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A quoi reconnaît-on un grand film ? A cette capacité à surprendre, à ne jamais être là où on pensait qu'il serait, à ne jamais se compromettre dans un moule trop confortable et prévisible. C'est vraiment ce qui m'a le plus frappé à la découverte du film, ce sentiment d'être devant un teen movie qui n'épouse absolument jamais les conventions du genre mais qui invente au fur et à mesure son propre langage, qui creuse sa propre voie, totalement unique. Il serait tellement facile d'imaginer ce personnage principal d'ado boutonneux pas très beau, un nerd introverti et loser alors que dès les premières minutes PTA nous dit très exactement l'inverse. C'est un garçon plein de confiance en lui qui nous est présenté. Mais le plus beau, c'est que ce n'est pas une volonté de faire contre, de pervertir le genre ou que sais-je mais plus simplement l'expression d'un auteur qui a quelque chose de singulier à raconter. Ca paraît tout bête et presque une lapalissade mais c'est finalement tellement rare d'avoir ce sentiment que quelque chose est totalement neuf, imprévisible et surprenant. C'est pareil avec ces quelques traits d'humour sortis de nulle part, notamment le manager du restaurant japonais où PTA ose aller vers des gags totalement grotesques (l'accent japonais en anglais), d'ailleurs c'est marrant c'est exactement la même ligne d'humour autour du japonais que l'excellent personnage de Josh Brolin dans Inherent Vice.
Il est impossible de deviner quelle va être la séquence suivante, quel chemin va emprunter le film et ça le rend terriblement excitant, charmant et stimulant. Il y a des films de 2h où tu as l'impression qu'il ne se passe quasiment rien et tu as Licorice Pizza qui semble à la fois être très court car très rythmé mais en même temps tellement riche et narrativement chargé qu'il pourrait durer 3h. J'adore cette construction en scénettes, en blocs anecdotiques totalement détachés les uns des autres où la scène en elle-même n'a pas d'importance, elle ne raconte rien du récit du film, par contre elle raconte les personnages et surtout leur histoire. A l'image de ce moment où Gary est arrêté par erreur ou cette carrière d'actrice d'Alana résumée en une rencontre avec un agent (l'actrice est géniale d'ailleurs).
C'est cette liberté narrative là qui donne au film ce cachet si personnel. Si unique et qui fait qu'il est vraiment difficile de ne pas tomber sous le charme immédiatement. Sans même parler de tout ce que le film raconte sur cette opposition enfants/adultes, inconnus/stars où les deux seuls acteurs "connus" jouent deux personnages totalement fous qui ne sont que de grands enfants au bords de la folie et où les jeunes essaient de se donner des airs d'adultes (ce moment où ils lisent le journal et que Gary ne regarde que les trucs de cul). Cela donne lieu aux deux "grandes" scènes de cinéma du film. Cette folle cascade à moto avec cette course sublime en opposition et la forcément déjà culte scène du camion.
D'ailleurs en parlant de course, c'est vraiment le motif du film. Essayer de saisir cette vitalité de la jeunesse dans ce qu'elle a de plus physiquement évident et cinématographiquement parlante. Ce moment de montage très bref mais magique où sont résumés les différentes courses du film, les personnages qui courent l'un vers l'autre est génial et tellement simplement bouleversant. Jusqu'à cette fin toute douce, toute belle (même si je crois que j'aurais préféré qu'il se conclue sur le "hey you").
Vraiment un grand petit film. J'y repense sans cesse depuis hier, il est tellement riche, chaque scène contient tellement de choses. J'ai à peine l'impression d'avoir commencé à en parler.
5+/6
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