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MessagePosté: 06 Nov 2006, 13:43 
Tetsuo a écrit:
Jericho Cane a écrit:
Tetsuo, oublie un peu l'Art 5 minutes, et prends des vacances aux Caraïbes...

Ces deux requêtes sont hélas impossibles. Il va falloir me supporter encore longtemps...

Oh, je m'en fous. C'est triste pour toi, c'est tout.


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MessagePosté: 06 Nov 2006, 14:06 
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Tetsuo a écrit:
Quel genre ?


Certains aspects de la science, l'architecture (non-artistique), d'une manière générale la résolution de problèmes...

Tetsuo a écrit:
Voilà, c'est exactement ça, je reproche à la mise en scène d'avoir un sens. De prendre chaque figure ou motif et de leur donner une signification, ou une fonction précise. C'est du rapport d'égalité, c'est une conception intellectuelle du cinéma, pas de l'inspiration.


Est-ce que ca en fait du mauvais cinéma? Du "faux" cinéma? Je trouve ca abbérant tellement ca nie des centaines d'oeuvres dans le cinéma et ailleurs.
Après tu défends l'art comme moyen d'expression... mais s'exprimer, c'est aussi exprimer du sens!

Tetsuo a écrit:
Tu sembles confondre sens et signification avec sens de lecture. Ce que tu décris là c'est TA lecture de la séquence. C'est une lecture probable, pertinente même, autorisée par le film, mais absolument rien ne te permet d'affirmer qu'elle a, de façon absolue, cette signification, ce sens.


Je ne confonds rien du tout... parce qu'il n'y a pas de différence. Quel est le sens qui existerait en dehors de la lecture des spectateurs? Quel est ce sens qu'on pourrait affirmer de manière absolue? Celui que tu as décidé toi? Il n'y a rien d'autre que des interprétations, et je n'ai jamais cherché à dire une signification objective... je mettais l'accent sur des mécanismes de donné du sens, ce n'est pas la même chose.

Tetsuo a écrit:
Je pense que le cinéma est un vecteur d'émotion. J'y vais pour être ému.


Et tu ne peux pas concevoir que certains y aillent pour autre chose sans que ca fasse du cinéma qu'ils apprécient des films sans inspiration, mauvais ou je ne sais quoi?

Tetsuo a écrit:
L'idée est la même.


Heu si tu crois que Magritte et Duchamp c'est la même chose il y a un problème...

Tetsuo a écrit:
Tu confonds représenté et idée. Les oeuvres des surréalistes (certaines en tout cas) ne valent que par leur idée-concept. Le tableau en soit ne vaut pas plus que cette idée à laquelle il se résume. Ce qui n'est pas du tout le cas des peintures du Christ de la renaissance qui ne valent pas par leur sujet mais dans la manière dont ils sont représentés (conposition, lumière, motif symbolique etc...). Ca n'a strictement rien à voir, c'est même l'opposé.


Arrête de dire que je confonds quoi que se soit. Là tu appliques des théories arbitraires. Qu'est-ce qui te permet de dire que les tableaux des surréalistes ne valent que par leur idée-concept? Chez Duchamp oui. Mais n'est pas un surréaliste! Chez Magritte, le traitement est la plupart du temps aussi important que la représentation, pareil chez Ernst ou Dali... Prends "L'empire des lumières"... est-ce que le tableau se résume au concept d'user d'une lumière irréaliste? Bien sur que non, c'est la réalisation de cette idée qui crée le tableau, sa mise en forme, dans le contraste entre la maison et le ciel, dans la séparation des deux scènes et la distinction des deux lumières... D'ailleurs Magritte explique dans un texte qui accompagne ce tableau que la conception du tableau n'est pas visible, on ne peut pas voir un idée... ce que le tableau représente, "c'est ce qui est visible pour les yeux, c'est ou ce sont les choses pour lesquelles cette idée était nécessaire." Ce n'est pas du tout un rapport du collage d'un sens à une image, mais un rapport de représentation...
Il ajoute : "cette évocation de la nuit et du jour me semble douée du pouvoir de nous surprendre et de nous enchanter. J'appelle ce pouvoir : la poésie." Ca va en l'encontre de tout ce que tu dis...

Si on prend le fameux "le trahison des images", on est plus proche de ce que tu critiques. On est ici dans une forme de représentation d'une idée. Mais est-ce que pour autant le tableau se résume à l'idée qui en amène la création? Non, l'idée, le concept, c'est justement la création d'un tableau qui donne à penser sur la nature du tableau lui-même... sans le tableau, sans cette pipe là, l'idée n'est rien d'autre qu'une idée parmi d'autres. Certes, on est plus dans les catégories formelles traditionnelles, mais ca ne rend pas l'oeuvre négligeable pour autant. Le concept appartient au processus de création, la création elle-même comme oeuvre ne s'y résume pas, et regarder le tableau, l'experimenter ne consiste pas à retrouver le concept derrière le tableau, mais à être dans un questionnement uniquement rendu possible par la forme du tableau, aussi banale techniquement soit-elle.

Bref, il faut arrêter de tout généraliser!

Tetsuo a écrit:
Bon, arrête de t'enflamer comme ça. Il existe dans la formulation même de l'idée, dans son concept (car finalement ce n'est qu'un concept). La Joconde avec des mousatches, point. Va définir le radeau de la méduse de cette manière, ou mêmes la Joncode. Donc oui, quelque part, ça existe avant d'avoir été peint.


Mais c'est très facile de "définir" "le radeau de la méduse". On peut dire que c'est "une représentation picturale du naufrage de la frégate La Méduse de 1816". Ca ne fait pas exister le tableau dans son concept pour autant, ou alors ca en fait exister une infinité de tableaux possibles. En fait ce n'est pas une définition, mais une description, dans les deux cas. On peut le faire avec tous les tableaux. Je pourrai décrire la joconde avec les moustaches d'une autre manière, dire "c'est le portrait d'une femme avec deux étranges traits noirs sous le nez" (si je ne suis pas de culture occidentale par exemple, si je ne connais pas la joconde). Il y a sans doute plus de manières de décrire "le radeau de la méduse" que le tableau de Duchamp mais ca ne crée pas une différence ontologique pour autant. On peut formuler un concept d'un tableau, mais ca ne fait pas exister le tableau précis, ca permet juste d'en imaginer une infinité... Ontologiquement, c'est faux de dire que la tableau existe avant. A moins de croire au monde des idées de Platon.

