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Decouverte du film et de la cinematheque jeudi soir...

Plutot seduit par ce film carre, prenant et... beau! Je n'avais jamais fait tres attention a la plastique en elle-meme des films de Mann mais force est de constater que sur ce Collateral, le cineaste s'est fait plaisir. Le numerique est a tomber et parfaitement adapte a la nuit de L.A.. Quand en plus, on voit le film sur le superbe ecran de la salle Henri Langlois (bien grand, pas trop bombe, bien oriente... je m'attendais pas a ca), on se regale.

L'histoire en elle-meme est excitante et parvient a concilier action, humour et petits questionnements metaphysiques. On peut trouver tres grosses certaines ficelles du scenario (exemple-cle: le taxi qui a en clients la fille et Cruise l'un suivant l'autre; mais aussi la visite chez la mere de Foxx, totalement gratuite, etc.), il n'empeche que le film est reussi dans son atmosphere de huis-clos dans le gigantisme de L.A., dans l'intimisme qui en resulte dans la relation Cruise-Foxx, dans le dosage et la maestria des scenes qui petent (tour de force de Mann qui nous fait oublier par la force de sa mise en scene que Cruise ne pourrait jamais, vu sa petite taille, reperer les policiers dans la boite de nuit comme il le fait)...

Apres, au niveau de l'interpretation, j'aurais quand meme des reserves. Jamie Foxx, j'aime beaucoup, et dans le film il est a la fois drole, indecis, et fort. Mais il y a des moments ou il en fait franchement trop dans le registre du bon petit gars, plus qu'un moment a citer en particulier, l'ensemble de son jeu est un poil outre et aurait gagne a etre plus subtil. Mais bon, je pinaille. Cruise est quant a lui Cruise. C'est un peu surprenant de le voir jouer les durs et au debut, je me suis dit, quand on le voit foutre des balayettes et durcir le ton, ca va pas passer. Et je maintiens qu'au final il est vraiment trop doux pour le role. Mais il y a quand meme quelque chose d'interessant, pour ce film, dans cette froideur sobre et vide qui le caracterise souvent. Reste le personnage de la fille: prometteur lors de la premiere conversation, elle est sans charisme aucun dans la derniere partie du film.

Un bon film, mais avec quelques defauts d'ajustements, donc.

4.5/6

Nouvelle vision en blu-ray. C'est top.

Yeah moi aussi. Mann n'a pas son pareil pour me plonger dans LA. 6/6 sans réserve au film. L'image est sublime.

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I think we're gonna need a helmet.

Revu hier soir, en blu-ray également. J'avais un peu redescendu le film de son trône à la revision sur DVD... mais hier, c'était le feu d'artifice à nouveau. Comme quoi, il y a bien certaines conditions essentielles pour certains films.
Mann se régale de ses diverses atmosphères nocturnes en jouant avec toutes les textures offertes par la captation HD : les flous graduels dans les longues focales, le bruit vidéo dans le ciel qui surplombe L.A., les lumières ocres/metalliques (Cruise est tout le temps éclairé pour paraître gris de la tête aux pieds en passant par le visage à la mine cadavérique).
Bref, c'est presque un film qu'on pourrait regarder sans le son (même si ce serait dommage) tant l'essence du propos, se trouve dans chaque particule de l'image.
Il y a parfois un tel savoir-faire dans le mariage des idées (composition+focale+texture+lumière) qu'on touche à l'abstraction... comme lors de la scène de la partie de cache-cache nocturne dans le bureau de Jada Pinkett avec les silhouettes qui se fondent avec les reflets et les lumières de la ville en arrière-plan.
Bref, c'est la grande classe, la mise en scène et le montage possèdent un tel caractère, une telle singularité que n'importe quel image sur laquelle tu tombes en éteignant le lecteur et en basculant sur la télé paraîtra désespérément fade et terne

Ce qui signifie qu'ils ne sont pas si bons.

