Forum de FilmDeCulte

En trois longs métrages seulement, les obsessions formelles et thématiques de Robert Eggers continuent de prendre forme en un tout cohérent et pourtant jamais répétitif. Inspiré de la légende scandinave d'Amleth, celle-là même qui servit de source à la célèbre pièce de Shakespeare, The Northman est une nouvelle preuve de la fascination du cinéaste pour le folklore et les rites. Chez Eggers, on questionne sans cesse le réel, ce qui l'est ou pas, ce qui relève de l'hallucination, mais l'existence de la sorcellerie ou bien encore celle des dieux sont des données indiscutables dans les univers favorisés par l'auteur. Un parti-pris qui va de pair avec la désormais coutumière recherche de véracité d'Eggers, qu'il s'agisse de la reconstitution ou de la mise en scène. Néanmoins, pour s'atteler à cette épopée viking, Eggers a répondu aux sirènes de producteurs avec davantage de moyens que pour ses deux précédents films et donc avec davantage de contraintes. Sans aller jusqu'à se compromettre, il a choisi sciemment de livrer cette fois-ci une copie plus mainstream, et si le film est une réussite indéniablement personnelle, notamment dans le rapport à la foi, il s'avère également plus conventionnel d'un point de vue narratif.

The Witch puisait ses dialogues d'antan dans des retranscriptions de procès de sorcières tandis que The Lighthouse s'inspirait de journaux de bord tenus par des marins et gardiens de phares. L'authenticité qui naît irrémédiablement d'un vocabulaire aussi idiosyncratique y était beaucoup dans l'expérience particulière proposée par Eggers. Avec une action située pour la première fois ailleurs qu'en Amérique du Nord, Eggers avoue ne pas avoir osé "faire une Mel Gibson" et opté plutôt pour une entorse linguistique depuis toujours tacitement acceptée par le public : tout le monde parle anglais. Certes, il s'agit d'une grammaire singeant un phrasé "d'époque" mais il n'empêche que le langage n'est par conséquent pas aussi immersif que pour ses deux précédents essais. Néanmoins, là où le metteur en scène parvient à nous transporter, c'est par le biais de ses incroyables plans-séquences qui plongent le spectateur dans la réalité de l'époque tout en épousant la subjectivité d'un protagoniste mû par son destin, inéluctable.

Une nouvelle fois, après le puritanisme oppressant de la famille pèlerine de The Witch et la soumission dans l'espoir de l'illumination de The Lighthouse, Eggers questionne le rapport de son personnage à ses croyances. N'est-il pas absurde de dédier sa vie à une quête de vengeance quitte à passer à côté, sous prétexte que c'est écrit ou que l'honneur l'impose? En adaptant un texte ancestral qui a servi de modèle à bien des récits de représailles, en un sens le ur-conte de revanche, le cinéaste semble même interroger directement ce type d'histoire et de schéma narratif. Pour ce faire, il ne peut éviter toutefois quelques codes éculés qui participent à rendre le film plus accessible. Parfois un peu sur des rails, notamment dans son tiers central, The Northman tarde à retrouver la rage sauvage qui incarne son premier acte envoûtant, martelant son imagerie primale et fantastique. Renvoyant tout autant à Conan le Barbare, une référence assumée par Eggers, qu'au Roi Lion, une ressemblance peut-être moins volontaire, le voyage, pas si éloigné de l'expérience The Green Knight, a de quoi enivrer.

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Cool.



Moins cool.

Non pas que les Vikings m'intéressent plus que de raison, mais rien que pour ça je tenterai quand même le coup malgré ce que m'inspire jusque là le travail d'Eggers. Curiosité morbide de voir aussi jusqu'où cette clique de cinéastes est capable d'aller dans la "déconstruction" d'éléments culturels qui semblent surtout profondément mal appréhendés et mal compris. Cette fusion que tu sembles suggérer entre pulp et proto-Shakespeare devrait fonctionner, en tout cas je suis curieux.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Le plus gros malaise actuel sur le Twitter ciné fr c'est le couple M.Bizet et M.Van Osen qui ont systématiquement les mêmes avis éclatés sur les films (elle poste toujours un peu après lui, la meuf a l'air d'avoir littéralement zéro personnalité).

https://twitter.com/MoBizet/status/1524140646176542784
https://twitter.com/MimeOsen/status/1524285463779069954

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CroqAnimement votre

Je dirais même plus, le plus gros malaise sur le Twitter ciné fr ce sont les couples.

