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la descente aux enfers depuis la fille inconnue... terrible.

leur immense talent c'était de mélanger un contexte réaliste, social avec une histoire forte, crédible, narrativement puissante, profondément ancrée dans son contexte et qui en révélait toute la complexité et la profondeur.

puis ça a commencé à se déregler avec la fille inconnue et son histoire nulle.
puis le jeune ahmed et sa difficulté à raconter quelque chose.
tori et lokita et sa dramaturgie excessive plaquée son thème à la mode.

mais alors là, c'est la catastrophe.
le dossier de l'écran pointait déjà dans leurs deux derniers, mais ils ont sauté à pieds joints. il ne savaient pas comment se démerder pour construire une histoire sur le douloureux sujet de société du moment, là ils ont juste laissé tombé.
donc, sur les "jeunes mères", c'est le pire de la mode du film français : le sujet de société, autour de la structure associative / publique (une "maison des jeunes mères" qui accueille les filles en attendant qu'elles décident si elles veulent leur garder ou le confier à des familles adoptantes), le tout dans la bienveillance, et voilà.
et donc un scénario que je qualifierais d'absolument apocalyptique. c'est la base de ce genre de trucs à la con : être représentatif, montrer les différents cas de figures, bla bla bla. ils le prennent au pied de la lettre et on a donc 4-5 récits de filles différentes, qui illustrent chacune bien un cas de figure - la fille amoureuse d'un ado qui la lâche directe ! le gosse de riche qui a ken et veut plus en entendre parler ! la fille elle même abandonnée qui reproduit le schéma ! le couple aimant d'anciens toxicos qui vont s'en sortir ! vous voyez il n'y a pas de profil type, de clichés, ce sont des situations très variées !
assommant.
et le tout avec un parti pris narratif qui leur a été soufflé par satan lui-même de passer de l'un à l'autre, sans lien. du coup c'est un film à sketches monté en alternance, on passe 7 minutes sur un morceau de l'histoire de l'une puis 12 minutes sur l'autre, sans lien narratif ni mouvement émotionnel, vraiment juste d'un truc à un autre. sauf qu'en plus elles sont nombreuses, tout ça est rigoureusement denué de surprises ou de trucs qui piquent, donc tu passes 2 secondes à te rappeler où on en était avant de parfaitement deviner où on va.

infernal.

ce naufrage de fond est triste pour ceux que je considérais comme des maîtres du scénario, mais je l'ai vu venir. mais le fiasco de la forme m'a plus surpris, même si tori et lokita m'avait déjà pas convaincu du tout.
mais là... le filmage en pilotage automatique total, c'est une chose. mais la quantité de scènes et de plans totalement ratés, c'est affolant. il y a ces coups de téléphones systématiquement ratés et complètement fakes (et le téléphone est omniprésent dans le film, elles sont toutes au téléphone et c'est systématiquement mauvais ! jusqu'au moment unique où on entend la voix de son correspondant alors qu'on entend jamais le reste du film, balek. il y a ces acteurs visiblement semi amateurs qui jouent comme des patates. il y a cette absence totale de vie crédible, des trucs outrageusement et mal mis en scène pour un film à vocation réaliste - la dernière scène en plus d'être cringe c'est tellement fake j'avais mal pour eux. vraiment une collection de prises ratées, incroyable qu'ils n'aient pas vu le nombre de trucs mauvais ou qui ne marchaient pas.

une catastrophe.

alors ils ne savent pas s'arrêter,
thierry ne sait pas leur dire non,
les jurys cannois ne peuvent donc physiquement pas s'empêcher de leur filer des prix y compris totalement insensés
mais moi j'arrête les frais, stop le trainwreck, là.

La pente glissante sur laquelle étaient les frères Dardenne n'en finit plus de les faire dégringoler. Alors le film est bien meilleur que Tori et Lokita sur lequel j'avais vraiment eu un blocage mais Jeunes Mères tombe un peu dans tout ce que leur cinéma avait su éviter jusque là, la chronique sociale généraliste. C'est-à-dire un sujet de société qu'on essaye d'essorer exhaustivement à travers des personnages un peu fonction (l'ancienne junkie, celle qui ne veut pas son enfant, celle qui tente d'avoir un père pour son fils...). C'est la conséquence directe de ce choix de narration chorale qui à mon sens ne vas pas à leur cinéma. Leur geste initiale était d'incarner la problématique sociale dans la mise en scène des corps, leur manière de les filmer de près, de ne pas lâcher pour qu'ils expriment presque malgré eux un ethos singulier, une enérgie qui métaphorisait leur statut. Ici tout est bien trop dilué, la mise en scène moins acérée et précise et la narration trop flottante. Ca n'empêchje pas le film d'être émouvant par endroits, on sent toujours cette bienveillance envers leurs personnages mais ça ne suffit pas totalement. On retrouve bon nombre d'habitués, dont certains ne passent qu'une tête (Marc Zinga, Fabrizio Rongione, Christelle Cornil, Joely Mbundu, l'actrie qui jouait Lokita). Cette fidélité leur rfait honneur. En revanche du côté des actrices non professionnelles ça ne joue pas toujours très bien et c'est plutôt étonnant dans le cinéma des frères. Bref je suis sans doute un peu dur parce qu'ils partent de très haut et que ce film est loin d'atteindre le sommet de leur talent mais ce n'est absolument pas déshonorant.

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