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MessagePosté: 26 Déc 2022, 09:54 
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J'ai lu cet article. C'est vraiment à charge mais l'argumentation tient la route


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MessagePosté: 26 Déc 2022, 10:56 
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Pas abonné, on peut en avoir une reproduction ? Le peu que j'ai lu à l'air intéressant pour alimenter un peu de pinaillage.

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:06 
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Baptiste a écrit:
Hâte de le voir 8)

https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html

« Traitement spirituel de la question environnementale proche des stages de développement personnel », « peluchisation de la biodiversité »… analysant le dernier film de James Cameron, Frédéric Ducarme, chercheur en philosophie de l’écologie, estime, dans une tribune au « Monde », qu’il est fallacieux de le qualifier de « fable écologique »

(je droppe une bombe et je reviens constater les dégâts dans deux jours :P )

Perso je m'en fous.

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:08 
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Sir Flashball
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De toute façon, un blockbuster à 300 millions qui parle d'écologie, ça n'a aucun sens, si ?

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:13 
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J'y connais rien mais y a cette question et réponse de Cameron dans une interview :

Vous êtes végane depuis plus de dix ans, avez développé des cultures pérennes de légumineuses riches en nutriments dans une exploitation au Canada et vous dénoncez notre déconnexion avec la nature dans Avatar. Comment être fidèle à cet engagement écologiste en tournant un tel blockbuster ?

Nous avons établi très tôt quelle serait la quantité d’énergie nécessaire et, à la suite de ces études, nous avons fait installer un mégawatt de panneaux solaires sur le toit de notre studio. Non seulement ils ont fourni l’énergie nécessaire pour tous nos ordinateurs et nos serveurs, mais nous avons obtenu en prime un surplus que nous avons pu vendre aux Manhattan Beach Studios. C’était donc une très bonne affaire financièrement, en plus de nous garantir une empreinte carbone négative. Nous avons également mis en place une cantine et une table de régie exclusivement véganes, que ce soit à Los Angeles, pour les sections en performance capture, ou en Nouvelle-Zélande pour tout le reste. Je suis très pragmatique sur ces choses-là. Il aurait été absurde de ne pas se montrer responsable sur ces points compte tenu du propos du film.

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:18 
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L'excuse de la cantine vegan, c'est bon ça.
Cela dit, filmer un film en studio j'imagine que ça réduit l'empreinte carbone.


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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:20 
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Robot in Disguise
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L'article pour ceux qui veulent. Le mec a pas tort sur pas mal de points.

Alors que le deuxième volet de la saga Avatar fait une entrée fracassante en salles, c’est presque toute la presse qui reprend à son compte la formule de James Cameron pour le désigner : une « fable écologique ». On peut pourtant s’étonner qu’un film essentiellement caractérisé par sa débauche technologique et financière puisse être qualifié d’« écologique » ou d’« écologiste ».

Mais d’ailleurs, que serait un cinéma écolo ? Film dénonciation (Don’t look up), fiction climatique (Soleil Vert), documentaire politique (Une vérité qui dérange), film de contemplation (Blue Planet II), de sensibilisation (Wall-E), ou même film à faible empreinte carbone (Bigger than us, et les films suivis par Ecoprod) ?

La question agite les théoriciens du cinéma depuis plusieurs années, d’autant plus que le cinéma est l’art le plus typique de la société industrielle, étant une industrie lui-même, avec des moyens qui peuvent être ceux d’une multinationale – surtout chez James Cameron.

Une reprise de la mythologie très américaine

Dans ces conditions, l’idée même de cinéma écologique, en particulier dans le contexte hollywoodien, a tout d’un oxymore, et la cantine vegan et les panneaux solaires imposés par le réalisateur, efforts que l’on doit surtout aux critiques faites au premier opus, n’ont pas eu d’effet sur les pratiques du studio Fox et du distributeur Disney. Ce n’est donc pas dans son appareil productif qu’on pourra qualifier Avatar 2 de film écologique. Mais peut-être le scénario rattrape-t-il cet aspect ?

Le film reprend encore une fois la mythologie très américaine de Pocahontas et de Danse avec les loups, cette fois-ci en contexte marin, incrustant des éléments de Moby Dick et de Sauvez Willy. Après la forêt amazonienne, nous voilà désormais à Hawaii, où les arbres ont laissé la place à un récif corallien fabuleux, qui coexiste suivant les plans avec des forêts sous-marines de kelp (l’écosystème typique de la côte californienne). L’exotisme demeure donc très américain.

