Forum de FilmDeCulte

Il y a des gens qui font des films avec une bande originale et il y a des gens qui font des films où l'on retient davantage les bandes pas originales.

Comme pour un Quentin Tarantino, la filmographie d'Edgar Wright est également un véritable juke box. Dès la série Spaced, qui l'a révélé, le rapport ludique qu'entretient le cinéaste avec la musique tient presque de la joyeuse pathologie. Du livreur-clubber Tyres incapable de ne pas s'imaginer un morceau de house créé par les sons du quotidien jusqu'au héros éponyme de Baby Driver obligé d'écouter constamment de la musique pour couvrir un acouphène permanent depuis un accident d'enfance, une ligne se trace à travers toute l'oeuvre de Wright en passant par Shaun et sa bande tabassant un zombie en rythmant littéralement leurs coups sur "Don't Stop Me Now" de Queen et le clip de "Blue Song" de Mint Royale dont le dernier opus du metteur en scène est une extension.

Avec Baby Driver, Wright pousse l'expérience jusqu'à son paroxysme, signant le parent musical de son autre film hors-trilogie Cornetto, Scott Pilgrim. Ce dernier avait des musiciens en guise de protagonistes et suivait une logique de comédie musicale, les personnages se mettant à se battre plutôt que de chanter, mais le référent dominant demeurait indéniablement le jeu vidéo. Après avoir traité des rapports sentimentaux en exploitant les codes du dixième art, Wright utilise la musique pour façonner une nouvelle ode pop à l'amour, célébrant l'idiosyncrasie en déployant la sienne.

Je ne me hasarderai pas à dire qu'il s'agit du film le plus personnel du réalisateur mais il est dur de ne pas voir dans Baby l'alter ego le plus littéral de Wright. La musique n'est pas juste une passion pour Baby, elle est vitale. Non seulement elle compense son handicap mais il en a besoin pour "bouger", nous dit-on dans le film concernant sa méthode pour chronométrer chaque évasion post-braquage. Toutefois, il apparaît très vite évident qu'il en a besoin pour bouger au sens figuré, ses différents iPods - un pour chaque humeur - faisant office de pacemakers. Les écouteurs constamment fourrés dans les oreilles, sa particularité a tôt fait d'énerver de manière irraisonnée ses "collègues". En bon héros wrightien, Baby ne se conforme pas. Et cet anti-conformisme ne se manifeste cette fois non pas au travers de la lutte contre des zombies, des provinciaux fachos ou des robots à l'esprit de ruche mais par cette belle idée que l'on est tous guidés par notre musique intérieure. Celle que l'on doit écouter. Ainsi Wright refait la scène où Shaun sort de chez lui et traverse les rues pour aller à l'épicerie sauf que le plan-séquence n'illustre plus la dangereuse routine mais la chorégraphie parfaite d'un homme vivant sa propre petite comédie musicale à lui.

Si le personnage renvoie à son créateur, c'est aussi pour ça : il se met en scène. Non content d'avoir élaboré la playlist de sa propre vie, Baby va jusqu'à enregistrer les dialogues des autres pour en faire des samples dans ses morceaux maisons. Le mec remixe sa life, tout comme il rêve d'une cavale en amoureux complètement cliché. De la même manière, la réalité n'intéresse aucunement Wright, lui préférant l'iconographie du genre, du chauffeur mutique au big boss effrayant en passant par les acolytes pyschopathiques et le bon vieux "dernier coup avant la retraite". Pour ce film de braquages (qu'on ne voit jamais), Wright cite ce qu'il appelle "la Sainte Trinité du genre", à savoir Point Break, Reservoir Dogs et Heat mais j'ai davantage pensé à True Romance, pour son héros fanboy, son histoire d'amour centrale et l'idée d'un film de gangsters embrassant ses tropes de manière romantique.

