Le récit à la première personne d'un riche script doctor new-yorkais cinquantenaire, alcoolique et qui n'a pas une très haute opinion de lui-même et des gens qui l'entourent. Roman très fort, d'abord très drôle dans la manière qu'à le personnage principal de concevoir son univers. Tout y est artificiel, tout le monde est hypocrite et tout le monde passe sa vie à jouer un rôle pour un public imaginaire. Ce qui rend le personnage supportable dans son fiel permanent et misanthrope c'est qu'il est la première victime de ses vindictes. C'est dans un premier temps très drôle, très caustique. Passionnant sur ce que ça dit de Hollywood (même si au final tout cet aspect est plutôt en arrière plan) et puis peu à peu se passe quelque chose de fondamental dans sa vie. Quelque chose qui va peut-être lui permettre d'être enfin un homme bien, d'effacer d'une certaine manière toutes les peines qu'il a pu causer par le passé. Plus on avance plus c'est bouleversant, le personnage cesse d'être cette espèce d'auteur caustique génial pour n'être qu'un homme et tout ce que ça entraîne en lui.
Je regrette quelques "ficelles narratives" un peu grosses, qui donne à l'ensemble paradoxalement l'aspect général d'un scénario hollywoodien (l'auteur était scénariste par ailleurs). Mais c'est passionnant, c'est souvent profondément bouleversant dans cette manière de décrire l'horreur de la vie moderne et des relations (notamment un passage terrible avec la mère du personnage). Puis vient cette fin, inattendue et sublime sortant soudain des méandres d'un esprit torturé pour atteindre la grâce de la mythologie. Une des plus belles fins lues depuis longtemps. Grand roman qui se lit très bien, je recommande chaudement.