On retrouve aussi la même opposition binaire entre des humains colonisateurs cruels, brutaux et cupides venus dévaster en ricanant une planète magnifique, et des tribus de bons sauvages pacifistes vivant en communion mystique avec la nature dans un perpétuel état d’extase prélapsaire, qui rappelle moins l’ethnographie que le catéchisme.

Un traitement spirituel de la question environnementale

L’intrigue centrale consistera d’abord à protéger des baleines magiques contre de méchants chasseurs – même si ce thème cède rapidement la place à une histoire de vengeance personnelle entre deux personnages. La dénonciation de la chasse à la baleine est un combat tout à fait noble mais dont on ne voit pas vraiment l’actualité, celle-ci ayant disparu dans les années 1970.

Au-delà de cet élément anachronique, la question environnementale fait surtout l’objet d’un traitement spirituel proche des stages de développement personnel new age pour cadres de la Silicon Valley, assénant des méditations bien vagues sur le fait que « tous les êtres sont liés » et qu’il faut « respecter mère nature » : on renvoie donc la question si concrète de l’écologie à la religion, évacuant toute dimension scientifique, matérielle ou politique.

Le film se situant sur une planète imaginaire essentiellement perçue comme « vierge », les questions d’érosion de la biodiversité, de réchauffement climatique, de pollution ou de perturbations environnementales en sont forcément absentes.
Une tendance embarrassante à la peluchisation de la biodiversité

Seule subsiste une sensibilité animalière, qui se concentre seulement sur une poignée d’espèces sympathiques, sensibilité tout à fait louable mais dont la philosophie environnementale s’évertue depuis des décennies à dire qu’elle n’a que peu de rapport avec une approche authentiquement écologiste, qui se fonde sur les populations et pas les individus, et s’attache à toutes les espèces, qu’elles soient « mignonnes » ou non.

Cette tendance embarrassante à la peluchisation de la biodiversité traverse l’ensemble du film, où tous les animaux, piochés dans le bestiaire enfantin (cheval, dauphin, dinosaure) ou des vacances de luxe (récifs tropicaux, safari africain), semblent adopter un comportement domestique, ne demandant qu’à devenir amis avec les humains et s’en faire câliner et chevaucher comme des poneys.

Ainsi, sous couvert d’amour de la nature, le film déroule des scènes de delphinarium (cétacés domestiqués, utilisés comme montures et nourris à la main) voire d’abus physiques (s’accrocher à une tortue pour se faire tracter), deux bêtes noires de la protection animale contemporaine.

Le paradigme du tourisme de luxe domine l’ambiance du film

Ces créatures serviles en perdent toute altérité, et symbolisent finalement plus l’industrie du tourisme que la préservation d’écosystèmes autonomes, et les paysages traversés laissent surtout une sensation des parcs d’attractions – d’ailleurs, la licence Avatar est en train de développer son réseau de parcs, à coup sûr encore un projet très écologique.

Car c’est bien le paradigme du tourisme de luxe qui domine l’ambiance de ce film, dont toute la première moitié se contente de nous détailler les vacances d’une famille américaine aisée à Hawaii, entre cours de yoga, de surf et de plongée, premiers émois adolescents au coucher de soleil, architecture de Resort cinq étoiles et découverte d’une culture qui ramène plus au folklore de pacotille du tourisme de masse qu’à l’immersion ethnographique.
Lire aussi : Avec « Avatar. La voie de l’eau », la communauté de fans croit voir le bout du tunnel

Tout ici respire la société de consommation, le loisir standardisé, et c’est à croire que plus Hollywood cherche à nous faire voyager loin (dans le futur, à l’autre bout de la galaxie, chez une autre espèce) et plus on retombe sur une caricature de l’American way of life où la sobriété n’est qu’une coquetterie de vacances.
La promotion de la troisième révolution industrielle

En somme, James Cameron nous incite ici moins à repenser notre rapport à la consommation qu’à acheter des billets d’avion pour la Polynésie – ou pour le parc Pandora en Floride. Un effort notable et remarqué de la licence, toutefois, est sa volonté de présenter un environnement très habité, voire animiste, en interaction permanente avec les personnages, dans une perspective comparée aux films de Miyazaki.

