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MessagePosté: 01 Avr 2010, 23:34 
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Inscription: 12 Déc 2005, 01:02
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Alors moi qui n'attendait pas grand chose (j'y suis allé parce que j'avais un ticket à utiliser avant fin mars), j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir devant le film.

J'ai finalement été conquis dès les premiers plans, d'une classe folle, et surtout écrasé par une ambiance sonore pesante et puissante à souhait. L'arrivée sur l'île est étonnament stressante, mélangeant un grand classicisme dans la réalisation avec des plans très modernes, qui arrive à ancrer le film dans les années 50 sans donner l'impression de voir un film des années 50.

Pour revenir sur le débat précédent, je pense que les différents publics auront une lecture différente du film. Le public occasionel, peu habitué à chercher le twist et peu familiarisé avec le style sera surpris par la fin, et subira un peu l'effet 6ème sens.

Mais je pense que les plus chanceux, ceux qui pourront vivre l'expérience la plus troublante, sont ceux qui justement noteront les ambiguités dès le départ. Car il est clair que les indices sont visibles dès le début, pour instaurer tout de suite un climat de doute et donner le malaise. Mais je ne dirai pas qu'on "grille le twist", car si on le pressent, on ne peut en être certain avant la toute fin. Il y a en effet des indices qui vont dans l'autre sens assez rapidement (la patiente qui écrit "run", les mensonges évidents du personnel médical etc...) Et évidemment, si l'identification avec Leonardo fonctionne (et elle a bien fonctionné pour moi), on veut croire en lui, on veut que ça finisse bien pour lui.

C'est au final le meilleur simulateur de la folie de Leonardo possible : on sait qu'il y a quelque chose qui ne va pas, les indices sont là tout le temps, mais on préfère presque les ignorer et croire en l'histoire telle qu'elle est déroulée. L'idée de sa propre folie est présente tout le long, mais à mon sens assez contrebalancée pour que ce soit un jeu de te faire douter, plutôt que la préparation de la scène finale.

Seul le flashback final ne laisse plus aucun doute, et je pense que le spectateur ressent un peu la même désillusion que leonardo, la même douloureuse acceptation de la folie. Quelle tristesse dans ces scènes, jusqu'au "suicide" final, leonardo préférant la lobotomie que de vivre avec ses souffrances.

Je préfère largement cette fin qu'une fin plus ambigue. Peut être parce que je fais partie du public qui aime retomber sur ses pattes, mais aussi parce qu'elle dégage des émotions intenses. Et pour finir avec tout ça, je pense pas que la réaction attendue soit "whaaa en fait c'est lui le fou trop fort comment j'ai rien vu", mais plutôt "c'était donc bien lui qui s'illusionait, c'est dur pour lui"

Voilà, au délà de ça, le film offre plusieurs moments de tension qui ont bien fonctionné sur moi, j'ai trouvé l'île et son exploration passionantes, bref, du bonheur. 5/6


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MessagePosté: 02 Avr 2010, 06:37 
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Inscription: 19 Mai 2006, 05:40
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Localisation: Montréal, Québec (Canada)
Bulldog Errant a écrit:
Alors moi qui n'attendait pas grand chose (j'y suis allé parce que j'avais un ticket à utiliser avant fin mars), j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir devant le film.

J'ai finalement été conquis dès les premiers plans, d'une classe folle, et surtout écrasé par une ambiance sonore pesante et puissante à souhait. L'arrivée sur l'île est étonnament stressante, mélangeant un grand classicisme dans la réalisation avec des plans très modernes, qui arrive à ancrer le film dans les années 50 sans donner l'impression de voir un film des années 50.



Pour revenir sur le débat précédent, je pense que les différents publics auront une lecture différente du film. Le public occasionel, peu habitué à chercher le twist et peu familiarisé avec le style sera surpris par la fin, et subira un peu l'effet 6ème sens.

Mais je pense que les plus chanceux, ceux qui pourront vivre l'expérience la plus troublante, sont ceux qui justement noteront les ambiguités dès le départ. Car il est clair que les indices sont visibles dès le début, pour instaurer tout de suite un climat de doute et donner le malaise. Mais je ne dirai pas qu'on "grille le twist", car si on le pressent, on ne peut en être certain avant la toute fin. Il y a en effet des indices qui vont dans l'autre sens assez rapidement (la patiente qui écrit "run", les mensonges évidents du personnel médical etc...) Et évidemment, si l'identification avec Leonardo fonctionne (et elle a bien fonctionné pour moi), on veut croire en lui, on veut que ça finisse bien pour lui.

