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MessagePosté: 03 Juin 2023, 12:08 
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*mode harry knowles on*

ma passion pour les affaires judiciaires commence en 2003, quand michael jackson est arrêté pour une affaire de pédophilie. j’étais très fan de michael jackson, et très opposé à la pédophilie. Je décidais donc d’attendre le procès pour me faire ma propre opinion, avec l’idée que s’il était coupable, c’en était fini entre lui et moi. arrivé au procès, je suivais tout cela avidement. le site officiel de michael vendait, contre abonnement, la retranscription intégrale des audiences au jour le jour (une autre culture, quand même…), que je lisais intégralement, en me plongeant parallèlement les analyses juridiques sur des forums spécialisés. j’en suis venu à la conclusion, sans aucun doute, qu’il était innocent. c’était fascinant, parce que dans la presse, en restant extérieur, tout était accablant contre lui. mais le procès, la rigueur de la procédure faisait paraitre l’évidence qu’il avait été pris pour cible par une bande d’escrocs, que le dossier n’avait aucun sens, et l’acquittement suivi.

parallèlement à ça, canal + rediffusait la série soupcons, devenue star de netflix et mastodonte du documentaire judiciaire. une affaire passionnante, un documentaire extraordinaire, un mystère criminel totalement inextricable. on suivait un accusé qui proclame son innocence pendant un procès à l’américaine : une bataille d’experts rémunérés, un match de « narratifs » n’ayant pas grand-chose à voir avec la recherche de la vérité, et au cœur de tout ça, l’impossibilité de savoir ce qui s’est passé concrètement pendant ces 10 minutes, le caractère insupportable pour les hommes et la société de ne pas savoir, et l’effort louable mais vain d’essayer de sonder les âmes à travers des éléments tangibles pour essayer de comprendre.

justine triet a vu et aimé soupçons, et j’avais l’impression émouvante pendant le film qu’elle aimait autant que moi ces affaires judiciaires, que – comme moi – elle va assister à des procès dans le public, qu’elle voit les mêmes choses que moi dans ces affaires – ce que les procédures judiciaires révèlent de la construction des sociétés par les hommes, ce qu’elles révèlent de la culture d’un pays, ce qu’elles révèlent des êtres et l’aspect sans cesse fascinant d’un moment de réalité intangible, insaisissable, mystérieux. bref, l’émotion particulière de voir un artiste retranscrire à l’écran quelque chose de très profondément ancré en soi.

de soupçons, elle a repris l’écrivain(e) bisexuel(l), un personnage qui peut être antipathique car froid, impénétrable. Elle a repris l’idée d’un(e) individu mal integré à la communauté. elle a repris des éléments du dossier – à commencer par la mort à cause d’une chute absurde -, des scènes (la bataille d’experts autour des gouttelettes).

et elle a bien sûr développé l’analyse du couple, ce qui est d’autant plus intéressant que ça correspond à la différence fondamentale entre le système français et américain. les américains ne s’intéressent qu’aux faits. il peut ne même pas y avoir d’interrogatoire du suspect au procès, pas d’examen de la personnalité, ils ne jugent que les faits et leur gravité. c’est évidemment une vue de l’esprit, car les circonstances d’un drame sont toujours liées à la vie des protagonistes, mais la procédure est organisée ainsi – et cela reflète la vision américaine de « on est ce qu’on fait ». en France, on étudie les parcours et on sonde les âmes pour « individualiser les peines ». (c’est concrètement à cet aspect des choses que certains font référence en parlant de « culture de l’excuse »).
et de tout cela, triet a fait l’un des plus grands films de procès – ever.

le film a eu la palme, il va être disséqué, je ne vois pas bien ce qui pourrait bloquer sa route vers toutes les récompenses du monde (je pense que des nominations aux oscars de meilleure actrice et meilleur scénario sont fort probables) – je vais donc me permettre de juste mentionner des choses que j’ai pu noter avec mon lien particulier au domaine abordé.

