The Scythe-Meister a écrit:
Je n'ai pas dis que ca distinguait les actes de créaton du reste des actes humains, mais du reste de la création, parce que des actes de création, il n'y en a pas que dans l'art, et dans ces actes là il y a aussi de l'inspiration!
Quel genre ?
The Scythe-Meister a écrit:
Parce que Soderbergh choisit de leur donner ce sens par rapport au scénario, tout en traduisant une certaine "ambiance" (chaleur, poussière). Mais ca pourrait être tout autre chose. Si le sens parait préétabli, c'est parce qu'il répond à un code que Soderbergh assume par soucis de clarté, mais il pourrait faire un autre choix, et on trouve dans d'autres films le même filtre qui aura un sens tout autre, sans rapport à un code précis. Ou alors tu reproches à la mise en scène d'avoir un sens?
Voilà, c'est exactement ça, je reproche à la mise en scène d'avoir un sens. De prendre chaque figure ou motif et de leur donner une signification, ou une fonction précise. C'est du rapport d'égalité, c'est une conception intellectuelle du cinéma, pas de l'inspiration. En fait c'est appliquer un style prédéfinis à un sujet. Et ça c'est fossé son rapport au monde, car le style nait du traitment, et pas l'inverse. D'où le manque de sincérité.
The Scythe-Meister a écrit:
Ca dépend des cas! Reprends l'exemple du début de Face/off, le ralenti nous dit : c'est le héros/méchant, il a la classe, il est plus fort que les autres qui ne sont pas filmés au ralenti... Ce n'est pas aussi précis que le rapport au lieu dans Traffic, mais c'est aussi signifiant que disons la partie "ambiance" de ce même filtre.
Tu sembles confondre sens et signification avec sens de lecture. Ce que tu décris là c'est TA lecture de la séquence. C'est une lecture probable, pertinente même, autorisée par le film, mais absolument rien ne te permet d'affirmer qu'elle a, de façon absolue, cette signification, ce sens.
The Scythe-Meister a écrit:
Mais c'est complètement arbitraire ce que tu dis là! Pourquoi ca devrait servir une émotion? Bien sur que non, parfois ca sert une émotion, parfois ca sert la lisibilité de l'action, parfois ca sert un sens... ca dépend des cas.
Je pense que le cinéma est un vecteur d'émotion. J'y vais pour être ému. L'émotion peut parfois être artificiel (genre la fin de
Titanic) et c'est pas trés intéressant, et parfois authentique (genre la fin des
Lumières de la ville). Il y a tout type d'émotions : le rire, la peur, l'adrénaline, la tristesse etc... Un sens, la lisibilité de l'action sans émotion derrière, quel intérêt ?
The Scythe-Meister a écrit:
C'est Duchamp la joconde avec les moustaches...
L'idée est la même.
The Scythe-Meister a écrit:
Mais bien sur que non. Prends les peintures de la passion du christ, surtout à la renaissance : tous ces tableaux n'ont pas de valeur parce qu'ils illustrent une idée et un concept préétabli? Sa valeur est justement entièrement dans le traitement du concept, dans la tekhnê. Ca n'a aucun sens, là tu nies toute valeur à la quasi-intégralité de la peinture jusqu'au XXème siècle! Il y a un problème... L'art est aussi et avant tout représentation, c'est impossible de le nier sans nier 90% de l'art.
Tu confonds représenté et idée. Les oeuvres des surréalistes (certaines en tout cas) ne valent que par leur idée-concept. Le tableau en soit ne vaut pas plus que cette idée à laquelle il se résume. Ce qui n'est
pas du tout le cas des peintures du Christ de la renaissance qui ne valent pas par leur sujet mais dans la manière dont ils sont représentés (conposition, lumière, motif symbolique etc...). Ca n'a strictement rien à voir, c'est même l'opposé.
The Scythe-Meister a écrit:
Tetsuo a écrit:
Quelque part il n'a pas de nécessité, il existe avant d'avoir été peint.
Mais non il n'existe pas avant d'avoir été peint! Il existerait où? Dans le monde des idées de Platon? En fait tu nies toute la dimension "artisanale" de l'art, qui est pourtant à l'origine de l'art (voir Aristote et les grecs), au profit d'une vision du XXème siècle radicale, fantasmée et dépassée!