C'est au final le meilleur simulateur de la folie de Leonardo possible : on sait qu'il y a quelque chose qui ne va pas, les indices sont là tout le temps, mais on préfère presque les ignorer et croire en l'histoire telle qu'elle est déroulée. L'idée de sa propre folie est présente tout le long, mais à mon sens assez contrebalancée pour que ce soit un jeu de te faire douter, plutôt que la préparation de la scène finale.

Seul le flashback final ne laisse plus aucun doute, et je pense que le spectateur ressent un peu la même désillusion que leonardo, la même douloureuse acceptation de la folie. Quelle tristesse dans ces scènes, jusqu'au "suicide" final, leonardo préférant la lobotomie que de vivre avec ses souffrances.

Je préfère largement cette fin qu'une fin plus ambigue. Peut être parce que je fais partie du public qui aime retomber sur ses pattes, mais aussi parce qu'elle dégage des émotions intenses. Et pour finir avec tout ça, je pense pas que la réaction attendue soit "whaaa en fait c'est lui le fou trop fort comment j'ai rien vu", mais plutôt "c'était donc bien lui qui s'illusionait, c'est dur pour lui"


Voilà, au délà de ça, le film offre plusieurs moments de tension qui ont bien fonctionné sur moi, j'ai trouvé l'île et son exploration passionantes, bref, du bonheur. 5/6


Clap clap clap! La meilleure critique du film que j'ai vu ici. La preuve qu'il faut rester humble, sans essayer d'être plus fort que le film, pour vraiment l'apprécier.

_________________
"marre du retour infini de ce topic"


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MessagePosté: 24 Mai 2010, 13:12 
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L'impertinent pertinent
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Inscription: 14 Juil 2005, 01:55
Messages: 11428
Localisation: Previously on Premiere
Scorsese prend son job de thanatopracteur à coeur et livre du bon boulot, en maquillant ce scénario macchabée avec de jolis effets. Go back to Cape Fear (2/6). Surjeu gargantuesque de Di Caprio, insupportable tellement il joue bien, et tellement il en fait des tonnes. Je vois ce mec, et je revois De Niro et Nicholson dans leurs pires travers de croque-mitaine... Il est tout le temps grimaçant, il s'applique pourtant à jouer la folie avec finesse, mais comme dans Aviator - et même Gangs of New York - il me dérange constamment. Alors que dans le Ridley Scott dernièrement, je l'avais trouvé crédible en covert agent sur le terrain. Bref... le film n'est donc qu'un long et interminable film à scénario, un scénario à ficelles, des ficelles usées et qui lâchent dès le premier quart d'heure. Je pense que dans le genre, le seul qui trouve grâce à mes yeux est le Memento de Nolan. Ici on veut d'ailleurs y injecter le même trouble (on sait qu'il déraille mais on ne sait pas exactement de quelle façon, et à la fin il décide de son sort en optant pour la lobotomie plutôt que de faire face à la vérité)... mais on s'en branle tellement le film est LONG, LOURD et CHIANT. Et ce n'est pas la douzaine de bonnes idées de mise en scène ou de montage qui feront le film... d'autant qu'elles seront compensées par des trucs interdits : la fillette qui ouvre les yeux avec un gros "clic" sonore, Di Caprio qui descend et monte une falaise à 90°, le travelling d'exécution techniquement superbe mais parfaitement stupide (encore plus stupide pour moi que la mise à mort des nazis dans le cinéma façon Tarantino). Des facilités et des fautes de goût, il y en a pas mal.

La suite de la carrière de Scorsese me fait peur. Je ne comprends pas qu'il se complaise à mettre en images des scénarios prétextes, comme s'il pouvait enfin faire joujou (et des entrées) sans souffrir comme il a souffert par le passé pour monter ses projets et obtenir une reconnaissance... y a un renoncement total pour moi. Quand on voit des Peter Jackson, des James Cameron, des Steven Spielberg, ces types mettent parfois le temps qu'il faut pour extraire des cartons des scénarios mastodontes qui ont plus d'intérêt qu'un seul impact récréatif. Ils peuvent commettre des erreurs ou être tentés par des facilités, ça peut ne pas convenir à tout le monde, mais le résultat est toujours techniquement à la pointe, participe à l'enrichissement des autres projets, et tout en restant toujours très personnels, s'imposent parfois comme une nouvelle référence du genre auxquels ils s'attaquent.

