«J'ai acheté du gros flan» : Eicar, l'école de ciné qui ne vend que du rêve
Marie Piquemal
Propriété d'un groupe financier, l'école attire à chaque rentrée plus d'étudiants sur son campus parisien. Mais, selon des élèves que nous avons interrogés, le contenu de la formation est loin de ressembler à ce qui a été vendu : cours annulés, matériel indisponible... Peu osent s'en plaindre, de peur d'entacher leur «diplôme» de 24 ?000 euros.
Il parle en vitesse pendant sa pause au boulot - elle n'est pas extensible et il a beaucoup à dire. Dylan (1), 25 ans, est commercial dans une salle de sport. L'ambiance est bonne, mais ce n'était pas le plan. Il s'était fait une promesse devant Star Wars, à l'âge de 6 ans : travailler un jour dans le cinéma. «Mon enfance n'a pas été sympathique. Je me suis accroché à ce rêve.»
Les grandes écoles publiques, Louis-Lumière et la Fémis, sont ultrasélectives. Les formations privées, elles, sont chères, mais clignotent pour appâter. «Votre avenir ne dépend que de vous : Master Your Art», promet l'Eicar, qui vient de fêter ses 50 ans. Une institution solide, pense Dylan. Le site internet donne envie : des images d'étudiants joyeux derrière des caméras plus grandes qu'eux, la mention «anciens élèves primés à Cannes», le logo de reconnaissance de l'Etat, le label de Campus France, gage de qualité dans l'accueil des étudiants internationaux... Et puis, le campus flambant neuf de 6 900 m2 vitrés en bordure de Paris en impose.
Alors, d'un élan, convaincu que les rêves ont un prix, Dylan carbure pour payer les frais d'inscription. 24 000 euros pour trois ans de formation. C'est deux fois plus cher pour les étudiants qui viennent de l'étranger. Pendant des mois, Dylan délaisse la fac pour cumuler les boulots - pion la journée, livreur de pizzas la nuit tombée, manoeuvre sur les chantiers le week-end. Jusqu'à cet accident de scooter, un soir de fatigue. Cinq vis et une broche dans la jambe. «Je ne regrette pas mes efforts. Ce que je regrette, c'est le choix de l'école. Du flan. J'ai acheté du gros flan.»
«Un maximum d'argent le plus vite possible»
La désillusion n'est pas arrivée d'un coup, mais s'est immiscée peu à peu. «Au début, tu te dis que les problèmes, les cours annulés, tout ça, sont dus à des circonstances exceptionnelles, comme le Covid. Et puis tu comprends que non. Tu mesures le vide.» Au départ, il tenait à témoigner sous son identité - «ils m'ont volé mes rêves. Je suis en droit de dénoncer cette injustice». Puis, il s'est ravisé. Il dit craindre le pouvoir de nuisance de la direction et les ricochets dans le métier qui le fait tant rêver. La pression des camarades de promo a dû jouer, aussi - «si tu parles, tu nous tires à tous une balle dans le pied», «tu vas griller l'école, et nous avec». C'est l'un des va-tout des groupes financiers qui achètent ces écoles : les familles, même déçues de la formation, gardent le silence une fois les frais d'inscription payés, pour ne pas dévaluer le diplôme, et donc leur investissement.
A la fin de l'hiver, un courrier anonyme, signé par un collectif nommé «Alerte Eicar !», a soulevé le couvercle et mis la pagaille : «Il n'y a que vous, qui êtes des clients, qui pouvez faire pression pour améliorer les choses.» «Vous savez à présent que vous êtes victimes de maltraitance pédagogique.» «Exigez de connaître à l'avance le contenu pédagogique et le volume d'heures avant de vous engager. Exigez de travailler avec du matériel de qualité et en bon état. Exigez de pouvoir réaliser vos projets audiovisuels comme cela vous a été vendu lors de l'inscription.» Le texte a circulé dans l'Eicar, mais aussi dans les autres écoles de cinéma : il en existe une flopée. L'un des signataires du texte, enseignant dans l'audiovisuel, dit ne plus pouvoir se taire, tout en demandant l'anonymat. Il craint lui aussi les retombées dans ce «petit milieu». «Je ne peux plus supporter de voir ces familles à qui l'on pompe de l'argent en leur faisant croire que leur gamin deviendra réalisateur de fiction de télé ou de cinéma. Pareil pour les ingénieurs du son ! Combien sont passés par une école comme l'Eicar ? On les compte sur une main, en vingt ans. La vérité, c'est que, dans ces écoles, les directeurs n'en ont jamais rien eu à faire des débouchés. Sauf qu'aujourd'hui, c'est devenu du mensonge à l'échelle industrielle.»
