Forum de FilmDeCulte

Je ne le conchie pas, je trouve qu'il ne permet pas d'atteindre ce à quoi Triet prétend.

Sinon j'ai oublié de relever un point positif dans ma première critique, c'est que parmi toutes ses lignes de dialogues surécrites il y en a malgré tout une qui touche juste, et ça tombe bien elle vient à la fin lors du dîner avec ses avocats, lorsqu'elle est d'un coup submergé de tristesse.

Pour en revenir à Saint Omer, que je trouve bien évidemment assez largement supérieur à celui-ci, j'ai hâte d'écouter la prochaine Gêne occasionnée. Begaudeau avait eu la dent un peu dur (mais souvent juste) avec le Diop, je serais étonné qu'il est plus apprécié le Triet...

Il est très client de Triet d'habitude, je pense, mais je crains, par pur effet de contraste, qu'il ne démolisse le film puisque j'ai adoré. (la logique même)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

J'ai une question sur le déroulement des procès en France. Cest normal que, comme dans le film, l'accusé puisse répondre et soit même sollicité pendant les autres témoignages ou à n'importe quel moment ou bien c'est juste une facilité du film ?

Il est aussi très porté sur le fait divers et les procès, et ses critiques envers Saint Omer me semble ici pouvoir être exacerbée (je peux tout autant me tromper).

Je sais pas mais en tous cas un procès d'assises un an seulement après le crime, ça c'est de la science-fiction.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

d'une manière générale, une différence fondamentale entre les procès us et les procès français, c'est qu'ici c'est vraiment la fête du slip. là bas, les questions que l'on a le droit de poser sont hyper limitées, les moments où qui a le droit de parler aussi, tout est limité, cloisonné, réglementé (pour ça que les "objections !" sont un tel marqueur). ici, ça ressemble vraiment pas mal au film - mais en vérité ça dépend des juges, certains sont très laxistes concernant les prises de paroles et d'autres plus stricts, même s'il y a un aspect stratégique de leur part selon la personnalité de l'accusé - certains doivent être matés, pour d'autres les faire parler et réagir peut être utile à révéler des détails ou des contradictions...

En étant juré d'assises, j'ai pu m'adresser à l'accusé plusieurs fois, avec l'autorisation préalable du juge (plus d'autres questions dans la suite logique sans son approbation forcément). Et de même, quelques autres jurés qui le souhaitaient. Mais oui, de façon globale, j'ai trouvé que le juge s'autorisait à lui adresser la parole un peu quand il en avait envie.

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I think we're gonna need a helmet.

Pour le Diop, il y avait juste une réserve constante assortie d'une palinodie gratuite (le film a un côté pas sympa, pas souriant - par ailleurs l'inverse des critiques portées sur Nous). Je subodore un peu qu'il n'avait pas de reproches précis envers le film, mais que cela l'aurait foutu un peu mal vis-à-vis des clients habituels de la crémerie de paraître être sensible à un film scénarisé par la soeur d'un ministre macronien.
Mais c'est sans doute du mauvais esprit de ma part, la critique cinéma française est en fait bien au-dessus de ce type de calculs.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Oui mais le film triche en donnant cette faculté aux avocats et à l'avocat général. Seul le président et les jurés peuvent s'adresser à l'accusé quand il n'est pas au programme. Menfin ça sert à condenser le film ce n'est pas gravissime...

C'est plus embêtant lorsque le film triche en montrant l'accusée et les témoins se parler voire s'invectiver... Et aussi quand il déforme une réalité des procès : le président a un rôle énorme, c'est une sorte d'enquêteur qui pose tout plein de questions tout le temps, bien plus que les parties...

Moi ce qui m'a surpris c'est l'histoire de la caution je savais pas que ça existait en France.

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CroqAnimement votre

C'est ce qui m'a étonné aussi quand elle se frite carrément avec le psy par exemple.

Pas vu le film, mais oui, en ayant assisté à une dizaine d'affaires aux assises, je n'ai vu que le juge et les jurés s'adresser à l'accusé directement, en dehors des réquisitions.



Et ça m'a horrifié d'ailleurs, de dépendre autant du professionnalisme d'une seule personne, ayant qui plus est une influence énorme sur les jurés au moment du délibéré. Le mien était plutôt très bon, mais au moment de passer au vote (pour un meurtre), il a commencé en disant "bon l'affaire n'est pas compliquée, ça va être vite plié, on devrait avoir fini dans une heure pour déjeuner". J'ai ramé après coup, rien que pour forcer le débat et la discussion avec les autres, pour qui l'idée de déjeuner à l'heure semblait subitement prendre plus de place que la vie d'un homme.

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I think we're gonna need a helmet.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'ai été un peu déçu par le film pour ma part. Je m'attendais à un film beaucoup plus trouble, beaucoup plus complexe et j'ai été vraiment surpris par sa simplicité. Un fait-divers, une enquête, un procès, où la seule proposition narrative est la question du doute, l'a-t-elle tué, si non pourquoi se serait-il suicidé ? J'ai attendu tout le film une "deuxième couche", une bifurcation, quelque chose d'un peu plus fort dans la proposition mais c'est pas venu, à l'image de cette fin qui résume bien le projet selon moi. Une conclusion décevante à la fois cinématographiquement (l'annonce du verdict nous est occultée), narrativement (on reste en plein doute), que pour le personnage (très belle scène dans le restaurant où la frappe la tristesse de cette victoire absurde), parce que c'est à l'image de la vie, décevant et à l'opposé d'un quelconque manichéisme. Il n'y a pas de gagnants, de perdants, pas d'innocents, de coupables, il y a la vie et ses turpitudes.

Ca semble être vraiment le sujet du film, inutilement asséné dans les dialogues d'ailleurs, cette dialectique fiction/réalité, alourdit par le cliché un peu plaqué de l'écrivaine qui se sert de sa réalité pour écrire sa fiction (ou l'inverse). Mais du coup ce que j'ai préféré je crois et c'est finalement assez classique c'est comment d'un fait-divers simple, le procès faisait prendre une ampleur romanesque aux personnages, de l'accident de l'enfant, à l'engueulade enregistrée, tout est fait pour nous raconter ce couple et leurs difficultés. D'ailleurs la scène de l'engueulade est particulièrement réussie (dans son écriture) tant elle sonne "juste" et qu'il est impossible de définir qui a raison. On est de son côté à lui au début, puis finalement plutôt elle, puis on ne sait plus très bien. Tout ça c'est vraiment bien, c'est très précis, très finement écrit et il faut dire que le casting est exceptionnel Sandra Huller en tête (et c'est vrai qu'on se demande comment elle s'est retrouvée là plutôt qu'une Vicky Krieps ou qui sais-je) mais aussi l'enfant vraiment bluffant.

J'ai pris du plaisir à voir le film, je le trouve très carré, très maîtrisé d'une certaine manière mais peut-être justement à cause de ça, je n'ai pas été emballé plus que ça, un peu du mal à y voir l'immense film prôné par certains. Trouvé ça un peu long aussi. Ca ne m'a jamais vraiment ému (quoique le dernier souvenir du garçon dans la voiture avec son père est vraiment fort). Personnellement je crois que je préfère les trois premiers longs de Triet, plus singuliers, plus bordéliques et névrosés qui me semblaient plus personnels. Et au jeu des comparaisons je préfère aussi Saint Omer, plus froid mais plus à l'os.

4/6

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CroqAnimement votre

ahah oui classique... Perso j'ai été assez fasciné par la virtuosité de certaines présidentes de cour d'assise dans le Nord et le Pas-de-Calais, vraiment elles allaient au fond des choses, même humainement.