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tape dans ses mains sur La Compagnie créole |
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08 Messages: 22727 Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
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Voilà mes 15 films préférés de l'année. La crème de la crème. En italique, quelques extraits de mon blog (c'est le coeur qui parle hein). 1. Deux jours, une nuit (Luc et Jean-Pierre Dardenne, Belgique) Outre le suspense qui nous prend aux tripes jusqu’au dénouement final, on retrouve dans Deux jours, une nuit un discours on ne peut plus actuel sur le monde du travail, une réflexion sur la solidarité, sur l’humanité qui est en nous, sur les obstacles de la vie et notre capacité à les surmonter… On ne peut rester que bouche bée d’admiration devant ce film, dont la puissance émotionnelle nous fait presque oublier l’intelligence du scénario, la virtuosité de la mise en scène (en plans-séquence) et la performance remarquable de Marion Cotillard, qui arrive à s’effacer totalement dans son personnage. Deux jours, une nuit est non seulement le plus beau film des frères Dardenne, le plus bouleversant (et le plus accessible!), il est également leur film-somme. Déjà riche de quelques grands films, leur filmographie atteint ici un sommet. Un authentique chef-d’œuvre.2. Her (Spike Jonze, USA) Le fait qu’il soit somptueusement réalisé et interprété (Joaquin Phoenix, le meilleur acteur du monde) passe presque inaperçu à côté de ce script sidérant, qui s’interroge avec sensibilité et une rare intelligence sur les relations sentimentales de notre époque, sur notre rapport à la technologie et la place que celle-ci prend dans notre société… Spike Jonze n’a pas volé son Oscar du meilleur scénario. Her est une réussite prodigieuse, un film rare et précieux.3. The Salt of the Earth (Wim Wenders & Juliano R. Salgado, Brésil) Après un documentaire sur des musiciens (“Buena Vista Social Club”) et un sur une chorégraphe (“Pina”, une certaine Pina Bausch), le cinéaste allemand Wim Wenders rend hommage à la vie et l’oeuvre du grand photographe brésilien Sebastiao Salgado. Durant près d’un demi-siècle, ce photographe exceptionnel fut un témoin de notre époque, de l’état du monde, de notre Terre. Dans un noir et blanc stupéfiant, il a illustré les pages les plus sombres de la deuxième moitié du XXème siècle. Le Sel de la Terre nous raconte comment Salgado a aiguisé son regard, comment il a bâti son oeuvre. Mais là où le film surprend, c’est qu’il n’est pas simplement l’histoire d’un artiste… Après avoir approché de trop près, et trop longtemps, les horreurs de l’Humanité (guerres, famines, génocides, misère sociale), Salgado s’est lancé ces dernières années dans un projet loin du photo-journalisme qu’il faisait auparavant: photographier la Nature, les merveilles de la planète, sa faune, sa flore, ses paysages les plus fabuleux. Redécouvrir les beautés de ce monde. Parallèlement à ce nouveau livre (“Genesis”), Salgado a travaillé, avec sa famille, à la restauration d’une partie de la Forêt Atlantique au Brésil. Cette terre est devenue une réserve naturelle (“Instituto Terra”), qui a pour missions la reforestation, la conservation et l’éducation environnementale. A travers le portrait (loin de toute hagiographie) de Salgado, Wim Wenders nous offre bien plus qu’un film sur un photographe d’exception (les photos sont d’une beauté sidérante). C’est un film qui nous reconnecte au monde, à notre Terre. Un film bouleversant, d’une richesse infinie, qui interpelle notre conscience sociale, notre responsabilité écologique, notre ouverture au monde…4. Under the Skin (Jonathan Glazer, UK) Le film le plus original, le plus fascinant, le plus étrange, le plus hypnotisant de l’année. Film sidérant, Under the Skin est une expérience à vivre sur le plus grand écran possible.5. Gone Girl (David Fincher, USA) En adaptant le roman de Gillian Flynn (une histoire grinçante de disparition et de manipulations en tout genre), Fincher nous fait une cinglante analyse du mariage, mais aussi des médias et de l’ampleur qu’un emballement médiatique peut atteindre dans notre société ultra-connectée. Le titre VF du roman initial, Les Apparences, reflète mieux le vrai sujet de Gone Girl… A la fois enquête, polar, drame et satire, Gone Girl m’a scotché à mon fauteuil de la première à la dernière minute, parce que c’est vraiment passionnant - et plein de surprises. Formellement, inutile de préciser que c’est tout simplement brillant. Mise en scène au cordeau, photo magnifique, musique géniale, casting absolument parfait… Bref, c’est un régal.6. Boyhood (Richard Linklater, USA) Si Boyhood, le dernier film de Richard Linklater, marque une date dans l’Histoire du cinéma, c’est parce qu’il a été tourné sur une période de plus de 11 ans. On y suit la traversée de l’adolescence du jeune Mason, de ses 7 ans à ses 18 ans, de son enfance à son entrée à la fac. Avec cette particularité, donc, de voir le jeune comédien (et tout le casting à ses côtés) grandir et vieillir sous nos yeux. Expérience cinématographique inédite et extraordinaire, Boyhood est aussi, Dieu merci, un excellent film. De la première à la 166ème minute, nous sommes plongés dans l’intimité d’une famille. Afin d’éviter ne fut-ce qu’une seconde d’ennui, le réalisateur a eu l’intelligence de fuir tout sensationnalisme et de miser sur la simplicité du quotidien, le réalisme, la vie ordinaire, cette vie telle qu’on la connaît, avec les joies et les peines, les rencontres, les épreuves à surmonter, les choix à faire, les souvenirs à conserver. Le tout raconté à travers les yeux de Mason, auquel on s’attache avec une infinie tendresse. L’art de l’ellipse temporelle (forcément parfois brutale) est ici maîtrisé avec tact et subtilité. Rythmé par une délicieuse BO pop-folk, le film est évidemment un voyage nostalgique à travers l’Histoire (l’Amérique post-11/09), la culture et la technologie des quinze dernières années, mais c’est avant tout un magnifique film sur l’enfance, l’éducation, les responsabilités… le temps qui passe. C’est là, bien sûr, que le fond du film rejoint la forme, c’est par cette cohérence, cette intelligence, cette justesse, que Boyhood est une incontestable réussite.7. Winter Sleep (Nuri Bilge Ceylan, Turquie) Un drame brillant et intelligent, situé dans un hôtel situé au cœur de la Cappadoce. Film-fleuve (3h16), mais surtout montagne, à la fois imposante et apaisante, traversée d’innombrables tunnels de dialogues infinis, entourée de paysages qui invitent à la méditation. Les personnages, au gré de leurs joutes verbales, vont s’aimer et se déchirer, peu à peu révéler leur nature profonde… Magnifiquement réalisé, joué et écrit, Winter Sleep semble faire le pont entre Bergman et Tarkovski. 196 minutes et pas une seule seconde d’ennui: indéniablement un beau morceau de cinéma.8. Philomena (Stephen Frears, UK) L’acteur Steve Coogan s’est emparé de cette histoire (racontée par Martin Sixsmith dans son livre The Lost Child of Philomena Lee), a co-écrit le scénario, l’a produit, et l’a confié à Stephen Frears, réalisateur qui affectionne les personnages forts et les bonnes histoires. Au casting, Coogan lui-même dans le rôle de Sixsmith, et la grande Judi Dench dans le rôle-titre. Un rôle magnifique, à la mesure de son talent, immense. Elle est exceptionnelle. Inoubliable. Outre la performance de Judi Dench, le grand atout de Philomena reste son excellent scénario, riche en surprises (le mot rebondissements paraît moins adéquat ici), riche en sujets abordés, riche en émotions… et toujours fin, subtil, intelligent. Si le film est poignant, c’est tout en retenue, sans lourdeur, sans pathos. On en ressort ému, remué, et heureux d’avoir pu vivre cette histoire sur grand écran.9. Une nouvelle amie (François Ozon, France) Le quinzième film de François Ozon est un de ses plus beaux, un de ses films les plus touchants. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Mais Ozon a une telle maîtrise de sa narration que même les histoires les plus “tordues” nous touchent en plein coeur. On en sort bouleversé, grâce à l’irrésistible jeu d’équilibriste du cinéaste (“trans-genre” est bien le mot-clé du film), mais aussi grâce au casting: Romain Duris, irréprochable, prouve qu’il peut tout jouer, et Anaïs Demoustier illumine l’écran tout en mettant sa carrière définitivement sur orbite.10. Eastern Boys (Robin Campillo, France) L’un des meilleurs films français de l’année. Du cinéma puissant et élégant, surprenant et inconfortable.11. 12 Years a Slave (Steve McQueen, USA) 12 Years a Slave raconte l’histoire, quelques années avant la guerre de Sécession, de Solomon Northup, jeune homme noir enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Sa lutte pour sa survie durera douze ans… Douze ans! Au fil du récit, on a un peu de mal à mesurer ce laps de temps. Si les indications de temps sont (volontairement) omises, c’est pour mieux nous faire ressentir la perte de repères de Solomon. Steve McQueen s’engage à nous faire vivre au plus près le calvaire quotidien de son héros. Violence psychologique, souffrance physique, tentation du désespoir absolu… Visuellement puissante (mais moins radicale que dans les deux films précédents), la mise en scène de McQueen