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MessagePosté: 20 Jan 2015, 18:50 
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Envisageant au départ de se contenter de son rôle de producteur et de laisser la réalisation à Scorsese, Coppola finit par revenir sur sa position suite au refus de la part des exécutifs.
Toutefois il reprend le poste mais à plusieurs conditions, qu’il s’agisse du final cut, le choix du titre, la mise à l’écart de Robert Evans, et aussi et surtout la perspective de concrétiser un vieux projet à savoir Conversation secrète.
Il profite de cette plus grande marge de manoeuvre pour approfondir les thématiques déjà présentes dans le premier film, la mythologie de la saga s’agrandit, se focalisant sur l’Amérique dans sa globalité (et les racines de la corruption) et plus seulement sur le milieu italo-américain fonctionnant en vase clos.

Encore plus abouti à mon sens, en particulier concernant le casting irréprochable, qu’il s’agisse de Robert De Niro (qui arrive à imiter le jeu de Brando tout en créant sa propre version du personnage) Diane Keaton, Robert Duvall, Lee Strasberg, et surtout Al Pacino et John Cazale, qui trouvent là leurs meilleures interprétations respectives (la scène où Fredo dévoile son ressentiment et sa frustration envers son frère étant une des meilleures de la trilogie).

Michael ayant accédé au trône, il s'agit désormais de traiter des conséquences que cela implique.
Le premier opus se concentrait sur son sacrifice, son renoncement qui menait à son ascension dans les affaires familiales, et le second aborde sa difficile gestion de la famille et des affaires, et son inévitable descente aux enfers, qui va s'opérer malgré le renforcement de sa position.

Ayant acquis un tel pouvoir, cela finit par lui monter à la tête, la mort d’Apollonia l’ayant rendu plus agressif et sans pitié, bien plus impitoyable et retors que son père.
Toute sentiment de compassion, d’empathie n’existe plus chez lui, seul compte la protection de sa famille, de sa personne et de ses intérêts, et la machination orchestrée contre lui va accentuer sa paranoïa.
Aveuglé par son pouvoir, il ne se rend compte de son erreur que trop tard (la discussion avec sa mère) et apprenant la vérité (l’avortement de Kay, le trahison de Fredo) il se tourne en désespoir de cause vers la vengeance, comme son père avant lui.

Racontant une histoire universelle et intemporelle, qui s'étend bien au delà du portrait du milieu mafieux, qui n'est ni plus ni moins que celle d'un empereur et de ses successeurs (Le Roi Lear chez les gangsters en somme) et plus particulièrement le drame d'un homme (le père comme le fils) qui devient par sacrifice ce qu'il ne voulait pas être au départ, une histoire forte qui aurait tout aussi bien pu se dérouler dans une autre époque et fonctionner tout aussi bien, preuve de son efficacité narrative et de son aspect archétypal.

Coppola alterne les époques d’une manière plutôt harmonieuse, avec cette construction miroir, où certaines situations renvoient aux différences père/fils et à la façon dont les schémas se reproduisent de manière sensiblement différente.
S'étendant sur deux époques, le père et le fils se croisent sans jamais se retrouver sur le même plan (il y a bien les fondus enchaînés mais ce n’est qu’une jonction entre les époques) comme si la barrière générationnelle était trop importante, en ce sens l'absence de Brando est un mal pour un bien, renforçant la stature presque divine/mystique, inaccessible de Vito.
Le réalisateur reprend des éléments du précédent avec quelques changements, pour montrer l’évolution du clan, et pas forcément en bien, la famille n’est plus unie, elle a gagné un semblant de respectabilité mais s’est éloignée de ses racines, bien différente de ce qu’elle était au départ.

Le film développe les conséquences de ces choix sur plusieurs décennies, commençant avec une famille essayant d’échapper à un homme sans pitié et se finissant sur un homme du même calibre, coupable de fratricide, ayant détruit sa famille en voulant la protéger.
Michael finit par se montrer aussi intransigeant et implacable que Don Ciccio au début du film, voué à subir un destin en partie similaire, celui d'un homme victorieux mais seul.


