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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 10:20 
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Un peu comme Art Core en plus indulgent parce que j'ai quand même été captivé de bout en bout, c'est un super thriller psychologique, évidemment y a ce côté "Qualité française" qui m'empêche d'être à fond et qui me rendent étonnant les jugements vus par exemple dans Positif parlant d'un "très grand film". Ce n'est pas très audacieux et la meilleure chose du film c'est sans doute son scénario, pas sa mise en scène.

Du point de vue thématique j'ai quand même bien aimé la démonstration que la justice, qui a besoin d'un coupable, peine à percer la vérité d'un couple, au final peu importe si c'est elle ou lui le meurtrier, le film est fidèle à son titre, on se focalise sur le processus de délitement accéléré d'un couple.

Néanmoins, j'ai ma théorie:
si l'on se focalise sur la mise en scène du dernier quart, on peut trouver les indices pointant vers une culpabilité de l'accusée, à rebours de son acquittement. Premièrement, le flashback du père qui se compare au chien, et qui permettra à Sandra d'être acquittée, est probablement inventé par l'enfant, après que sa surveillante (sa version adulte physiquement... pas un hasard) lui ait dit qu'il faut qu'il tranche dans un sens ou l'autre. C'est le seul flashback où la voix du protagoniste, le père, est absente au profit... de celle de l'enfant, ce qui pourrait très directement montrer qu'il lui donne sa voix, il invente ce dialogue pour sauver sa mère. Deuxièmement, cette étrange baisse de tension après l'acquittement, cinq minutes de film très dispensables... sauf si elle sert à montrer quelque chose de précis: l'attitude de l'une, qui se bourre la gueule et retarde son retour, et de l'autre, qui d'abord a une attitude très froide et rigide quand sa mère arrive enfin, pour finalement la prendre dans ses bras, et non l'inverse, clairement il la prend en charge comme il l'a prise en charge dans le procès en lui sauvant la mise. Ensuite elle va se coucher et est rejointe... par le chien dont le vomissement a symbolisé le lien entre les trois protagonistes, lien organique, et finalement providentiel.


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 10:59 
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Lohmann a écrit:
Triet nous assène sans aucune finesse ce qui serait le fond de son cinéma (c'est particulièrement vrai dans La Bataille de Solférino, beaucoup plus douteux ensuite), que la réalité nourrisse la fiction, qu'elle en soit le terreau.
Le film est quand même plus fin que ça et n'oppose pas simplement l'une à l'autre: il me semble que ce que dit le film, c'est que sans fiction, la réalité est "aveugle" ; on ne voit rien, on ne comprend rien. Par exemple : les dizaines de bouts de scènes quotidiennes enregistrés par le mari sur sa clé USB (des conversations, des disputes, des monologues, le fils qui joue du piano, etc). Personne n'y comprend rien, ne voit ce que ça dit, où ca va, ni l'éditeur, ni les enquêteurs; tout ça est "réel" certes, mais son unité, son sens, est proprement illisible. Sans fiction qui leur donne forme, ces fragments de réel ne font apparaître aucune "réalité".
Il n'y a pas non plus d'opposition simple réalité/fiction au sens où les personnages, dans la "réalité" de leur vie de couple, se racontent eux-mêmes des histoires: sur qui ils sont, sur leur place dans le couple, dans la famille, sur leur responsabilité dans l'accident du fils... C'est ce que montre la scène de la dispute, où les personnages ne se disputent pas sur les faits mais sur leur interprétation. Et tout le trajet du fils dans le film montre également comment il écrit, au fur et à mesure, la fiction avec laquelle il pourra vivre.
Le film a une grande force tragique parce qu'il montre bien, en même temps, tout ce que ces fictions personnelles ont d'insuffisant, de précaire, de partiel, en l'absence de tout critère qui permettrait de trancher entre celles qui sont "vraies" et celles qui sont "mensongères".


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 11:37 
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Art Core a écrit:
(l'annonce du verdict nous est occultée)
D'ailleurs pareil dans SAINT OMER, non ? C'est à ça qu'on reconnaît ce cinéma français réprimé, presque protestant, où il faut surtout pas prendre trop de plaisir au cinéma, le suspense et la délivrance c'est mal.