Tetsuo a écrit:
Ca c'est toi qui le dit. Pour moi Good night and good luck c'est la même chose que Traffic (en moins racolleur) : c'est apposer un style pré-défini à un sujet prétentieux.


Comme c'est toi qui le dis dans le cas de Traffic et le reste... donc tu assumes bien que ta distinction est totalement subjective!

Tetsuo a écrit:
C'est complêtement faux et je viens d'expliquer pourquoi.


Non, tu viens de prouver le contraire, en ramenant tout toujours à des arguments fallacieux fondés sur des théories arbitraires et des décisions que tu prends personnellement pour juger les films.

Tetsuo a écrit:
Ta thèse est biaisé par une idée un peu étrange : tu sembles croire que les cinéastes proches de leur sujet fonctionnent tous de la même façon, et sont donc à ranger dans la même catégorie. Hors, entre Carpenter et Soderberg il y a un monde de différence.


Mais bien sur que non... je les rapprochais juste sur des points précis que j'ai expliqué plus haut et sur lesquels tu n'as pas répondu, incapable que tu es pris dans tes théories fermées sur elles-mêmes.

Tetsuo a écrit:
Mais bien sur, mais moi je ne parle que de cinéma. Quand je dis que "la peur ne peut être sucitée que cinématographiquement" j'entend bien au cinéma.


J'aurais tendance à dire que tu ne dis pas grand chose en disant ca...

Tetsuo a écrit:
Je n'y ai pas répondu car j'aurais eu le sentiment de me répéter, et manifestement il y a encore des points que tu n'arrives pas à saisir.


Oh si je saisis très bien, ce que tu dis n'est vraiment pas compliqué, c'est toi qui restes planté comme un piquet sur tes idées sans saisir les vraies subtilités importantes. Je te renvoie aux questions du code, du rapport au récit et à la naration, des mécanismes de donné du sens, du rapport au scénario et au préconçu, de la légitimité de différentes manière de faire de l'art, et toi tu restes butté sur ton idée du rapport entre concept et représentation, alors que c'est beaucoup plus complexe et raffiné qu'une simple distinction entre concept/representé et forme qui se donne son propre sens...

Tetsuo a écrit:
Non je ne comprend pas. Je ne suis pas obligé de voir tout les films de tout le monde pour avoir une opinion.


Non, tu peux avoir une opinion, mais dire que toutes les filmo d'un réalisateur et d'un acteur sont nulles en généralisant à partir d'un seul film n'a pas grande valeur si tu veux être crédible.

_________________
Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do :
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2. Die.
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MessagePosté: 08 Nov 2006, 10:12 
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Jericho Cane a écrit:
Tetsuo a écrit:
Jericho Cane a écrit:
Tetsuo, oublie un peu l'Art 5 minutes, et prends des vacances aux Caraïbes...

Ces deux requêtes sont hélas impossibles. Il va falloir me supporter encore longtemps...

Oh, je m'en fous. C'est triste pour toi, c'est tout.


Ha bon ? Pourquoi ?


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MessagePosté: 10 Nov 2006, 03:10 
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Syriana (2005)
Une escroquerie. Un scénario intéressant, mais gaspillé par un cinéaste qui n'a aucun point de vue dessus et préfère faire du style (genre l'attentat à la fin, filmé en apothéose : infect).

Good Night, and Good Luck. (2005)
Pour dénoncer le maccarthysme (métaphore toute trouvée du bushisme : trop facile), on fait l'éloge de la télévision, en filmant comme un talk-show en N&B... Mouais...

Confessions of a Dangerous Mind (2002)
Pseudo-film d'espionnage stylé façon Soderbergh, mais qui n'a rien à raconter ni à filmer.

Solaris (2002)
La preuve qu'on ne remake pas un film de Tarkovski impunément.

Ocean's Eleven (2001)
Scénario de gros malin, réalisation stylée mais creuse, acteurs qui surjouent la "grande classe"... Tout pour énerver.

The Perfect Storm (2000)
Un film à suspense avec cet argument-là, ç'aurait pu être beau... Sauf que derrière, il y a Wolfgang Petersen.

O Brother, Where Art Thou? (2000)
Fausse bonne idée : le décalque de l'Odyssée dans le Sud profond ne fonctionne pas, et donne lieu à une comédie balourde.

The Peacemaker (1997)
L'actioner bourrin et sans âme dans toute sa caricature.

From Dusk Till Dawn (1996)
Brouillon de "Kill Bill" dans son côté assemblage de pastiches. Pas brillant quand même, on parle de Robert Rodriguez...

Alors, pas un film avec Clooney que j'ai vu et apprécié ? Ben non. Remarquez, ce n'est pas forcément sa faute...

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BLAM !
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MessagePosté: 10 Nov 2006, 09:13 
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Oui mais t'as pas vu Batman et Robin et le retour des tomates tueuses, c'est pour ça !


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MessagePosté: 10 Nov 2006, 09:39 
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Réponse tardive, désolé. Mais beaucoup de boulot en ce moment et le débat commence à devenir trés long...

The Scythe-Meister a écrit:
Certains aspects de la science, l'architecture (non-artistique), d'une manière générale la résolution de problèmes...


Est-ce du même ordre tout ça ? Peut-être... j'en sais rien en fait. Cela dit en ce qui me concerne, il n'y que l'art qui m'intéresse ici. Et pour moi du cinéma sans art ce n'est pas vraiment du cinéma (ou alors du cinéma sans intérêt).

The Scythe-Meister a écrit:
Est-ce que ca en fait du mauvais cinéma? Du "faux" cinéma? Je trouve ca abbérant tellement ca nie des centaines d'oeuvres dans le cinéma et ailleurs.
Après tu défends l'art comme moyen d'expression... mais s'exprimer, c'est aussi exprimer du sens!


