DARK STAR2,5/6 vu tardivement, bien après les autres. Forcément, je m’attendais à un truc renversant, et puis pshiit, c’est rigolo mais bon…
ASSAUT 5/6 Alors là, le choc, le vrai. La forme (Cinémascope, composition parfaite du plan et découpage serré), et l’audace narrative (personnages sommaires mais très typés, étirement du temps, scénario réduit à sa plus simple expression), donnent naissance à une tension inhabituelle et fondent le style Carpenter.
HALLOWEEN 6/6 Chef-d’œuvre. Carpenter approfondit sa démarche, en faisant de la caméra un personnage à part entière du film qui projette le spectateur au cœur de l’action. Dans un genre traditionnellement tourné vers la surenchère, l’architecture du film, entièrement fondée sur la maîtrise et la suggestion, créée quelque chose de nouveau et de terriblement angoissant.
FOG 4/6 Plus mitigé. De beaux moments de frayeur, une mise en scène toujours aussi maitrisée mais au final moins percutant.
NEW YORK 1997 6/6 Mon film fétiche, un de ceux que j’ai le plus vu avec
Rio Bravo. Comme pour ce dernier, je ne me lasse pas de la construction, tu peux le voir 10 fois, tu t’ennuies jamais. C’est là qu’apparaît vraiment le héros récurrent de Carpenter, dont la philosophie d’action est le prélude à une vision subversive qui remet en cause la frontière classique entre le Bien et le Mal. « bad guy » cynique au passé trouble mais capable de défendre une cause qu’il trouve juste, Snake Plissken fait voler en éclat l’image du héros américain. A travers le regard de son personnage, Carpenter montre une Amérique déliquescente et réactionnaire, un véritable discours politique, premier d’une longue série.
THE THING5/6 Pour la première fois, Carpenter dispose d’un budget conséquent et d’une liberté totale, dont il profite au maximum. De ces nouveaux moyens, il tire des effets spéciaux hallucinants et une reconstitution impeccable, à la hauteur de la production (Ce qui ne l’empêche pas de conserver son style inimitable et de nous pondre la scène du test sanguin où, avec quelques gouttes de sang et du fil de fer, il sait créer un suspense insoutenable). Sur le fond, il prend le parti d’une radicalité qui lui coutera cher. La suspicion généralisée et l’absence de solidarité dans le groupe, renvoient une image de la nature humaine bien éloignée de celle traditionnellement décrite à Hollywood, ceci d’autant qu’il se refuse à tout happy-end.
CHRISTINE5/6 Carpenter a souvent dit qu’il s’est retrouvé sur ce film un peu par hasard et contre son gré. C’est vrai que sa mise en scène si typique semble avoir du mal à s’exprimer, noyée dans des scènes d’action pas très originales et un scénario un peu mou. Et pourtant, j’ai une tendresse particulière pour ce film ; je crois que c’est du à ce portrait d’un adolescent pas comme les autres, sombre et ambigu, qui marque une vraie originalité par rapport au tout venant Hollywoodien (d’ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi cet acteur n’a jamais percé).
STARMAN 4/6 agréable à regarder, plutôt émouvant, et bien évidemment réalisé avec brio. Ce qui ne l’empêche pas d’être en-deça de ce qu’on attend généralement de Carpenter.
LES AVENTURES DE JACK BURTON 5/6 J’adore, au point de d’avoir insisté pour le montrer à mes gosses qui m’ont regardé comme le dernier des ringards (je précise qu’ils ont vu tous les autres). Le film est exceptionnel : avec 20 ans d’avance, Carpenter intègre les codes du cinéma d’action asiatique (qu’il admire depuis longtemps) et s’en donne à cœur joie dans un mélange de styles improbable et détonant. La caméra virevolte, filmant les combats comme des chorégraphies et le spectateur n’a pas une minute de répit. Surtout, Carpenter fait sciemment le choix du parodique et du second degré, adaptant sa mise en scène d’habitude plus rigoureuse à un univers de bd où rien n’est véritablement crédible. Alors que la mode est aux héros virils et intelligents (type Indiana Jones), Carpenter dessine délibérément le portrait d’un gros bourrin à l’humour lourdingue, égoïste et macho. Trop fort (enfin, pas pour tout le monde vu l’accueil du film aux US).
PRINCE DES TENEBRES 6/6 Un choc ! Le sujet du film renvoie à des interrogations personnelles de Carpenter, notamment sur la physique quantique et les théories autour de l’atome. Cette implication se ressent très bien dans un film sans humour et glacial, certainement le plus effrayant de sa filmographie. Dès les premiers plans, reliés entre eux par un découpage tranchant comme une lame de rasoir, le spectateur est pris dans l’angoisse et n’en sortira plus, à l’instar des personnages coincés dans cette église désaffectée. La forme du film, totalement épurée, offre un niveau de tension rarement égalé, jusqu’au final magnifique et d’une noirceur incroyable. Le Prince des Ténèbres est un film pessimiste et désespéré, dans lequel le Diable s’incarne avec une terrible justesse. Un pur chef-d’œuvre du cinéma d’horreur !