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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 12:09 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Art Core a écrit:
(l'annonce du verdict nous est occultée)
D'ailleurs pareil dans SAINT OMER, non ? C'est à ça qu'on reconnaît ce cinéma français réprimé, presque protestant, où il faut surtout pas prendre trop de plaisir au cinéma, le suspense et la délivrance c'est mal.


ah pour le coup je l'ai pas pris comme ça, plutôt comme une manière d'éviter un passage obligé,
et vu qu'il n'y a pas non plus un suspense fou sur le verdict, ça permet de créér la surprise en donnant l'info quand on s'y attend pas dans la seconde

et ça illustre ce qu'elle dit après : ce n'est pas cathartique, un gros événement ni rien, en vrai c'est un peu pourri quoi.

et puis le suspense sur l'ouverture de l'enveloppe ça correspond à la manière dont les américains vivent les gros procès, qui sont télévisés, mais nous ici c'est concrètement comme ça qu'on apprend les grosses nouvelles
avec un bandeau d'info qui représente un truc gigantesque dans la vie des gens, un processus monstrueux pour aboutir à ces 8 malheureux mots qui concluent les choses.


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 12:10 
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Rien de plus planplan et réac que Positif en même temps.
Je suis tout de même curieux de voir le film.


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 12:20 
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latique a écrit:
Le film est quand même plus fin que ça et n'oppose pas simplement l'une à l'autre.

Je ne parle pas d'opposition, je dis que les intentions de Triet ne se retrouve pas à l'écran. Oui l'interdépendance entre les deux est longuement (et lourdement) traitée dans le scénario, mais n'est jamais pris en charge par la réalisation (hors effets de manche qui ne me convainquent pas).


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 12:26 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Art Core a écrit:
(l'annonce du verdict nous est occultée)
D'ailleurs pareil dans SAINT OMER, non ? C'est à ça qu'on reconnaît ce cinéma français réprimé, presque protestant, où il faut surtout pas prendre trop de plaisir au cinéma, le suspense et la délivrance c'est mal.

On a quand même le plan sur l'enfant qui découvre l'acquittement à télévision, dont le visage oscille entre éclat de rire et pleurs, vraiment émouvant, davantage que si on avait eu le verdict dans la salle d'audience. J'en avais la gorge nouée.

Sinon, un truc que j'ai pas compris : pourquoi personne ne discute de la possibilité de la thèse de l'accident ? Le père faisait des travaux, des outils se trouvent sous la fenêtre d'où il est tombé...


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 13:08 
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FingersCrossed a écrit:
ça permet de créér la surprise en donnant l'info quand on s'y attend pas dans la seconde
Ca c'est vrai, y a un côté "surprise dans la surprise", en mode "Ah OK déjà ?"
T.Rex a écrit:
Sinon, un truc que j'ai pas compris : pourquoi personne ne discute de la possibilité de la thèse de l'accident ? Le père faisait des travaux, des outils se trouvent sous la fenêtre d'où il est tombé...
Mais oui, je me disais qu'ils allaient limite pousser le SOUPCONS-isme jusqu'au bout et faire intervenir la chouette.

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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 13:23 
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Je crois que la thèse de l'accident est immédiatement évacuée parce que le montant de la fenêtre est trop haut.

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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 17:55 
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Baptiste a écrit:

Néanmoins, j'ai ma théorie:
si l'on se focalise sur la mise en scène du dernier quart, on peut trouver les indices pointant vers une culpabilité de l'accusée, à rebours de son acquittement. Premièrement, le flashback du père qui se compare au chien, et qui permettra à Sandra d'être acquittée, est probablement inventé par l'enfant, après que sa surveillante (sa version adulte physiquement... pas un hasard) lui ait dit qu'il faut qu'il tranche dans un sens ou l'autre. C'est le seul flashback où la voix du protagoniste, le père, est absente au profit... de celle de l'enfant, ce qui pourrait très directement montrer qu'il lui donne sa voix, il invente ce dialogue pour sauver sa mère. Deuxièmement, cette étrange baisse de tension après l'acquittement, cinq minutes de film très dispensables... sauf si elle sert à montrer quelque chose de précis: l'attitude de l'une, qui se bourre la gueule et retarde son retour, et de l'autre, qui d'abord a une attitude très froide et rigide quand sa mère arrive enfin, pour finalement la prendre dans ses bras, et non l'inverse, clairement il la prend en charge comme il l'a prise en charge dans le procès en lui sauvant la mise. Ensuite elle va se coucher et est rejointe... par le chien dont le vomissement a symbolisé le lien entre les trois protagonistes, lien organique, et finalement providentiel.

