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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:00 
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Ce serait une banalité à la frontière de la crétinerie que de dire "on ne présente plus Quentin Tarantino".
Au bout de huit films, non, c'est sûr, on ne le présente plus. Toutefois, si son dernier opus témoigne dès son générique, non, que dis-je, dès LE LOGO DU STUDIO, du style de son auteur - que les mauvaises langues diront singé ailleurs et que les amateurs savent reconnaître comme une vision post-moderne - j'ai tout de même l'impression d'un tournant marqué avec Inglourious Basterds.

On a souvent accusé le cinéaste de faire des films vides. Peut-être est-ce cette injuste critique de son oeuvre, ou peut-être est-ce la réalisation par le metteur en scène lui-même de la vanité de son Death Proof, après le film-somme Kill Bill, mais avec Inglourious Basterds, et maintenant Django Unchained, Tarantino semble ne plus vouloir se contenter de revisiter l'Histoire du cinéma, mais se permet de revisiter l'Histoire tout court. En mêlant les deux, inévitablement.
Ainsi dans son précédent film, Tarantino réécrivait l'Histoire en faisant mourir Hitler de manière jouissive, le visage gruyèrisé de balles dans un cinéma en flammes sous les rires d'une juive. S'il n'y a rien d'aussi uchronique dans Django Unchained, les deux oeuvres restent indéniablement parentes dans leur volonté de retraverser une époque sombre de l'Histoire en prenant des libertés avec la réalité, libertés que seule le cinéma peut permettre, et qui se font d'autant plus réjouissantes lorsqu'il s'agit du cinéma de genre. Vu par Tarantino, l'esclave noir devient alors une icône du western, le cinéma lui donnant les moyens de sa vengeance.

Si le film n'est pas un aussi pur revenge movie que Kill Bill, il partage toutefois un goût similaire pour le divertissement, beaucoup plus classique et direct dans sa narration et son traitement qu'Inglourious Basterds et s'avère être un peu le bâtard des deux justement. On retrouve évidemment l'affection (et la don) de Tarantino pour les dialogues désarmants, art sur lequel reposait presque entièrement Inglourious Basterds dont le récit s'articulait presque toujours autour de scènes de dialogue laissant la tension monter insoutenablement jusqu'à explosion, mais le scénariste semble nous dire ici, en reprenant Christoph Waltz dans le même genre de rôle de manipulateur verbeux, que cette fois-ci il est tout seul dans un monde bien moins civilisé où l'on a plus tôt fait de laisser parler les armes. Un film bâtard donc, avec ce que ça peut entendre de péjoratif, et le terme pourrait coller à la structure et au rythme du film, un peu malaisés passé l'extraordinaire premier acte.

Le récit alterne plus difficilement les moments de tuerie (littérale) avec les instants plus calmes (mais plus menaçants). Est-ce dû à la disparition de Sally Menke, monteuse de tous les films du cinéaste? On le saura jamais. Mais passée la longue et jouissive introduction, montrant comment Django passe d'esclave à chasseur de primes, le film accuse un coup de mou une fois que nos protagonistes arrivent chez Calvin Candie, et si la suite parvient à faire la part belle à la spécialité du loquace scénariste, elle souffre tout de même à mes yeux de quelques longueurs, avant un climax bonus, une fois de plus jubilatoire, mais que j'ai trouvé moins impliquant que ceux de Kill Bill et Inglourious Basterds.