j’étais époustouflé par la prestation d’antoine rhaenertz, qui est à la fois légitime et épouvantable. cette dualité est vraiment la nature particulière des procureurs, et le smash complet d’écriture et d’interprétation m’a subjugué. son rôle est indispensable, son point de vue légitime, son interprétation mérite d’être exploré, il fait magnifiquement son travail. et il est humainement horrible, institutionnellement détestable, la rigueur et la malhonnêteté intellectuel se confondent sans cesse.

j’étais époustouflé par sa gestion du rythme des audiences. c’est très difficile à faire, les procès sont longs, lents, et chiants. à condenser un interrogatoire on le vide de sa vérité, à le représenter entièrement c’est à se flinguer d’ennui. elle a réussi incroyablement à donner l’impression que l’on assiste à de vrais morceaux d’audience, en sachant le faire durer quand nécessaire, en n’ayant pas peur de se perdre dans des arguties qui sont incontournables dans un interrogatoire, en n’allant pas directement chercher les morceaux spectaculaires – il n’y en a en vérité pas – mais en faisant naitre la vérité, l’émotion dans la durée.

c’est mon obsession cinématographique du moment, mais son respect de la complexité des êtres et des choses m’a bouleversé. Une tendance se dessine au fil des événements, mais en vérité tout est complexe, tout le temps, les vérités et les faits ne sont que subjectifs, les êtres ne sont ni bons ni mauvais, la vie est un marasme dont on essaye de s’extraire. c’est profondément incompatible avec le jugement binaire sur lequel se conclut un procès, et c’est cette impasse humaine, sociétale et institutionnelle qu’elle filme, et c’est passionnant.

elle ne joue pas l’indignation, jamais. le procès est utile. les choses les plus dévastatrices sont utiles. les défauts des êtres, les saletés de l’existence sont là, ils sont légitimes, il y a à les vivre et les comprendre. on en revient au point précédent : son refus de céder à la grille de lecture unique du moment de l'emprise masculine, mais d'analyser de manière complexe les dynamiques humaines, psychologiques, existentielles de couples... c'est tellement riche et plus stimulant.

elle ne pense donc pas pareil que tout le monde en ce moment, et elle ne filme pas pareil non plus. il y a ici son regard. elle voit les choses avec un œil et une sensibilité particulière, et elle utilise sa caméra pour transmettre sa perception, sans jamais l’imposer (j’essaye de ne pas citer saint omer en contre-exemple permanent, mais…). dans la salle d’audience, elle arrive à retranscrire exactement des sensations, des regards que j’ai déjà eu. des morceaux de vie constants, observés et recrées. et la même chose est vraie dans les scènes de vie de couple, et la vie qu’elle arrive a créer dans les scènes en général est impressionnante.

d’un point de vue d’écriture, c’est une leçon de comment contourner les passages obligés, comment donner des informations et raconter des choses en inventant des détours, des ellipses, en refusant les automatismes et les facilités. rien n’est abscons, c’est juste que le refus de céder à la première idée la plus évidente pour donner telle info est incroyablement stimulante pour le spectateur.

je pourrais continuer longtemps. c’est un immense film qui m’a bouleversé. j’ai eu la chance de lui dire directement après la projection, je pense qu’elle a un an devant elle où des gens du monde entier vont lui répéter sans fin, je voulais apporter un peu d’éloges méritées supplémentaires dans le karma de ce film.


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MessagePosté: 14 Juin 2023, 17:05 
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les producteurs racontent dans le film français que c'est 3 ans d'écriture quasiment à temps plein, 40 semaines de montage... ils disent que le film s'est financé facilement parce que le scénario faisait l'unanimité, mais que la difficulté a été de justifier ces temps là auprès des financiers. mais au final, ça paye.

il faut donner de l'argent aux créateurs français pour qu'ils puissent prendre leur temps.


