Forum de FilmDeCulte

Je crois avoir déjà fait cette analogie ici mais quand je pense à l'époque, il y a 20 ans, où l'on revendiquait le terme "geek" pour le sortir du ghetto à l'heure où les studios se mettaient enfin à traiter correctement certaines licences, et que je constate l'état actuel du cinéma de divertissement hollywoodien, je me sens comme Oppenheimer à la fin du film éponyme. L'excitation ressentie jadis pour l'apparition de Nick Fury dans une scène post-générique d'Iron Man comme annonce d'un univers partagé à venir et le crescendo vers le premier crossover ont cédé la place à une blasance quasi-totale qui a fini par avoir raison de ma fidélité l'an dernier (toujours pas vu ni envie de voir Quantumania et The Marvels même si je ne doute pas que mon complétisme maladif - ou l'inévitable rétrospective pour le faire découvrir à mon fils - me poussera à les mater très prochainement).

Et malgré ce préambule, tout à fait sincère, je ne peux nier non plus avoir encore quelques boutons sur lesquels il est possible d'appuyer pour provoquer une bête réaction pavlovienne quand cela touche à mes univers de prédilection. Voir matérialisées sur grand écran des références spécifiques à certains détails cultes de Wolverine en comics déclenchera inévitablement un sourire de ma part mais ça fait pas un film. Non, si Deadpool & Wolverine m'a étrangement parlé, c'est parce qu'il touche à un autre de mes kinks.

J'avais trouvé les deux précédents volets moyens parce que la prétendue subversion et la conscience de soi dépassaient à peine le niveau d'un The Mask mais j'ai été surpris de voir qu'ici, pour la première fois, les brisures du quatrième mur et le fan service n'étaient pas là uniquement pour l'humour mais participaient à forger un propos métatextuel improbablement touchant. Ainsi le film devient un éloge funèbre de la 20th Century Fox à l'aune du rachat par Disney et un baroud d'honneur pour des super-héros destinés à être rebootés ou qui n'ont jamais pu voir le jour.

Le multivers et l'existence de la TVA (Time Variance Authority) qui le régule, présentée dans la série Loki, permettent une métaphore de ce qui se passe dans les coulisses : Deadpool est invité à rejoindre l'univers Marvel mais cela implique d'effacer son univers. Même si le héros du film ne savait pas qu'il était un personnage de fiction, l'intrigue est sans équivoque. C'est littéralement l'histoire d'univers pré-existants qui refusent de "go gentle into the night" pour citer le célèbre poème. Marvel avait déjà utilisé les mondes parallèles et les caméos dans Spider-Man : No Way Home (pour faire du sous-Spider-verse) et dans Doctor Strange : Multiverse of Madness (pour les lol maintenant qu'ils avaient les droits) mais ici, l'exercice m'a semblé moins être un étalage de synergie cynique - même si on pourra toujours y voir de l'exploitation de nostalgie, parfois pour des films nuls qui plus est - qu'une volonté sincère de donner une sorte de closure aux personnages qui furent les premiers de la vague.

Objectivement, l'écriture est un peu foutraque. Après un flash-forward amusant qui donne lieu à la scène d'action/générique de début et annonce la couleur de l'irrévérence (on n'a pas peur de marcher sur la tombe de Logan et l'exposition suivie d'une séquence montage avalanche de clins d’œil, l'intrigue vire au simili-road movie pour la majeure partie du film, semblant aller de cameo en cameo de façon gratuite, mais chaque apparition sert en réalité le propos au même titre que ce décor - le "Void", une "décharge" pour personnages sans univers aperçue dans Loki et employée plus à-propos ici - et l'antagoniste - Cassandra Nova, jumelle maléfique de Xavier un peu sacrifiée ici alors qu'il aurait fallu approfondir le personnage pour la cohérence thématique sur l'abandon.
Le film tient surtout sur l'alchimie entre Ryan Reynolds et Hugh Jackman, potes dans la vie depuis un X-Men Origins : Wolverine de triste mémoire qu'ils peuvent enfin exorciser ici, le griffu grincheux apportant l'équilibre salvateur au moulin à paroles à la fois pour l'humour, créant une dynamique de buddy movie plutôt efficace, mais également un ancrage émotionnel, bien là malgré sans doute deux ou trois blagues de bite en trop. Ce n'est pas le Logan que l'on connaît mais l'acteur est toujours un monstre de charisme et de gravitas. Y a un monologue dans la caisse à un moment, il est en mode full Jack Nicholson dans Des hommes d'honneur, c'est incroyable. Et ils arrivent même à justifier le costume jaune au-delà du cadeau pour les nerds.