Quel oeuvres fondamentales nie-je ? Soderberg ? George Clooney ? Gondry ? J'ai pas l'impression de raté grand chose...
Ensuite qu'un film est du sens, soit, c'est une chose, mais de vouloir donner une signification à chaque plan, chaque figure de style, c'en est une autre. C'est palier le manque d'inspiration par un procédé artificiel. Mais c'est aussi, et surtout, limiter la porté de son film, en faire un objet résumable à ses procédés d'articulations, c'est le privé de toutes émotions, car on prive le spectateur de ce rapport privilégié qu'est l'échange qui s'opère entre lui et l'oeuvre au moment de la vision du film. On lui donne une signification toute faite, une raison d'être pré-établi à l'existence du film. Que lui reste-t-il a faire alors ?
Comment cette banane de Clooney compte-t-il me sensibiliser contre le Maccarthysme avec son noir et blanc maniéré, ses plans léchés et son Jazz en fond sonore ? Moi ça me laisse complètement indifférent quand je vois ça, j’ai pas envi de me rallier à sa cause. Tandis que quand je vois Chaplin regarder un enfant brisé, qui pleure en silence dans un roi à New York, là je suis touché, là je me dis que le Maccarthysme c’est effectivement dégoûtant.

The Scythe-Meister a écrit:
Je ne confonds rien du tout... parce qu'il n'y a pas de différence. Quel est le sens qui existerait en dehors de la lecture des spectateurs? Quel est ce sens qu'on pourrait affirmer de manière absolue? Celui que tu as décidé toi? Il n'y a rien d'autre que des interprétations, et je n'ai jamais cherché à dire une signification objective... je mettais l'accent sur des mécanismes de donné du sens, ce n'est pas la même chose.


Ok, nous sommes d'accord sur ce point (champagne !). Pour moi, c'est là que réside la force du cinéma.
Et c'est ça que je reproche aux filtres de Traffic, c'est leur fonctionnalité, le fait qu'ils soient là, non à des fins expressives, mais comme repère spatial, qu'à chacun soit attribué un lieu donné. Peux-tu comprendre (je suis certain que oui) qu'il s'agit là d'une limite ? Que ça n'a aucune porté, que ça encourage même la paresse du spectateur (en lui faisant croire qu'il est intelligent d'avoir compris l'astuce) ?
Je veux dire que c'est nul ! C'est de l'astuce, du bidouillage, mais en aucun cas du cinéma dans le sens où ce n'est pas porteur d'émotion car limité, fermé, condamné...

The Scythe-Meister a écrit:
Tetsuo a écrit:
Je pense que le cinéma est un vecteur d'émotion. J'y vais pour être ému.


Et tu ne peux pas concevoir que certains y aillent pour autre chose sans que ca fasse du cinéma qu'ils apprécient des films sans inspiration, mauvais ou je ne sais quoi?


Très franchement, j'ai beau me creuser, je ne vois vraiment pas d'autre raison d'aller au cinéma que pour être ému. Va falloir m'expliquer.

The Scythe-Meister a écrit:
Tetsuo a écrit:
L'idée est la même.


Heu si tu crois que Magritte et Duchamp c'est la même chose il y a un problème...


Je parle de l'idée du tableau résumable à un concept, pas des deux peintres.

The Scythe-Meister a écrit:
Arrête de dire que je confonds quoi que se soit. Là tu appliques des théories arbitraires. Qu'est-ce qui te permet de dire que les tableaux des surréalistes ne valent que par leur idée-concept? Chez Duchamp oui. Mais n'est pas un surréaliste!


Ha ! Tout de même. Si ce que je dis sur Magritte ne te plait pas, tu n'as qu'à reprendre mon exemple initial et comparé Duchamp et Bacon. On pourrait repartir de là mais je vais quand même te répondre sur Magritte, sinon tu vas encore te plaindre que j'élude tes arguments...

The Scythe-Meister a écrit:
Chez Magritte, le traitement est la plupart du temps aussi important que la représentation, pareil chez Ernst ou Dali... Prends "L'empire des lumières"... est-ce que le tableau se résume au concept d'user d'une lumière irréaliste? Bien sur que non, c'est la réalisation de cette idée qui crée le tableau, sa mise en forme, dans le contraste entre la maison et le ciel, dans la séparation des deux scènes et la distinction des deux lumières... D'ailleurs Magritte explique dans un texte qui accompagne ce tableau que la conception du tableau n'est pas visible, on ne peut pas voir un idée... ce que le tableau représente, "c'est ce qui est visible pour les yeux, c'est ou ce sont les choses pour lesquelles cette idée était nécessaire." Ce n'est pas du tout un rapport du collage d'un sens à une image, mais un rapport de représentation...
Il ajoute : "cette évocation de la nuit et du jour me semble douée du pouvoir de nous surprendre et de nous enchanter. J'appelle ce pouvoir : la poésie." Ca va en l'encontre de tout ce que tu dis...


Il faudrait que je sois aveugle pour ne pas voir qu'il y a une certaine grâce dans ce tableau, quelque chose d'envoûtant. Assurément, Magritte a du talent. Mais, je trouve que ça repose néanmoins sur une idée-concept qui alourdit considérablement le tableau. Je trouve que ça limite énormément sa porté (je trouve ça chiant finalement ce genre de "trucs", c’est facile). Pour moi il aurait gagné à s'en abstenir, et à peindre un ciel de nuit. Et tu peux m'apporter toutes les justifications du peintre que tu veux, ça ne changera en rien ma perception. En l'occurrence je trouve ça un peu facile (et présomptueux) de qualifier son phénomène d'inquiétante étrangeté de poésie.

The Scythe-Meister a écrit:
Si on prend le fameux "le trahison des images", on est plus proche de ce que tu critiques. On est ici dans une forme de représentation d'une idée. Mais est-ce que pour autant le tableau se résume à l'idée qui en amène la création? Non, l'idée, le concept, c'est justement la création d'un tableau qui donne à penser sur la nature du tableau lui-même... sans le tableau, sans cette pipe là, l'idée n'est rien d'autre qu'une idée parmi d'autres. Certes, on est plus dans les catégories formelles traditionnelles, mais ca ne rend pas l'oeuvre négligeable pour autant. Le concept appartient au processus de création, la création elle-même comme oeuvre ne s'y résume pas, et regarder le tableau, l'experimenter ne consiste pas à retrouver le concept derrière le tableau, mais à être dans un questionnement uniquement rendu possible par la forme du tableau, aussi banale techniquement soit-elle.