s’avère constamment virtuose. Steve McQueen arrive toutefois à ne pas tomber dans l’ostentatoire: son talent reste au service du propos du film. Il est épaulé, dans sa tâche, par la photographie de son collaborateur Sean Bobbitt, la musique de Hans Zimmer, une fois de plus très efficace, et par une troupe de comédiens d’exception. En tête, Chewitel Ejiofor dans le rôle de sa vie, et le fidèle Michael Fassbender, terrifiant dans le rôle de l’esclavagiste. Film important (c’est la première fois qu’un cinéaste noir traite de ce sujet sensible), 12 Years a Slave est une expérience cinématographique forte et forcément bouleversante, à ranger aux côtés des grands films sur l’Histoire des Etats-Unis.12. The Selfish Giant (Clio Barnard, UK) Pour son premier film de fiction, la réalisatrice britannique Clio Barnard s’aventure en terrain connu, celui du film social anglais, où les personnages (cette fois, deux pré-ados) luttent pour s’en sortir (en tant que petites mains d’un ferrailleur). A défaut d’originalité, ce Géant égoïste marque par sa force et sa sincérité. Brillamment raconté, réalisé et joué, le film a une allure de conte moderne où la noirceur et la grisaille laissent ici et là un espace pour une petite touche poétique, pour une petite note d’espoir. Les dernières minutes du film sont touchées par la grâce. Elève d’un Ken Loach (pour son ancrage social) et d’une Adrea Arnold (pour sa puissance esthétique), Clio Barnard s’impose comme un nouveau talent dans le cinéma d’auteur européen.13. Ida (Pawel Pawlikoski, Pologne) Une des perles cinématographiques de l'année. A voir absolument sur grand écran.14. The Lego Movie (Ph. Lord & Ch. Miller, USA) Quand le premier teaser fut mis en ligne, une seule vraie question restait en suspens: The Lego Movie est-il un bon film? La réponse a résonné hier soir dans un énorme éclat de rire: OUI! Confier la réalisation de ce film au duo Lord & Miller est la première idée de génie de l’entreprise. Les deux lascars de Tempête de Boulettes Géantes ont tout compris à l’univers LEGO (ce qu’il représente aujourd’hui, ce qu’il a été jadis), et ils nous le prouvent avec générosité et intelligence. Car non seulement le film est magnifiquement réalisé (du stop-motion simulé au rendu réaliste), non seulement il est désopilant de bout en bout (on croule sous les vannes hilarantes, les idées complètement barrées), mais il est aussi malin. Il aurait été idiot, en effet, de passer à côté de la dimension méta-narrative et méta-ludique d’un “film avec des LEGO”, et les réalisateurs s’en sont donnés à cœur joie, faisant au passage l’éloge de l’imagination, de la créativité, de l’originalité. On pourra regretter un rythme parfois défaillant, un trop plein visuel par moments illisible, un manque de concision dans l’écriture du dernier acte ou encore un Will Ferrell mal casté, mais cela n’enlève pas grand chose au bonheur que fut cette séance. Pour tous les fans des LEGO, grands ou petits, The Lego Movie est une belle réussite.15. Le Conte de la Princesse Kaguya (Isao Takahata, Japon) Le Conte de la Princesse Kaguya (adaptation d’un conte folklorique japonais datant du Xe siècle) est sans contexte un des plus somptueux films d’animation de l’année. Si la partie centrale du film contient quelques longueurs (le film fait quand même 2h17), on est ébloui par la beauté infinie de certains passages (la naissance et la croissance de la Princesse, la fuite du palais, l’épilogue crève-coeur…), on ne peut rester insensible à cette histoire de bonheur sacrifié. Visuellement (traits au fusain, couleurs à l’aquarelle), c’est un pur enchantement. Un vrai bonheur, à voir de préférence sur grand écran…(si on enlève The Selfish Giant, sorti en janvier en Belgique, le 15ème larron serait Bande de Filles) J’aurais bien voulu les voir… (mais on ne peut pas tout voir)• American Hustle • Saving Mr. Banks • Diplomatie • Noah • Night Moves • Short Term 12 • Godzilla • L’Homme qu’on aimait trop • La Chambre Bleue • Edge of Tomorrow • Locke • Blue Ruin • Gemma Bovery • Elle l’adore • Vie Sauvage • La prochaine fois, je viserai le coeur • Love is strange • Astérix – Le Domaine des Dieux • Nichtcrawler • Mr Turner • La Famille Bélier Nombre de films de 2014* vus : 89 (dont 78 en salle) Films européens: 62 (dont 40 français et 4 belges) Films américains: 15 (!!??) Films du reste du monde: 12 *selon la date de sortie belge (à défaut: la date française) (à défaut: la date du festival)
_________________ Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"
Dernière édition par Arnotte le 17 Déc 2014, 11:42, édité 2 fois.
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