On sent ici chez Cameron la volonté de se plier en bon élève aux recommandations édictées par l’écocritique Lawrence Buell, préconisant de faire de l’environnement une présence à part entière. Toutefois, ce film incarne aussi l’insuffisance de cette approche, d’autant que cet animisme dissimule mal un paradigme informatique omniprésent (jusque dans le titre), où tous les êtres sont équipés d’un port USB et où la déesse mère est une entité cybernétique.
Lire aussi : Le film « Avatar 2 » réussit son premier week-end au cinéma

Si la saga développe une dénonciation indignée de l’industrialisme carbo-mécanique du XXe siècle, assimilé à la vieille Europe coloniale (éternel repoussoir du cinéma hollywoodien, qui permet d’absoudre l’Amérique de toute culpabilité impérialiste), c’est en fait pour mieux promouvoir la troisième révolution industrielle, fondée sur l’électricité illimitée (l’unobtainium), les biotechnologies (avatars et animaux-machines) et l’informatique (Eywa), autant de technologies qui seraient fondamentalement « propres », comme l’affirmaient en chœur Microsoft et Monsanto dans les années 1990, et désormais les GAFAM.

Il ne s’agit pas d’un film écologique

L’écologie est aussi une question politique, et que dire de la politique d’Avatar ? L’ambition du premier film a comme disparu, plus aucun cas n’est fait de la lointaine Terre où l’humanité se meurt, et le manichéisme du film disqualifie toute tentative de négociation ou de consensus, et ne peut se régler que par un bon vieux duel viril au corps à corps entre deux militaires américains – le gentil et le méchant –, écartant peuples opprimés, Terriens mourants et toute dimension collective pour en revenir à une bagarre puérile digne de Steven Seagal.

Belle manière de régler une question écologique, quand le grand problème de l’écologie politique est très précisément l’absence de « méchant » à abattre, la responsabilité de la crise étant dissoute dans tout le système industriel dont nous sommes tous autant de maillons. Alors oui, on a tout à fait le droit d’aimer Avatar 2, de trouver touchants ses bons sentiments paternalistes, son traitement assez fin de la question migratoire, d’être ébloui par son carnaval de couleurs et d’animaux préhistoriques, de se fasciner pour ses technologies numériques et de vibrer à ses scènes d’action.

Mais non, on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un film écologiste. Alors qu’une large part de la presse française vient de signer une « charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique », il devrait faire partie de cette ambition de ne pas confondre mièvrerie animalière et implication écologiste, ni de reprendre naïvement les éléments de langage de l’industrie du divertissement quand elle essaie de se peindre en vert – ou en bleu – alors qu’à Hollywood, la seule chose vraiment verte, ce sont les écrans devant lesquels s’ébrouent ces pauvres comédiens bardés d’électronique.

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:31 
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Lu que la fin. Le message écolo est plutôt dans la métaphore : Jake Sully fuit et ne pense qu'aux siens, à assurer leur survie, plutôt que de se battre contre l'envahisseur mais la nouvelle génération lui montre qu'on ne peut pas se contenter de faire l'autruche, qu'on le veuille ou non, la menace est bien là et il faut agir.

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 12:50 
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Et maintenant, Avatar accusé d'appropriation culturelle et de blue face...
https://www.tomsguide.fr/avatar-2-film- ... ltiplient/

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MessagePosté: 26 Déc 2022, 14:07 
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Y avait pas les mêmes genres de polémiques sur le 1er ?


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MessagePosté: 27 Déc 2022, 00:26 
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MessagePosté: 27 Déc 2022, 22:24 
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Grosse flemme. L'article du Monde n'est pertinent que si l'on souscrit pleinement à l'idée que le film est en effet un manifeste écologique et que Cameron se doit de l'incarner en tant qu'individu, ce qui est au mieux naïf (il peut rouler en Hummer ça ne changerait rien, les décalages art/artiste ne sont pas intéressants dès lors qu'on ne souhaite parler que d'un film, qui plus est aussi archétypal). L'écologie est un des thèmes qui y est brassé, mais certainement pas le plus important ni le plus pointu, en tout cas pas le plus intéressant. Dans le cas du type de spectateur que je mentionne et qui existe, oui, ces arguments peuvent l'aider à prendre du recul.

Pour le second lien, blue face et compagnie là, on est dans la rente à l'oppression habituelle. Rien de sérieux. Mais ce type de spectateur existe aussi, je suis sûr qu'en cherchant bien sur twitter un trouvera des gens pour dire que The Way of Water est problématique, analyse sommaire à la clef... Mais ressenti juste, finalement. On peut en effet déplorer le traitement de Neytiri qui ne s'embarasse pas une seule seconde du cahier des charges en vigueur pour un personnage féminin, qui plus est "indigène" (et tant mieux).