Bref, il faut arrêter de tout généraliser!


Je ne généralise pas, j'avais donné des exemples précis.
Bon, je dois bien avouer que tu défends bien ton affaire. Cela dit, plus je parle avec toi plus je me rend compte à quel point l'idée de concept en art me gène, je trouve ça presque antinomique. Pour moi un concept existe en soit, en dehors de l'oeuvre. Le peindre, revient à l'illustrer. On peut l'illustrer avec talent (Dali), mais ça s'arrête là, ça ne dépasse jamais le statut d'une idée mis en image. De la même manière que certains films ne sont que des scénario illustré.
Pour moi ce n'est pas ça un acte de création artistique, ce n'est pas cette distinction nette entre la forme et le fond, trop visible, trop séparable, trop indépendant l'un de l'autre. Ca peut-être brillement exécuté, je trouve ça trop simpliste comme manière de faire, trop évident.
Je ne dis pas que les surréalistes c'est nuls, que c'est vide ou quoi, mais que, au final, ça ne va pas bien loin (et ce "questionnement" dont tu parles ne serait que celui de la forme envers le fond, dans le cas de l'empire des lumières : rendre visible un paradoxe).

The Scythe-Meister a écrit:
Mais c'est très facile de "définir" "le radeau de la méduse". On peut dire que c'est "une représentation picturale du naufrage de la frégate La Méduse de 1816". Ca ne fait pas exister le tableau dans son concept pour autant, ou alors ca en fait exister une infinité de tableaux possibles. En fait ce n'est pas une définition, mais une description, dans les deux cas. On peut le faire avec tous les tableaux. Je pourrai décrire la joconde avec les moustaches d'une autre manière, dire "c'est le portrait d'une femme avec deux étranges traits noirs sous le nez" (si je ne suis pas de culture occidentale par exemple, si je ne connais pas la joconde). Il y a sans doute plus de manières de décrire "le radeau de la méduse" que le tableau de Duchamp mais ca ne crée pas une différence ontologique pour autant. On peut formuler un concept d'un tableau, mais ca ne fait pas exister le tableau précis, ca permet juste d'en imaginer une infinité... Ontologiquement, c'est faux de dire que la tableau existe avant. A moins de croire au monde des idées de Platon.


Et bien je ne suis pas d'accord. Tu résumes là le sujet du radeau de la méduse, mais impossible de visualiser quoi que ce soit d'après ce que tu dis, tandis que "un portrait d'homme avec une tête de pomme" c'est déjà plus parlant. Le problème du concept c'est qu'il vampirise le reste, il est au centre de l'oeuvre, et empêche cette dernière de s'élever. J'ai d'ailleurs toujours eu de très grosse réserve sur l'art conceptuel.

The Scythe-Meister a écrit:
Comme c'est toi qui le dis dans le cas de Traffic et le reste... donc tu assumes bien que ta distinction est totalement subjective!


Tu sais, honnêtement, le débat objectivité/subjectivité je me le suis farci dix milles fois. Avant j'étais pour le tout objectif, convaincu qu'on pouvait dire d'un film si oui ou non, de manière absolue, il était bon ou pas. Et en fait je me rend compte aujourd'hui que je m'en fout un peu de tout ça. Je pense qu'un film ça se vie avant tout, c'est une expérience personnelle, propre à chacun. Ce qui est intéressant, dans le font, c'est ce qu'on va en ressortir, en extraire nous même, fort de nos goût et de nos vies.
Je comprends la fameuse phrase d'Oscar Wilde quand il dit qu'il y a une part d'autobiographie dans une critique. J'ai mes convictions sur l'art, le cinéma, la morale etc... De leur alliance avec ma sensibilité je me forge un avis. Après est-on d'accord avec ces convictions ? Je crois que c'est la vraie question, plus de savoir si c'est objectif ou pas (ce qui ne veut pas dire grand chose…).
Et il ne faut pas prendre ces convictions comme une "grille de jugement" comme les nomme bêtement karloff (qui n'a vraiment rien compris à Daney), mais comme le fait que je crois en quelque chose, quelque chose que je veux défendre. La critique c'est autobiographique mais aussi politique.

The Scythe-Meister a écrit:
Non, tu viens de prouver le contraire, en ramenant tout toujours à des arguments fallacieux fondés sur des théories arbitraires et des décisions que tu prends personnellement pour juger les films.


Quelles types de décisions prends-tu pour juger des films ?

The Scythe-Meister a écrit:
Mais bien sur que non... je les rapprochais juste sur des points précis que j'ai expliqué plus haut et sur lesquels tu n'as pas répondu, incapable que tu es pris dans tes théories fermées sur elles-mêmes.


Puisque tu y tiens je vais y répondre à ton satané paragraphe, sinon je sens que tu vas me le reprocher pendant mille ans :

Citation:
Ces histoires de sens qui préexistent... je trouve qu'on retombe très vite dans une conception hyper-formaliste du cinéma. Tu citais Carpenter, mais c'est un réalisateur qui utilise à fond son histoire et son scénario, et qui surtout un excellent cinéaste de récit. Sur beaucoup de ses films, sa mise en scène concerne l'efficacité beaucoup plus qu'un surcroit de signification par rapport au scénario. Il met vraiment en scène, dans une conception classique d'efficacité de la naration. Prends la manière de filmer l'ennemi dans Assaut, toujours de loin, comme une masse indifférenciée, on est en plein dans ce concept préétabli que tu reproches à la mise en scène de Soderbergh!


Mais pas du tout ! Ca c'est de la mise en scène pure, ça rejoint exactement ce que je te disais sur son rapport au monde, un rapport extrêmement angoissé et tétanisé, ou le danger est invisible et omniprésent. Aucun concept pré-établi là-dedans, mais simplement le choix de montrer (ou pas) quelque chose d'une certaine manière, ce qui est une démarche purement cinématographique.
Ce qui est très différent de donner une signification, une fonctionnalité, au moindre élément de la réalisation et d'y enfermer ainsi le film. Carpenter c’est pas que de l’efficacité, c’est une vision du monde.

