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MessagePosté: 12 Aoû 2007, 14:05 
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en fait c'est une critique groupée avec Le Dernier des fous, parce que, malin, MK2 édite les deux à une semaine d'intervalle, et ça créé des correspondances entre les deux films, qui n'ont pas été il me semble évoquées jusqu'à présent.

Mais bon, j'intitule mon topic "The Other", parce que je continue à trouver que le film d'Achard est raté.

AUX FRONTIÈRES DU RÉEL

À en croire les exégètes du cinéma fantastique qui, à raison, s'enthousiasment d'apprendre l'édition du classique oublié de Robert Mulligan, The Other aurait ceci de remarquable qu'il prendrait un pli réaliste, dans un genre qui, par nature, ne le prendrait que rarement. Après visionnage, on se pince pour le croire. Si Mulligan se repose bien sur un ancrage historique précis, reconstituant l'Amérique rurale de la Grande Dépression, les cartes postales, façon Petite maison dans la prairie (la série sera créée deux ans plus tard), qu'envoie le film ne sont jamais figées dans un souci de réalisme. Et ceci dès le plan d'ouverture, vision arcadienne et onirique, nimbée d'une lumière céleste renvoyant directement à l'imagerie du conte. La mise en scène s'appliquera ainsi, tout le métrage durant, à vicier les chromos, dérangeant la paisibilité de la nature champêtre par une utilisation peu conventionnelle et insistante de zooms inquiétants, et affirmant son étrangeté par un montage très cut, favorisant les visions fantasmagoriques (la première apparition de la mère est quasi-ectoplasmique).

Un des partis-pris de mise en scène les plus étonnants est révélé par le générique final: The Other est en effet écrit et monté de telle manière qu'il semble ne faire aucun doute que les jumeaux Niles et Holland sont incarnés par un seul et même acteur. Mulligan ne les amène jamais à partager le même cadre – tout juste sont-ils, exceptionnellement, reliés dans le même plan, à l'occasion de quelques travellings ou panos qu'on suppose truqués (on note aussi de rares plans de dos, comme lors de la séquence du chapiteau, et l'on suppose alors que Mulligan eut recours à une doublure), le reste se composant de champs/contrechamps très finement exécutés, où le seul jeu des regards et de la composition des plans suffit à distribuer les deux enfants dans l'espace (une gageure, étant donné qu'outre leur parfaite ressemblance, les frères sont presque toujours habillés à l'identique). La surprise est donc de taille lorsque l'on découvre que Mulligan fit appel à de vrais jumeaux, les frères Udvarnoky! Épatant coup de bluff…

LE NATURALISME N'EST PAS UN SURRÉALISME

Puisqu'on parle gémellité: le hasard des sorties fait coïncider celle de The Other avec l'édition DVD du Dernier des fous de Laurent Achard. On avait déjà pu dire, lors de la sortie de ce dernier en salle, combien cette "suite" théorique au splendide court métrage La Peur, petit chasseur…, nous avait déçu. Le rapprocher du film de Mulligan, arbitrairement, Achard ne s'en réclamant, à notre connaissance, pas ouvertement (mais on soupçonne MK2 d'avoir senti l'éventuelle filiation, en éditant les deux galettes dans la foulée), permet, d'une certaine manière, d'en mieux comprendre certains écueils. Les liens narratifs unissant The Other et Le Dernier des fous sont en effet nombreux: contexte (ferme isolée), personnages (gamin étrange, frère tantôt aimant tantôt violent, père plus ou moins absent, mère dépressive, aïeule compréhensive…), résolution (un carnage dans les deux cas) et ancrage "réaliste" du genre (on a déjà dit plus haut ce qu'on pensait de l'usage du terme pour le film de Mulligan). Cette dernière entrée vaut sans doute plus encore pour le film d'Achard, qui pose avec insistance son contexte socio-économique, comme une excuse préalable – et très franco-française – à l'irruption fantastique à venir.