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N'écoutez pas Film Freak

Dans l'absolu, je suis d'accord avec toi... et je défends plutôt l'idée contraire habituellement. Mais il y a comme ça des films de "pur forme" (même si Collateral reste un pur thriller, rythmé, tendu, etc.) qui sont sublimés par certaines conditions de visionnage.
Je ne crois pas que 2001 - pour prendre l'exemple cliché mais parlant - soit un film pas si grand qu'on le dit sous prétexte qu'il perd quand même de son sublime sur petit écran. Il reste fascinant sur plein de points (montage, rythme, structure) mais l'expérience n'est pas la même. Maintenant, on a presque tous découvert ce film dans ces conditions je pense... et d'autre part, les "petits écrans" ne sont plus si petits aujourd'hui.
Mais pour moi, sur un plan formel, la HD est un plus artistique à l'égal du grand écran par rapport au petit, oui.

2001 je l'avais découvert dans les pires conditions qui soient : VHS naze enregistrée lors d'un passage télé, téléviseur de merde et magnétoscope préhistorique. Ca m'avait quand même bien soufflé. Je l'ai revu par la suite lors de sa ressortie en 2001 au Grand Ecran Italie, et c'est clair que l'expérience n'était pas la même, ce fut une des séances les plus intenses de ma vie.
Néanmoins, j'ai tendance à croire qu'un bon film résiste aux conditions de visionnage les plus pourries et que les qualités techniques du support visuel, même si elles sont un plus indéniable, ont tendances à nous détourner de l'essentiel. Je privilégierai toujours les conditions optimales mais si un film m'émeut moins sur un petit écran que sur un grand, c'est qu'il y a un problème quelque part...

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N'écoutez pas Film Freak

Ok avec tout ça, mais là on parle de films qui seraient complet dans leur visées (narration, rythme, cohérence formelle) et dans leur réussite... ce qu'est complètement Collateral.
Maintenant, pour ne pas aller chercher loin, si je pense au film suivant de Mann, Miami Vice... je ne sais pas comment le film est reçu ici, mais moi il me passionne pour un tas de raisons. Et pourtant, je lui reconnais ce qu'habituellement j'appellerais (et ce que beaucoup lui trouvent) des défauts, des problèmes rédhibitoires : narration heurtée, rythme boiteux, flottements, désincarnation, absence d'émotion, hétérogénéité de la forme - le beau côtoie le défaillant - etc.
Pourtant, je ne peux m'empêcher de trouver que dans ce cas, et dans ce cas précis (mais j'ai sûrement d'autres exemples) l'expérience formelle, plastique même, sublime l'ensemble de bout en bout.
Je dirais même que j'aime particulièrement la façon dont le film digresse sans cesse là où Collateral suit non-stop une ligne bien vérouillée. Je pense que sur le plan formel, Collateral est un parfait terrain d'essai et Miami Vice, une expérimentation encore plus poussée...
Et tout cela est inextricablement lié à l'utilisation de la HD

Peut-être aussi parce que justement, ce ne sont pas forcément les questions de narration, rythme ou d'homogénéité qui font les beaux films
Mais je vois bien ce que tu veux dire. Après, moi, les histoires de HD, ça ne m'intéresse pas vraiment...

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N'écoutez pas Film Freak

D'ailleurs pour extrapoler c'est Rohmer je crois qui préférait qu'on voie les films coûte que coûte si on avait le choix entre voir en vidéo et pas voir du tout (à l'époque du débat sur le visionnage et re-visionnage maison)

Le dernier film de Mann qui me convainc à 100%.

C'est vraiment le film de la transition dans la filmographie du cinéaste, entre un cinéma qui s'appuie encore grandement sur son écriture - approche exacerbée ici par le recours au high concept, à la simili-unité de temps, à la succession de péripéties - avec un tandem d'antagonistes aussi incarné que celui de Heat, opposant deux philosophies, et un cinéma plus exclusivement sensoriel comme Miami Vice, avec le basculement vers le numérique, qui partage encore l'écran avec la pellicule ici, mais capture déjà cette altérité de la nuit, à la fois chaude et liminale.

Et puis c'est aussi l'une des dernières vraies compositions de Cruise, à la fois tellement lui et loin d'Ethan Hunt ou Maverick, où il acceptait de changer de look, de jouer un méchant. Et il est génial. En face, Foxx s'efface également complètement derrière le personnage.

Superbe thriller.

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