The Scythe-Meister a écrit:
Tetsuo a écrit:
Mais bien sur, mais moi je ne parle que de cinéma. Quand je dis que "la peur ne peut être sucitée que cinématographiquement" j'entend bien au cinéma.


J'aurais tendance à dire que tu ne dis pas grand chose en disant ca...


Je dis simplement qu'on peut difficilement tricher avec la peur au cinéma, qu'une histoire effrayante ne suffit pas pour la susciter (contrairement à la compassion et la tristesse qui bien souvent se contentent de pathos du type Love story etc...). C'est pourquoi les films qui font le plus peur ont souvent était mis en scène par des grands cinéastes : Murnau, Hitchcock, Kubrick, Polanski, Carpenter etc...

The Scythe-Meister a écrit:
Oh si je saisis très bien, ce que tu dis n'est vraiment pas compliqué, c'est toi qui restes planté comme un piquet sur tes idées sans saisir les vraies subtilités importantes. Je te renvoie aux questions du code, du rapport au récit et à la naration, des mécanismes de donné du sens, du rapport au scénario et au préconçu, de la légitimité de différentes manière de faire de l'art, et toi tu restes butté sur ton idée du rapport entre concept et représentation, alors que c'est beaucoup plus complexe et raffiné qu'une simple distinction entre concept/representé et forme qui se donne son propre sens...


Je suis vraiment obligé de te répondre là ?

The Scythe-Meister a écrit:
Non, tu peux avoir une opinion, mais dire que toutes les filmo d'un réalisateur et d'un acteur sont nulles en généralisant à partir d'un seul film n'a pas grande valeur si tu veux être crédible.


Tout d'abord je parlais de la filmo de Clooney, dont j'ai vu la majorité des films qu'effectivement je trouve totalement inintéressants (Sauf Batman et les Tomates). Ensuite, ça a dévié sur Soderberg, dont les films que j'ai vu (quatre au total) me laisse de marbre (avec un soupçon d'irritation), à l'exception de Traffic, qui est vraiment du foutage de gueule, qui est vraiment ce que je déteste le plus au cinéma. Je n'ai franchement pas l'impression d'avoir un point de vu illégitime là.


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MessagePosté: 10 Nov 2006, 09:45 
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Tetsuo a écrit:
Réponse tardive, désolé. Mais beaucoup de boulot en ce moment et le débat commence à devenir trés long...

Purée t'es motivé...

Euh, ya encore des gens qui lisent cet interminable et pénible débat...?

Ras le cul, de ce topic! Arrêtez tout...!

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 10 Nov 2006, 11:15 
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Arnotte a écrit:
Ras le cul, de ce topic! Arrêtez tout...!

Tu ne dois pas en avoir si marre que ça, puisque tu le lis encore.

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MessagePosté: 10 Nov 2006, 11:19 
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Arnotte a écrit:
Tetsuo a écrit:
Réponse tardive, désolé. Mais beaucoup de boulot en ce moment et le débat commence à devenir trés long...

Purée t'es motivé...

Euh, ya encore des gens qui lisent cet interminable et pénible débat...?

Ras le cul, de ce topic! Arrêtez tout...!


Qu'est-ce que ça peut te faire à toi que je débatte encore ? Il est où le problème ? Personne ne t'oblige à venir sur ce topic...


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MessagePosté: 10 Nov 2006, 13:51 
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Tetsuo a écrit:
Oui mais t'as pas vu Batman et Robin et le retour des tomates tueuses, c'est pour ça !

Possible. Mais mon esprit reste rétif face à l'incompétence, même appliquée avec amour. À moins que "Saw" ne soit le film de l'année 2005. Qui sait ?

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Dernière édition par Smith le 10 Nov 2006, 13:57, édité 1 fois.

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MessagePosté: 10 Nov 2006, 13:57 
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Tetsuo a écrit:
Comment cette banane de Clooney compte-t-il me sensibiliser contre le Maccarthysme avec son noir et blanc maniéré, ses plans léchés et son Jazz en fond sonore ? Moi ça me laisse complètement indifférent quand je vois ça, j’ai pas envi de me rallier à sa cause. Tandis que quand je vois Chaplin regarder un enfant brisé, qui pleure en silence dans un roi à New York, là je suis touché, là je me dis que le Maccarthysme c’est effectivement dégoûtant.


Parce que au fond le Maccarthysme est un prétexte, ce n'est pas un film historique et à mon sens ceux qui retiennent ça du film se mettent le doigt dans l'oeuil... son film parle avant tout d'un idéalisme très américain et 4ème pouvoir, auquel il rend hommage à travers ses personnages, et dresse le portrait d'une télé qui entre en décadence, ou comment par cette supposée victoire elle va se trouver en fin de compte soumis à un système bien plus pervers qui va la détruire à jamais , en faire "une boite vide", ce vers quoi elle etait destiné: Clooney a grandi dans la télé, par la télé, son premier film en parle aussi... D'ailleurs l'oeuvre a une certaine distance en même temps, comme un commentaire car admire ses personnages il ne manque jamais de montrer ce piège qui est d'affronter l'ennemi entre quatre mur, ce fabriquant une réalité. Ce que Clooney renforce en opposant les images d'archives de Mccarthy contre les doubles fictionnels de ses adversaires. Le film est très amer. Ici justement le style vise avant tout à retranscrire un état d'esprit et une embiance, comme le ferait un parfum dans un coin de mémoire et d'idéal, mais aussi comment ce système télévisuel se sclérose et ne peux tenir. Plutot que de comparer à "Chapilin", il vaut mieux evoquer "Révélations" ou "Quizz Show" :wink:


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MessagePosté: 10 Nov 2006, 16:07 
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Inscription: 04 Juil 2005, 19:55
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Tetsuo a écrit:
Réponse tardive, désolé. Mais beaucoup de boulot en ce moment et le débat commence à devenir trés long...


