Forum de FilmDeCulte

Ah oui tiens d'ailleurs: il y a un générique maintenant ?

J'avais trouvé ça tellement classe le film sans générique. Juste le film, bam, ça avait de la gueule.

L'excuse de merde à Cannes m'avait bien fait marrer: On n'a pas eu le temps d'en faire un...

Michèle Collery

On écrit et dit bcp sur le film, peu sur le choix de l'affiche. Par exemple: Pourquoi cette ressemblance avec celle de "La vie rêvée des anges" d'Erick Zonca (1998)?
Voici donc TOUTE LA GENÈSE DE L'AFFICHE de "La vie d'Adèle" telle que nous l'a racontée son concepteur PIERRE COLLIER. Les autres propositions d'affiches sont visibles ici sur son site http://www.pierrecollier.fr/ (cliquer sur LE SALON DES REFUSÉS)
"Oui voilà ! beaucoup d’heures de travail mais surtout de gamberge parce que, comme pour 90% des films d’auteurs financés, vaille que vaille, par les producteurs indépendants, il n’y a pas de photographies de plateau ! Donc, j’ai ma copie du film et je procède à ma cueillette de photogrammes à l’aide de la fonction sur l’ordinateur dite » image par image « . ( Il est sûr que lorsque j’ai débuté, au siècle passé (! ), c’était beaucoup plus fastidieux encore).
Je suis seul face au film, et à la page blanche d’une certaine manière, et je dois de proposer sans trahir, bien sûr, l’ âme et l’ambition du projet cinématographique, de proposer le plus possible de voies pour communiquer au mieux, du point de vue des gens du marketing, le film de façon à séduire le plus de cibles possibles sans trop en froisser d’autres.
Il faut savoir qu’en France, pour des raisons parfois assez sordides mais trop longues pour être développées ici, les supports d’affichage sont multipliés à l’infini. Pour Paris, par exemple, mâts, drapeaux, colonnes Morris, kiosques, abribus, culs de bus, flancs de bus, couloirs de métro, entrées des stations, portes des stations, quais de métro, quais de gare, et j’en oublie !
Bref, cela représente pour le distributeur du film, en charge de l’achat d’espace, un putain d’investissement ! Mais il faut exister ! Et vite ! ( de quatre à huit jours ), et fort!
Donc exister fort dans la ville, la presse, le net etc… et véhiculer un message qui soit le moins possible clivant ! [...] nous parlons ici d’une palme d’Or française – seulement quatre en quarante sept ans ( !!! ) – et il est question de faire quelques entrées. "La graine et le mulet", ( 2007 ), dont je m’étais également occupé avait dépassé le million d’entrées, ce qui pour un film d’un auteur ambitieux est devenu de nos jours exceptionnel.
Pour le distributeur, le producteur, l’auteur, il n’est pas question de faire moins cette fois ; d’autant qu’il y a la palme en cerise sur le gâteau ! Mais il y a aussi cette promo funeste d’une actrice qui dérape, cette tentative de diaboliser la production dès le lendemain de Cannes, bref beaucoup de coups portés à la curiosité enthousiaste et légitime de découvrir le film.
Au sujet de Kechiche, les critiques qui lui sont adressés sont, depuis le début de sa carrière, le fait de gens qui n’y entendent rien au nécessaires tourments et doutes et troubles liés à l’exigence d’ un renouvellement de la forme et à cette quête obstinée, maladive, de la recherche d’une vérité.
C’est sûr que lorsque Nicolas de Staël s’est défenestré à Antibes, en 1954, ça a dérangé moins de monde et pourtant, il cherchait la MÊME chose.
Mais de cela je n’ai plus envie de parler. On ressent ou pas.
Kéchiche est un immense cinéaste. Voilà, c’ est tout.
j’ai proposé cette option "Vie rêvée des anges", film dont j’ai également conçu l’affiche.
Donc j’écarte d’emblée tout ce qui visuellement se limite à figurer une relation sensuelle de filles entre elles. Cela limite la porté du message du film. Plus tard, la presse française abondera dans ce genre de propositions [...], et même chargera la barque au point que, à la vision de certaines "unes" on était en droit de se demander s’il ne s’agissait pas d’un téléfilm erotico-soft ou d’une énième resucée , ( pardon !) de ce déjà périmé mouvement du dit « porno chic » … funeste oxymore.
Dans mes premières propositions je tente de transcrire la fêlure qui naît du premier émoi, le trouble, l’émotion liés à cela. L ‘état de solitude aussi. Et puis, en connaissance des lois du milieu, je me dis qu’un sourire, voire un rire franc, traduisant l’insouciance et la rébellion, chevillée au corps adolescent, dirait assez précisément l’état et le moment où le film cueille les deux héroïnes et ne pourrait que satisfaire mes amis de la distribution
et de la production qui se vivent plus aisément en pourvoyeurs d’optimisme plutôt qu’en pourfendeurs des idées reçues d’une société fossilisée. Business is business !
Et voilà comment je me souviens que le film d’Erick Zonca, tourné lui aussi à Lille en 1998, réunissant deux actrices incandescentes – qui n’auraient plus jamais de rôles aussi fort à défendre et furent toutes deux récompensées par un prix d’interprétation à Cannes- et qui pouvaient être les marraines qui veilleraient d’un œil amusé sur mon travail. Oui je me suis souvenu de mon affiche pour "La vie rêvée des anges" et oui, j’ai pensé que ce télescopage dans le temps pouvait faire sens. Je travaille toujours comme ça en puisant dans mes émotions enfouies, en les épuisant parfois, en recyclant - ce qui est le propre de la création au vingtième siècle depuis Duchamp et plus tard Warhol – Il est terriblement excitant, (et dangereux), de jouer avec les signes, les symboles, et de solliciter la mémoire collective, mais travaillant de cette façon, on a une toute petite chance de toucher plus largement les foules.
Evidemment, à cette condition que votre matériel iconographique soit moralement juste !
Je l’ai dit, je choisis seul mes photogrammes. J’ai donc proposé une maquette qui jouait de cette réminiscence, Léa est saisie dans la scène du tout premier » coup de foudre filmé au bout de la rue du Molinel au croisement d’avec le boulevard de la Liberté ; ça ne s’invente pas !
( A la fin de mon adolescence, au moment des mes études en Art Graphiques, j’étais Lillois et connaissais mes premiers émois amoureux ), c’est dire si je suis » The right man in the right place » !!!
Il faut être très prudent de nos jours donc je précise que j’écris cela avec un sourire…
Bref ! Pour Adèle il s’agit d’un photogramme tiré miraculeusement de la scène de la manif’ étudiante, nimbée de fumigènes bleus, où elle est toujours en mouvement donc floue !
Les réunissant ainsi, on obtient le sentiment d’une poussée joyeuse vers un avenir à inventer soit même, à définir au plus près de ses pulsions. Ainsi on parle du film sur un mode positif, on oublie la tentation nombriliste et vaine de produire une "belle image" pour se mettre au service du film et offrir, je le crois, une clé qui n’est ni putassière ni paresseuse ; à l’image de cette affiche Canadienne dans la forme atrocement réalisée et sur le fond proche du degré zéro du signifiant…
Mais personne ne détient la vérité. La réponse, mercredi dans les salles !" Pierre Collier (sur le blog de Serge Kaganski).

C'est qui est bien avec Zad, c'est que quand il quote un truc sans le contextualiser, ça veut dire qu'il déteste.

Hein ? c'est quoi qu'est pas contextualisé ?

Ben ça peut pas être plus contextualisé, y'a la source et tout, non ?