Forum de FilmDeCulte

Après la relative déception de Kick-Ass (bien mais pas top), je craignais cet autre 3e long métrage d'un réal anglais émigré aux USA, ce nouveau film geek encensé par la presse internet US, et l'avis de Mufti (t'as monté ta note toi, non?), sans être pris pour argent comptant, me laissait tout de même songeur.

Je flippais en entrant dans la salle.

Mes craintes se sont volatilisées dès les premières scènes.

En fait, je crois comprendre en quoi le public américain - et sûrement d'autres - a été dérouté par le film.
C'est pas juste parce qu'il s'agit d'un improbable hybride entre teen movie indé à tête de Cera et jeu vidéo live matiné de d'animé, c'est aussi parce que le film se permlet d'être souvent assez atypique.

Déjà, y a un rythme super particulier, parfois peut-être de prime abord malaisé, dans sa manière de condenser 6 volumes en 1h50, mais je pense complètement assumé dans sa dichotomie entre scènes pépères à la maison de dialogues entre marginaux (photo réaliste et contrastée) et scènes de bastons sur-SFXisées (photo surstylisée à base de flairs, de clair-obscurs, etc.), et parfois au sein des scènes d'action même, Wright opte pour une musique zarbi, diffuse, opressante, à la Goblins, qui pourra donner chez certains une impression de "mou" (alors que le reste du temps, c'est du rock alternatif ou de l'electro speed).

A ce titre, le film est d'ailleurs très très musical. Dans tous les aspects.
Il y a, dans un premier temps, l'effort d'être allé chercher de vrais artistes de la scène rock comme Beck pour composer les morceaux des groupes fictifs entendus dans le film, ou d'avoir choisi Nigel Godrich, producteur de Radiohead, pour scorer le film, qui comporte aussi des morceaux de Dan the Automator, etc.
Puis il y a aussi cette influence de la comédie musicale, où les numéros chantés sont remplacés par des numéros fightés avec ce même saut de foi vis-à-vis de la diégétisation de telles séquences, cette même acceptation comme "normal" d'un truc soudain et insolite (les persos qui se mettent à chanter/combattre pour s'exprimer).
Je veux dire, y a même du Bollywood dans le film quoi...

C'est super riche.
Contrairement à Mufti, je trouve pas ça creux du tout, et je trouve ça malin de revisiter un genre (la romcom) en exacerbant les thématiques au point de les illustrer d'un point de vue geek. Quelque part, c'est encore plus poussé que le traitement de Shaun of the Dead, qui tenait déjà d'une approche similaire.
On a tous dû rivaliser avec les ex de notre nouvelle meuf, dans le monde de Scott Pilgrim, il faut rivaliser avec eux LITTERALEMENT.
Je dis pas que c'est la trouvaille de l'année, cette transposition littérale (qui est donc déjà le concept de la BD initiale), mais je trouve ça plutôt original et futé comme démarche. D'avoir le bagage émotionnelle prendre forme humaine pour tourmenter le protagoniste (un peu comme Cotillard dans Inception...ou Dupontel dans Le Bruit des glaçons ) et de le confronter à ses propres démons pour l'amener à évoluer, quitte à ce que ce soit par le biais de son geekisme (vu que ce "combat" prend l'apparence de combats de jeux vidéos ou de japanime).

D'autant plus que ça ouvre au récit et au cinéaste mille et unes possibilités narratives et formelles.
C'est simple, Scott Pilgrim, c'est presque une idée à la minute. Dès le logo Universal 8 bit jusqu'au "The End" au bout du générique de fin en passant par le carton-titre et toutes les transitions ultron-elliptiques du début, conférant à l'ensemble un côté presque onirique, et tous ces détails qui fourmillent, nécessitant presque une 2e vision pour tout tout capter (genre les cartons).
Wright s'en donne à coeur joie avec ses cartons de comic book et sa voix off de jeu vidéo, les deux références les plus évidentes, mais il ne manque pas de taper dans le métafilmique, rien qu'au niveau du casting.
Je redoutais un Cera en mode Cera et finalement il parvient à naviguer entre son habituel jeu de mec flippé/paumé et les phases plus speed et vénère de Scott. Sans oublier le côté connard (c'est sans doute l'aspect le plus sous-estimé du personnage d'ailleurs, on capte pas forcément que c'est un connard, malgré tout ce qu'il fait, et cette ambivalence rend le personnage plus intéressant et pertinent que nombre de ses prédécesseurs du genre, au même titre que le personnage de Ramona d'ailleurs, je trouve le film très juste sur la nature volatile, indécise et souvent sous l'emprise d'un ex, des meufs).
Caster Cera n'est pas innocent. Quelque part, le film est un pied de nez à toutes ces comédies indé et/ou films pour mecs pseudo branchés. Le film veut casser du hipster (y a même un morceau de la BO qui s'appelle "Death to All Hipsters") et tout un pan de l'humour du film joue notamment là-dessus. Ainsi que sur des bons mots, jamais pris au sérieux.
Schwartzmann est l'incarnation ultime de ce cinéma-là (Wes Anderson & Co). Il n'est donc pas étonnant de le voir jouer le grand méchant.
Quant à Chris Evans et Brandon Routh, ils ne sont pas là par hasard. Faire affronter Scott avec deux acteurs ayant joué des superhéros (La Torche Humaine & Superman) ne fait qu'amplifier le prisme geek par lequel le protagoniste (et donc le cinéaste et donc le spectateur) voit le monde.