Oui, et puis je crois qu'on est clair sur nos positions, donc ca ne sert pas à grand chose de continuer. Je vais juste répondre à quelques passages.

Tetsuo a écrit:
Quel oeuvres fondamentales nie-je ? Soderberg ? George Clooney ? Gondry ? J'ai pas l'impression de raté grand chose...


Non, je pensais à l'art dans son ensemble. Et là les exemples pleuvent. Le plus bel est sans doute les opéras de Wagner, dont toute la musique est fondée sur des motifs au sens défini, mais il y en a beaucoup d'autres, comme les peintres symbolistes, et d'une manière générale, une partie de l'art qui suit le classicisme et qui débute avec la prise de conscience de l'artiste "individu"... Chez Hugo par exemple on est constamment dans le sens et dans la métaphore, c'est constamment l'auteur qui exprime ses idées derrière une forme romancée en chargeant chaque personnage et chaque scène d'une symbolique...

Tetsuo a écrit:
Comment cette banane de Clooney compte-t-il me sensibiliser contre le Maccarthysme avec son noir et blanc maniéré, ses plans léchés et son Jazz en fond sonore ?


Mr Chow a bien répondu, mais je rajouterais que là tu sembles critiquer non pas la manière de faire du cinéma, mais un style d'ensemble qui te déplait. C'est son sujet qui pousse Clooney à utilier du noir et blanc, des plans léchés et du jazz. Ce dont il parle, ce n'est pas de l'"horreur" du Maccarthysme, mais d'hommes qui luttent entre quatre murs, pour reprendre l'expression de Mr Chow. C'est cet aspect là qui justifie le style adopté par Clooney... Après le sujet peut te laisser indifférent...

Tetsuo a écrit:
Et c'est ça que je reproche aux filtres de Traffic, c'est leur fonctionnalité, le fait qu'ils soient là, non à des fins expressives, mais comme repère spatial, qu'à chacun soit attribué un lieu donné. Peux-tu comprendre (je suis certain que oui) qu'il s'agit là d'une limite ? Que ça n'a aucune porté, que ça encourage même la paresse du spectateur (en lui faisant croire qu'il est intelligent d'avoir compris l'astuce) ?


Je ne suis pas fan de ces filtres. Mais je comprends pourquoi Soderbergh l'a fait. Il recherchait sans doute un procédé clair pour permettre au spectateur de localiser rapidement l'action présente dans un ensemble qui bouge beaucoup et vite. C'est une limite? Dans ce cas ca me parait plus être une facilité qu'autre chose. On mache un peu le travail du spectateur, mais c'est aussi pour lui permettre de se concentrer sur quelque chose qui compte plus. Regarde Syriana, pas de filtres, pas vraiment d'aide au spectateur, et on se retrouve avec plusieurs personnes dans ce fil qui n'ont pas aimé parce qu'ils n'ont rien compris.
Que certains effets ou plans soient fonctionnels ne me parait pas du tout choquant, au contraire, ils sont nécessaires, certains sont juste plus ou moins visibles et faciles. Après tout, le cinéma utilise à fond le champ/contre-champs pour les dialogues qui n'est dans 90% qu'un montage fonctionnel qui n'a pour seuls soucis que de rendre clair le dialogue et de mettre en valeur les acteurs.

Tetsuo a écrit:
Très franchement, j'ai beau me creuser, je ne vois vraiment pas d'autre raison d'aller au cinéma que pour être ému. Va falloir m'expliquer.


Expérimenter un plaisir purement esthétique, réfléchir à des idées et des concepts, sur le cinéma, ses techniques et son histoire, explorer des thèmes de manière à la fois émotionelle et intellectuelle et surtout être confronté à une pensée autre que la notre, dans toutes ses ramifications qui peuvent aller de la réflexion formelle à l'expression d'idées...

Tetsuo a écrit:
Ha ! Tout de même. Si ce que je dis sur Magritte ne te plait pas, tu n'as qu'à reprendre mon exemple initial et comparé Duchamp et Bacon.


Mais Duchamp c'est un cas particulier... enfin une manière de faire de l'art tout à fait différente de celle de Soderbergh qui est encore très traditionnelle, là où Duchamp est en rupture complète. Je ne pense pas que ca corresponde.

Tetsuo a écrit:
Il faudrait que je sois aveugle pour ne pas voir qu'il y a une certaine grâce dans ce tableau, quelque chose d'envoûtant. Assurément, Magritte a du talent. Mais, je trouve que ça repose néanmoins sur une idée-concept qui alourdit considérablement le tableau. Je trouve que ça limite énormément sa porté (je trouve ça chiant finalement ce genre de "trucs", c’est facile). Pour moi il aurait gagné à s'en abstenir, et à peindre un ciel de nuit.


Mais dans ce cas, quelle différence y aurait-il eu avec un paysage nocturne d'un amateur? Ca n'aurait été qu'un paysage réussi, ca n'aurait pas été ce tableau, ca n'aurait été intéressé personne... Au fond, j'ai l'impression tu es un pur classique, la seule chose qui compte pour toi c'est la technique (dans le sens classique du terme)...

Tetsuo a écrit:
En l'occurrence je trouve ça un peu facile (et présomptueux) de qualifier son phénomène d'inquiétante étrangeté de poésie.


Mais la poésie de cette époque se fonde sur les antinomies, les glissements, le mystère de la métaphore, l'indicile, et plus du tout sur des règles de composition et de forme. Dans cette perspective, la phrase de Magritte a tout son sens. Quand Eluard écrit "la terre est bleue comme une orange", c'est du même ordre. Pour toi il y a sans doute un concept derrière que tu pourras exprimer. Mais quelle importance? Il y a aussi des règles derrière la poésie classique que certains trouveraient limitantes. L'art a toujours des limites, on peut toujours expliquer, commenter, décrire, le ramener à des préceptes qui conviendront à certains et pas à d'autres. Mais l'important est de saisir l'oeuvre telle qu'elle est. Je ressens immédiatement la poésie du tableau de Magritte, et je n'ai pas besoin de me poser de questions pour trouver ca beau, ni d'avoir conscience d'un quelconque concept qui m'apparait très accessoire. Oui, l'idée derrière est de peindre un paradoxe, comme l'idée du radeau est de peindre le naufrage de tel bateau, mais aucun des deux tableaux ne se résume à cette idée.

