Forum de FilmDeCulte

Projectionniste dans un modeste cinéma, amoureux de la fille de son patron, un homme rêve de devenir un grand détective.

Putain c'est génial.

Confession honteuse : je crois que c'est le premier film de Buster Keaton que je vois.

Jusqu'à présent, ma connaissance de l'Auguste du cinéma muet consistait exclusivement en des extraits de cascades improbables de l'époque pré-doublures, pré-trucages, qui allaient servir d'inspiration majeure à Tom Cruise et Chris McQuarrie pour leurs Mission : Impossible. C'est d'ailleurs leur constante évocation de ce modèle, ainsi que le fait d'avoir appris que ce Sherlock Jr. marquait également la première (?) instance d'un personnage pénétrant dans un film, qui m'ont poussé à enfin combler cette lacune majeure de ma cinéphilie.

Et putain que c'est bon.

Outre l'attachement immédiatement qu'invoquent ces figures comiques de l'époque comme Chaplin, avec leurs protagonistes underdog, gauches et lésés, et leur comédie gestuelle irrésistible (quand il suit le gars, j'étais dead), le moment où le récit bascule enfin dans ce que Keaton voulait visiblement réellement raconter, c'est oufissime.

Par l'entremise du rêve, le héros affuble ainsi les traits et les faits des personnages de sa propre intrigue à ceux du film qu'il projette et s'y projette à son tour, enfin devenu celui qu'il aspire à être (c'est Fight Club le bail), un détective hors pair. Au-delà de gags méta géniaux que je n'attendaient pas et qui jouent directement avec la forme filmique (le personnage intrus restant au même point de l'image alors même que le montage alterne les lieux de façon drastique, le téléportant ainsi dangereusement), le propos qui en découle, sur le cinéma comme seul espace de résolution idyllique, où le crime n'est jamais impuni, où les acrobaties les plus périlleuses se finissent sans la moindre égratignure, où tu peux disparaître en sautant à travers le ventre de ton comparse (trucage réalisé en plateau!), préfigure effectivement tous les Last Action Hero du monde.

Et la fin vient boucler tout ça de la plus belle des manières, lorsque le héros s'inspire du véritable film pour faire le premier pas avec sa dulcinée. Le film est conscient que le cinéma est une illusion mais que l'on peut s'en inspirer pour devenir meilleur.

Merveilleux.

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Lucky you.

Il m'a bien chauffé, l'animal.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

The long winding road to Mizoguchi.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Mais Freak n'avait pas déjà eu Mizoguchi au Bac, comme moi ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Si mais Castorp insiste pour que je retente adulte.

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Découvert hier soir sur Plex (plateforme gratuite et légale financée par la pub qui te balance des pages de pub de 150sec de manière random et sans transition, pour un film muet c'est une expérience particulière).

Sans aucun doute mon Keaton préféré (mais je suis loin d'être un expert). C'est en effet à la fois hyper grisant au niveau scénaristique avec ces mises en abyme et en même temps d'une inventivité visuelle totalement folle. Le film m'a paru d'une rare complexité pour l'époque n'arrêtant pas de tenter des choses dans tous les sens sur des niveaux de narration différents. C'est vraiment très surprenant parce que la première partie est assez classique et que d'un coup on passe "through the looking glass" pour un ride assez dingue où le personnage se rêve le héros qu'il rêve d'être. Et le cinéma d'être une espèce de projection mentale où tout est possible, à l'image de cette scène dingue en 1924 où le personnage dans l'écran se retrouve projeté dans différents décors selon le bon vouloir du montage. C'est ultra jouissif et Keaton se permet tout (tiens si on rendait cette cloison transparente pour les besoins de la mise en scène).

Plus tard dans la poursuite finale (qui semble être d'ailleurs une des figures de son cinéma), Keaton se montre une nouvelle fois l'un des précurseurs du cinéma d'action moderne aussi bien dans ses prouesses physiques (quand il s'accroche à la barrière pour tomber dans la voiture) que dans la mise en scène (ce plan en travelling ultra rapide où assis sur le guidon d'une moto avec le train qui arrive au fond du plan). Véritablement brillant.

Allez j'ose, c'est une magnifique, et sans doute dirais-je une des premières, déclaration d'amour au cinéma.

5/6

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CroqAnimement votre

Pour le coup, il était en HD sur YouTube, sans pubs.

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Freak et Art Core, vous découvrez vraiment Keaton là? Merci de nous déculpabiliser de nos lacunes - chacun les siennes

Et mettre un 6/6 ça n'est pas sale hein.

Clair que celui-ci fait partie de ses plus grandes réussites.
Mais bon faut enchaîner maintenant!

J'ai eu la chance d'en voir pas mal à la Cinémathèque de Belgique, en pelloche avec un pianiste accompagnateur... Du bonheur concentré.

Les autres c'est grâce au superbe coffret édité par MK2, il y a quelques années déjà.

Mon top ici: https://boxd.it/plv9G

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ne pas donner automatiquement la note maximale aux classiques, c'est pas sale non plus.


À part The General, quels sont les immanquables?

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The Cameraman, Our Hospitality, The Navigator et en complément à Sherlock Jr il faut absolument voir The Playhouse.

Non je découvre pas, j'en ai vu pas mal, j'ai un coffret avec ses premiers courts métrages et j'en ai regardé beaucoup (mais jamais terminé j'avoue).
Et en longs j'ai vu Fiancées en folie et La mécano de général mais je crois que c'est tout.

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CroqAnimement votre

lol, la lose, ça m'apprendra à vouloir rester dans les clous.

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CroqAnimement votre

Tout à fait d'accord, mais bon, je ne vois pas ce qui freine pour celui-ci (mais je parle pour moi).


Ouais, The General c'est vraiment son plus grand film.
Après je dirais les deux sur l'eau: Steamboat Bill Jr et The Navigator, deux sommets. The Cameraman aussi, c'est quelque chose..

Les autres sont moins "parfaits" donc si tu ne vois que les meilleurs tu risques d'être déçu ppur les autres, mais bon, même dans ses plus faibles ya toujours des moments géniaux donc vas-y, fais-toi plaiz quoi..

(J'ai pas vu ses courts)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Sherlock Jr en est un techniquement, ça dure 45 min.

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