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MessagePosté: 11 Avr 2023, 10:20 
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On a enchaîné avec le 2 et c'est fascinant parce que c'est quasiment un remake du 1 avec encore plus d'ampleur et de souffle. Par exemple on refait quasiment la même ouverture festive (la communion remplace le mariage). Tout le film est une espèce de répétition du premier avec un nouveau "parrain" à la tête de la famille. Et là ce qui frappe le plus c'est vraiment la richesse du film. Les flash-backs à New York sont déments, les scènes de rue sont tellement impressionnantes, ça bouillonne de partout, le foisonnement des décors, de la direction artistique c'est quelque chose (je crois que le seul qui lui arrive à la cheville c'est Il était une fois en Amérique). De toute façon tous les flash backs sont magnifiques, que ce soit la Sicile, l'arrivée dingue à Ellis Island et le rise de Vito (génial De Niro). J'aime du coup un peu moins la partie "contemporaine" avec un scénario un peu plus mafia oriented à base de trahison et de combines pas toujours évidentes. Mais là encore le film impressionne, notamment toute la partie à Cuba (que j'avais totalement oubliée). J'aime bien la manière dont Michael devient de plus en plus spectral, le mec bouffé par la colère et par la solitude (brillante mise en scène de cet isolement). Le tout culmine dans cette fin géniale où le mec est comme enfermé dans un espace mental, totalement seul et imperméable à l'extérieur pendant que sa vengeance s'abat froidement. Jusqu'au moment où le son, l'unique son d'un coup de feu le ramène à son statut de monstre inhumain. Vraiment brillant et le regard de Coppola sans aucune complaisance envers cette figure de chef de famille qui prend le chemin inverse de ce qu'avait été celui de son père. Belle idée aussi de terminer sur cette improbable scène coupée du premier film qui là encore répète ce motif de l'isolement, de l'incapacité à être avec les autres comme si dès l'origine Michael était à part dans la cellule familiale.

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MessagePosté: 11 Avr 2023, 10:35 
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Art Core a écrit:
Belle idée aussi de terminer sur cette improbable scène coupée du premier film qui là encore répète ce motif de l'isolement, de l'incapacité à être avec les autres comme si dès l'origine Michael était à part dans la cellule familiale.


Ce n'est pas une scène coupée, il me semble, mais une scène écrite pour le second volet ; il avait demandé à Brando d'être présent, mais le mec a demandé un salaire mirobolant, alors Coppola a fait sans. Scène génialissime, incorporant la contrainte avec sa présence/absence pour parvenir à dire quelque chose de puissant sur le personnage de Michael. Immense film.

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MessagePosté: 11 Avr 2023, 10:39 
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"For the first time in Letterboxd history, The Godfather Part II has officially overtaken The Godfather in the Top 250."


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MessagePosté: 11 Avr 2023, 10:44 
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Marrant ça, du mal à les départager perso. Par contre j'appréhende la revision du 3 (mais ça va être le director's cut).

Z a écrit:
Ce n'est pas une scène coupée, il me semble, mais une scène écrite pour le second volet ; il avait demandé à Brando d'être présent, mais le mec a demandé un salaire mirobolant, alors Coppola a fait sans. Scène génialissime, incorporant la contrainte avec sa présence/absence pour parvenir à dire quelque chose de puissant sur le personnage de Michael. Immense film.


Ah oui ? Ils ont l'air plus jeune j'ai vraiment eu l'impression d'une scène coupée. Mais oui scène géniale.

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MessagePosté: 11 Avr 2023, 10:46 
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Citation:
Marlon Brando devait apparaître à la fin du film, lors d'une scène flashback dans laquelle ses enfants, assis à table, l'attendent pour fêter son anniversaire. Cependant, aucun accord n'a pu être signé entre les producteurs et l'acteur, qui avait eu de mauvais rapports avec le studio pour le premier film. James Caan a quant à lui accepté d'apparaître dans la scène mais avec comme condition d'avoir le même salaire que pour le premier film.


Les mecs... :D

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MessagePosté: 11 Avr 2023, 11:05 
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lol cet abus

Sinon je découvre que le film a couté que 15M$ (de 1974 donc avec l'inflation ça doit faire plus). Quand tu penses que The Irishman a couté 10 fois plus...

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MessagePosté: 11 Avr 2023, 11:06 
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"Gary Oldman said in a 2014 interview that he always tells students who want to be writers or directors that first on their list of what to watch should be The Godfather: Part II, because in terms of camera, lighting, cinematography, composition, production design, costume, storytelling, writing and acting, it's flawless. It's a master class in filmmaking from soup to nuts."


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MessagePosté: 01 Mai 2023, 13:26 
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Deuxième fois seulement que je le vois. La première fois, j'avais cru comprendre (à tort visiblement) que ce second film était considéré comme supérieur au premier et, sans pour autant avoir été à proprement parler déçu, ma préférence allait clairement à l'original.
Aujourd'hui, j'aurais plus de mal à les départager.