Cette trop grande politesse se retrouvera à tous les étages: étouffé par ses références, plus ou moins bien digérées (voyez cette idée très hexagonale, supposant qu'un acteur sous-jouant est forcément Bressonien), Achard jongle tant bien que mal entre le naturalisme qui s'impose à lui et ses aspirations stylistiques. À force de vouloir en croquer sans trop oser y toucher, de préférer la distance et la froideur au plain-pied (contrairement à un Mulligan qui, jamais frileux, compte sur la solidité de sa mise en scène pour faire passer les pilules potentiellement ridicules – cf. la mort de Mrs Rowe), le film chemine petitement jusqu'à un climax grotesque et embarrassant. Ainsi, là où The Other n'hésitait pas à mettre d'emblée les pieds dans le plat, Le Dernier des fous perd l'essentiel de son temps – et de son crédit – à (échouer à) préparer le glissement du terrain naturaliste vers le fantastique à venir. L'honnêteté nous oblige à répéter qu'un tel mal n'a, par chez nous, trois fois hélas, que trop d'exemples (vous avez dit Lemming?).


L'Autre en VF.

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MessagePosté: 12 Aoû 2007, 22:31 
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Tiens ben j'ai justement revu THE OTHER aujourd'hui. Eh ben j'adore toujours autant. C'est vraiment super bien branlé, y a une belle ambiance, des beaux persos (à part peut-être la mère, un peu caricaturale), de la vraie mise en scène et un final qui rigole pas : tout ce que j'aime.


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MessagePosté: 12 Aoû 2007, 22:45 
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Mister Zob a écrit:
(à part peut-être la mère, un peu caricaturale)


je pense que c'est tout aussi voulu que pour les jumeaux... c'est histoire qu'on s'imagine un temps qu'elle n'existe que dans sa tête, ou qu'elle est un fantôme... le fait qu'elle soit en fait bel et bien vivante et folle à ce point, ce qu'on finit par comprendre, est terrifiant...

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MessagePosté: 13 Aoû 2007, 01:03 
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Ouais, en y repensant, c'est peut-être plus le jeu de l'actrice que le perso lui-même qui m'a un peu gêné...


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MessagePosté: 06 Oct 2008, 23:40 
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Matou miteux
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Moi qui suis champion pour me faire balader comme une truffe avec ce genre de mécanique, je crois que

le twist


... est grillable genre au bout de 2 plans et demi. Voulu ou non (enfin ça serait tout à fait con si c'était voulu), ça annonce ensuite une première heure qui se dégonfle toute seule (parce que c'est, en plus, assez mou, avec deux morts molles) avec certes un savoir-faire formel mais qui se moule assez avec les canons classiques d'époque. Ca ne tente guère plus de choses ensuite, et même la fin horrible, enfin, pas la fin fin, celle

du bébé


... tombe plutôt à plat. Des enjeux éventés, pas de tension, et surtout une mise en scène assez éléphantesque quand il s'agit de ne jamais filmer les gamins dans le même cadre. La fin (la fin fin, elle), avec la meuf qui fait le saut de l'ange, flirte avec le ridicule. Je m'attendais à du classique aux petits oignons, ben paf.

2/6

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MessagePosté: 07 Oct 2008, 11:45 
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Bah,
vu le titre du film, j'ai jamais considéré ça comme un twist... Du coup la suite ne ressemble pas pour moi à un artifice de mise en scène raté mais génère plutôt une ambiance bien glauque. Cela dit, comme pour beaucoup de films à ambiance "old school", c'est toujours un pari risqué et ça fonctionne pas sur tout le monde.


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MessagePosté: 07 Oct 2008, 11:51 
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Matou miteux
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Oui parce que pour le coup je vois pas bien en quoi le titre fait que ça n'est pas caché sous la nappe... pourquoi faire la scène d'emphase-révélation devant

la tombe


alors, puisque ça tombe sous le sens?

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MessagePosté: 07 Oct 2008, 11:58 
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Bah pour moi, cette révélation, elle est vraiment
que pour le gamin lui-même... Quant au titre, bah je sais pas, ça doit être mon esprit trop rodé à ce genre de trucs, mais j'ai intuité direct.


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MessagePosté: 07 Oct 2008, 12:06 
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Matou miteux
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Bah pour moi le titre c'est une histoire de jumeau démon.

*mec terre à terre*

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MessagePosté: 07 Oct 2008, 14:32 
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Mister Zob a écrit:
Bah pour moi, cette révélation, elle est vraiment
que pour le gamin lui-même... .


absolument oui, aucun twist pour le spectateur, révélation pour le personnage, la mise en scène indique en permanence ce que bliss nomme "twist" ici, rien 'nest caché.

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