Forum de FilmDeCulte

All about Eve en VO.



Le prix Sarah-Siddons va être attribué à la meilleure actrice de théâtre de l'année.
Ève Harrington le gagne et toute l'assemblée l'applaudit. Sauf deux femmes.


J'ai d'abord eu un peu de mal avec la perfection rodée, presque habituée, de ce film très carré - peut-être parce que ce n'est plus mon premier Mankiewicz, et que je commence à voir s'échafauder des automatismes, un système : le plaisir du dialogue qui se sait brillant et qui en profite en long et en large, la construction en flash-backs, l'attachement à un noyau chaleureux d'amis au milieu d'un monde froid, etc.

La première moitié du film est donc un peu en suspend : on a vite compris le principe de cette histoire retournée de loup entrant dans la bergerie, et la qualité de l'écriture, comme l'équilibre encore une fois impressionnant de la mise en scène (aussi efficace qu'invisible) ne parviennent pas à retirer l'impression d'un réal virtuose qui fait ses gammes (je dis ça, je prend peut-être la chose à l'envers : j'aurais vu La comtesse aux pieds nus après, c'est peut-être ce dernier qui m'aurait semblé redondant).

Bref, rien de bien grave, vu que dès que ca commence à vraiment agir, dès que le ver dans le fruit est repéré, dès que l'ennemi est localisé, le film prend une ampleur magistrale, constante, qui ne faiblit plus jusqu'à la fin (petit retournement bien vu mais qui clôt de manière un peu faible une si belle envolée). Encore une fois, cette façon de faire le portrait d'un personnage littéralement sociopathe, non-humain, est fascinant - et le rôle superbe de Georges Sander, en tueur implacable qui se charge des monstres les plus dangereux, a une classe folle.

Le lyrisme de Mme. Muir me manque, mais c'est épatant à tout point de vue, peut-être un chouilla trop les pieds dans ses chaussons (maîtrise acquise, peu de risques), mais c'est pas si grave.

5/6

LE film que je veux voir depuis des années. C'est un des rares énormes classiques qui me procurent une telle impatience.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Vu une seule fois.. J'avais trouvé sublime, passionnant, bouleversant, intelligent, magnifié par des actrices au sommet et un des meilleurs scénarios du monde.

6/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

oui très grand film, a découvrir au cinéma si possible.
6/6

C'est un vrai bonheur ce film !

L'écriture de Mankiewicz est brillante, mais au-delà de nous offrir des dialogues géniaux à la fois drôles et corrosifs qui sont déjà délicieux en tant que tels, c'est toute la mise en place des enjeux du film qui est remarquable.

On se méfie très vite d'Eve, d'une parce qu'il y'a cette scène d'intro qui nous la montre triomphante face à ses amis du monde du Théâtre mais aussi car le personnage de l'assistante de Margo n'existe presqu'essentiellement que pour nous mettre en garde contre elle, et ce de façon très directe. On sait donc dès le début que l'on a affaire à un personnage manipulateur à un niveau pathologique, et pourtant l'élégance des dialogues et des personnages est telle que l'on baisse nous mêmes la garde face au charme et à l'innocence apparente d'Eve, Mankiewicz prenant garde d'éviter toute forme d'hystérie ou de manifestations trop évidentes de la folie démonique d'Eve: elle va en réalité se propager par contamination chez Margo, sous la forme de jalousie et de paranoïa et s'exprimer pleinement dans la scène centrale de l'anniversaire de Bill : A ce moment Margo est hors d'elle-même, dépassée par l'emprise dont elle se sent victime, et est opposée au personnage d'Eve qui reste calme et impassable comme à son habitude.

Si bien que plus tard, lorsque Eve, confiante de l'avantage qu'elle a pris, se met à avancer visage ouvert, son changement de ton et de regard sont réellement frappants, malgré le fait que l'on ait été prévenu à plusieurs reprises. A ce moment là j'aime beaucoup que Mankiewicz prenne le contre-pied de ce à quoi le spectateur aurait pu imaginer: l'arc de Margo-Bill-Karen se résout sur une issue optimiste (même si un brin conservatrice) et les enjeux basculent d'un coup sur un duel Eve-Addison.

Addison, personnage génial d'observateur distant qui avance ses pions avec un coup d'avance sur tous les autres (voir même sur le spectateur), excellent calculateur, lâche ses coups au moment opportun et rivalise de maléfice avec Eve dans un dernier acte qui dénote avec tout le raffinement qui a précédé et dont encore une fois le côté sombre en ressort d'autant mieux.

Je suis aussi fasciné par le culte LGBT qui entoure le film (malgré un propos qui pourrait être reçu comme homophobe) et toutes les références à l'homosexualité apparente d'Eve et Addison dont je me rends surtout compte lors de la lecture de commentaires à son sujet (ça a du me traverser l'esprit une faction de seconde pendant le film).

5/6, je saurais pas trop dire ce qu'il me manque pour être totalement à fond, mais on n'est pas loin du 6/6