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MessagePosté: 14 Juin 2023, 20:46 
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Perso c’est un des meilleurs scénarios que j’aie jamais lus. Tellement hâte de voir ça à l’écran.

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MessagePosté: 15 Juin 2023, 08:45 
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J'y trouve une patine un peu téléfilm...


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MessagePosté: 15 Juin 2023, 09:12 
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c'était censé être une série à l'origine hihi


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MessagePosté: 15 Juin 2023, 09:17 
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T.Rex a écrit:
J'y trouve une patine un peu téléfilm...

Ah bah c'est fâcheux de le dire mais la critique dure serait de lui trouver un côté Faites entrer l'accusé. Le film sert plutôt des platitudes du type "un procès c'est difficile" et "la vie de couple c'est compliqué", je ne vois pas le génie d'un scénario qui change de point de vue par commodité, ni la teneur d'un grand film palmable (c'est toujours cent coudées au-dessus de Titane cela dit).


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MessagePosté: 15 Juin 2023, 09:21 
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Pardon mais ça ne dérange personne que le film emprunte autant à The Staircase de Jean-Xavier de Lestrade ? Est-ce que vous savez si au moins, Triet en parle spontanément comme influence ? Le revendique ? Et quand bien même, je reste dubitatif sur l'intérêt...

Bref, je verrai le film pour juger, mais y a un truc qui m'embête.

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MessagePosté: 15 Juin 2023, 09:53 
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Z a écrit:
Pardon mais ça ne dérange personne que le film emprunte autant à The Staircase de Jean-Xavier de Lestrade ? Est-ce que vous savez si au moins, Triet en parle spontanément comme influence ? Le revendique ?

Oui, j'avais vu ça dans une interview d'elle.


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MessagePosté: 15 Juin 2023, 09:54 
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FingersCrossed a écrit:
c'était censé être une série à l'origine hihi

Ce qui peut donner des Mulholland Drive.


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MessagePosté: 25 Aoû 2023, 08:54 
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Déjà-vu a écrit:
T.Rex a écrit:
J'y trouve une patine un peu téléfilm...

Ah bah c'est fâcheux de le dire mais la critique dure serait de lui trouver un côté Faites entrer l'accusé. Le film sert plutôt des platitudes du type "un procès c'est difficile" et "la vie de couple c'est compliqué". je ne vois pas le génie d'un scénario qui change de point de vue par commodité


Des platitudes, des platitudes... tout de suite... c'est pas parce qu'on le sait déjà que ça vaut pas le coup d'être montré. Sinon, on ne fait plus de films sur rien, allons. On croirait moi quand je parle d'Apocalypse Now ("super, la guerre ça tue, merci Francis. T'as eu une palme avec ton tour de manège ?")

Moi ce qui m'a gêné c'est plus la dernière partie
quand Daniel fait vomir le chien et tout ce qui en découle, qui déroule tranquillou le final : "on ne sait pas mais c'est pas ça qui compte" un peu étape par étape.
Et j'ai accroché à aucune scène entre la cliente et son amoureux-transi d'avocat malgré les très bons comédiens (soit on en dit trop, soit on en dit pas assez mais y a un problème de dosage, je trouve).

Mais j'ai bien aimé tout le reste, notamment ce que décrit très bien FingersCrossed au-dessus sur la description de l'accusée et le fait qu'elle assume ce qu'elle vit et ressent sans se préoccuper comment les autres vont la cataloguer, ce qui est à la fois sa force et son gros point faible lors du procès où la question est "aurait-elle pu le faire ?"

Du coup, le fait de changer d'objectif vers la fin en rappelant qu'au milieu il y a un gosse et que celui-ci a le choix entre deux maux pour le reste de sa vie (
soit sa mère a tué son père, soit ce dernier s'est suicidé
), est efficace pour parachever l'idée que "l'affaire dont on se gausse à la télé, ça touche des vrais gens" mais ça m'a remis sur des rails plus confortables que les scènes d'engueulade qui font pas fake. Y a aussi l'idée un peu appuyée de l'apparente désinvolture d'une société qui prend désormais les faits divers pour argent comptant,et comme du business as usual, via les experts qui se présentent à la barre les mains dans les poches ou les psys avec des schémas comportementaux tout faits.