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MessagePosté: 28 Déc 2022, 13:57 
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l'article posté par Qui-Gon Jinn a écrit:
L’écologie est aussi une question politique, et que dire de la politique d’Avatar ? L’ambition du premier film a comme disparu, plus aucun cas n’est fait de la lointaine Terre où l’humanité se meurt, et le manichéisme du film disqualifie toute tentative de négociation ou de consensus, et ne peut se régler que par un bon vieux duel viril au corps à corps entre deux militaires américains – le gentil et le méchant –, écartant peuples opprimés, Terriens mourants et toute dimension collective pour en revenir à une bagarre puérile digne de Steven Seagal.


Mais c'est ça qu'on veut, ai-je envie de dire.

C’est un peu le verre à moitié vide et le verre à moitié plein, ce film. Je trouve que l’entrée dans l’univers du point de vue des méchants est plus comestible que celle du premier épisode. Cameron est un malinou et a bien pris en compte qu’une frange de son public adhérait moyen à son délire babloche bleuté et new age, et invoque les spectres de ses space marines d’Aliens avec le commando d’anti-Navi. Las, là où je pensais qu’on allait à fond plonger dans l’imagerie des Cavaliers de l’Apocalypse (après l’embuscade dans les bois, ils ne sont plus que quatre), on se retrouve avec un Quarritch en mode Biff Tannen entouré de sbires quasi-interchangeables (« j’aime bien celui qui mâche un chewing-gum » dira-t-on à la sortie de la salle).

En revanche, comparé au premier, j’ai plus trouvé mon compte dans les questionnement entre le réel et l’illusion, le Vrai et le Faux, la technique et ce qu’il en fait. Cameron offre ainsi à ceux qui sont généralement les victimes dans le ciné d’action traditionnel la position de prédateurs et ce, après nous avoir placé dans la peau de ces victimes (renversement de l’imagerie similaire au « Public Enemy » John Connor dans T2). On voit ainsi l’attaque d’un train par « les Indiens » du film du point de vue de cette tribu : on convie l’imaginaire du western ou du film de guerre pour donner la position de héros à l’Autre. Idem pour le passage saisissant où on voit la « chasse aux baleines » du point de vue des grosses bêtes. Le film est assez brutal par moments, notamment dans les exactions des humains, et ce qu’on perd en caractérisation des forces en présence, on le gagne en efficacité du propos. On a vraiment envie que la grosse bête (le meilleur protagoniste du film) lamine les chasseurs à ses trousses.

Mais Cameron ménage quand même des plages de trouble en nous mettant dans la position de l’agresseur avec cette scène de la deuxième naissance de Quarritch où l’on est souvent en point de vue subjectif (Super, d’ailleurs, le plan où son reflet se superpose sur la planète). Et c’est encore une fois dommage qu’on passe si peu de temps avec lui : généralement pour une scène-miroir avec celle de Jake Sully, qu’elle soit tirée du premier film (le domptage de dragon) ou de celui-ci (Sully et sa gamine / Quarritch et Spider). Je crois qu’au niveau du montage il y a également des enchaînements qui proposent des cadrages symétriques entre les deux adversaires.

C’est dans cette présence du double maléfique que le film est le plus réussi parce qu’il imprègne également le regard porté par Cameron sur son univers très bisounours des bois. Je projette peut-être mais il m’a semblé qu’à de nombreuses reprises, il est tiraillé entre le fait de défendre à tout prix sa création et celui d’en montrer ses limites et de se questionner, surtout sur le racisme inhérent des Navi et leurs attachements à des traditions passéistes menant à l’exclusion.

Du coup, Sully, qui dans le premier faisait figure de brave type qui vient de gagner à la loterie (de nouvelles jambes, une tribu à ses ordres et le cul de la crémière par-dessus le marché, « je te débarrasse de ton connard de patron avant de jouer à tire-moi-la-natte, mon chou ? ») est plus à la peine dans celui-ci, et là, comme le dit Eric Vonk, "je retrouve mon Cameron" qui aime en faire un peu chier ses héros. Car chez lui, l’adversaire n’est qu’un prétexte, des fois magnifique (l’Alien, le Terminator) et des fois ridicules (les terroristes de True Lies, Billy Zane dans Titanic) mais qui ne sont rien face à la volonté de s’extirper de ses propres doutes et peurs dans un mouvement très übermensch/Triomphe de la volonté.