J'ai sorti les deux mêmes arguments à ma meuf quasiment mots pour mots :mrgreen:

Ca ne dit pas qu'elle est coupable mais ça entretient bien le doute. Et même le gamin aurait pu faire tout ça alors que sa mère est vraiment innocente.

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Castorp a écrit:
Nan mais je suis d'accord avec Antigone, là.


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MessagePosté: 29 Aoû 2023, 22:23 
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Ah une réponse en forme de validation :D


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MessagePosté: 30 Aoû 2023, 16:12 
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(j'écris cet avis sans avoir lu une ligne de ce topic)

SPOILERS

Man, I didn't think Triet had it in her.

Après le brouillon La Bataille de Solférino, le sympathique mais bordélique Victoria et le ratage Sybil, je ne savais pas trop quoi attendre de ce nouveau film, palmé qui plus est (PS : l'Histoire du Cinéma a-t-elle connu un autre couple avec un palmarès comme celui d'Harari et Triet en si peu de temps?) et dont je ne savais finalement pas grand chose si ce n'est qu'il y avait un procès.

Et ça tombe bien, j'adore les films de procès. Mais je n'avais encore jamais vu de film de procès français qui m'ait convaincu.

Et d'ailleurs, dans un premier temps, même si je trouvais ce récit procédural tout à fait réussi et prenant - entre la brève introduction, la découverte du corps, le premier entretien entre Sandra et son avocat et l'enquête avant notamment la reconstitution - je n'avais de cesse de me dire "une Palme pour ça?" (même si j'ai rien vu de la compétition *emoji rire/goutte de sueur*). Je trouvais le film très bien, un peu à l'image de La Nuit du 12 par exemple, pour sa minutie, sa tangibilité, mais je peinais à voir où tout cela menait, ce que ça voulait me raconter.

Une fois que le procès commence, de plein fouet, le projet commence à se dessiner plus clairement, bien que le personnage de Sandra en avait déjà énoncé les contours un peu plus tôt en expliquant comme l'enregistrement d'une dispute ne pouvait offrir qu'une perception inéluctablement partielle de la réalité. Un peu comme les extraits de son roman que l'avocat général lit plus tard, sans les "contextualiser" comme le remarque l'avocate de la défense.

Pendant longtemps, durant l'adolescence, le film de tribunal était mon genre préféré. Quelque chose dans l'énumération des faits, la démonstration de preuves, la recherche de la vérité et l'argumentation me séduisait. La victoire par les mots, plutôt que par les poings ou les balles, me parlait particulièrement. D'habitude, le dénouement est évident, du moins la vérité l'est pour le spectateur, mais Anatomie d'une chute ne se contente pas d'aller à l'encontre de ce type de conclusion confortable en lui préférant l'ambigüité (j'y reviens plus bas), il s'intéresse directement à l'impossibilité, pour ne pas dire l'absurdité, de vouloir faire rentrer toute une vie dans les cases d'une grille pré-établie selon laquelle A + B égalerait à coupable (ou non-coupable).

À chaque fois que l'accusation, incarnée par l'inimitable Antoine Reinartz ici par-faite-ment casté (détestable et révoltant dans ses raccourcis malhonnêtes), cherche à s'appuyer sur des preuves circonstancielles pour étayer son argumentation soi-disant irréfutable, il m'apparaissait que la démarche portait précisément sur l'irréconciliable confrontation entre la recherche d'une logique simple, pour aboutir à un verdict, et la complexité d'un couple dans toute sa richesse, toute sa densité. Et par extension, il s'agit d'un film sur le couple, sur l'impossibilité de connaître réellement l'intimité d'un couple, même ses propres parents (ou précisément ses propres parents). On n'en a que des bribes et un couple ne peut s'y résumer.

L'incroyable scène de dispute au cœur du film cristallise à elle seule le projet tout entier. Alors que je la regardais, que je la voyais durer, et ne pas m'ennuyer, ne pas me déranger, alors qu'elle aurait pu être malaisante, alors qu'on aurait pu vouloir, par empathie, qu'elle se termine, alors que je pouvais m'y identifier, que je la trouvais réaliste, je me suis rendu compte à quel point j'aimais les scènes de dispute, les scènes d'agôn, et j'ai immédiatement saisi leur point commun avec les scènes de tribunal, en tout cas ici : on assiste à une opposition de subjectivités, à deux camps adverses qui débattent, et le spectateur se retrouve juré, ne sachant plus pour qui prendre parti. Un coup, je me disais "il exagère", un coup je me dis "il a pas tort". De la même manière que la démonstration du premier spécialiste des projections de sang paraît être la seule possibilité avant qu'une seconde ne vienne te faire douter. Un vrai tour de force.

