Forum de FilmDeCulte

Ok.



D'autant plus que je ne parle pas des films, dont les extraits revus récemment, notamment de celui là, me semblaient bien saisissants, mais du discours de Dumont en général quand il parle de lui et de ses films en interview et qui m'a toujours glacé par son taux très élevé en banalités vagues et inutilement précieuses. L'extrait quoté par Art Core juste au-dessus en est un exemple parfait.

Difficile pour moi donc de ne pas me méfier du recours de Dumont au langage cinématographique.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Oui mais finalement faut voir les films sans penser que les réalisateurs ont des choses intelligentes à dire à leur sujet. C'est un peu difficile mais c'est ce qu'exigerait normalement l'oeuvre.

Voilà, il faut voir les films sans rien projeter dessus. Et Dumont est je crois quelqu'un d'assez froid et antipathique, à l'image de son cinéma misanthrope, mais on s'en fout.

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CroqAnimement votre

Je suis assez d'accord. D'ailleurs il me semble que la presse de gauche voyait à l'époque une sorte de cinéma social chez Dumont (parce que personne n'allait filmer les pauvres, en gros, surtout avec une telle absence de filtres et de précautions), alors que ça me semble à des années-lumière (ouais, au moins) de ses préoccupations (le mec c'est pas Ken Loach quoi).

Excellente remarque. Dans le procès d'intention il peut y avoir des procureurs d'intention et des avocats d'intention, deux sous-espèces (ou une seule finalement la seconde ?). Et ça on l'oublie trop souvent.

Sinon en vrai je suis pas super-intéressé par Dumont, et la lecture de Muller était la mienne à l'époque (mais je n'avais pas vu ses films, je ne me positionnais que face au discours critique et à celui du réalsiateur). Il faut se souvenir que dans le cas de ce film, 1996-1997 c'est aussi la période des Idiots de Lars von Trier, de la montée en puissance des Dardenne, le dispositif du film et l'ambiguïté entre fibre sociale et voyeurisme dans la construction d'un dispositif vériste où l'acteur est "joué" (dans le sens débordé) en même temps que son personnage (soit l'inverse exact de la distanciation) est celle d'une large part du cinema européen de cette époque. Après des trucs comme Grandrieux et Reygadas encore plus maniéristes et radicaux vont venir. Ils succèdent discrètement un peu à une autre forme de naturalisme plutôt basée sur le scénario et un postulat moral donné dès le début que la psychologie, un peu à la Varda (celui des prod Arte, de Sandrine Veysset voire sur le plan comique Manuel Poirier).

D'un certain côté l'insistance sur l'identity politics a paradoxalement rendu ce vérisme caduc et renforcé la branche Varda, plus naturalisme et moins "existentielle". On insiste à présent plutôt sur la passivité implicite du sujet face aux déterminisme sociaux, en recourant de moins en moins à l'idée d'un personnage central dont la monstruosité est soit soit subie, assummée ou choisie - d'ailleurs la figure du serial killer qui dominait le cinéma des années 90-2000 (le très bon Roberto Succo de Cédric Kahn par exemple, très différent de la suite de son oeuvre) a disparue, peut-être parce que cette violence s'est entretemps "socialisée" (ou pour le dire autrement tant le lien social que sa subversion esthétique fragilisés et privatisés). Il ya je crois aussi un aspect cyclique (le serial killer est aussi une figure clé de l'opposition entre le début des années 70 et le cinéma quand-même plus optimiste des années 60 dans le cinéma américain, et revient dans les années 90)

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

J'ai regardé l'itw postée par Jeronimo, j'ai bien aimé le passage ou Dumont dit qu'il ne voit pas pourquoi on ne se moquerait pas des pauvres, je trouve qu'il a raison.

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