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Faut pas mal le prendre

Plus sérieusement, ça m'étonnait et je me suis revu la scène 2 fois dans le DVD. C'est effectivement très explicite mais dans le sens inverse. Par contre, j'avais pas tilté mais je trouve l'explication de Blaze sur la sexualité de Caleb brillante et donc l'approche d'Eggers sur ce point également.

Enfin bref, je suis pas fan comme vous mais c'est quand-même un film passionnant.

Petite déception devant ce film d'horreur historique hyper apprécié par une partie de mes contacts Facebook les plus cinéphiles. J'aime beaucoup l'ouverture, les vingt dernières minutes sont très fortes, mais entre les deux, je suis resté loooooooin du film et de ses enjeux, trouvant ça beaucoup, beaucoup moins bien que The Strangers (la comparaison est peut-être un poil abusive, j'en conviens).

3/6

Gros pétard mouillé que je voulais apprécier.

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MERCI A VOUS.

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C'est vos mères les pétards mouillés.


Allez salut.

Le film réussit bien à décrire le mélange de misère et de fanatisme, qui se nourrissent l'un l'autre, qui avait cours en Nouvelle-Angleterre. Il restitue aussi le courage qu'il y avait à quitter le cocon anglais où, rendez-vous compte, "il y avait des vitres aux fenêtres". Plein de petits détails sont très bien vus et la photo est sublime.

Mais je partage les réserves de Jerzy, flatclem et deudtens notamment, je trouve que le film a le cul entre deux chaises entre le traitement purement psychologique (pas non plus d'une originalité incroyable mais assez bien exécuté avec deux trois scènes fortes) et le traitement fantastique, beaucoup moins intéressant parce qu'il en revient à un binaire bien/mal religieux qu'il semble pourtant dénoncer.

Pour résumer, je dirais que juste avec ce film Eggers se pose en croyant qui critique le fanatisme. Il critique des excès, mais certainement pas le principe d'une division entre bien et mal. Il constate qu'à trop corseter les jeunes dans le puritanisme, on leur fait entrevoir la débauche comme seule émancipation. Ok, ça se tient, mais je trouve que c'est un discours finalement assez simpliste.

Enfin vu! Après 2 ans d'attente et toujours ce petit stress d'une future déception.

Ben non, le père plus croyant que Dieu, la mère qui s'enfonce dans la folie, la paranoïa ambiante, Le pari de la survie de certains membres de ce clan familial, et c'est bon, parce que c'est lent. Même pas besoin d'une once de fantastique pour rendre le film angoissant, ils ont tous une forte chance de crever avant la faim de l'hiver. Le père est un chasseur merdique, la mère ne sait pas s'occuper des gosses, le frère est trop jeune pour ses responsabilités et la seule qui a la tête sur les épaules est considérée comme une pute, j'oubliais le maïs qui a pourri sur pied. La forêt est une pure zone d'angoisse toujours penchée sur la maison comme un animal qui attend.

Je vois la fin comme une libération pour le spectateur dans ce sens là:



Un bon moment, surtout vu ce qu'il y a à côté dans les films d'horreur Amazon Prime,

5/6

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Revu pour la première fois depuis sa sortie, et à la hausse.

Là où je n’avais retenu que posture affectée pour un bête récit d’effondrement dans l’isolement, j’y ai trouvé cette fois un côté relecture, sans doute fortuite et clairement plus prosaïque, de The Colour Out of Space de Lovecraft et son assaut tout en sourdine contre une famille dans sa ferme coupée du monde.

Eggers a également repris un des postulats favoris de l’auteur, inspiré par les travaux aujourd’hui discrédités de l’anthropologue Margaret Murray qui prétendait que les sorcières appartenaient à une religion païenne très organisée. Par souci horrifique, et pour cimenter le lien entre ses écrits et son terroir, Lovecraft en a fait son « et si les Puritains avaient eu raison ? » au cœur de The Case of Charles Dexter Ward ou encore The Dreams in the Witch-House. Deux textes qui témoignent d’une fascination pour le parler (enfin l’écrit) du 17ème siècle, et les croyances de ce temps en matière de pratiques (abominables) de la sorcellerie.

Sans être un film catholique, L’Exorciste dépeint pourtant le rituel de l’Eglise pour se défaire d’une possession démoniaque comme étant parfaitement efficace. Et si ça fonctionne, c’est que L’Eglise a raison sur tout. The Witch c’est pareil… mais c’est aussi l’inverse. Cette famille, bannie de la colonie à cause de la fierté religieuse du père, qui se considère visiblement comme plus pur et plus orthodoxe que ses pairs— autrement dit, un fondamentaliste— est aussi impuissante face aux travers de la plupart de ses membres (mensonges et jalousies, hypocrisies et regrets... rien de particulièrement ignoble) que face à un mal lui aussi arrivé d’Europe et tellement implanté dans cette nature isolée qu’il en corrompt jusqu’à la terre et les animaux.

Eggers fait jouer ses effets sur sa compréhension totale de « l’esprit » de ses personnages, de leur culture en somme, sans distance particulière. Pour eux, la sorcellerie est un fait, ils en connaissent les contours, ce qu’elle produit (ou plutôt, détruit) et quelle volonté maléfique elle sert. C’est une réalité aussi ancrée que le passage des saisons. Leur impuissance, et l’impuissance de leurs croyances et pratiques, ne fait pas pour autant du film une charge contre la religion (la séquence du monastère dans Nosferatu, son exorcisme concluant, son savoir concernant la nature du mal, achève de dissiper comment Eggers investit ce sujet-là). On peut se plonger dans un point de vue sans y adhérer pour autant, Eggers n’est certainement pas un Puritain. Et son film non plus, du moins pas dans le sens prosélyte. Mais les personnages le sont, ainsi que le monde qu’ils charrient avec eux, et donc le point de vue auquel le spectateur doit se conformer.