Si j'ai un bémol, c'est sans doute celui-là. C'est probablement le film de Wright le plus conventionnel dans son écriture, beaucoup moins méta dans son jeu avec les codes que sa trilogie susmentionnée. Néanmoins, le cinéaste parvient quand même à déjouer certaines attentes, notamment dans les réactions des personnages lors du dernier tiers, les revirements soudain témoignant de la valeur au coeur de l'intrigue et qui devient la motivation première des allégeances de chacun. Qu'est-ce qu'on ferait pas par amour... En effet, le film est presque meilleur lorsqu'il s'attarde sur deux personnages liés par les écouteurs d'iPod qu'ils partagent que lors des courses-poursuites effrénées au montage acéré. Je m'attendais à un découpage encore plus "expérimental" dans l'harmonie avec la musique mais l'action, qu'il s'agisse de scènes de bagnoles avec des drifts sodomisant ceux de Fast & Furious ou de fusillades où les coups de feu remplacent les percussions, fourmille d'idées et celles-ci s'insinuant tout au long du film, l'ensemble présente une expérience globale qui traduit une fois de plus la vision du monde de l'auteur, infusée par la pop culture. Parce qu'un film de gangsters par Edgar Wright, c'est un film avec son identité dès la première minute, quand les braqueurs super sérieux quittent la voiture, laissant le chauffeur seul et qu'il se met à chanter en playback comme un ado sur un morceau de The Jon Spencer Blues Explosion.

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Ça peut me plaire ou pas ?
J'ai trouvé la bande-annonce super banale.

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Netflix les gars, Netflix.

Je pense pas que tu kifferas.

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Ok merci.

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Netflix les gars, Netflix.

Oh my god! Vous ne verrez pas de film plus cool en ce moment. Le dernier Edgar Wright, c'est comme une comédie musicale des années 60 où l'on changerait les danseurs pour des bagnoles, et l’opérette pour du funk des années 70. C'est West Side Story qui rencontre Fast and Furious.

Bon, le scénario est ultra classique et joue sur des archétypes, mais la forme est vitaminée. Bref, j'ai pas vu exercice de style aussi fun depuis longtemps. Ça m'a stimulé encore plus que La La Land.

Bizarrement par moment, ça m'a aussi beaucoup fait penser aux premiers Spiderman de Sam Raimi. Peut-être à cause du ton naïf, peut-être à cause du directeur-photo Bill Pope et les couleurs qui "popent", peut-être parce que le personnage principal est aussi un jeunot orphelin aux talents sur-développés, peut-être parce qu'il s'essaie à livrer de la pizza comme Peter Parker et qu'il met en danger la fille qu'il courtise en flirtant avec un milieu dangereux. Pour tout ça, et le rythme infaillible comme un bolide, peu soucieux des nuances, j'ai eu l'impression de retourner à l'époque des premiers Marvel.

Et puis, c'est moi où le costume de Ansel Elgort (le perso principal) est un clin d'oeil au costume de Han Solo (qu'il a failli interpréter)?

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Bill Pope et Peter qui livre des pizzas, c'est que sur Spider-Man 2.


J'y ai pensé aussi et Wright dément.

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On aura eu un petit aperçu de ce que ça aurait pu donner si on avait remplacé la bagnole par le faucon Millenium. Le gamin entraîné malgré lui a conduire les malfrats de Tattooine. Bon, je rêve.

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On verra Wright sur un blockbuster un jour...le rendez-vous manqué d'Ant-Man ne le refroidira pas ad vitam...

Par contre, Sony veut une suite à Baby Driver et Wright avoue l'envisager et ça ne m'enchante pas vu qu'un de ses atouts est d'être un film original et unique.

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Ça sent déjà l'hommage à Bonnie and Clyde. Le premier film nous y prépare presque. J'serais pas contre. Mais il faudrait qu'il réinvente une fois de plus la forme.

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Je vais le voir ce soir

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CroqAnimement votre

Whyyyyyyy

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Je suis en Espagne, il vient de sortir et j'avais proposé comme ça d'aller au ciné, les gens m'ont pris au mot et c'est le seul film qui m'intéresse. Je regrette d'avance la voix de John Hamm.

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CroqAnimement votre

Khon Khamm.

