Forum de FilmDeCulte

Je suis d'accord avec Déjà-vu pour le coup. Titanic c'est l'anti-maniérisme, ça vient justement mettre un terme à toutes ces circonvolutions. Il n'y a aucune manière dans le film qui vienne ostensiblement signifier la conscience de l'écart avec le modèle, c'est comme un reboot.

"Nothing happens to human beings, everything happens to images - to Images."

Rien n'arrive aux naufragés du Titanic, dont Jack et Rose sont le symbole incarné ? Ce sont les faire valoir d'une image/référence ?

Cut the bullshit.

Faudra que vous m'expliquiez pourquoi vous citez Daney et Badiou EN ANGLAIS.
Nan mais sérieux...

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Caribou a tapé "mannerism" sur Google. Pourquoi ? Je ne sais pas.

Je ne sais pas. Quel est le modèle?




Le problème de la définition de Daney, c'est qu'elle tombe directement dans le jugement de valeur moralisant plutôt que de décrire des états objectifs de l'image. Il dit d'ailleurs qu'il exagère.
Son truc "rien n'arrive à des êtres humains, tout arrive à des images" c'est une définition du cinéma.

Mais justement il est flou, car il n'est pas un enjeu du film. On peut certes retrouver une filiation vague vers les grandes productions du Hollywood classique : imbrications de la petite et de la grande histoire et production à la durée conséquente, pureté de la romance (pas de second degré) en mode mélodramatique (amour impossible), reconstitution grandiloquente... Mais le propre de Titanic, c'est d'abord de retrouver un premier degré et un souci de son récit, sans faire de l'héritage des formes sa question principale.

Pour qu'il y ait maniérisme il faut qu'il y ait concrètement, à l'écran, quelque chose qui acte d'une conscience de l'écart, de l'impression d'être arrivé trop tard, "après" un âge d'or, et la nécessité d'une stylisation (exagération, déformation, détournement...) pour que son propre geste artistique soit vécu comme légitime. Au niveau léger, c'est un cinéma qui a simplement besoin d'un détour pour y croire encore, comme Leone qui caricature le duel de cowboy en faisant des ultra gros plans de trois heures sur les yeux de ses personnages. Au niveau hardcore, c'est un cinéma qui n'a plus que les formes en tête, comme le mélo de Todd Haynes qui n'a plus rien d'autre à raconter que son rapport à Sirk.

D'accord, mais ce que j'entends par maniérisme, c'est un souci excessif de la forme (qui va pouvoir se montrer de plusieurs manières).. Alors certes, Titanic se veut tout d'abord un blockbuster et un mélodrame mais ça n'empêche pas le film, presque inévitablement d'avoir un commentaire sur le genre et les formes, pas aussi obsessionnel que Todd Haynes dans son mélo à la Sirk, mais pas loin du Temps de L'Innocence de Scorsese ou de The House of Mirth de Terence Davies pour citer deux adaptations d'Edith Wharton et deux films qui sont censés avoir lieu à peu près au même moment.
Dans Titanic, ce souci de la forme revêt plusieurs aspects, côté spectaculaire de la reconstitution, surcharge décorative, variété des idées visuelles (des types de plan quoi), références nombreuses à la peinture ou au cinéma hollywoodien, etc.
Ensuite tu me diras que d'après moi, c'est tous les films en costume qui sont maniéristes, mais non, le souci de la forme n'est évidemment pas le même dans les Adieux à la Reine, dans Ridicule que dans les films que j'ai pu citer.

Souci de la forme et maniérisme se recoupent pas forcément pour moi. Les films expressionnistes muets sur-stylisés ne sont pas maniéristes, à mon sens... Je ne le sens en tout cas vraiment pas comme ça dans Titanic, donc il est difficile pour moi d'aller dans ton sens, même si je comprend tes arguments. Le décor par exemple est un élément spectaculaire, de dépaysement, mais je ne vois pas de scène où il devient un enjeu, c'est à dire quelque chose de problématique, d'interrogé dans sa forme-même. Les références à la peinture me semblent être des détails dont je ne retrouve aucun écho dans la mise en scène (qui n'est ni impressionniste, ni expressionniste)... En gros, si on caricature à mort, l'obsession de Titanic c'est le gros bateau, pas la manière de le filmer (au contraire : il y a la croyance que reconstruire un bateau géant pour de vrai va suffire à rallumer la flamme).

Tom c'est vraiment le "good cop" qui prend le temps d'expliquer les choses, et qui le fait bien.

Je ne suis pas le good cop. Je suis... THE TEACHER.

*je veux un jingle associé*

Normal, c'est de l'académisme.

_________________
N'écoutez pas Film Freak

Ça m'étonne pas qu'un mec qui voit pas l'académisme de Twilight Princess ne voie pas le cinéma dans Titanic !

C'est sûr que je vois plus de cinéma dans TP que dans Titanic...

_________________
N'écoutez pas Film Freak

Putain, tu vois, ÇA je trouve ça grave.

Le trailer, bien que poseur, m'avait suffisamment intrigué pour tenter l'expérience et voir mon premier Dolan.

J'ai plutôt apprécié cette première demi-heure, de cette entrée en matière témoignant d'une assurance folle, avec "Les Moulins de mon coeur" a capella sur les vistas du Québec rural jusqu'à cette mise en place tendue qui propose une approche originale - traiter comme un thriller/film d'horreur l'expérience réaliste d'un homosexuel confronté à la famille de bouseux de son défunt compagnon - mais passé LE point de non-retour, qui se trouve être justement le point où Tom choisit, contre toute logique, de retourner à la ferme alors qu'il était en train de se barrer après la confrontation dans les chiottes, je n'y crois plus.

Plus du tout.

À partir de là, le réalisme part avec l'eau des chiottes et le film...bah me donne l'impression de voir le plus bête des codes du film d'horreur justement, à savoir ces protagonistes qui pourraient s'en sortir AISÉMENT mais n'en font rien.
À vrai dire, le film joue clairement sur l'emprise qu'a Francis sur Tom mais JAMAIS je ne trouve cela crédible.

Le basculement est complètement raté, le film ne me montre pas comment Tom passe de "fuck you, fucking redneck" à "tiens, je vais danser un tango avec le frère sexuellement perturbé de mon mec mort" et même à "je vais rester à la ferme pour les aider à chopper une trayeuse laser".

J'ai l'impression que le film se complaît trop dans son côté tordu pour savoir quoi raconter et, du coup, savoir comment terminer.
Paye ta non-fin.

_________________