Forum de FilmDeCulte

Mais c'est voulu ou c'est un couac ?

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

C'est voulu, si j'ai bien compris le principe lorsque toutes les personnes dans la scène parlent l'Osage les dialogues sont traduits, lorsqu'il y a des personnes qui ne le comprennent pas ce n'est pas traduit (et encore j'ai un doute, dans une scène où toutes le sœurs sont ensemble et où elles sont en train de dauber sur leur mari qui sont juste à côté d'elles, il me semble que les dialogues sont traduits). Pour moi ça reste problématique, à partir du moment où tu as traduit une ligne de dialogue dans cette langue tu dois alors tout traduire, utiliser la traduction comme subterfuge pour placer alternativement le spectateur du côté des Osage ou des blancs ce n'est pas une bonne solution, ça devrait passer (si Scorsese le jugeait vraiment nécessaire) par la mise en scène.

Ce qui m'a le plus surpris dans le film c'est à quel point j'ai eu le sentiment d'être face à un pur film d'horreur. Dès le début il flotte dans l'air quelque chose de profondément délétère et malsain. A l'image de la prestation d'un Leonardo DiCaprio très cabotin, exagérément grotesque avec ses prothèses dentaires et sa bouche tordue le film emprunte un chemin qui tend à la faire ressembler à un véritable film d'épouvante. Si je comprends les critiques sur sa prestation, moi personnellement elle me séduit et je le trouve assez phénoménal notamment lors de cette scène finale Ce qui en fait un film passionnant c'est à quel point cette horreur pure que dégage les 3h20 du film ont pour origine une seule et même chose. C'est ce liquide noir qui sort de terre lors de la première scène pour recouvrir les indiens Osage, à la faveur d'un raccord proprement sidérant. Une soif d'argent proprement monstrueuse et sans limite prêt à éradiquer une entière communauté.

J'ai beaucoup aimé comment le film organisait son récit, avec une espèce de bonhommie tranquille qui là encore ne fait que renforcer ce sentiment d'horreur domestique et quotidienne. Comment jamais il ne joue le suspense et les révélations sur qui sont les coupables. Soudain un personnage que l'on ignorait mauvais s'avère être une ordure de la pire espèce. Sans que ça ne modifie sa trajectoire dans le film ou la manière de le filmer ou d'organiser les dialogues. C'est comme inscrit dans son ADN dès son apparition à l'écran, il n'y aura pas de bascule, c'est là déjà en germe dès les premiers instants. Et le film de dérouler le programme de ces personnages véritablement maléfiques comme s'il s'agissait de les montrer gérer une entreprise. Il faut attendre l'arrivée du FBI pour voir le déraillement du personnage d'Ernest et la bascule dans une certaine folie qui le rattrape (la géniale scène du bal au milieu de la rue).

Je comprends certaines voix un peu déçues face à un film qui n'est pas forcément la grande fresque attendue de 3h20 et qui s'avère au final relativement petit dans son décor et dans son rythme lancinant sans grand moment d'envolées lyriques ou que sais-je. Mais c'est justement ce qui m'a plu, cette manière de réduire de plus en plus l'espace du film pour le restreindre à cette chambre à coucher où Mollie se meurt et où se joue par métonymie tout le film. D'ailleurs il y a un plan assez dingue avec l'incendie à l'extérieur et les fenêtres de la chambre sont comme opacifiées, on ne voit que des formes floues s'agiter derrière. C'est très osé, presque un artifice de théâtre au milieu d'un film pourtant relativement classique. Cet effet de théâtre que l'on retrouve dans cette prison sans mur également et qui sera poussé à son terme lors de cette dernière scène brillante et totalement surprenante dont on ne sait pas vraiment que faire dans un premier temps avant d'y voir l'aboutissement du discours du film. Renvoyé à notre rôle de spectateur nous sommes quelque part complices de ce spectacle de l'horreur capitaliste. Là où tout n'est qu'artifices ludiques (les sons recréés en direct), la population Osage, absentée de ce spectacle, est décimée et invisibilisée (de l'aveu de Scorsese lui-même on ne mentionnera pas les meurtres lors de l'oraison funèbre de Mollie). Je lui souhaite une vie encore très longue mais si sa carrière devait se finir par cette scène ce serait beau.

Et je peux être aussi sur une ligne un peu critique vis à vis du traitement des Osage dont on aurait pu espérer une représentation un peu plus dense. Le personnage de Mollie me semble quand même un peu sacrifiée, tu penses dans un premier temps que ça va être elle le moteur de l'enquête, le révélateur de ce qui se passe vraiment mais en fait pas du tout, elle est rapidement reléguée au second plan dans un rôle qui manque quand même un peu de consistance et qui me semble refléter d'une certaine manière le caractère un peu misogyne du cinéma de Scorsese qui a beaucoup plus de mal avec les personnages féminins qu'avec les personnages masculins. Mais une fois que l'on a dit ça, ça reste un film quand même très fort et très glaçant que je reverrai avec plaisir.

5/6

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CroqAnimement votre

Oui la dernière scène entre Mollie et Ernest est géniale, simple et terrible..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Entièrement d'accord. Ne serait-ce qu'à cause du titre, difficile de pas penser à un film de loups-garous ou de vampires.
Injuste. Beaucoup de ses personnages sont misogynes et sont justement filmés comme tels, mais ses films ?


@LohmannLa scène est sur YouTube en fait : https://www.youtube.com/watch?v=WAMzPTM2DTs

C'est bien ce qu'il me semblait. Le spectateur est alternativement du côté des Osage ou des blancs qui ne comprennent pas leur langue, je ne suis vraiment pas convaincu par ce choix.

Je trouve qu'une des clés du film réside dans les premiers dialogues entre Mollie et Ernest, quand elle lui explique que les Blancs parlent trop, font trop de bruit, ne savent pas rester en place (avec, plus loin, la scène de l'orage aussi) : dans le rythme du film, il y a, je pense, une volonté d'assagir la syncope hollywoodienne, de limiter les effets de manche, d'en faire moins quoi. A plusieurs moment, d'ailleurs, on ne sait pas trop comment le temps s'écoule, et les gamins qui grandissent sont le seul repère de la durée de l'action.
Et, comme dit déjà, on pense énormément au Parrain.

Schoonmaker évoque cette question dans un entretien. Scorsese a décidé de ne pas tout traduire, et l'idée lui serait venue d'un film de Michael Powell, "Bluebeard's castle":

https://lwlies.com/interviews/thelma-schoonmaker-powell-left-a-little-furnace-burning-inside-of-me/

Oui peut-être est-ce un peu exagéré de parler de misogynie mais en tout cas il est dans un cinéma quasi exclusivement masculin. A part Jodie Foster dans Taxi Driver et Sharon Stone dans Casino quels sont les personnages féminins marquants de sa filmo ?

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CroqAnimement votre

Je pense en premier à M. Pfeiffer et W. Ryder dans Le Temps de l'innocence

Un de ses films que j'ai pas vu (mais il est sur ma liste).

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CroqAnimement votre

Il a quand même fait deux films dont le nom du protagoniste féminin est dans le titre...

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Barbara Hershey dans Bertha Boxcar, Ellen Burstyn dans Alice n'est plus ici.

Voilà.

Puis Blanchett en Katherine Hepburn dans The Aviator est géniale, Liza Minnelli dans New York New York, Hershey en Marie Madeleine...

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Et L Bracco dans Goodfellas, R. et P. Arquette dans After Hours et Bringing out the dead.
Anna Paquin a un tout petit rôle dans Irishman, mais hyper important.