Forum de FilmDeCulte

un procès hyper intéressant pour ça ce sera celui de cédric jubilar : le mec est détestable, a 90% de chances d'être coupable mais en même temps le dossier, d'un point de vu policier / juridique est quasi vide. l'acquitter serait autant respecter strictement les principes de charge de la preuve, du doute qui doit bénéficier à l'accusé qu'accorder une prime au crime parfait.

et on en vient à ce que tu disais :



je pense qu'elle a choisi cette configuration de crime justement parce que dans le sens inverse, un mec sera immédiatement envisagé comme coupable, donc soit tu y vas à fond dans le "accusé à tort" soit tu dépenses une énergie monstrueuse pour arriver à l’ambiguïté.
là elle bosse pour créer le doute face au préjugé de la femme victime, mais c'est moins laborieux.

Sur les gens que t'as vu passer au cours de ta session, y avait davantage de gars comme le protagoniste de SOUPCONS, ou davantage de gars avec des casiers ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je n'ai fait que des affaires de viols et de meurtres, et tous les accusés avaient un casier judiciaire vierge, ou étaient connus pour des antécédents mineurs qui n'avaient rien à voir (conduite en état d'ivresse, possession de stupéfiants...).

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I think we're gonna need a helmet.

Le Cow-Boy, pitié viens sur ce topic et puisses-ton expérience aller dans le sens qui m'arrange.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Le procès de Jubilar, ce sera quelque chose. A moins que de nouveaux éléments apportent enfin quelques preuves tangibles d'ici là. Tout indique que c'est lui, personnage détestable (infiniment plus que Sandra Huller dans Anatomie), pas de preuve concrète, pas de corps. Et si le mec est acquitté, il aura fait de la préventive pour rien.

je pense que les propos du maitre jedi peuvent plus correspondre à des dossiers de banditisme, trafic de drogue, assassinats en mode reglements de compte, tentative de meurtres sur élus / policiers - ou de toute façon les prévenus sont très massivement d'affreux jojos avec de beaux casiers donc naturellement tu te dis que bon...

Exactement. Culturellement on a tendance à davantage parler des "Monsieur tout le monde": Jubillar, Daval, le mec de SOUPCONS (oui je mélange des innocents et des coupables) car ça fascine, on peut s'identifier, c'est notre voisin.
Alors que le règlement de comptes potentiellement signé d'un gars qui a déjà fait trois allers-retours en prison, tout de suite...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Et j'ajouterai que la presse et le cinéma mettent l'emphase sur des histoires où règne le doute, alors que je suppose que le tout-venant des affaires c'est des trucs accablants, ou bien des gars qui reconnaissent les faits, ou bien qui nient face à une évidence monstrueuse. Bref "ennuyeux" quoi et pas propice à se réveiller la nuit.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Tu peux pas savoir à quel point ce genre de considération me donne envie de voir le film. En lisant le topic j'ai l'impression que le contenu du film c'est Faites Entrez l'accusé assorti d' un vernis hitchcocko-doltoïen qui le rend avouable pour des CSP+ qui ont fait des prépas dans leur jeunesse.

Et en plus Antoine Reinartz me rappelle Christophe Hondelatte.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Mais oui Jubilar, MAIS OUI. Les premiers flics ont été TELLEMENT NULS, c'est du Dumont. LE GARS DÈS LE LENDEMAIN OU PRESQUE IL PARLE DE SA FEMME AU PASSÉ. Mais il aurait fait un truc génial, il aurait descendu la pente en marche arrière.

Dans le cas où l’accusé ou même un témoin digresse, répond à côté ou de manière floue, c’est effectivement au président de la cour d’assises de le recadrer, et suivant la nature et la complexité de l’affaire et la personnalité du juge, c’est pas toujours fait avec douceur

Mieux vaut ne pas avoir vu le documentaire de Lestrade, ni la série d’Antonio Campos adaptée de cette affaire, ni même "Anatomy of a murder" de Preminger avant de découvrir cette "Anatomie d’une chute"

Et donc il se range de ton côté.

https://soundcloud.com/la-gene-occasionnee/episode-58-anatomie-dune-chute

J'ai tout de même trouvé savoureux de le voir sciemment relever que sur bien des aspects (proéminence scénaristique, performance de l'acteur) le film va à l'encontre de tout ce contre quoi il se bat à longueur de podcasts, 1h30 de couleuvres avalées goulument c'est assez cocasse. Il va sans dire qu'il ne m'a bien évidemment pas convaincu.

A notre niveau de cinéphilie, pouvons-nous être convaincus ? Je ne change jamais d'avis sans avoir revu le film (par principe, déja).

Tu as nécessairement raison, néanmoins ça n'est pas avec les arguments avancés dans ce podcast que je pourrai avoir envie de le revoir. Quant à la question d'un auditeur relevant le côté limité de la mise en scène, Bégaudeau acquiesce mollement, en parlant de l'évolution de Triet qui irait vers plus de classicisme (je parlerai d'académisme), ailleurs il relève au débotté que Triet se base largement sur le réel (comprendre sa propre vie), mais il ne questionne jamais comment cela infuse dans la réalisation, au final on n'a le droit qu'à une litanie d'éloges sur les brillantes coutures scénaristiques et les impressionnantes performances d'acteur, chose sur lesquelles il serait le premier à tirer à boulets rouges par ailleurs.