En un sens, le premier film, par sa pureté et relative simplicité, se suffit à lui-même, mais cette "deuxième partie", ainsi parfaitement nommée, vient vraiment entériner le propos, tout en se permettant une identité légèrement différente, avec cette double narration, opposant l'ascension du père à la chute (de l'âme) du fils. En jouant sur la notion d'histoire se répétant, la structure épouse l'idée du destin duquel on ne peut se dérober. Si je suis tout à fait honnête, bien qu'une fois de plus je ne vois pas le temps passer, je trouve l'alternance entre passé et présent un peu aléatoire, le choix de passer d'une époque à l'autre souvent arbitraire. Le scénario ne trouve pas de réelle mécanique pour mieux lier les deux. Et en même temps, peut-être valait-il mieux éviter d'être sursignifiant.

A ce titre, la dernière séquence devait mettre en scène Anthony, le fils de Michael, âgé de 18 ans, venu lui dire qu'il ne voulait pas être comme lui. La boucle aurait été bouclée : Michael est devenu non seulement son père mais tout ce qu'il souhaitait éviter. Pire encore, Vito n'ayant jamais eu à sacrifier les siens. Mais Coppola a eu raison d'opter pour la subtilité et de tronquer cette scène pourtant filmée, pour n'en garder que l'ultime plan, lourd de sens : le maquillage de Pacino indiquant l'ellipse et l'image seule de cette homme grisonnant, muet et pensif, suffisant à faire passer l'idée. Le boug a tout perdu. Il est à la tête de la Famille mais il n'a plus la sienne.

Sur le chemin, Coppola surenchérit sur son allégorie de tout un pays en racontant le destin d'une dynastie de 1901 à 1974 et en la liant plus ouvertement à son histoire politique, de l'arrivée des immigrés à Ellis Island jusqu'à l'accès au pouvoir de Fidel Castro en passant par la création de Las Vegas. Là aussi, ils auraient pu se reposer sur leurs lauriers mais l'ambition affichée est folle mais tout cela ne serait rien si la puissance dramaturgique n'était pas au rendez-vous. "I know it was you, Fredo. You broke my heart" est devenu une réplique culte mais je trouve l'annonce de Kay plus violente encore : "It was a son Michael! A son! And I had it killed because this must all end!"

Je suis curieux de redonner une chance au troisième volet, notamment dans son nouveau montage, mais encore une fois, en revoyant ses deux magnum opus, tu te dis vraiment que c'était pas la peine...

Et sinon, ça m'a donné envie de (re)voir des Pacino de cette époque comme les Schatzberg, Bobby Deerfield et And Justice For All. Ca vaut quoi?
D'ailleurs, le gars a été bien moins prolifique dans les années 70-80 que par la suite. De Niro fait le double de films chaque décennie.

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MessagePosté: 01 Mai 2023, 13:45 
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Film Freak a écrit:
ça m'a donné envie de (re)voir des Pacino de cette époque comme les Schatzberg, Bobby Deerfield et And Justice For All. Ca vaut quoi?
C'est bien mais ça vaut pas les Willem Dafoe.

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MessagePosté: 01 Mai 2023, 13:54 
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MessagePosté: 01 Mai 2023, 15:07 
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Film Freak a écrit:

Et sinon, ça m'a donné envie de (re)voir des Pacino de cette époque comme les Schatzberg, Bobby Deerfield et And Justice For All. Ca vaut quoi?
D'ailleurs, le gars a été bien moins prolifique dans les années 70-80 que par la suite. De Niro fait le double de films chaque décennie.


De cette période, je n'ai vu avec lui que Serpico et Dog Day Afternoon (que tu as certainement déjà vu).

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MessagePosté: 01 Mai 2023, 15:21 
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Yes mais je vais ptet redonner une chance à Serpico que j'avais trouvé bien sans plus quand je l'ai découvert y a quelques années au Max Linder.

Et de manière générale, faudrait que je fasse une rétro Lumet sans doute même si aucun ne m'a vraiment soufflé.

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MessagePosté: 01 Mai 2023, 15:29 
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Les deux Schatzberg sont excellents.
Effectivement je suis surpris de voir qu’il n’a pas fait plus de films dans les années 70/80.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 01 Mai 2023, 15:45 
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Je crois qu'il se pensait avant-tout comme un acteur de théâtre alors que De Niro, Dustin Hoffman, Gene Hackman moins....

Il vient de la scène quand de Niro était proche de De Palma qui faisait déjà des films hyper-réflexifs (mais pris dans le présent) sur le medium cinéma, et montrait une capacité comique qu'Al.Pacino n'a pas. On voit aussi mal Al Pacino tourner en Europe avec Bertolucci quand De Niro avait cette démarche.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


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