Et en parlant de surhommes, on a droit à une surfemme avec Kiri, qui rejoint, après Rey dans Star Wars et la gamine des Jurassic World, la lignée des petites Jésus qui remplacent les Elus de la décennie précédente (Peter Quill des Gardiens de la Galaxie, en est le dernier représentant). Toujours un problème pour ma part avec ce délire mystico-débilos des Ricains, mais… il y a comme le reste un « mais ». Pour des raisons personnelles, je suis très sensible à la représentation de l’adoption et j’ai un peu serré les miches tout du long (3 heures quand même) pour comprendre où Cameron voulait en venir avec ces recherches en paternité. Et j’étais quand même agréablement surpris de me rendre compte qu’il prenait le parti des liens créés par l’éducation plutôt que par le sang avec Kiri, donc, mais également Spider, qu’il réunit à égalité avec l’autre fils de Sully dans un même plan. De même, il prend le parti de dépasser le communautarisme malgré les exactions commises, et c'est fort même s'il marche sur des œufs.

Et même si je peux tiquer sur le fait qu’après avoir hurlé avec les loups que « y avait trop de super-héros sur les écrans, ma bonne dame » Big Jim nous refile l’exemple-type de la sauveuse à super-pouvoirs (trop mimi, en plus de se faire des ailes de fée : ma gosse adorerait), ça reste cohérent avec le reste du récit : puisque les jeunes font communion avec la Planète mais la modifient également pour passer au prochain stade. L’un dans l’autre, les gamins sont bien brossés et l’heure passée dans le village m’a pas parue déconnante puisqu’elle sert à amener la cohésion du groupe, un véritable commando, lors du triple climax.

Et là encore, mon cœur balance. Il y a un peu de tristesse à voir Cameron pondre un mégamix de ses scènes d’action les plus célèbres (vas-y y a même la chute de Newt dans la flotte mec…) mais… ça arrache quand même. Je ne peux pas mentir en disant que j’ai pas eu la nostalgie sur 11. Et surtout, c’est ici que se trouve mon passage préféré. Quand Neytiri tient Spider en otage, et qu’elle rejoue un tradition tribale (celle de la répudiation en plus, si je dis pas de conneries) : ce que Quarritch lui prend pour une menace réelle. Et où nous sommes incapables de savoir si la menace est vraie ou fausse, vu les préjugés de Neytiri et le drame qui précèdent. Et là, Jimmy fait ce qu'il sait faire de mieux avec toutes les couches de sens qui se superposent, tandis que le moment renvoie également à l’autre scène qui tabasse : l’embuscade dans les bois et où la 3D sert admirablement le propos puisqu’on évalue bien la distance et la vision problématiques entre la cible et Neytiri.

Donc j’en sais rien, l’univers proposé est toujours un plafond de verre à l’accueil favorable.
( Car rappelons les mots du poète :
Mickey Willis a écrit:
Faudra le dire combien de fois qu'Avatar c'est de la merde ?
)
Et Cameron fait tout son possible pour maquiller sous des flots de saccharose son kif du « qui veut la paix, prépare la guerre » et sa vision de la technologie frankensteinienne. Mais du diable si je n’ai pas passé un bon moment et si des fissures ne sont pas apparues dans ce plafond.

Et vas-y, j’ai encore fait trop long.


Si vous ne lisez rien d’autre, lisez au moins ceci : c’est moi où avec la façon dont le cœur sous-marin de Pandora ressemble au vaisseau alien d’Abyss, il ne serait pas en train d’en faire la préquelle rétroactive à Avatar ?

Bref 3 ou 4 suivant qu’on est un petit ou grand buveur.

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 10:16 
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Attention question de vieux gars:
Je veux réserver une place en HFR 3D mais on me propose les lunettes à 1 euro OU des sur-lunettes à 2,50, truc que je n'ai jamais essayé (et oui j'ai de base de bonnes grosses lunettes de vue).
Ceux qui connaissent, ça vaut le coup? J'ai regardé sur Google et le clip au milieu a l'air super large, limite gênant.

LÂCHEZ VOS COMMS

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 10:25 
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Jamais vu. Au Max on a les lunettes bien larges (et un peu lourdes) qui passent sans problème par dessus les lunettes de vue. Je sais comment sont les lunettes ailleurs.

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