaire, environnementale et au jeu de l'agro-industrie mondiale, et le parti supposé être le plus constructif là-dessus est dans la merde et pourrait chercher à revenir sur ses fondamentaux, comme le fait que la Nature, c'est joli et ça sent bon.
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