Vieux-Gontrand a écrit:
Ceci dit Werth est aussi parfois réactionnaire moralement (propos homophobes dans le journal, mais à propos de la Milice).
Tu m'as fait regarder dans
Déposition et je ne comprends pas trop cette tendance à distribuer les bons et les mauvais points d'un point de vue moral, et à l'anachronisme, ce faisant.
Citation:
Après 1918, une France de joyeuse apparence et une Allemagne morose se désagrégeaient également. Ce fut en France l'époque des belles affaires, du roman roquet et du dancing. Un jeune écrivain disait de son frère : « Il fait sa médecine et des affaires. »
La pédérastie naissait. J'entends qu'elle naissait à la société. Je n'ai point de statistique du nombre des pédérastes avant et après 1914. Mais, en 1910, la pédérastie n'était point une carrière. C'était une maladie. Le pédéraste était un homme à part, qu'on plaignait. L'inversion semblait une monstruosité. À Lyon, qu'on accusait pourtant d'être à la fois un centre de magie et d'homosexualité, je n'ai pas connu de pédérastes ; ou ils dissimulaient bien leur qualité.
Je ne porte pas un jugement moral. Mais il ne me paraît pas plaisant que la pédérastie soit un drapeau. Un signe de ralliement, cela devrait suffire.
À Berlin, en 1930, le bar de l'Eldorado présentait en liberté des jeunes gens si bien déguisés en femmes que l'on s'y méprenait. C'était un bar assez familial d'ailleurs où les petits-bourgeois berlinois venaient volontiers boire du café, le dimanche. L'homosexualité y était gemütlich. Mais les vrais de vrais fuyaient ces exhibitions, méprisaient cet excès de féminité où le mâle disparaissait complètement et qui leur pouvait donner (quelle réinversion !) l'abominable illusion d'étreindre une femme.
En France, Gide prêchait en même temps l'Évangile, la révolution et Corydon. Le premier chapitre de Si le grain ne meurt... n'est que le voyage en Algérie de deux jeunes gens de vingt-cinq ans, qui ne traversent la mer et ne changent de continent que dans l'espoir d'éprouver enfin, devant une femme, un désir.
À l'homosexualité s'ajoutait parfois une aimable nécrophilie. Une femme de lettres publiait un roman, dont le héros ou l'héroïne (je ne sais plus) récupérait un désir total, un désir efficace, en baisant la bouche d'un cadavre.
Et le passage auquel tu fais sans doute référence :
Citation:
C'est pourquoi Pétain-Laval crée des manières de S.S.6. Une section est formée au bourg. Elle a pour chef un contrôleur du ravitaillement, ancien sous-off de Coloniale (visage de gouape). Parmi ses membres, le jeune S..., inverti notoire, un quincaillier... J'ignore les autres. Ce groupe est armé. En cas de troubles, ou ils tireront ou on les assommera, avant qu'ils aient pu bouger.
Un peu dommage de réduire ça à de "l'homophobie", même s'il y a sans doute en effet chez lui une tendance au raccourci psychologique (qui ne concerne pas que les homosexuels).
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