Shawn Levy a fait ses meilleurs films avec Jackman et Reynolds et ça se confirme ici même si le mec n'est pas aussi bon dans l'action que pour la comédie. Les set-pieces sont sympathiques, parce qu'il y a toujours une idée ou un gag, mais pas toujours bien découpés. Par exemple, l'intro monte une scène de combat sur "Bye Bye" de N*Sync et ne joue pas vraiment sur la synchro à part lors de plans de coupe où Deadpool reprend la chorégraphie du clip, là où il aurait fallu lier les deux. D'ailleurs, la BO est trop prompte à balancer un tube pop en décalage sur les scènes d'action, la répétition désamorce l'effet à force. Esthétiquement, c'est générique pour ne pas dire plat par moments (le Void aide pas), un peu fade et passe-partout. Et c'est vraiment dommage qu'un peu plus d'efforts n'ait pas été fait sur le visuel et sur l'écriture pour que ça paraisse moins paresseux parce que c'est loin d'être désagréable et qu'il y a un cœur qui bat derrière la bite.

_________________

Quid de l'utilisation de The Greatest Show? C'est rigolo ? Chanté ? Ou juste un gag de 2 secondes ?

_________________
Netflix les gars, Netflix.

Affiche immonde.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

On va gentiment attendre une soirée repassage devant Disney+

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Repassage ??
Nan mais ça va pas ?

_________________
Netflix les gars, Netflix.

Littéralement gag de 2 secondes.


C'est loin d'être la pire dans le registre "hihi c gay".

_________________

Merci.

_________________
Netflix les gars, Netflix.

C’était énorme. Et ça rend carrément justice aux vieux films de Marvel. J’ai ri, mais fort. Ça tape sur tout le monde.

_________________

J'y suis allée parce que le 2 me plaît vraiment. J'ai failli m'endormir deux fois, j'ai eu 2 rires. C'est littéralement un sketch de 30 minutes étirés sur 2h. J'avais dit stop aux Marvel, j'aurai dû m'écouter.

J'aime bien le 2 aussi. Plus que le 1.

Tu me fais peur.

C'est vraiment mauvais, l'utilisation du multivers est inintéressante au possible. Les personnages sont insignifiants et il n'y a absolument acun stress dans le scénario qui est linéaire au possible.

Voilà, à peu près d’accord. C’est d’une laideur à faire peur (y compris les scènes dans notre monde), les dialogues et gags sont insupportables (c’est un moulin à paroles qui fait chier les autres personnages - à quel moment peut-on croire que ça ne fera pas aussi chier le public ?!!), les cameos sont amusants mais aussi nuls que dans leurs films d’origine, c’est en plus interminable et prodigieusement plat (1h30 ou presque dans un désert bidon), bref c’est catastrophique. Et cette merde relance (financièrement) Marvel. Autant dire que les prochaines phases seront aussi catastrophiques que l’actuelle. Aucune raison que ça change.

_________________
Que lire cet été ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Plus l'annonce récente de ce comeback au comic con (pour relancer la hype chez les insatisfaits de l'ère post-Avengers: Endgame).

J'ai une certaine sympathie pour les deux premiers mais j'avais pas prévu de voir celui-ci au cinéma. Mais du temps libre et une certaine curiosité presque morbide m'ont poussé à y aller quand même. J'en suis sorti avec un sentiment très paradoxal, d'un côté l'impression d'avoir perdu mon temps mais de l'autre une vraie fascination pour un spectacle qui montre bien le degré de dégénerescence totale dans laquelle est tombée Hollywood à la fois totalement cynique et en même temps passablement divertissant dans ce côté no limit. Ce film c'est un peu comme les smartphones et les hommes préhistoriques. Je veux dire si on nous avais montré ce film il y a 20 ans on y aurait pas cru. Un énorme blokbuster totalement méta qui se permet d'ironiser sur les sociétés qui le produisent, qui fait des incursions dans d'anciens films vénérés (désacralisant Logan de manière assez hilarante) et qui s'amuse sans cesse à déjouer les attentes pour nous balancer des caméos de films qui ont floppé ou même encore plus méta, des films qui ne se sont jamais faits (excellente idée du personnage de Gambit). Tout ça crée une espèce de gloubi boulga qui ne ressemble pas à grand chose (pas étonnant que l'essentiel du film se passe dans "The Void"), qui est assez assommant (overdose évidente de Ryan Reynolds mais comme le film en est aussi conscient ça devient un gag méta) et qui dès qu'il s'éhine à raconter une histoire ou des personnages devient totalement inintéressant.

Plus prosaïquement je l'ai trouvé quand même moins drôle que les deux précédents, beaucoup plus lourd. Toujours des petites idées marrantes ici ou là mais l'ensemble reste quand même un peu sur l'estomac et je n'en retire vraiment pas grand-chose. Il y en aura certainement un quatrième mais j'espère arrêter les frais (en salle tout du moins). Sinon pas trop compris l'idée du générique final, espèce d'hommage sorti de nulle part à l'univers Marvel/Fox avec des extraits du film de Josh Trank , je savais plus ce qui était un gag de ce qui était sincère...

2-3/6

_________________
CroqAnimement votre