Bon, arrête de t'enflamer comme ça. Il existe dans la formulation même de l'idée, dans son concept (car finalement ce n'est qu'un concept).
La Joconde avec des mousatches, point. Va définir
le radeau de la méduse de cette manière, ou mêmes la
Joncode. Donc oui, quelque part, ça existe avant d'avoir été peint.
The Scythe-Meister a écrit:
Mais des scènes similaires tu en trouves en pagaille chez Soderbergh... Ce n'est toujours qu'une mise en scène réussie du scénario. Pour changer de film, dans "goodnight and goodluck", certains passages entre Clooney et Strathairn par exemple (je pense à la première émission, avec le tapotement avec le stylo...) sont du même ressort, il n'y a aucune différence...
Ca c'est toi qui le dit. Pour moi
Good night and good luck c'est la même chose que
Traffic (en moins racolleur) : c'est apposer un style pré-défini à un sujet prétentieux. Clint Eastwood, même si c'est pas le plus grand cinéaste de tout les temps (son dernier film est pas terrible), ce n'est pas ça du tout.
The Scythe-Meister a écrit:
Soderberg ne représente pas une urgence et une complexité dans Traffic?
Non.
The Scythe-Meister a écrit:
Ta distinction est dans ce cas totalement subjective! Que tu trouves ca artificiel dans un cas et pas dans l'autre n'est que du domaine du ressenti et ne te donne aucun droit de différencier un "vrai" cinéma d'un faux. Autant je conçois que tu distingues la manière de faire du cinéma entre Woo/De Palma et Soderbergh de par leur formalisme très poussé, autant entre Eastwood et Soderbergh ta distinction ne semble relever que de ta sensibilité et pas du tout de la réalité des films (ce que j'entendais plus haut par phénomène).
C'est complêtement faux et je viens d'expliquer pourquoi. Ta thèse est biaisé par une idée un peu étrange : tu sembles croire que les cinéastes proches de leur sujet fonctionnent tous de la même façon, et sont donc à ranger dans la même catégorie. Hors, entre Carpenter et Soderberg il y a un monde de différence.
The Scythe-Meister a écrit:
Et la peur ne peut être sucitée que cinématographiquement? Le scénario ne la sucite pas parce que sont but n'est pas de créer des émotions mais d'être un préalable à la réalisation, mais la littérature est très capable de suciter la peur, de manière beaucoup plus forte que le cinéma, donc c'est faux.
Mais bien sur, mais moi je ne parle que de cinéma. Quand je dis que "la peur ne peut être sucitée que cinématographiquement" j'entend bien au cinéma. Je veux dire que c'est une émotion avec laquelle on ne peut pas tricher (à part faire sursauter le spectateur, mais c'est trés limité). J'ai jamais dis qu'on ne peut faire peur
qu'au cinéma. Des livres, mais aussi des tableaux et même de la musique peuvent être trés effrayant...
The Scythe-Meister a écrit:
Et je vois que tu évites de répondre à mes exemples précis...
Je n'y ai pas répondu car j'aurais eu le sentiment de me répéter, et manifestement il y a encore des points que tu n'arrives pas à saisir. Sans les clarifier, on débattrait dans le vent...
The Scythe-Meister a écrit:
Super, tu dis que la filmographie d'un acteur est entièrement nulle, puis qu'un réalisateur est mauvais, en ne parlant que d'un film. Tu comprendras que je trouve ca consternant...
Non je ne comprend pas. Je ne suis pas obligé de voir tout les films de tout le monde pour avoir une opinion. Ce que j'ai vu de Soderberg va de l'indifférence (
Hord d'atteinte,
Erin Machinchose,
Ocean eleven) à l'immondice (
Traffic). Ca ne m'a pas donner envie de continuer, je n'insiste pas. Je veux bien croire que
Solaris est un film respectable (j'ai quand même un gros doute) mais je sais que ça ne m'intéresse pas, que son cinéma ne me touche pas. Et en plus j'aimerai voir l'original avant.