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[i]la guerre des mondes mais en belgique, avec de la pluie et guillaume canet.[/i]

j'avais vu le court-métrage sur canal, ça commence à faire un moment, et j'avais beaucoup aimé. le formatage et l'homogénéité des courts français m'abiment l'âme, et c'était vraiment original, fort, et j'avais adoré la mise en scène - avec notamment un 4/3 de toute splendeur. je l'avais googlé de suite en me disant que j'allais garder un oeil sur lui parce que j'y croyais, il y avait un truc.
c'était donc plein d'espoir que j'attendais la nuée, avant de déchanter devant ce post-grave formaté pour les commissions, sans personnalité, pusillanime, où je ne retrouvais rien de son style. l'idée d'un espoir déçu et gâché dès le premier long était particulièrement cruelle.

l'annonce de la version longue de acide m'a parue logique, et elle confirmait en creux que la nuée était un peu son piranhas 2. j'étais aussi dubitatif, parce que dans l'absolu, l'idée des pluies acides est excellente mais ça reste qu'une idée de départ de film catastrophe, il faut construire l'histoire autour et celle du court était basique mais fonctionnait en 13 minutes, parce que ça durait 13 minutes.

le choix a donc été de faire un remake local de la guerre des mondes. un choix qui me semble particulièrement malavisé.
d'abord, de fait, c'est du déjà vu. il n'y a pas d'angle particulier, d'un twist d'histoire pour raconter ça de manière détournée ou originale : c'est une cellule familiale confrontée à une catastrophe climatique, c'est quand même très basique. la guerre des mondes fonctionnait en contrepoint 'intimiste' de independance day, mais quand acide arrive dans le cinéma français en 2023 c'est très attendu. et il y a de fait un manque d'imagination assez terrible dans le film : on a *tout* déjà vu ailleurs - et de la même manière.
ensuite, ça date d'il y a moins de 20 ans, ça a fait 4 millions d'entrées + plusieurs diffusions tv, ça a marqué toute une génération de cinéphiles, et la ref est tellement évidente que tu te dis "ah tiens c'est l'équivalant de tim robbins", "ah tiens c'est la scène du bateau", "ah tiens c'est la fuite en voiture". ça pourrit tout le film.
et en tant que film de genre français, toujours quelque chose de spécial, ça me semble être la pire des solutions. no shade contre qui que ce soit, mais just n'est pas spielberg, guillaume n'est pas cruise, et yacine n'est pas koepp. 11m c'est un beau budget mais c'est moins que 140; autrement dit : vous ne pouvez pas test les garçons, donc quand on peut pas test on fait autre chose, on va sur son propre terrain et on écrit ses propres regles. dsl.
et enfin, si il y a une certaine logique, lorsque les extraterrestes détruisent une ville, d'aller dans une autre ville sans extraterrestres belliqueux, quand il pleut bah... on reste chez soi. et dans un monde post covid, on sait que les gens sont quand même très disciplinés d'un jour sur l'autre quand il y a un péril mortel dehors, et que les états riches sont assez efficace pour mettre rapidement en place les regles pour protéger vaguement au mieux la collectivité.

ce qui rend donc l'aspect "road movie" allant de péripéties en péripéties assez gratuit. ça n'a même aucun sens, et le scénario le justifie laborieusement avec des répliques plantées là uniquement pour ça, avec des éléments d'histoires ni organiques, ni crédibles.
un élément plus structurel tient ça : le personnage de guillaume canet est un peu un sale mec, colérique, impulsif, et qui fait de la merde. gloire à guillaume de ne pas avoir tenté d’édulcorer ça pour se donner le 'beau rôle' (et le fait est qu'il est légèrement moins nul que d'habitude, mais il a pris un coup de vieux et j'aime bien ça), et de ne pas avoir un lead "aimable" c'est une liberté agréable impossible aux us, mais le fait est aussi que dans une catastrophe mondiale, se focaliser sur le gros con du lot qui est dans le merde uniquement parce qu'il fait n'importe quoi de bout en bout, c'est pas très satisfaisant pour le spectateur.

c'est donc un des rares films catastrophes où le début est mieux que la partie 'catastrophe'. j'ai trouvé vraiment intéressante la tentative de lier les désordres capitalistes avec les désordres climatiques, le sous entendu que c'est les mecs qui y sont pour rien qui sont les premières victimes, la manière dont les victimes peuvent devenir coupables, j'ai aimé le climat de violence sociale protéiforme et j'attendais la pluie comme les grenouilles dans magnolia, l'intervention irrationnelle qui couronne et met un terme à un désordre global. mais toute la richesse thématique entrevue par ce début disparait d'un coup, et aucune promesse n'est tenue.