Tetsuo a écrit:
Pour moi ce n'est pas ça un acte de création artistique, ce n'est pas cette distinction nette entre la forme et le fond, trop visible, trop séparable, trop indépendant l'un de l'autre. Ca peut-être brillement exécuté, je trouve ça trop simpliste comme manière de faire, trop évident.


J'ai l'impression que tu choisis aussi de le rendre évident. On dirait que dès qu'il y a quelque chose de l'ordre de l'idée ou du concept que tu puisses facilement capter, tu te bloques, et tu résumes toute l'oeuvre à ca. Alors que des idées et des expressions de sens dans l'art il y en a partout, tout le temps, à des degrés divers... tu me parais un peu faire l'autruche.

Tetsuo a écrit:
Et bien je ne suis pas d'accord. Tu résumes là le sujet du radeau de la méduse, mais impossible de visualiser quoi que ce soit d'après ce que tu dis, tandis que "un portrait d'homme avec une tête de pomme" c'est déjà plus parlant.


En es-tu certain? Je te dis "le naufrage d'un bateau du début du XIXème siècle" et tu es incapable de visualiser quelque chose? Je dirais que tu manques d'imagination! Il me semble que l'un est aussi facile que l'autre, et que l'image que tu verras en imagination ne correspondra pas dans un cas comme dans l'autre au tableau peint. Et à partir de la phrase "un portrait d'homme avec une tête de pomme" on pourrait peindre un tout autre tableau. Quelle différence peux-tu faire dans ce cas entre le sujet et le concept?
Devant l'oeuvre, tu ne fais qu'un "pari" sur les intentions et le processus de création, mais c'est dans les faits, à ce niveau-là, du même ordre, c'est une description.
Wittgenstein a particulièrement bien cerné ces idées dans "recherches logiques", même s'il ne parlait pas directement d'art... il détruit pas mal des illusions qu'on peut avoir sur ce genre de mots, concept, représentation, image, sujet...

Tetsuo a écrit:
Tu sais, honnêtement, le débat objectivité/subjectivité je me le suis farci dix milles fois. Avant j'étais pour le tout objectif, convaincu qu'on pouvait dire d'un film si oui ou non, de manière absolue, il était bon ou pas.


Je suis bien d'accord sur l'inutilité de ce débat, mais il faut quand même éviter de parler de "vrai" cinéma une fois qu'on a accepté la pure subjectivité de nos interprétations... Les convictions sont des prisons, disait Nietzsche. La critique politique, sans doute, mais moi je préfère éviter de faire de la critique...

Tetsuo a écrit:
Quelles types de décisions prends-tu pour juger des films ?


Dans ton cas, visiblement, celle d'avoir des convictions.

Citation:
Mais pas du tout ! Ca c'est de la mise en scène pure, ça rejoint exactement ce que je te disais sur son rapport au monde, un rapport extrêmement angoissé et tétanisé, ou le danger est invisible et omniprésent. Aucun concept pré-établi là-dedans, mais simplement le choix de montrer (ou pas) quelque chose d'une certaine manière, ce qui est une démarche purement cinématographique.


C'est justement sur un exemple très précis de mise en scène dotée d'un sens clairement établi que tu peux décrire la vision du monde de Carpenter, justement parce que par là il fait passer un sens... sens qui est compris dans un ensemble qui forme en effet une vision du monde, ou que l'on percoit comme tel.
Mais on trouve des cas comparable chez Soderbergh tout le temps... Tu parlais de good night and good luck, mais le noir et blanc, la mise en scène classieuse, le jazz, sont du même ordre ("le choix montrer quelque d'une certaine manière"), c'est une vision, non pas ici du monde, mais d'un certain milieu, d'une époque et d'un sujet... il choisit de montrer de manière très "smooth", avec une élégance qui correspond au personnages, ce qui est un combat vital et presque viscéral pour les personnages (on le sent bien dans le jeu de Strathairn), mais qu'ils vivent de manière très renfermée - à l'opposé du traitement d'un thème proche par The insider par exemple (et l'opposition des deux styles renvoit directement à l'évolution des médias et du rôle du journaliste durant les 40 années qui les sépare). Le caractère très théâtral du film renforce cette dualité entre extérieur (réaltié) et intérieur (scène). Par là il fait passer sa vision des médias, comment ce milieu confiné et fabriqué répond au monde exterieur, quelle est la place de la télévision et du journalisme, ect ect.... Comme je l'avais dis plus haut, peut être que pour toi Clooney utilise dans sa mise en scène un code qui tend au cliché pour représenter cela, mais ca ne place pas pour autant sa réalisation dans un ordre différent de chez Carpenter, c'est un même type de rapport à ce que l'on doit montrer que chez Carpenter, assez traditionnel au fond, avec bien sur des procédés très différents.

En fait j'aimerais bien que tu me cites un exemple précis de signification accolée à un procédé de réalisation chez Soderbergh, parce qu'à part les filtres...

Tetsuo a écrit:
Je dis simplement qu'on peut difficilement tricher avec la peur au cinéma, qu'une histoire effrayante ne suffit pas pour la susciter (contrairement à la compassion et la tristesse qui bien souvent se contentent de pathos du type Love story etc...). C'est pourquoi les films qui font le plus peur ont souvent était mis en scène par des grands cinéastes : Murnau, Hitchcock, Kubrick, Polanski, Carpenter etc...


Hum pas mal de grands films d'horreurs, ou considérés comme tels, ont été réalisés par des réalisateurs moyens voire médiocres (Craven, Romero, Hooper...). Il me semble que le cinéma d'horreur est peut être un des rares genres où des "petits" metteurs en scène ont pu faire de grands films... Dernièrement, "la colline a des yeux" ou "The descent" ont été fait par des réalisateurs sans talent exceptionnel et fonctionnent pourtant très bien (en tout cas sur une majorité du public, je trouve pas "the descent" génial pour ma part).