Pourtant Scorsese en a réalisé des films références !! Et dans des genres particulièrement casse-gueules et assez inexplorés depuis (Raging Bull, Taxi Driver, After Hours, Last Temptation, Goodfellas). Mais ce ne sont clairement pas ses films des années 2000 qui font de lui un maître dans le cinéma contemporain. Casino était définitivement un film-somme avant l'heure, c'est triste. J'avais pas mal relativisé ma déception avec GONY et Aviator, parce que c'était formellement classe, et jamais foutage de gueule. Mais ça commence vraiment à me péter les couilles, cet écrin parfaitement vide, indigne de son talent.

Avant la sortie de GONY, j'écrivais :
"Le style de Scorsese est arrivé il y a peu à maturité, il ne cesse depuis de s'exercer à conter les histoires des autres. Lui a peut-être déjà tout dit." Et c'est malheureusement vrai.

Après GONY, j'écrivais :
"Force est de reconnaître que Scorsese ne se renouvelle plus. Il se recycle. Il n’expérimente plus sur le cinéma en général, mais sur le sien en particulier. Il use désormais de sa propre grammaire cinématographique, mise en place au travers de son œuvre, pour construire de nouvelles phrases, pour conter de nouvelles histoires, celles des autres. Depuis la sortie de Gangs of New York, le sentiment qu’il ait tout dit sur ses intérêts et ses angoisses prédominait déjà. Si ce constat peut sembler décevant à la lecture, il est à noter que le bonhomme est trop talentueux pour se contenter de bégayer son cinéma." C'est hélas vrai aussi.

Et j'ajoutais après Aviator :
"Ce n’est pas tant que la mise en scène de Scorsese puisse être taxée de classique, ou pire, d’académique, qui dérange. C’est qu’elle apparaisse d’une si grande maîtrise, presque simple, trop vissée, et d’une si imposante sobriété, presque monotone, trop peut-être pour qu’une émotion puisse s’y épanouir. Ce qu’il manque aujourd’hui, c’est le chaos anarchique – et pourtant travaillé – de ses premiers films, c’est aussi et surtout l’apport à l’écriture d’un Paul Schrader, d’un Jay Cocks ou d’un Nicholas Pileggi. [...] Et le cinéaste de suivre fidèlement les lignes du scénario, s’appropriant certes le matériau, mais passant insensiblement à côté des moments d’errance de son personnage, alors qu’il avait lui-même si bien dépeint par le passé le trouble d’un Travis Bickle, ou la paranoïa d’un Henry Hill. Scorsese livre ici son résultat le plus lisible, peut-être aussi le plus divertissant de tous, mais également le moins complexe. Aviator reste un magnifique produit de divertissement, avec une âme et du talent sur chaque parcelle de pellicule. Et il serait stupide de bouder un si beau spectacle."

Eh bien stop. J'en ai assez d'être tolérant. Scorsese, tu me gaves. Wake up. Et je veux autre chose qu'un remake sympatoche façon Les Infiltrés, ça ne suffit pas. Contente-toi de faire des docus si tu veux, mais arrête de me faire perdre mon temps avec des scénarios juste potables, sous prétexte qu'ils brassent tes thématiques et permettent de t'éclater à l'image.

Trouve-moi THE sujet que personne n'aborderait sans toi, et ponds THE scénario en prenant le temps et le bon scénariste... ne deviens pas Roman Polanski.

2/6

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MessagePosté: 22 Jan 2011, 18:26 
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Inscription: 18 Aoû 2005, 23:40
Messages: 19478
Localisation: Rebirth Island
Putain que c'était nul. Le film donne envie au début, en nous laissant espérer des délires d'expériences nazies et autres complots tordus. Mais au final, le fait que ça soit totalement laissé tombé pour le twist le plus vieux du monde après le coup du "c'était un rêve en fait", ça fout les boules. Et puis paye ta prévisibilité de twist quoi. Déjà que je m'en doutais à la vue de la BA, les premières minutes à base de "on enchaîne les phrases à double sens" rendent le film totalement RINGARD.

Ça a beau être visuellement classe, c'est non. 1.5/6


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MessagePosté: 06 Fév 2011, 19:52 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 24060
J'ai bien aimé. En fait, connaitre la fin de l'histoire me semble être une bénédiction, tant tu ne t'attaches pas à la résolution de l'intrigue, mais à la mise en place de l'ambiance et la mise en scène de Scorsese. Et là c'est juste grand.

La chanson de fin est juste magnifique d'ailleurs, signée du compositeur de Valse avec Bashir.

4-5/6


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