Parce que le doute demeure. L'autre scène-clé, c'est la discussion entre Daniel, le fils, et Marge, son espèce de protectrice là. Il dit qu'il ne sait plus quoi croire et elle rétorque qu'il peut décider, ce à quoi il répond un truc du genre "ça veut dire inventer qu'on est sûr?". Suite à ça, il offrira son dernier témoignage, sans doute décisif dans l'acquittement de sa mère, et il est intéressant de voir comment Triet choisit de mettre en scène cette illustration. L'enregistrement donnait lieu à (pour prendre une expression du langage cinématographique) un flashback, avec son direct. Le seul instant qui ne nous était pas montré concernait les coups car le son seul était justement ambigu. Mais les propos que le père aurait tenu dans la voiture et que le fils nous rapportent sont illustrés comme en playback. On a l'image du passé mais le son du témoignage, le discours du fils doublant l'image du père. La réalistrice opère-t-elle ce choix uniquement pour respecter la différence entre un document objectif et un témoignage ou bien est-ce une manière de laisser entendre que Daniel ment? D'ailleurs, il a raconté à Marge le souvenir du chien foncedé qui pue le vomi pour justifier son expérience mais pas cet épisode dans la voiture. Pourquoi? C'est lui qui s'est fait justice et la justice est aveugle...à cause de l'amour pour sa mère?
Quoiqu'il en soit, il a peur de retrouver sa mère et la serre dans ses bras dans un geste inversant les rôles du parent et de l'enfant, la consolant, mais le regard sur son visage ne trompe pas. Le frérot ne pourra jamais être sûr. On ne peut l'inventer.

Non vraiment, à un ou deux zooms près, j'ai trouvé ça très fort.

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MessagePosté: 30 Aoû 2023, 20:08 
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latique a écrit:
Lohmann a écrit:
Triet nous assène sans aucune finesse ce qui serait le fond de son cinéma (c'est particulièrement vrai dans La Bataille de Solférino, beaucoup plus douteux ensuite), que la réalité nourrisse la fiction, qu'elle en soit le terreau.
Le film est quand même plus fin que ça et n'oppose pas simplement l'une à l'autre: il me semble que ce que dit le film, c'est que sans fiction, la réalité est "aveugle" ; on ne voit rien, on ne comprend rien. Par exemple : les dizaines de bouts de scènes quotidiennes enregistrés par le mari sur sa clé USB (des conversations, des disputes, des monologues, le fils qui joue du piano, etc). Personne n'y comprend rien, ne voit ce que ça dit, où ca va, ni l'éditeur, ni les enquêteurs; tout ça est "réel" certes, mais son unité, son sens, est proprement illisible. Sans fiction qui leur donne forme, ces fragments de réel ne font apparaître aucune "réalité".
Il n'y a pas non plus d'opposition simple réalité/fiction au sens où les personnages, dans la "réalité" de leur vie de couple, se racontent eux-mêmes des histoires: sur qui ils sont, sur leur place dans le couple, dans la famille, sur leur responsabilité dans l'accident du fils... C'est ce que montre la scène de la dispute, où les personnages ne se disputent pas sur les faits mais sur leur interprétation. Et tout le trajet du fils dans le film montre également comment il écrit, au fur et à mesure, la fiction avec laquelle il pourra vivre.
Le film a une grande force tragique parce qu'il montre bien, en même temps, tout ce que ces fictions personnelles ont d'insuffisant, de précaire, de partiel, en l'absence de tout critère qui permettrait de trancher entre celles qui sont "vraies" et celles qui sont "mensongères".

latique, toujours il débarque après deux pages de topic pour drop une lecture géniale sur un film. Jtm

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Art Core a écrit:
Je crois que la thèse de l'accident est immédiatement évacuée parce que le montant de la fenêtre est trop haut.

Oui alors que j'ai justement l'impression qu'il est super bas.

Moi c'est surtout (déformation due aux films US peut-être) le fait que personne ne parle de l'absence de mobile pour elle. Même avec tous les témoignages et enregistrements, il a davantage de raisons de la tuer que l'inverse.

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Citation:
Et tout le trajet du fils dans le film montre également comment il écrit, au fur et à mesure, la fiction avec laquelle il pourra vivre.


Qui était d'ailleurs tout le propos d'Onoda, le précédent film d'Harari.

Beau texte Freak, sinon.


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