Créée en 1972, l'Eicar a été rachetée en 2015 par le groupe privé Ynov, aujourd'hui détenu majoritairement par le fonds d'investissement Capza. L'enseignement supérieur privé est devenu un marché lucratif et prometteur. Aujourd'hui, un étudiant sur quatre suit des études supérieures dans le privé, et la proportion ne cesse d'augmenter. De quoi attirer les gros groupes financiers... Ynov aime se présenter comme «la référence française des formations aux métiers du digital» (informatique, jeux vidéo, architecture d'intérieur, audiovisuel...). Le groupe compte 9 500 étudiants et espère atteindre la barre des 15 000 d'ici trois ans. Trois nouveaux «campus» ont ouvert cette année à Lille, Rennes et Montpellier. Le fondateur-président du groupe, Lionel Desage, aujourd'hui actionnaire minoritaire, est un ancien judoka féru d'immobilier. Il se présente comme «un entrepreneur pur jus. Un racheteur de problèmes». Dans le passé, raconte-t-il, il a remis d'aplomb une maison de retraite, qu'il a ensuite revendue à un gros groupe. C'est en aidant un ami à redresser son école d'informatique qu'il a mis un pied dans l'enseignement supérieur en 2011. Il n'en est pas parti. Le secteur est, dit-il, plus facile d'accès et moins contraint à des autorisations administratives que les Ehpad. «La France a besoin de 400 000 talents pour ses entreprises et moins de 250 000 sont formés à ce jour, c'est notre contribution.»
«Leur seule ambition, c'est de faire un maximum d'argent le plus vite possible, déplore un autre signataire du courrier. Ynov est dans la même logique financière que les autres groupes présents sur ce juteux marché de l'éducation.» Lionel Desage regrette cette vision «caricaturale et fausse entre public et privé». Dans la phrase suivante, il refuse d'être comparé à certains autres acteurs du secteur qui gèrent plusieurs dizaines de «marques [des écoles, ndlr]», alors que lui n'en chapeaute que deux (Eicar et Ynov).
«L'école nous a vendu une coquille vide»
Les témoignages de l'intérieur, eux, se ressemblent. A l'Eicar, plusieurs employés décrivent la précarisation de l'équipe pédagogique. «Les gens sont terrorisés de se faire virer. Les équipes pédagogiques sont épuisées, beaucoup craquent.» Lors du comité social et économique de mars, l'instance de représentation du personnel, les élus ont interpellé : «Nous ne pouvons plus tolérer de retrouver des collègues en larmes, et nous devons trouver des solutions pour éviter que cela se reproduise.» Réponse de la direction : «Ce que laisse sous-entendre votre question, c'est que ce serait une situation généralisée, ce que nous réfutons.» Par téléphone, le président du groupe concède, lui, «un problème RH entre la direction et certains salariés», qui s'est manifesté à travers ce courrier anonyme «diffamatoire». Le groupe affirme avoir déposé plainte auprès du procureur de la République. Quelques jours après notre échange téléphonique, le directeur de l'école, François Villet, a annoncé à ses équipes son départ dans le courant de l'été, «une décision prise depuis plusieurs mois pour se rapprocher de sa famille», précise le chargé de communication.
