Année 1429. La Guerre de Cent Ans fait rage. Jeanne, investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre la ville d’Orléans et remet le Dauphin sur le trône de France. Elle part ensuite livrer bataille à Paris où elle subit sa première défaite.
Emprisonnée à Compiègne par les Bourguignons, elle est livrée aux Anglais.
S’ouvre alors son procès à Rouen, mené par Pierre Cauchon qui cherche à lui ôter toute crédibilité.
Fidèle à sa mission et refusant de reconnaître les accusations de sorcellerie diligentées contre elle, Jeanne est condamnée au bûcher pour hérésie.On peut se demander à quel point le jusqu'au boutisme du Dumont ne peut pas, parfois, jouer également en sa défaveur. A se démarquer totalement du reste de la production cinématographique ne s'attend-on pas systématiquement à être surpris, et lorsqu'il reste dans la continuité de son précédent opus ses zélateurs ne sont-ils pas un peu déçus (ce qui était déjà le cas avec
Coincoin et les Z'inhumains, qui peinait à renouveler la réussite de
P'tit Quinquin) ? C'est un peu le sentiment ressenti devant Jeanne, dont la première heure n'est pas très palpitante (hormis une pseudo scène de bataille en forme de concours de dressage de toute beauté). Reprenant le cadre de la Côte d'Opale, on retrouve Jeanne trainant dans les dunes, accueillant dignitaires militaires et religieux dont l'allégeance à Charles VII semblent vacillante. Le rythme se traine, le premier morceau de Christophe (qui dure 5 bonnes minutes la caméra s'attardant sur le visage fixe de Lise Leplat Prudhomme) est interminable, en somme on patiente espérant que le film décolle enfin lors du procès. Et c'est heureusement le cas, Dumont le situant dans le magnifique cadre de la cathédrale d'Amiens, dont l'architecture baroque, quand bien même serait-elle anachronique (mais la prison de Jeanne étant un bunker de la seconde guerre mondiale, il est évident que Dumont attache moins d'importance à la justesse historique que la pertinence de son propos) surligne très justement la perversion profonde de ce procès, où le jugement est uniquement à charge et la condamnation précède la plaidoirie. Pour camper la clique de zélotes inquisiteurs (Cauchois, Loyseleur...), Dumont nous sort de son chapeau une nouvelle galerie de personnages uniques, dont je serais incapable de dire s'ils sont ou non de vrais acteurs. D'un côté ils ont tout de même le côté un peu décalé des acteurs de ses dernières œuvres, mais de l'autre ils ont une vraie maitrise du verbe, ils arrivent à insuffler une telle intensité durant toute la phase du procès, que j'en suis resté interdit. Ils contribuent en tout cas grandement à l'intérêt que suscite le film. Même si c'est un un peu mince, il faut l'avouer.
Au final, l'aspect le plus intéressant de Jeanne est peut être dans l'improbable coïncidence de sa sortie. Une jeune adolescente qui entend des voix lui enjoignant de sauver le royaume de France, et ce à l'encontre d'un ancien monde qui s'arc-boute sur ses positions, ça n'est pas sans en rappeler une autre qui arpente le monde pour réveiller les consciences quant à l'urgence climatique tout en subissant les foudres de l'establishment politique et médiatique. Espérons au moins que cette dernière ne finisse pas sur un bûcher.
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(enfin de toute façon je doute avoir le temps de y aller avant qu'il disparaisse des écrans).
