Forum de FilmDeCulte

La fameuse série B que tu regardes, comme le veut la formule, "le cerveau débranché". J'aime bien le pitch dont je découvre a posteriori qu'il est inspiré d'une série télé qui sévissait à la fin des années 70 et qui sur le principe avait l'air assez cool. Par ailleurs, Wadlow est l'auteur du premier Never Back Down, ce qui prédispose favorablement en faveur du film, n'est-ce pas ? Peu importe que le reste de sa filmo soit de l'ordre du DTV sans distinction. Le décor est planté : l'île donc où se réfugient pour s'y déployer fantasmes, regrets et traumas enfouis. Dernièrement, Serenity brodait sur le sujet mais ça évoque aussi Lost (nul pour les rares épisodes que j'ai pu voir), Le Prisonnier et L'Invention de Morel de Bioy Casares jusqu'à "L'île de la tentation".

Le pitch donc : sur une île, des invités voient leur fantasme le plus fort se réaliser, mais celui-ci doit se produire jusqu'à son terme. On imagine bien donc les leçons de morales qui étaient égrenées dans la série d'origine.

Le film est très con évidemment tout en ne se départant jamais d'une louable fraîcheur. Cela comprend ses incohérences, qui sont nombreuses, et son côté artisanal (le film n'a coûté "que" sept millions) "j'invente les règles au fur et à mesure" qui, sous d'autres guises, se verrait porté au pinacle. Alors je ne dis pas que c'est Céline et Julie vont en bateau, mais sur le principe - une forme d'improvisation féérique pleine d'arbitraire - ça n'est pas si différent. La narration est assez particulière également et peut prêter à rire : c'est comme si on avait plusieurs épisodes d'une série entremêlés et condensés en une heure quarante-neuf. Il y a sur l'île cinq invités qui correspondent à quatre fantasmes (l'un des personnages est invité par son frère). Après l'exposition, on a donc droit à quatre histoires en parallèle, entre torture porn, film de guerre avec trauma, romance, et un home invasion (au centre duquel se trouve le blond de Party Down et l'acteur asiatique de Silicon Valley qui procurent au film son commentaire ironique), le tout expédié et débile et donnant lieu à toute un tas de cliffhangers à mesure qu'on passe de l'une à l'autre. Le film raccorde plus tard les histoires à la va-comme-je-te-pousse et avec une explication finale des plus débiles, ce que ne manque pas de faire remarquer l'un des personnages.
Michael Peña, acteur que j'apprécie beaucoup, joue une espèce de Capitaine Nemo dont le trauma est d'ordre romantique, pas politique. La toute fin est étrangement distanciée, avec toutefois deux sympathiques notes d'émotion.

Je trouve ce genre de série b (comme celles du très inégal et beaucoup mieux pourvu en budget de Jaume Collet-Serra) bien moins rassise que beaucoup de blockbusters que l'on peut voir actuellement. L'allant est là, et le pas à franchir jusqu'à Inception pas si grand (le gouffre financier l'est par contre).

Maté uniquement parce que c'était un film de cette année et qu'il était dispo sur OCS et qu'il était tard (et ce sont deux des raisons pour lesquelles on a maté Action ou vérité du même Wadlow quelques jours avant).


Oui.


Non.


Non plus. Grand craquage là même. Abyssin a ce genre de goûts de chiottes mais n'est au moins pas un poseur prétendant ce genre d'inepties.


Voilà, à l'instar d'Action ou vérité, il y a un postulat au potentiel riche mais que l'écriture est trop indigente pour exploiter convenablement. Ou même simplement de manière efficace et divertissante comme un film d'exploitation du genre des suites de Destination finale mais ça manque d'inventivité et d'un minimum de rigueur (le YOLO des règles donc mais aussi les raccourcis à foison et le ridicule dans les tentatives de donner des catharsis aux personnages).
Ici, c'est même encore plus con dans sa façon de vouloir à tout prix faire glisser le récit dans le registre de l'horreur, comme s'il fallait respecter un cahier des charges Blumhouse, quitte à avoir des sortes d'inserts et digressions hors sujet avant un twist claqué.

PS trivia : J'admire le cast inclusif, avec un perso asiatique et un perso gay mais ça fait deux Wadlow de suite que c'est un seul et même perso, on dirait une formule. Genre mec qui coche des cases et se dit "et hop, d'une pierre deux coups!".

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Vu la bande-annonce, j'ai même pas osé continuer

La comparaison avec Inception tient au "postulat au potentiel riche", réglé de manière un peu similaire, avec des traumas un peu simplets au bout du compte, ou dont l'exposition est assez lourdement exposé (finalement Split est plus réussi dans le genre), l'aspect onirique qu'on nous promettait semble s'être retiré à l'arrière-plan dans les deux cas.