Citation:
(c'est toujours cent coudées au-dessus de Titane cela dit).


smiley qui roll

Que de violence.

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MessagePosté: 25 Aoû 2023, 09:28 
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Je suis avec fingercrossed. Pas le temps de développer pour l'instant mais bordel.. Grand film que j'ai trouvé brillant à tous points de vue et qui m'a bouleversé. Putain de claque. Justine Triet fait partie de ce qui est arrivé de mieux au cinéma français des 10 dernières années.

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MessagePosté: 26 Aoû 2023, 23:27 
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Je n'apprécie aucun des films précédents de Triet (j'ai même copieusement détesté les deux derniers), celui-ci s'avère être certainement le meilleur et le plus appréciable... pour autant j'ai un sérieux problème entre les intentions et le résultat final. Dès la première scène (l'interview avec la jeune étudiante) Triet nous assène sans aucune finesse ce qui serait le fond de son cinéma (c'est particulièrement vrai dans La Bataille de Solférino, beaucoup plus douteux ensuite), que la réalité nourrisse la fiction, qu'elle en soit le terreau. Ça nous sera rappelé lors du procès (c'est même l'un des arguments du procureur), ça se retrouve dans sa volonté de jouer sur les formats d'images (les séquences télévisuelles du procès, l'enregistrement des dépositions par le truchement d'une caméra), mais malheureusement tout cela sonne faux. Ça sonne faux parce que l'élément prépondérant du film c'est malheureusement son scénario, trop bien écrit, aux phrases trop ciselées. Franchement lors de la dernière intervention du fils à la barre, l'improbable (parce que trop juste, trop beau, trop écrit) flashback qu'il génère m'a lourdement fait rouler des yeux (le premier aussi d'ailleurs, que je trouve extrêmement maladroit et lourd). Et tout le reste de la partie procès est à l'avenant. L'impression que Triet se rêverait en dynamiteuse de forme et héraut d'une nouvelle forme de cinéma vérité quand elle ne semble malheureusement faire mieux que de raviver la fibre de la qualité française. Mais bon j'essaie tout de même d'en retenir le positif, le portrait est malgré tout dressé avec une certaine complexité, c'est déjà pas si mal.

JulienLepers a écrit:
quand Daniel fait vomir le chien et tout ce qui en découle, qui déroule tranquillou le final : "on ne sait pas mais c'est pas ça qui compte" un peu étape par étape.

Connaissant son aversion pour la maltraitance animale, j'ai un peu peur pour QGJ pour cette scène (qui moi m'a donné envie de sortir de la salle pour aller embrasser ma chienne).


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MessagePosté: 28 Aoû 2023, 15:51 
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Lohmann a écrit:
Connaissant son aversion pour la maltraitance animale, j'ai un peu peur pour QGJ pour cette scène
J'ai surtout pensé aux accusations de Film Freak à l'encontre de LA BATAILLE DE SOLFERINO, où comment sous prétexte de cinéma on (donne l'impression de) faire douiller les plus faibles.

Avant de voir le film j'avais dit à Déjà-Vu un truc du style "Mais comment ça peut être un film sur une meuf accusée d'avoir tué son mari ?" Sous-entendu, comment peut-il y avoir du suspense sur sa culpabilité, vu que... bah c'est pas dans l'air du temps de montrer les femmes autrement que comme des victimes (et quand elles sont agresseuses, il faut les comprendre - cf. le téléfilm sur Jacqueline Sauvage hyper caricatural). Surtout que Justine Triet, malgré la subtilité de ses précédents films, m'avait l'air d'être "dans le camp du bien" (voir son discours à Cannes) et que dans ma cervelle de moineau le film ne pouvait pas connaître un tel retentissement sans brosser le zeitgeist dans le sens du poil.

