Kabhi Khushi Kabhie Gham... (
कभी खुशी कभी ग़म) en VO.
Sometimes Happiness, Sometimes Sadness à l'international.
Yash et son épouse ont élevé leurs fils avec amour tout en leur inculquant le respect des traditions familiales. Ce que dit leur père, Rahul et Rohan n'y dérogeraient sous aucun prétexte. Mais Rahul tombe amoureux de Anjali, une jeune fille de Dehli...Je trouve ce film beaucoup plus convaincant et enthousiasmant que
Kuch Kuch Hota Hai, qui malgré une approche honnête de son mélodrame ne m'avait laissé aucune scène forte en tête. Beaucoup plus outré (on chiale littéralement la moitié des plans), beaucoup plus flamboyant,
La Famille indienne épate par son efficacité narrative, condensée en raccourcis fulgurants. Le film ne fait pourtant grosso-modo que tisser sur une même et unique situation à deux voies : séparations ou retrouvailles (souvent en larmes, dans des embrassades et caresses à faire pâlir Frodon et ses potes au réveil), réitérées à l'infini sur 3h30, mais à chaque fois selon une configuration singulière (bien que celles-ci aient tendance à s'amollir sur la fin, elles ne disparaissent jamais, ça ne devient jamais du soap : c'est assez frappant dans les chansons par exemple, qui construisent presque toujours du récit). C'est ainsi "étape par étape", confrontation par confrontation, dans une impression de processus lent et douloureux, qu'on dessine la reconstitution de cette famille (et à travers elle, on le comprend vite, le rapiècement d'une Inde traditionnelle déchirée dans son rapport problématique à la modernité - ici incarné dans un rapport hargneux à l'Angleterre)... Du coup, malgré l'impression intermittente d'un film décoratif (et c'est pas infondé : multitude de petits effets superficiels, glissades clipesques improbables - la chanson en Egypte, mon Dieu... -, kitsch hallucinant des effets de mode ou de l'érotisation des personnages), on a un film surtout frappant par sa manière de "raconter" à plein tube, à partir d'un synopsis pourtant famélique (et souvent improbable).
Tout n'est pas parfait, loin de là. Au-delà des détails irritants listés plus hauts, on pourrait citer toute la partie à Londres qui s'endort dans une caricature paresseuse de sa jeunesse huppée, tout en allant hypocritement dans son sens (allant à son tour fantasmer avec admiration les signes extérieurs de pognon) et en jouant sournoisement contre elle (dans une logique puritaine qui ne dit pas son nom). Ce rapport tortueux aux traditions est plus généralement le point assez tendu du film, sur lequel je suis le plus partagé :
C'est de toute façon son geste le plus fort, celui de confronter trois générations d'acteurs (et les trois époques du cinéma indien populaire qu'ils représentent), la puissance de ce face à face l'emportant sur des prestations par ailleurs inégales (Kajol et Roshan excellents, Kapoor transparente et Khan engoncé dans ses tics). C'est d'ailleurs ce que survole trop vite la partie anglaise, occupée à sa charge satirique bidon : le passage de relais du couple Khan-Kajol à celui des plus jeunes, le film les muant petit à petit en couple mur et protecteur, alors qu'il nous les avait introduits sur un mode romantique et fragile.
Pour l'instant je suis franchement enthousiasmé, même si le film, certes jamais longuet mais trèèès inégal, croule sous les passages embarrassants.
Concernant le DVD / Blu-ray : Pas simple. Le DVD Bodega français a beau répartir sur deux DVD, l'image est vraiment limite : pas très définie, un poil déformée, trop contrastée, et surtout sujette à une interpolation dégueu. Ce que j'ai découvert du blu-ray via le 720p m'apparaît nickel sur le rendu, mais malheureusement mal étalonné (image bleue-violette et trop peu dense) ; par ailleurs, il n'existe pas pour cette version de sous-titres français adéquats (bien callés, bien traduits, bien synthétiques) sur le net.