Wright apporte donc lot d'idées, que ce soit dans la musique ou dans le casting, dans la narration (la condensation ou la divergence avec certaines scènes de la BD), dans les gags (le coup du jeu vidéo auquel jouent Scott et Knives au dbéut, c'est génial comme idée) et surtout dans la mise en scène, qui ne se repose jamais sur ses lauriers.
C'est sans doute son film le plus à la lisière de """"l'expérimental"""", des transitions aux onomatopées en passant par les split-screen. Wright n'invente rien mais recycle tout, y compris son propre style hypercut, comme un beau gosse.
Prends-en de la graine, Matthew Vaughn.

A part peut-être d'infimes coups de mou et quelques rares précipitations sur certains passages de la BD (choix parfaitement compréhensibles), je n'ai rien à reprocher au film. Je me suis régalé de bout en bout.

6/6

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Non, baissée. Je suis passé à 3, car le film "vieillissait mal" comme on dit dans nos cercles.

C'est bizarre, j'aurais pourtant juré que ta note, le jour où tu as posté ton message, était genre 3-3,5/6.

Bref.

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Alors je t'avouerai que c'est aussi ça dans mon souvenir... Très étonné de voir 4-4.5 à la fin de mon texte.

Lol.

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Ca va à toute allure et ça fait beaucoup de bruit, plein à ras bord d'effets de mise en scène geeks, de persos icôniques (pas seulement les ex, mais la pléthore de potes autour de Scott) et bien sûr de vannes.
Pourtant le film n'est pas que la compilation pop qu'on pouvait craindre. Les ruptures de ton, le regard parfois triste sur la relation bancale naissante, le côté égoïste de Scott donnent au tout une profondeur et une mélancolie inattendues.
C'est simple, je me suis gentiment éclaté devant le film mais je pensais tout oublier en sortant de la salle. Et finalement une dizaine de jours plus tard, il vieillit plutôt bien.

Ca va pas chercher super loin non plus, entendons-nous, mais sous l'emballage geek y'a aussi un vrai regard. Trois fois que Wright fait le coup et il se renouvelle à chaque. Il est très fort.

4.5/6

"La BD est mieux que le film"

C'est dit tel quel et c'est vrai, même si le film reste quand même bien fun.... Pour moi, le principal défaut tient dans le choix de Michael Cera, "trop puceau" pour incarner le personnage qui n'était pas aussi "nul" dans la BD. D'ailleurs c'est un peu ça le problème de nombreux personnages - dont la copine chinoise - avoir hyper-caractérisé leurs défauts, sans vraiment faire ressentir le côté vécu. La BD, pour moi, c'est du Daniel Clowes qui croise le manga, pas juste un manga dans l'univers des teen-movies.

Bon, ça reste quand même bien cool même si j'aurais aimé ne pas me faire spoiler la fin de l'histoire

4/6

Dès que le film a commencé j'étais à fond.

Son logo Universal remasterisé, le premier plan identique à celui de la BD, le générique Rock sous musique Sex Bob-Omb etc... J'étais dedans et je savais que j'allais plus en ressortir.

Déjà parce que j'adore la BD de Bryan Lee O’Malley, j'aime les deux premier films de Wright, je suis amoureux de Winstead et le cast des Evil Exes comme l'a souligné FF est juste parfait.