Maintenant, ce sont là les seuls bémols que j'ai au sujet du film, qui reste fascinant.
On y retrouve cette même charge que dans le précédent envers un ordre établi méprisable (jadis l'Allemagne nazie, à présent l'Amérique esclavagiste) incarnée par un Leonardo DiCaprio génialement inhumain, avec le même genre d'ambiguïté morale dans la caractérisation de nos héros (là-bas la troupe de soldats juifs gravant des croix gammées dans des fronts comme des étoiles jaunes, ici le commerce du corps auquel se livrent tant les esclavagistes que les chasseurs de prime), et le constat des violences infligées à tout un peuple (c'est à se demander si le film n'est pas une parabole pour justifier la délinquance chez les minorités).
Il y a des éléments qui pourraient porter à controverse. Pour les noirs américains, le Dr. (Martin Luther) King est un sauveur. Dans le film, le sauveur baptisé Dr. King (Schultz) est un blanc qui éduque un noir non-civilisé, pour l'amener vers le chemin non pas de la paix et de la cohabitation, mais de la violence. Et Tarantino couronne Django père de la blaxploitation (sa femme s'appelle Broomhilda von Shaft).
Tout cela pourrait être polémique si Schultz n'était pas un personnage aussi romantique, véritable coeur du film, businessman qui se prend d'amitié pour celui qu'il commence à voir comme une figure de conte (oui parce que Django Unchained, c'est le film qui cite un coup Au service secret de sa majesté puis L'Anneau des Niebelungen). Cette bromance est juste parfaite, et j'aurai pu regarder des heures de Waltz et Jamie Foxx cavaler dans le Far West.
C'est un vrai festival d'acteurs, ce film, de toute façon. Et après avoir vu la performance toute en retenue de Foxx, je n'arrive pas à imaginer Will Smith dans le rôle. Quant à Samuel Jackson, ça fait plaisir de le voir enfin redevenir un acteur.

Django Unchained est un de ces cocktails dont Tarantino a le secret, faisant ressortir toute l'iconographie d'un genre (à l'aide d'un Robert Richardson en grande forme), avec une bonne dose de sang cathartique (à la Verhoeven, sur la fin) et de références digérées, qui peut se targuer d'avoir un fond (même s'il n'est peut-être pas aussi abouti que dans Inglourious Basterds) en plus d'être un film de genre badass (même s'il n'a pas l'ampleur de Kill Bill).

5/6

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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:18 
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J'ai adoré, surtout la première partie.
5-6/6


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:26 
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Karloff a écrit:
J'ai adoré, surtout la première partie.
5-6/6

C'est clairement le meilleur. Avec la scène du crâne aussi.
Pendant le premier tiers, j'étais à 6/6.

Faudra que je le revois. En ayant dormi plus de 4h aussi.

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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:39 
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Le dernier tiers patine un peu. Mais bon, c'est tellement énorme, j'ai eu les larmes aux yeux
sur le Auf Wiedersen


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:41 
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Je trouve que le film forme un diptyque parfait avec Lincoln.


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:41 
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Karloff a écrit:
Je trouve que le film forme un diptyque parfait avec Lincoln.

Lol oui, je me suis posé la question durant le film.

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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:47 
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vous l'avez vu ou? Il sort quand en France?


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:47 
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après l'angle est différent


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:50 
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Bon, je suis en train d'écrire dessus.
C'est bien simple, à part la toute fin que je trouve expédiée, c'est pour moi le chef d'oeuvre de Tarantino. La première partie est au-delà du sublime, entre Jeremiah Johnson et le meilleur du western spaghetti, le tout mâtiné d'un discours sur l'Amérique d'une rare violence.
Après 2h44 c'est long, surtout que cela discute beaucoup quand même
mais bon... c'est énorme, époustouflant, émouvant, joué sublimement.


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:50 
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Mr Degryse a écrit:
vous l'avez vu ou?

Projection de presse.

Citation:
Il sort quand en France?

16 janvier.

Mais c'est pas pour toi, y a DiCaprio dedans, tu risques de pleurer.

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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:52 
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Karloff a écrit:
Bon, je suis en train d'écrire dessus.
C'est bien simple, à part la toute fin que je trouve expédiée, c'est pour moi le chef d'oeuvre de Tarantino.

J'hésite entre Kill Bill et Inglourious Basterds perso.
Faudra une 2e vision de Django pour savoir où je le situe dans mon top Tarantino.

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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:56 
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Je les ai tous revu récemment, mon coeur balance entre Jackie Brown et Kill Bill I.


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:56 
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je sais. J'avais déjà parlé de mon dilemme sur le topics en tournage. La BA fait quand même envie comme rarement pour moi.


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 15:58 
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Jusque là Inglorious bastard pour moi puis pulp puis reservoir puis kill bill 2 puis jackie puis Kill bill et Boulvard à lafin


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MessagePosté: 13 Déc 2012, 16:03 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Je suis super chaud et ne l'imagine pas vraiment moins bon que Inglourious Basterds. Avec Pulp Fiction ils formeraient un joli trio de tête. Parole de vendu d'avance.

Je n'ai par contre jamais été un fan des Kill Bill.

BORDEL DE QUEUE JE N'AI TOUJOURS PAS VU JACKIE BROWN.

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