Est notamment pointée du doigt la taille des promotions, qui ne cessent de grossir sans tenir compte du profil des étudiants. En deux ans, à l'Eicar, les effectifs sont passés de 850 à 1 200 étudiants. «Le directeur disait l'autre jour que l'école dépasserait bientôt les 1 500 élèves sur le campus, comme si c'était le plus important !» rapporte un élève en deuxième année. Le collectif dénonce dans le courrier le concours d'entrée, qui serait un simple «jeu de rôle pour rassurer les parents». Un ancien membre de l'Eicar, au pôle admission, confirme : «Il est vrai que, sauf rares exceptions, tout le monde est pris.» Lionel Desage retourne la question : «Dites-nous sur quels critères sélectionner un étudiant à la sortie du bac pour une formation cinéma ? Ce n'est pas si facile ! C'est très dur.»
A la suite du courrier, le collectif a reçu une quinzaine de témoignages d'étudiants et de parents, que Libération a consultés et recoupés. Ce qui frappe d'abord, c'est la désolation de ces jeunes, stoppés dans leurs rêves. «Lire votre mail a été pour moi irréaliste tellement je l'attendais. [...] Je me suis retrouvée endettée dès mes 18 ans pour accomplir un rêve qui s'est transformé en cauchemar et qui m'a dégoûtée du cinéma», écrit une étudiante de troisième année. Une autre : «Nous ne sommes donc pas fous, il y a un véritable problème. On nous a toujours dit que c'était nous le problème, et c'était à nous de nous adapter à l'école.» Un jeune homme exprime dans une lettre de trois pages sa passion pour le métier, sa joie totale d'intégrer cette école, et son investissement quotidien, à passer des heures à souder des câbles pour que les machines fonctionnent, à bidouiller avec les moyens du bord pour qu'au moins, les cours suivants, les camarades puissent bosser. Il conclut sa lettre par ces mots : «Je suis catastrophé et très scandalisé d'avoir investi trois de mes années dans cette école qui nous a vendu une coquille vide. [...] On joue avec l'avenir des jeunes pour faire des profits.»
Mises bout à bout, leurs expériences laissent penser à un système. «En y repensant, l'école donne toujours "tout" la première année, parce qu'une fois que tu as payé pour une année, il est difficile de ne plus continuer sans avoir en tête "merde, si j'arrête là, j'ai perdu 8 000 [euros] pour rien"», écrit une jeune fille. Ludwig (1), en troisième année de bachelor son et musique, est convaincu lui aussi que tout est «pensé» dès le début. Comme cette promesse de 500 heures de cours annuelles. «Je me souviens parfaitement de ce chiffre. C'était l'un de leurs arguments lors du salon étudiant. Mes parents peuvent en attester, et mes camarades l'ont entendu aussi. On n'a pas rêvé.» Il a pourtant recherché la plaquette en papier glacé distribuée par l'Eicar lors de l'inscription : nulle part il n'est fait mention du volume horaire...
Le compte d'heures, disent-ils, n'y est pas. L'année étudiante tient pour la plupart des formations sur seize semaines, entre fin septembre et début avril, avec des semaines à trous. Les cours sont soit le matin soit l'après-midi... Quand ils ont lieu. Tous les étudiants que nous avons interrogés déplorent les annulations en pagaille, pour cause de prof absent ou de matériel défectueux, sans que les cours ne semblent reprogrammés. Ludwig a fait son propre décompte et dit être en dessous des 100 heures de cours réelles dans l'année écoulée. «Mais je ne peux rien prouver, il n'y a plus de trace de notre emploi du temps dans Hyperplanning [le logiciel interne, ndlr]. Il s'efface au fur et à mesure ! Est-ce fait exprès ?»
