Forum de FilmDeCulte

La trilogie berlinoise (Philip Kerr) : L'été de cristal / La pâle figure / Un requiem allemand

Bon, Trilogie berlinoise, si on veut puisque le dernier roman se déroule à 90% à Vienne.
Ces romans ont pour toile de fond le IIIème Reich de la 2ème moitié des années 30 et, après la défaite, l'Allemagne en ruine de 1947. Bernhard Gunther, dit Bernie, ex-commissaire, est devenu détective privé; il "est à l'Allemagne nazie ce que Philip Marlowe est à la Californie de la fin des années 30 : un homme solitaire, témoin de son époque"

Ce que je ne pourrais pas confirmer vu que je n'ai jamais lu de Chandler.
A travers les différentes enquêtes de Bernie, on découvre cette société particulière qu'était le IIIème Reich et son climat étouffant, tendu, claquemuré. Les livres d'Histoire le décrivent très bien mais,finalement, rien ne vaut la vision par le quotidien d'un personnage. L'auteur est tellement à l'aise dans sa description que je suis allée vérifier à 2 reprises qu'il n'était pas allemand mais bien britannique .
Bref, ce qui est intéressant, c'est que l'on appréhende mieux le caractère inexorable du rouleau compresseur nazi aboutissant à une société s'enfonçant peu à peu dans la sclérose et la névrose.
Crispant mais passionnant.

_________________
"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
Douglas Sirk

Bref. On va croire que je m'acharne!
Fortitude et Ethan Frome me font bien envie, merci à vous pour ces succulents retours.

Allez, vas te présenter, toi !

Comme tout le monde, polémique ridicule.
Après si on est un minimum curieux, c'est impossible de rien savoir de la biographie du type dont on apprécie l’œuvre et pour moi, ça a une certaine importance, si ce qu'il fait est très bien, j'aurais tendance à fermer les yeux sur l'impression que me fait le type, sinon, rejet partiel ou total. En tout cas, le côté, je sépare la vie de l’œuvre me fait bien rigoler et je n'y crois pas du tout, surtout qu'en général un connard fait des films de connard. Les exceptions sont très rares (sans vouloir relancer le débat parce que je sais qu'on ne sera pas d'accord).
De toute manière, la civilité est un de mes mots ordres, c'est pourquoi j'adore ane Austen.

lol
Exactement.

_________________
Tennis de Table Bordeaux

La question n'est pas tant celle-là (essayer de séparer l'homme de l’œuvre), que celle de ne pas aimer une œuvre pour des raisons idéologiques. On a le droit, bien sûr, mais c'est dommage, car c'est justement rater l'occasion de la rencontre avec l'autre. Ce qui fait la beauté de Lovecraft (et je suis pourtant critique sur bien des points concernant ce que j'ai lu de lui), c'est sa phobie de l'autre, son dégoût de l'autre, l'angoisse d'un archaïsme fantasmé. Ce que ça crée de vertige existentiel. Rejeter Lovecraft l'homme, sa vision du monde, c'est aussi refuser tout ce qui fait l'apport et la puissance de son œuvre - et par là-même, faire mine d'ignorer la façon dont elle a infusé par ses motifs et obsessions toute une part de l'horreur et de la science-fiction contemporaine.

Cela me rappelle le vote du nom de la promotion de l'ENA d'un très bon ami, qui avait proposé "Rimbaud" et s'était fait insulter par une apprentie Duflot au motif que "Voter Rimbaud, c'est voter Thompson, l'armement, la guerre et la destruction".

_________________
There is no such thing in life as normal

Pour prendre l'exemple canonique de Céline on peut dire beaucoup de choses de son oeuvre mais certainement pas que c'est une oeuvre de "connard".

_________________
CroqAnimement votre

Nos élites.

Après, choisir Rimbaud comme nom d'une promotion de l'EAN, c'était assez insultant pour lui.

_________________
Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do :
1. Admit you are a semi-evolved ape-thing mercifully ignorant of the sanity-blasting truths of the greater cosmos.
2. Die.
3. Rot.

Céline qui avait retiré des célébrations nationales à cause de ça, d'ailleurs, sous les pressions de je sais plus qui (le CRIF ?).

N'importe quoi.

Frappé au cœur par la puissance de ton argumentation, je me vois contraint de déposer les armes...

Un livre très court, trouvé et trouvable sur le net, mais qu'il est important de lire.

Edward Bernays, c'est accessoirement le neveu de Sigmund Freud, l'auteur de la fabrique du consentement, et le père des relations publiques, de la publicité, etc etc... En guise d'exemple, c'est de son fait si les femmes se sont mises à fumer (la fameuse campagne torches of freedom : http://tobaccocontrol.bmj.com/content/9/1/3.full )

C'est une lecture nécessaire, qui si elle n'est pas révolutionnaire (heureusement, vu que le bouquin a plus de 80 ans...), démontre malheureusement sa pertinence actuelle. Les premiers mots du bouquin plante le décor :

"La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imeprceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, soufflent nos idées. C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique.

THE conscious and intelligent manipulation of the organized habits and opinions of the masses is an important element in democratic society. Those who manipulate this unseen mechanism of society constitute an invisible government which is the true ruling power of our country.
We are governed, our minds are molded, our tastes formed, our ideas suggested, largely by men we have never heard of. This is a logical result of the way in which our democratic society is organized. Vast numbers of human beings must cooperate in this manner if they are to live together as a smoothly functioning society. "


(et c'est un bon pendant factuel à ce qu'a écrit Barthes sur les mythes de notre société, et à la triste victoire de la bourgeoisie...)

_________________
ART: Ça mène à l'hôpital. A quoi ça sert, puisqu'on le remplace par la mécanique qui fait mieux et plus vite.

Vous lisez du lourd !!
hop, je note , pour Propaganda.

De mon côté, j'ai entamé


Juste après avoir terminé


qui était merveilleux.

Tiens, ça se traduit pas/plus "Guerre et paix" ?