_________________
Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do :
1. Admit you are a semi-evolved ape-thing mercifully ignorant of the sanity-blasting truths of the greater cosmos.
2. Die.
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MessagePosté: 10 Nov 2006, 16:59 
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Inscription: 14 Juil 2005, 01:55
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Bon je me suis tapé toute la discussion, et je n'aurais qu'une chose à apporter au débat, en m'adressant à Tetsuo. Enfin, 'apporter' est un bien grand mot. Je donne mon avis sur un point précis.

Pour moi, les mouvements d'appareils physiques (travelling) ou optiques (zoom), les compositions de cadre etc. procurent au spectateur une sensation.

Chez les meilleurs cinéastes (ou plutôt ceux que je préfère), chaque mouvement ou absence de mouvement a du sens (même si un Spielberg peut parfois se montrer trop démonstratif).

Et c'est quand le sens et la sensation s'unissent que nous obtenons de l'émotion. Je ne fais pas la démonstration d'une recette, mais d'une opinion, et les films que je préfère ont ces deux éléments cadenassés l'un à l'autre.

Il y a certains films que j'aime, et qui pour moi ne sont que dans la sensation (exemple Matrix), et d'autres qui sont très poussés au niveau du sens (Incassable). Certains n'ont aucun mouvement d'appareil mais n'en sont pas moins sensiques (Rio Bravo) etc. Les combinaisons sont différentes selon les périodes et chaque film détient sa propre ambition affichée (on ne peut contester un mouvement ou une absence de mouvement, comme la qualité d'un scénario) et son propre ressenti chez le spectateur. C'est un raisonnement qui m'est personnel, et qui a au moins le mérite de considérer chaque film et chaque réalisateur sur un pied d'égalité. Quant à juger de la sincérité d'une oeuvre ou d'un metteur en scène, de sa générosité, de sa fainéantise, de sa roublardise etc., j'avoue que ça m'a toujours dépassé...

Je comprends que Karloff déteste Schumacher mais trouve Tigerland superbe, bien davantage que le fait qu'un Tetsuo qui n'a vu que quelques Soderbergh ou Huston, puisse élargir son jugement à toute une filmographie.

_________________
I think we're gonna need a helmet.


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 Sujet du message: Re: GEORGE CLOONEY
MessagePosté: 12 Nov 2006, 23:59 
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Constamment excité
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Inscription: 08 Juil 2005, 19:06
Messages: 4277
Localisation: D'aprés toi?
Syriana (2005)
confus...2/6

Good Night, and Good Luck. (2005)
l'histoire est pas mal mais trop courte...ca manque de politisation...3/5

Ocean's Twelve
suite ratée et sans nouveauté...comme trop de suites...

Intolerable Cruelty
marrant...mais la encore aucune envie de la revoir...4/6

Confessions of a Dangerous Mind
ca me parle pas...2/6

Solaris
Burp...1/6

Ocean's Eleven
mouaif...c'est le genre de film trés sympa qu'on peut regarder avant de s'endormir sans jamais le finir...mais le problème c'est que ca montre plus un film de casting qu'un vrai film...mais ca passe bien quand même...4/6

The Perfect Storm
une bonne blague ce blockbuster...2/6 et je suis gentil...

O Brother, Where Art Thou?
marrant...les coen moi j'aime bien leur comédie mais pas leurs films sérieux...donc là ca passe...et c''st enjoué...mais aucune envie de le revoir 3,5/6

Three Kings
beau mais scènar un peu vide...3/6

Out of Sight
sympa sans plus...ca casse pas trois patte à un canard...comme tous les soderbergh...3,5/6

The Peacemaker
raté...ca manque de rythme...on veux des scène comme la dernière avec la traque dans la ville mais avant y'a pas grand chose...la bo est vachement bien par contre...3/6

Batman & Robin
6/6 ou 0,5/6...c'est selon...

One Fine Day
aucun interêt...on prend meg ryan et tom hanks et c'est pareil...2/6

From Dusk Till Dawn
bien fendard...beau double programme...4,5/6

Le Retour des tomates tueuses
Chef d'oeuvre 6/6


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 Sujet du message:
MessagePosté: 16 Nov 2006, 09:46 
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Schtroumpf sodomite
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Inscription: 22 Mar 2006, 22:43
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Localisation: Arkham Asylum
Mr Chow a écrit:
Parce que au fond le Maccarthysme est un prétexte, ce n'est pas un film historique et à mon sens ceux qui retiennent ça du film se mettent le doigt dans l'oeuil... son film parle avant tout d'un idéalisme très américain et 4ème pouvoir, auquel il rend hommage à travers ses personnages, et dresse le portrait d'une télé qui entre en décadence, ou comment par cette supposée victoire elle va se trouver en fin de compte soumis à un système bien plus pervers qui va la détruire à jamais , en faire "une boite vide", ce vers quoi elle etait destiné: Clooney a grandi dans la télé, par la télé, son premier film en parle aussi... D'ailleurs l'oeuvre a une certaine distance en même temps, comme un commentaire car admire ses personnages il ne manque jamais de montrer ce piège qui est d'affronter l'ennemi entre quatre mur, ce fabriquant une réalité. Ce que Clooney renforce en opposant les images d'archives de Mccarthy contre les doubles fictionnels de ses adversaires. Le film est très amer. Ici justement le style vise avant tout à retranscrire un état d'esprit et une embiance, comme le ferait un parfum dans un coin de mémoire et d'idéal, mais aussi comment ce système télévisuel se sclérose et ne peux tenir. Plutot que de comparer à "Chapilin", il vaut mieux evoquer "Révélations" ou "Quizz Show" :wink:


Ca tombe mal je déteste Révélation et Quizz Show... :)
Non mais je suis plutôt d'accord avec toi. Je sais que le Maccarthysme n'est pas le sujet de Good Night... . Simplement je voulais juste montrer une différence de suscité l'émotion et de sensibiliser le spectateur entre deux films aux sujets voisins (car Un roi à New York parle aussi (et surtout) des médias). En gros, moi, le côté image enfumé, noir et blanc chiadé, longue focale stylé, ça ne me touche pas, ça ne me parle pas. Ca me laisse même de marbre car je trouve que c'est plus du cinéma de chef operateur que de cinéaste.


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