«On est livrés à nous-mêmes»
Interrogée, la direction de l'école conteste de bout en bout. «Tout cours annulé est systématiquement reprogrammé», soutient Lionel Desage. Le chiffre de 500 heures ne correspond à rien, dit-il : «La plupart de nos formations comptent 1 000 heures de formation par an. On est transparent, on met à votre disposition notre [Hyperplanning], venez nous voir quand vous voulez.» Il ajoute : «Les étudiants s'imaginent des choses. Ils se font manipuler par des professeurs réfractaires au changement. Les étudiants sont un public facile à mobiliser. Ceux qui ne sont pas contents sont les moins investis dans l'école. Les mêmes qui ne viennent pas en cours.» François Villet, le directeur de l'école, précise par écrit : «La volumétrie horaire des deux bachelors a été harmonisée et réorganisée par rapport aux années précédentes, selon les besoins des évolutions pédagogiques. Il n'y a donc pas eu de baisse, mais au contraire des hausses de temps d'apprentissage. La nouvelle organisation pédagogique se construit ainsi : un cycle de cours suivi d'un cycle de projet, et ce plusieurs fois dans l'année.» Exemple dans la filière son et musique : 530 heures de cours «face à face» (magistraux), 432 heures de «temps encadrés» (pratique) et 40 heures d'anglais, selon la direction. Ces données ne correspondent pas aux éléments auxquels nous avons eu accès par l'une de nos sources, faisant état de moins de 400 heures «face à face» programmées... Les écarts entre la direction et les témoignages recueillis en interne sont plus flagrants encore sur les «temps encadrés» pour mener des projets.
Dans ces écoles, la «pratique» est vendue comme le gros atout pour préparer au marché du travail. Les directions justifient ainsi les coûts de scolarité par rapport aux cursus universitaires. A l'Eicar, entre les semaines de cours s'intercalent donc des plages libres de projets. Sur le papier, les étudiants adorent. D'autant que le campus est top : huit plateaux de tournage, une salle de ciné, 30 stations de postproduction, un studio d'enregistrement.... «Les locaux sont beaux oui, mais on est très souvent livrés à nous-mêmes, estime un ancien étudiant en bachelor réalisation. On se retrouve seul, sans avoir eu les bases théoriques. Par exemple, apprendre qu'en filmant de telle ou telle manière, on peut apporter telle ou telle émotion...»
Dylan est encore plus amer : «Il faut avoir de la chance pour pouvoir tourner ! Parce que les occasions sont rares. Dans ma promo, plusieurs étudiants ont achevé leur cursus sans avoir fait aucune réalisation.» Léo (1) en fait partie : «La première année, mon tournage a été annulé à cause des restrictions sanitaires liées au Covid. Ce que je n'avais pas compris, c'est que je n'aurais plus de possibilité les deux autres suivantes. Je précise que j'étais en bachelor réalisation. Mon book est vide.» Dylan et Léo racontent que, dans leur promo, seuls six ou sept étudiants étaient autorisés à tourner à chaque atelier... et souvent les mêmes d'une session à l'autre. Un membre de l'équipe pédagogique confirme : «Les élèves tournent beaucoup moins qu'avant, pour une raison simple : le nombre d'étudiants a explosé, sans que les équipes d'encadrement ne soient renforcées, ni les achats de matériel.» La direction, qui indique avoir «maintenu 360 000 euros d'investissement annuel», a trouvé la parade, selon lui : «Les étudiants doivent présenter un dossier de production pour les préparer aux réalités du métier. De façon insidieuse, la direction s'en sert pour limiter le nombre de tournage. Seul un petit nombre est sélectionné, les autres s'entendent dire que leur dossier n'est pas bon.» Lionel Desage : «Ils travaillent en groupe de huit à douze étudiants, c'est le fonctionnement normal.»
Gaïus (1), 20 ans : «Quand tu n'es pas sélectionné, tu es censé te greffer à un projet de camarade. En vrai, tu restes sur ton canap.» Lui vit chez ses parents dans le XVIIIe arrondissement de Paris. C'est sa grand-mère qui paie les frais de scolarité. Son père raconte ses doutes, puis ses désillusions au fil des mois, de voir son fils, pourtant passionné, rester à la maison à ne rien faire. La difficulté, aussi, à se mobiliser - «mon fils préfère que je reste à l'écart, c'est compliqué à cet âge-là». Il s'interroge : l'enseignement n'est-il pas réglementé, dans la mesure où les formations comme celles proposées par l'Eicar sont certifiées par les autorités publiques ? Pour les bachelors (cursus «maison» en trois ans), la réglementation ne repose pas sur le volume horaire de cours mais sur le taux d'insertion professionnelle, sésame pour avoir un titre RNCP (répertoire national des certifications professionnelles). Un taux d'insertion calculé... à partir de questionnaires envoyés aux étudiants sortants. «Nous réalisons ces enquêtes par mails et entretiens téléphoniques, ce sont effectivement des données déclarées par les étudiants (comme dans toutes les écoles en France)», répond l'école, qui répète suivre à la lettre les critères légaux.