Bref j'avais absolument rien compris et j'étais total à côté de la plaque.

Le film m'a séduit évidemment par son ambigüité permanente et sa constante recherche du brouillage. On pourrait trouver ça trop écrit et calculé mais bon, il faut quand même du taf pour en arriver là, faut écrire, faut doser, faut diriger, ça se fait pas tout seul. Et c'est franchement fort, les personnages sont complexes et "incasables".
Sandra Hüller est sensationnelle. D'ailleurs chapeau de réussir à financer un film avec cette nana dans le rôle principal. Et l'argument de la langue, qui déroute au début (d'ailleurs le film est-il à 51% de langue française ??) est mis à profit comme un troll permanent, une frontière entre elle et nous, ou entre elle et sa famille, la nana qui impose ses conditions jusque dans la langue.

Tout ça pour dire que c'est humain et contrasté et très très très loin de tout discours prémâché sur l'emprise ou la charge mentale ou je sais pas quel truc lu dans Madmoizelle.

Et puis pour qui aime les films de procès, c'est du petit lait. Tellement bien joué, tellement accidenté, tellement vivant, flottant. Un peu surfait par moment (les zooms) mais ça fait du bien, c'est vraiment l'anti-SAINT OMER. Idem dans les moments plus tôt, ceux de reconstitution, avec ce jeu sur les formats que conchie Lohmann, ou ces détails zarbis (le mannequin, le ton matter of fact de l'autopsie, la reconstitution en 3D...).

Bon après je suis pas non plus sidéré par le film, mais ça reste un gros morceau et indubitablement son meilleur film.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 28 Aoû 2023, 16:09 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Avant de voir le film j'avais dit à Déjà-Vu un truc du style "Mais comment ça peut être un film sur une meuf accusée d'avoir tué son mari ?" Sous-entendu, comment peut-il y avoir du suspense sur sa culpabilité, vu que... bah c'est pas dans l'air du temps de montrer les femmes autrement que comme des victimes (et quand elles sont agresseuses, il faut les comprendre - cf. le téléfilm sur Jacqueline Sauvage hyper caricatural). Surtout que Justine Triet, malgré la subtilité de ses précédents films, m'avait l'air d'être "dans le camp du bien" (voir son discours à Cannes) et que dans ma cervelle de moineau le film ne pouvait pas connaître un tel retentissement sans brosser le zeitgeist dans le sens du poil.


je ne sais pas quelle grave défaillance humaine m'a conduit à ne pas l'écrire alors que je l'ai vraiment pensé très très fort, mais oui. et j'irais même jusqu'à dire que ça ne m'étonnerait pas que de poser ça ait été une motivation centrale pour faire le film.
de la même manière quand elle hurle à son mari "tu n'es pas une victime !!". sachant que c'est devenu le statut le plus enviable que l'on peut acquérir dans la société actuellement, je pense qu'il y a un message. et de fait elle passe tout le film à démontrer la complexité des choses, qu'on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a pas, on fait du mal aux autres plus ou moins involontairement, mais ça ne fait pas forcément de nous des coupables, ni des victimes.
pour moi c'est le message fondamental du film, "c'est compliqué", et ça va profondément contre le concept de camp du bien et du mal dans lequel on semble avoir terriblement envie de s'enfermer en ce moment.

Citation:
c'est vraiment l'anti-SAINT OMER


ahah, merci, oui.

Citation:
Sandra Hüller est sensationnelle.


je le pensais déjà sur le coup mais depuis il y a toutes les conséquences de la grève et je pense vraiment qu'une nomination aux oscars pour elle est totalement jouable.


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MessagePosté: 28 Aoû 2023, 16:26 
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FingersCrossed a écrit:
je pense vraiment qu'une nomination aux oscars pour elle est totalement jouable.
Oui, surtout qu'elle est bien aidée de jouer en anglais...

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