INVASION LOS ANGELES6/6 Le film se distingue nettement du précédent, en jouant la carte de l’autodérision contre celle du 1er degré rageur. Le style est à nouveau totalement maîtrisé, avec la nervosité qui convient à la série B, mais Carpenter n’en fait pas l’enjeu central du film, préférant se concentrer sur un propos ostensiblement politique. L’Amérique y est décrite comme un pays profondément inégalitaire, prêt à abandonner sur le bord du chemin des populations entières, aux cotés desquelles Carpenter se place ouvertement. Les élites qui dirigent la nation et commandent à son destin ne sont plus des êtres humains depuis de nombreuses années, il suffira de savoir ouvrir les yeux pour le voir. En pleine période busho-reaganienne, Carpenter signe avec Invasion Los Angeles un brûlot politique par lequel il exprime tout le dégoût que lui inspire son pays.
LES AVENTURES D'UN HOMME INVISIBLE3/6 Il n’y a pas grand chose à dire sur ce film de commande du à Chevy Chase, comique de shows télés. C’est sans intérêt hormis quelques effets spéciaux originaux. Carpenter en profite pour brocarder une nouvelle fois son pays mais sans grande conviction.
L'ANTRE DE LA FOLIE5/6 incontestablement le meilleur film que Carpenter ait réalisé dans les années 1990. Il s’agit d’un film très personnel, dans lequel il met beaucoup de lui-même et de ses interrogations autour du fantastique et de la réalité. C’est très dense, bien éloigné des ses films indépendants par sa complexité et la mise en abîme. Le film offre une réflexion passionnante sur la peur et ses conditions de fabrication, comme si Carpenter s’interrogeait sur son propre univers. Rétrospectivement, on a d’ailleurs l’impression d’un film-somme, une sorte de réflexion ultime d’un auteur qui sent bien que son avenir est derrière lui. Et certaines scènes foutent vraiment les jetons !
LE VILLAGE DES DAMNES 3,5/6 pas un grand Carpenter, loin s’en faut. Correctement réalisé et interprété, il n’en demeure pas moins relativement terne. Seule la vision sans concession de ces enfants inhumains est intéressante, Carpenter, comme toujours, n’hésitant pas à aller au bout de son propos.
LOS ANGELES 20135/6 beaucoup plus complexe et personnel que le précédent, ne serait ce qu’au regard des deux lectures possibles du film. La première consiste à le considérer comme un simple film d’action, ce qu’il est évidemment et pas des moindres. La seconde consiste à intégrer le fait qu’il renvoie directement à la situation personnelle de Carpenter, bien au-delà de son rapport à New York 1997. Los Angeles 2013 est en ce sens un vrai film d’auteur, jusque dans ses défauts. Comme son héros, Carpenter est fatigué et n’a plus la détermination nécessaire pour se renouveler ; et comme lui, il n’est finalement capable que de répéter la même mission 15 ans après, celle de réaliser un film d’action. Les héros sont fatigués et lorsqu’à la fin, Kurt Russel usé, boitillant, s’adresse à la caméra, c’est toute la colère et le désenchantement de Carpenter qui s’expriment. Il règle ses comptes avec Hollywood et l’Amérique qu’il exècre (libérale et puritaine).
VAMPIRES - GHOSTS OF MARS5/6 Je les met ensemble, car pour moi ils sont indissociables (et les plus controversés parmi les fans de Carpenter). Si, dans une certaine mesure, cette période rappelle la fin des années 80 (cinéma indépendant et budgets réduits), l’énergie n’est manifestement plus la même. Au premier degré,
Vampires et
Ghosts of Mars, sont loin d’être des réussites ; au second degré, la situation est plus contrastée et tout ce qu’ils expriment de Carpenter et de son état d’esprit ne laisse pas indifférent. On passe certes de l’abstraction à la désincarnation, d’un cinéma maîtrisé à un cinéma un peu je m’en foutiste, mais on veut croire que l’étincelle du talent est toujours là. Elle l’est d’abord dans la mise en scène qui, n’en déplaise aux détracteurs, garde toute sa limpidité et sa rigueur, entièrement dévouée au déroulement de la narration. Place de la caméra, cadrage, positionnement des personnages, découpage, tout concours à donner le maximum de sens à chaque scène, bien loin des surenchères inutiles de certains cinéastes de l’époque. Ensuite, Carpenter n’a rien perdu de son esprit subversif,
. Enfin, comment ne pas voir derrière les outrances de ces deux films la continuité du bras d’honneur qui clôt
Invasion Los Angeles ? Carpenter balance sa colère à travers son œuvre, et prouve que son cinéma est avant tout un acte éminemment personnel.
THE WARD3/6 bof, bof.. le film est bien l’œuvre d’un cinéaste toujours aussi maître de son art mais fatigué, dont la marginalisation n’est même plus source de colère ou d’une quelconque animosité envers le système. Rien de grave au demeurant, si ce n’est que, pour le coup, le style fait pâle impression. Bien entendu, on ne fera pas l’injure à Carpenter de juger sa mise en scène mauvaise ; simplement, il manque quelque chose, un supplément d’âme et d’envie qui nous assurerait que Big John est toujours là et bien là.
Bon, sinon John, qu’est ce tu fous maintenant, quand est ce que tu reviens ?