«Des locaux très beaux mais sans rien dedans»
Pour les BTS, le diplôme ayant une valeur nationale, les choses sont un peu différentes : les étudiants passent devant un jury de l'éducation nationale, donc extérieur à l'école. Dans la promo du BTS audiovisuel, seuls huit étudiants sur 21 ont été reçus l'année dernière. La direction, irritée : «Ce n'était pas une bonne promo. Cela arrive qu'il y ait des problèmes conjoncturels dans une organisation comme la nôtre.» Sauf que, quand les recalés ont débarqué dans le bureau du directeur pour réclamer des comptes, notamment sur le nombre de cours annulés au cours de l'année, ce dernier leur a proposé... d'intégrer une troisième année de bachelor dans l'école. Et donc de repayer 8 500 euros. «C'était ça ou on perdait tout», raconte Quentin (1). «Coincé», il a accepté. Dans sa nouvelle promo, la moitié des étudiants sont dans la même situation que lui.
L'an dernier, des parents ont aussi dû faire du chahut dans le grand hall pour forcer la direction : les licences des logiciels indispensables pour apprendre le métier avaient toutes été regroupées à Mérignac, près de Bordeaux, le siège du groupe. Certainement pour faire des économies d'échelle... Malin, à un détail près : à distance, les serveurs plantent sans cesse. «Nous avons mis beaucoup de temps pour trouver une solution satisfaisante», reconnaît la direction. Le coordinateur pédagogique de la section - étudiant l'année d'avant - avait alerté la direction à maintes reprises. Jusqu'à faire lui-même les demandes de devis... «Je m'épuisais à la tâche pour rien. Peu importaient les efforts, je voyais que le service pour les élèves n'était pas rendu. Nous n'étions pas assez pour que ça fonctionne.» Depuis, il a démissionné et quitté Paris. La direction recrute des étudiants dès la sortie de l'école pour occuper des postes d'assistant de coordination pédagogique. Ils sont une brochette, motivés, mais avec une charge de travail et de responsabilité trop importante. Certains se retrouvent à donner des cours aux premières années. Dans leurs lettres, les étudiants citent ces jeunes salariés dévoués, quasiment de leur âge, qui s'épuisent.
Alors, pour arriver à tourner, ceux qui le peuvent viennent avec leur propre matériel. Gaïus tanne ses parents depuis des mois pour s'équiper. «C'est le seul moyen si tu veux faire quelque chose de tes journées. Tous ceux qui ont les moyens viennent à l'école avec leur propre matos.» Il explique cette histoire de liste des «privés de matériel» que tient à jour l'administration, dans laquelle on a vite fait d'apparaître. «Il suffit que tu fasses partie d'une équipe qui n'a pas rendu le matériel dans le délai, et tu es blacklisté. Même si tu étais chez toi, à rien faire.» Il dit aussi : «J'ai l'impression de payer pour du luxe. Des locaux immenses et très beaux mais sans rien dedans.» Exception faite, peut-être, des journées portes ouvertes. Là, c'est open bar. Les grosses caméras sont de sortie, les étudiants encouragés à tourner. Tout est fait pour que les projets soient programmés ces journées-là. «Les responsables pédagogiques insistent lourdement pour ces dates», confirme un ancien étudiant. Il soupire. Rembobine trois ans plus tôt : «C'est en les voyant, derrière leurs caméras, que j'ai décidé de m'inscrire. Je n'avais qu'une envie, c'est d'être à leur place.» Il a terminé son cursus sans avoir tourné un seul projet. Son diplôme lui est parvenu fin novembre. Pas de cérémonie un peu sympa, ni même d'envoi dans une belle enveloppe. Un simple mail, avec le diplôme en PDF.