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Probablement à mes yeux le film le plus enthousiasmant de l'été et peut-être de l'année dans le domaine du divertissement purement pop (en attendant le Vaughn ?). Une bouffée d'air frais face à toutes ces croûtes numériques interchangeables que sont les blockbusters made in Marvel, DC ou autre alors qu'ici le budget est 4x moins important, et pourtant au final, bien plus spectaculaire et jouissif.... Chez Wright on sent cette passion d'un angle de caméra qui a du sens, d'un montage ciselé, dynamique, d'un mouvement de grue finement choisi pour procurer un plaisir total et enivrant. Ce n'est pas du cool forcé casse bonbon comme dans les gardiens de la galaxie 2, ici le film est cool parce qu'il est centré à 100 % sur l'amour de la mise en scène. Et ça se sent.
Effectivement le film ici est bien moins meta et étonnant dans la narration que ses précédents films mais bien plus puissant à mon sens dans la maîtrise formelle et dans ce qu'il véhicule simplement par l'image. J'adore cet état d'esprit qui renoue pleinement avec l'esprit geek, d'un gamin surdoué assez autiste qui fantasme le monde extérieur à sa manière par la musique (magnifique plan séquence au début en mode comédie musicale). C'est probablement le film le plus personnel de Wright donc aussi je trouve le plus incarné et le plus touchant. Il assume cette naïveté d'un personnage qui a du mal à interagir avec autrui, mais qui dans son domaine se révèle être un vrai "super-héros" (au final très proche dans l'esprit du personnage de Peter Parker, on y pense aussi beaucoup quand le personnage devient livreur de pizza forcément, mais ça a déjà été dit). Ce mélange d'assurance dans l'action et de maladresse dans l'intimité, le dialogue, j'adore. Wright est le seul aujourd'hui à sublimer ces marginaux, ces geeks donc, cette anormalité qui permet de voir le monde autrement, un monde qui par la caméra enlevée de Wright devient enfin différent et sublime. Et quelle BO !

Rarement vu un film se déballonner aussi brutalement que ce Baby Driver. Les 15/20 premières minutes sont jouissives, l'enchaînement première grosse scène de poursuite (tristement la meilleure du film) et ce générique/plan-séquence génial fait monter un énorme espoir pour le suite qui ne sera qu'intégralement déçu. Là où cette ouverture nous vend un film d'action à la croisée des chemins entre La la land (comédie musicale contemporaine) et Drive (le film y fait bien trop penser, love story avec la serveuse inclue), la suite se vautre dans un film de gangster puéril et sans saveur lourdement handicapé par un Jamie Foxx nullissime. J'avais lu je sais plus où que la mise en scène de Wright était expérimentale et qu'il jouait sans cesse avec un montage musical pour construire ses scènes d'action mais c'est finalement très peu présent dans le film ou plutôt c'est présent à un niveau tellement superficiel (le mec qui remet la chanson au début avant de pouvoir commencer à rouler) que ça n'apporte pas grand-chose à l'expérience. A l'image de ce climax aux idées pas mauvaises (soudain la poursuite devient western) mais au résultat tout plat, tout banal très peu spectaculaire aussi (le film fait un peu peu pauvre pour tout dire).

Et vraiment il y a une espèce de creux tout pourri au milieu (tout le passage Jamie Foxx) où le récit se fait d'une affreuse banalité. Récit de gangster tout classique, tout naze on s'emmerde presque et tout le côté pop promis par le début disparaît ou se noie tristement dans un mélange mal maîtrisé et peu pertinent.

Après je trouve le film sympathique, Ansel Elgort et Lily James sont mignons et quand le film se fait plus franchement romantique c'est assez réussi notamment cette courte escapade finale en mode Bonnie & Clyde. Il y a une certaine mythologie qui fonctionne pas mal (le père adoptif sourd, le côté super-héros avec la musique comme super pouvoir...). Mais confirmation que pour moi Edgar Wright c'est vraiment du vent, un réalisateur geek trop bloqué à l'adolescence, plein d'idées cool mais qui a sans cesse du mal à les faire exister à l'écran ou à leur donner du poids (avec du bon vieux méta de merde inutile où Kevin Spacey répète les braquages avec des petites voitures). Ça fonctionnait mieux dans le côté fouillis et pour le coup plus véritablement expérimental de Scott Pilgrim mais là j'ai trouvé ça totalement lisse et sans aspérité. Impression qu'on veut me forcer le film culte au fond de la gorge alors que bon j'ai eu sans cesse le sentiment d'être devant Drive pour les nuls (et pour les ados).

3/6

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CroqAnimement votre