J’ai trouvé la menace plus subtile qu’au premier visionnage, également. Ca a l’air acquis de faire de Black Phillip le diable lui-même, mais un lièvre apparaît à plusieurs reprises comme étant certainement la forme animale de la sorcière, entraînant le petit frère jusqu’à son antre. Le bouc pourrait aussi être la forme animale de l’homme du coven, le chargé de recrutement. Leur DRH. Moins subtil en revanche, c’est la place qu’occupe la sorcellerie dans le film, à savoir une horreur absolue. On découvre la sorcière alors qu’elle vient d’enlever un bébé, qu’elle le tue au couteau et qu’elle le pile pour le réduire en purée dont elle s’enduit. Elle agresse sexuellement un petit garçon. Elle sème la discorde puis la folie (un peu répétitive lors du derniers tiers) dans une famille de gens parfaitement ordinaires, en tout cas qui n’ont rien de monstres. Elle isole petit à petit la plus aimante et attachante de tous jusqu’à la briser, et la faire pactiser avec des forces résolument anti-humaines. Difficile de voir de l’émancipation là-dedans, ou quoi que ce soit de positif. C’est une des fins les plus sombres et désespérées du genre.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Chuis ptet trop pro-sorcière.

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Alors c'est marrant, je l'ai revu ce week-end aussi.
Ce que tu dis est vrai (sauf la famille, tout sauf parfaitement ordinaire), et c'est, au regard de son récent Nosferatu, une force chez Eggers je trouve: proposer une lecture jusqu'au-boutiste d'une histoire traditionnelle vue voire revue, tout en y insufflant un pas de côté moderne.
Il ne propose pas une relecture féministe du mythe de la sorcière en Nouvelle-Angleterre, mais les indices pour non pas y souscrire totalement mais pour créer des points d'accroche sont là.

La famille se perd du fait de l'extrémisme religieux du père (pas d'extrémisme pas d'isolement, pas d'isolement pas de sorcière, pour faire vite), qui en plus ment et laisse accuser sa fille de vol... c'est quand même un coin dans l'édifice du patriarcat.
Pour le fils, on peut également se dire que la tentation qu'il éprouve envers sa soeur (dont la sorcière profitera en s'y engouffrant) est pour bonne partie due à l'isolement de la famille, et aux conceptions puritaines du sexe qui in fine agissent comme un refoulé pire que le pêche censément combattu.

Donc sans faire le procès de la famille traditionnelle (l'enlèvement et le massacre du bébé sont ignobles et constituent la source effective de la dislocation de la famille), je trouve qu'Eggers cultive quand même une certaine ambivalence dans son propos, ce qui est plutôt un atout.

C'est une famille ordinaire dans le cadre du calvinisme hardcore qui est dépeint. Quand le père et le fils aîné partent chasser, ils ont un échange sur la doctrine calviniste de la grâce qui est si particulière : il s'agit pour eux d'une vaste lotterie céleste dans laquelle l'accès au paradis ou la chute en enfer sont prédéterminées par Dieu, indépendamment des actes et de la foi des individus. Tout est déjà joué dès la naissance, et rien au cours de l'existence ne permet d'être sûr de son sort. Il s'agit donc de gens qui vivent avec la ferme croyance que, peut-être, ils sont déjà damnés d'avance. Leurs parents avant eux comme leurs enfants après eux. Le gamin panique à ce sujet, d'abord pour le sort spirituel de son petit frère disparu puis pour le sien, ce qui est tout à fait normal, et son père refuse de le rassurer, contre tout instinct paternel, car ce serait aller à l'encontre de leur foi. Donc rien que dans ce contexte là, si on décide malgré tout que The Witch est anti-religieux, il faut alors être aussi précis et spécifique que ce que dépeint le film et avancer que The Witch est anti-calviniste.

Et c'est aussi, en plus de leur isolement, cette croyance là qui ne peut que remplir de terreur les fidèles à l'idée que les prières, la rectitude et les bonnes actions ne suffiront peut-être pas à entrer au paradis, qui pave la voie à la menace. Parce que les prières ne suffisent clairement pas à les sauver de la sorcière, leur rectitude est à revoir (les mensonges et compagnie, la fierté mal placée du père, qui est le pêché au coeur du film, comme la luxure au coeur de Nosferatu) et les bonnes actions aussi (la mère pleine de rancoeur et de jalousie). L'isolement joue beaucoup encore une fois, mais le cadre de cette foi également : la gamine à la fin cède entièrement au désespoir en tant que calviniste, sa foi et son système de valeurs anéantis par des assauts maléfiques.

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La première séquence du film, c'est l'exclusion de la famille de la communauté humaine à cause du rigorisme du père. Quand même.



Il y a un contexte, mais je vois pas pourquoi le "propos" ne pourrait pas être plus large quand à l'extrémisme religieux au sens large.



C'est en cela que l'approche d'Eggers comporte une part de modernité et de recul. Il nous est montré une famille rigoriste qui malgré son fondamentalisme (et même sans doute en partie à cause de celui-ci) est vulnérable face au Diable... D'ailleurs la fille est me semble-t-il la moins pratiquante / croyante de la famille, il me semble même qu'elle n'a aucun comportement ou propos qui montre son calvinisme... D'où une éventuelle libération à la fin pour elle.

Après je coupe les cheveux en quatre, je suis pas certain qu'Eggers inclus totalement tous ces niveaux de lecture de manière hyper construite, mais il y a un trouble qui travaille l'ensemble à mon sens.

C'est quand même particulier le calvinisme...
S'astreindre à tout un tas de règles de vie dont le bon suivi ne garantit pas l'accès au Paradis, faut en vouloir.

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