à côté de ça, c'est filmé comme tout et tout le monde - où est passé son style ?! -, leatitia dosch est un smash de casting complet, géniale en faisant pas grand chose, elle transcende un role basique en étant à la fois une vraie femme de la vraie vie et charismatique et spéciale comme une actrice de cinéma, la manière dont tout le monde fait la gueule du début à la fin avec cet étalonnage artificiellement et paresseusement sombre m'ont vraiment paru comme des manières faciles de mettre de l'ambiance - alors que là encore, on sort du covid, même quand c'est la catastrophe les gens rigolent, font des jeux de société, des blagues débiles, des visios pour dire des futilités, il fait un grand soleil mais si tu sors tu peux choper le truc qui va te faire mourir, c'est porteur de plus de choses originales que ces orientations en pilotage automatique.

dans l'absolu c'est pas odieux de nullité mais si vous voulez voir ça en version plus profonde ça existe, en version plus spectaculaire ça existe, en version plus fun ça existe, avec tom cruise ça existe. j'ai bien du mal à trouver une plus value quelconque, et je ne sais plus trop quoi espérer de la carrière de ce garçon.

Il est effectivement impossible de ne pas penser à La Guerre des mondes et de trouver un scéhma et des séquences similaires mais il n'y a même pas besoin de comparer - ce serait de toute façon un peu injuste de comparer le deuxième film du réalisateur de La Nuée avec le 23ème film du plus grand réalisateur de tous les temps - Acide souffre de problèmes comme un grand.

Ça met un temps fou à démarrer, genre 25 bonnes minutes passées à se contorsionner scénaristiquement pour caractériser ses personnages d'une façon qui ne servira jamais par la suite ou alors de façon fonctionnelle et à peine exploité (les téléphones portables confisqués...mais la gamine est trouvée en deux secondes, le bracelet électronique...mais la bourge ne se méfie pas longtemps). La mise en contexte avec le patronnat et les ouvriers sacrifiables donne une couleur politique au récit, comme le souligne FingersCrossed, ce sont les pauvres qui trinquent, mais tout en le clamant dans le texte (Canet qui dit que ceux qui n'ont pas des "amis friqués" ne s'en sortiront pas) l'action le contredit. Ça sert surtout à justifier les actes impulsifs du protagoniste mais comme dit FingersCrossed, regarder un mec faire les mauvais choix à chaque étape, c'est fatiguant. Ce sont pas des mauvais choix terriblement humains, mais des mauvais choix de connard bête.

Et tout le monde est un peu bête. Chaque fois qu'il y a une grosse déroute, c'est suite à un comportement stupide (on est dans un film d'horreur ou quoi?). À ce titre, le film manque cruellement de tension. Il manque souvent le B.A.BA du découpage alterné pour montrer l'imminence du danger, pour faire monter la sauce. Très souvent, ça se contente de montrer une nuage gris qui approche et de faire courir les gens qui se réfugient in extremis quelque part et soudain trombes d'eau. Montre-moi la pluie talonner les personnages, montre-moi des gouttes commencer à tomber une par une à quelques pas seulement des héros. Le film est meilleur dans le frontal, quand il torture ses personnages. J'admire une certaine cruauté sans concessions mais l'ensemble est tellement mal fagoté, inorganique, pétri de facilités (la façon dont ils perdent le groupe dans la forêt, zéro crédibilité) et peuplé de gens antipathiques (j'accroche pas du tout au jeu de Dosch perso) que le film n'éveille jamais l'empathie et du coup, cette fin fait plouf. Je sais même pas vraiment ce qu'elle veut me dire.

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16 000 entrées premier jour france... le même chiffre que visions. 2 budgets à plus de 10 millions.

tous les espoirs sont sur le regne animal pour les gros trucs et vermines pour les petits mais sinon, le genre français c'est quand même un vrai champ de ruines.

Vincent doit mourir va faire 2 millions d'entrées (non je déconne).

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CroqAnimement votre

Au moins, on peut se réjouir qu'ils continuent à en produire... Avec Vincent doit mourir, ça fait quand même pas mal de tentatives sur une année.

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Vu le rapport de la cour des comptes, attention pour le futur...

Je me permets un petit point ortho parce que je viens de voir que tu as fait la même sur X, c'est "fatigant". Fatiguant étant le participe présent du verbe.

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CroqAnimement votre

Oui, mais là c'est très fatiguant.

Sinon, pire film que j'ai vu à Cannes cette année, je vous trouve presque gentil.

Les persos font n'importe quoi, le propos politique est asséné avec la finesse d'un panzer et la mise en scène ne génère aucune tension.
Voilà.

Langue de merde, exhibit #865.

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même sans cour des comptes, quand il y a 20 tentatives dans l'année dont 18 nulles, 19 qui floppent et 0 qui s'exportent, on ne peut pas en vouloir aux gens de lâcher l'affaire et de se focaliser sur les comédies dramatiques feel good celebrant le vivre ensemble à travers une association ou un service public à destination des retraités d'un bon niveau socio-culturel.

On va compter les morts, il est là le vrai film catastrophe.

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Certains se sont très bien exportés / prévendus. Mais j'imagine que les ventes ne couvrent pas un budget tel que celui de Acide.

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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Quand tu vois le nombre de débiles qui sont persuadés que si Marvel se "plante", c'est à cause de leurs tentatives de diversité...

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La vraie question : si le film était génial, ferait-il des entrées ?
Probablement, avec un bon bouche à oreille.

Assez pour être rentable ?
Pas évident.

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