En effet, à part la convention de la langue, l'immersion est forte. La reconstitution semble être très précise, documentée, proche de la réalité historique. La mise en scène ample et généreuse (ya des plans de ouf) nous immerge au plus près des éléments: on sent le froid, la neige, la boue, la chair, la pluie, le vent, le feu... Une physicalité incarnée également par le cast qui se donne à corps et à cris dans l'entreprise. Bref, s'il y a du CGI, c'est imperceptible et on est dans une matérialité qui m'a rappelé The Last Duel ou encore The Revenant. Les blessures font mal. Et le sang gicle pas mal. Superbe travail aussi de la photo avec des noirs bien noirs. Rien que pour ce spectacle, avec la BO de circonstance, faut le voir en salle.
Ce qui m'a un peu déconcerté c'est que dans cette fresque """réaliste""", Eggers y insère quelques éléments oniriques, et qu'il semble se retenir pour pousser le curseur du fantastique... J'ai eu l'impression que par moments, il ne savait plus trop sur quel pied danser. Entre physicalité totale et trip onirique, le film a un côté hybride, pas toujours assumé. J'ai du mal à exprimer mon sentiment, mais j'ai eu l'impression qu'il aurait pu aller plus loin, que ce soit dans l'un ou dans l'autre.
Il faut dire aussi que le scénar n'est pas franchement passionnant (Amleth > Hamlet), il y a bien quelques longueurs sur l'ensemble (surtout au milieu), mais on ne s'ennuie pas non plus grâce à la générosité esthétique et puis le jusqu'au-boutisme de Amleth, perdu corps et âme dans cette prison qu'est le désir de vengeance, est quand même accrocheur.
Certains seront sans doute fatigués par le sérieux un peu pompeux de l'entreprise, le premier degré criard, la surenchère dans la barbarie, mais j'ai vraiment apprécié le spectacle.
Bref, une chouette séance, mais pas non plus un film qui va me rester... Et pour la 3e fois consécutive avec Robert Eggers, je plafonne à un 4/6, séduit et respectueux, mais pas plus.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

"Pastiche malheureux de Shakespeare"... Mais..??? C'est justement l'histoire qui a inspiré Shakepeare.. Elle est con?

Notons aussi qu'entre les nombreuses effusions de testostérone, il y a deux super rôles féminins, Anya Taylor-Joy et Nicole Kidman, toutes deux impeccables.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ce ne sont en tout cas pas les seuls à accueillir très fraichement le film.

https://www.allocine.fr/film/fichefilm-278182/critiques/presse/

Comme je le dis dans mon avis, je comprends tout à fait que le film puisse diviser, mais reprocher au film de plagier Shakespeare, c'est juste LOL...

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Aucun problème à ne pas aimer le film (que j'ai pas vu) mais juste les tweets sentent tellement la pose dans l'exagération que pour moi c'est poubelle direct, "rien à sauver", "navet", "pire film de l'année"... MAis les deux sont spécialistes de ça (enfin surtout lui, elle, se contente de suivre et de plagier ses avis).

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CroqAnimement votre

MAis qui sont ces gens dont vous lisez les avis ?

Tout simplement Twitter

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CroqAnimement votre

Après, on choisit aussi qui on suit.......

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C'est vraiment un truc que j'ai du mal à comprendre. Sur les réseaux sociaux, je ne regarde que les gens que je connais d'ailleurs ( forum, écrits, etc).

Cela me viendrait pas à l'idée d'aller regardes des gens que je connais ni d'ève ni d' adam. D’ailleurs, il y a trop de quidams pour que je trouve même des sujets qui m'intéressent .

Bah c'est comme lire une revue dont les rédacteurs ont des avis qui t'intéressent.
C'est pourquoi je ne suis pas n'importe qui non plus. Art Core fait du hate follow.

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Morgan Bizet est rédacteur à Chaos (et il fait aussi parti du Malausa gang).