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il serait temps de s'en occuper effectivement

Vu hier au Christine Cinéma Club. Malgré une "copie" pas géniale (un Blu-ray ? En tout cas c'était méga-contrasté, on voyait rien dans les scènes de nuit), c'est une sympathique découverte que ce Michael Mann décidément séminal: déjà Los Angeles filmée comme une mégalopole dense et froide, déjà ces nappes musicales trippantes, ce gangster qui veut raccrocher les gants mais dont la vie intime devient un boulet qu'on traîne... On a même droit à des petits détails comme ce hurlement de loup totalement gratuit qui préfigure COLLATERAL.

Ça c'est pour la vision rétrospective. Mais je pense qu'à l'époque c'est déjà intéressant comme film de transition entre des univers gangsters âpres très 70s et des ambiances plus clinquantes et synthé 80s. James Caan sert de pont entre ces mondes et il est superbe dans le rôle. La longue scène-charnière au diner est magnifiquement jouée, jamais métaphoriquement didactique ou relou, totalement vivante. Idem avec le reste du casting, ces gueules improbables, entre la douceur de Willie Nelson, la tronche pas possible du commanditaire (où est-il allé trouver ces mecs ?) ou le flic qui ressemble à un croisement entre McTiernan et Pandi le Panda. Il y a même... William Petersen en silhouette !

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Le flic (si c'est bien de Urizzi/John Santucci dont on parle), c'est visiblement le cambrioleur qui a inspiré le personnage de Frank, et qui était "conseiller" sur le film.*
Comme sur tous ses polars, il a utilisé pas mal d'anciens flics et truands (dont Dennis Farina qui débute ici à l'écran après une carrière dans la police).

J'adore Léo le commanditaire (Robert Prosky) : le mec est capable d'être super intimidant et de jouer le papy le plus sympa de la Terre dans Gremlins 2. Et visiblement, c'était aussi ses grands débuts au cinéma (après une carrière au théâtre et à la télé, merci wiki)


*oui, j'ai le bouquin de Thoret sur Mann...

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Thoret, j'adore l'écouter dans ses masterclass, j'aime moins le lire.

Ça se répète beaucoup : si tu te sers un verre à chaque fois qu'il parle de "la peur de la déshumanisation par le capitalisme tardif", tu risques de te réveiller le lendemain dans ton vomi.
Mais sur Mann, on sent la passion malgré les scories universitaires de rigueur ; vouloir faire rentrer tous les exemples dans des cases préétablies même si on doit y aller au chausse-pied : "la couleur bleue symbolise le bonheur sauf là, là, et là mais c'est parce que les personnages attendent le bonheur ou le regrettent" (je caricature).

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J'avais découvert le film il y a bien longtemps et j'en avais gardé le souvenir d'une sorte d'ébauche tout à fait honorable de la partie De Niro de Heat, à savoir le portrait d'un professionnel de la profession dont la profession est cambrioleur, avec ce sérieux et cette méticulosité, cette intelligence couplée à cette violence prête à exploser mais que l'on garde enfouie pour arborer un masque de civilité, et l'aspiration à une vie normale, auprès d'une femme, minée par la réalité du métier susmentionné. Mais cela ne m'avait guère marqué davantage.

J'ai globalement entièrement redécouvert le film ce soir sur grand écran et si tout ce que j'en dis plus haut est bien là, j'ai pu apprécier le film pour ce qu'il était vraiment, en somme assez différent de son chef-d’œuvre de 1995, notamment dans son propos politique. Le fait de se concentrer sur un spécialiste des coffres et des diamants mais d'esquiver délibérément le "film de casse" (avec sa mécanique plus "fun") pour une approche procédurale de la préparation, même quand on hype le challenge en amont, et de l'exécution, aussi impressionnante soit-elle avec son "feu d'artifice", caractérise tout le long Frank comme une sorte de blue collar worker. Le voir résister puis accepter l'offre "d'emploi" de Leo qui refuse de le voir comme un travailleur freelance alors que Frank souhaite rester son propre patron (et, qui plus est, arrêter après un Dernier Gros Coup™), et finir par réaliser qu'il s'est fait entuber et que ce "père" de substitution n'a rien d'aussi bienveillant que le précédent (Okla) et souhaite l'asservir comme un bon patron achève de faire du récit une métaphore du triste sort du prolétariat.

En ça, la fin est puissante, à la fois rébellion sanglante contre le système et constat d'échec de l'individu désireux de l'American Dream (symbolisé par ce collage naïf composé par Frank en prison).

Grandement revu à la hausse donc.

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Merde, je ne me rappelle plus de la fin (alors que je l'ai revu il y a pas si longtemps). Ça commence à m'inquiéter d'ailleurs la rapidité avec laquelle j'oublie les films