Wright a tout saisi à la BD, et donc à partir de là dès qu'il prend des libertés il ne se casse jamais la gueule, même si je suis forcement déçus de pas voire certains personnages plutôt attachant (je pense à Joseph et sa coloc).
D'ailleurs j'ai tendance à préféré la fin de Wright à celle de O'Malley, plus mature et surtout plus en accord avec le ton et les libertés que prend son film.
En gros il fait un copié/collé du Tome 1 puis il s'en éloigne minutes après minutes, et tout est juste. Les nouveautés, les blagues, les cadres. Je parle même pas des onomatopées qui sont magnifiques.
Avant tout c'est niveau sonore que le film m'a le plus fait halluciner. La bande sonore est exceptionnelle est je pèse mes mots, Beck et Nigel Godrich ont donnés du peps au film, les broken social scene se font plaisir. Le Score regorge d'idées et je pense qu'il faudra bien plus qu'une vision pour capter tous les effets sonores piqués aux jeux de notre enfance, j'ai bien sur reconnu Zelda, avec le fameux son de porte, la barre "Pee", Final Fantasy...
De ce côté là le film est incroyablement riche.
Je vais en venir aux combats, j'avais peur mais ça s'est vite dissipé, niveau montage c'est incroyable j'ai beaucoup pensé à Speed Racer (autre film qui s'est cassé la gueule au box office et qui est pratiquement fait pour la même cible) avec des couleurs explosives et des effets visuel partout le cadre. Là aussi les clins d'œil sont partout.
Cera se fait plaisir, Winstead est parfaite elle est badass avec son marteau comme il faut et les chorégraphies sont vraiment cool.

En fait c'est ça ce film, c'est le Feel Good Movie parfait.
5/6 qui se renforcera a la seconde vision tant le film regorge de petits détails.

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Why there is so much trouble in this world?

Blu ray dispo et en stock! zone free! argghhh! hésitation!

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Pas pu attendre...

C'est excellent. La musique sublime, les incrustations de Zelda, de Mario, de Seinfeld, la mise en scène rapide et efficace, les ex diabolique (mention à Jason Schwartzmann, énormissime), même si certains avaient plus dans la BD, et du coup font un peu merdique ici (Todd, surtout).

Mais bon, quel pied de partout, c'est vraiment un film qui sent le frais, qui arrive à amener des choses, des détails qui marchent.

Reste du cast au poil, Cera va bien (surprise), Evans, Kendricks, Culkin, Winstead (elle fait bouffi, non?)...

5/6

Et j'ai toujours les tomes 4, 5 et 6 de la BD à lire...

J'ai bien aimé mais j'ai pas adoré quoi. Je trouve qu'il y a un truc qui ne fonctionne pas, une artificialité dans l'univers qui fait que je n'y crois jamais vraiment et que je vois en permanence les effets, que je ne m'attache à rien. Mais après c'est super inventif, plutôt fun avec des scènes qui vont certainement devenir culte (la scène de la Battle est vraiment géniale, d'ailleurs dommage parce que la fin paraît finalement en dessous). Il y a vraiment un truc particulier qui fait que ça ne ressemble à rien d'autre et c'est suffisamment rare dans le cinéma américain pour être remarqué. Ça m'a fait penser (même si c'est pas du même niveau) au Speed Racer des Wachowski en beaucoup moins "théorique" et "expérimental" ceci dit. Ça m'étonne pas que le film se plante commercialement. Par contre j'aime pas du tout Winstead (visage porcin, absolument aucun charme pour moi).

4/6

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CroqAnimement votre

C'est marrant que tu parles des Wachowsky parce que moi c'est à Matrix que j'ai pensé (film bouclant une décennie, mettant à mort et ringardisant les codes d'une époque en les exacerbant, etc...). La même impression de virtuosité stérile, de film-eunuque.
C'est d'ailleurs beaucoup plus singulier que ce à quoi je m'attendais, contrairement à ce qui a été dit plus tôt c'est assez différent de la bande-annonce survoltée avec accumulation de vannes punchy, le rythme est assez distendu, avec des ellipses troublantes au début et d'assez longs temps d'hésitation. L'humour est beaucoup moins agressif que dans un kick-ass, par exemple, qui t'arrache des éclats de rire à grands coups de ruse et de cruauté décomplexée, là tout est dans un décalage plus ou moins appuyé, flottant, pastichant ostensiblement le ton de l'indie, au point parfois d'infléchir chez le spectateur la même sensation de mollesse écœurante. De même la trame sentimentale, d'un premier degré déstabilisant quand tout autour d'elle constitue une vaste farce, prend la forme d'un genre de martelage cotonneux assez pénible, d'autant qu'à aucun moment les personnages n'éclatent dans leur densité, ils restent sagement circonscrits à leur silhouette.
Pour moi le film se révèle dans les scènes de baston, qui concentrent à elles-seules toute l'inventivité et le potentiel du film, exceptionnellement riches, élégantes, fluides... mais enchâssées par autant de prétextes qui en dénaturent les enjeux, que Wright ne parvient pas à rendre étanches au second degré.

Paradoxalement c'est le film de lui que j'attendais le plus et que j'ai le moins aimé. 4.5/6

Pourquoi bouder un tel plaisir?

6/6

Oui d'ailleurs à la troisième vision je passe à 6.

Et les bonus du Blu sont vraiment sympa!

Il y a d'ailleurs quelques scènes coupées qui auraient méritées leurs places dans le montage final.

6/6 Obviously

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Why there is so much trouble in this world?

bonus sous-titrés?

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