Art Core a écrit:
[Tout simplement parce que contrairement à un auteur qui se met en scène et qui fait de lui-même le sujet de sa fiction, Reinhardt fait le choix de déplacer le curseur sur un autre personnage en nous racontant un personnage présupposé vrai mais qui n'a jamais existé. C'est un choix littéraire mais une fois de plus il me dérange parce qu'il va suffisamment loin (même très loin) pour finalement créer toute une dramaturgie tragique (à deux doigts de virer au pathos) sur la base d'un faux personnage. Et je rappelle l'espèce de cynisme qu'il a en faisant dire à un personnage "si ce n'était pas une histoire vraie personne ne vous croirait". Quand l'autofiction amène une forme de ludisme dans la représentation de l'artiste je trouve ça stimulant mais là j'ai plutôt l'impression d'une manipulation.
Et bien évidemment qu'un écrivain peut être malhonnête. Quoique je ne reproche pas tellement à Reinhardt d'être malhonnête, je n'approuve simplement pas sa démarche.
Mais bon en même temps je débats avec un mec qui a même pas lu le livre...
Bon je viens de finir le roman. Reinhardt se met assez peu en scène finalement. J'ai dû sauter cette réplique "si ce n'était pas une histoire vraie personne ne vous croirait." Je suis pas gêné par le fait que ce soit/ça paraisse être une histoire vraie, c'est très manifestement un roman et une construction en dépit de passage tel que:
"« Si un jour vous écrivez un livre à partir de cette histoire, on pensera que vous avez beaucoup d’imagination et que cette imagination n’est pas terrible, qu’elle est un peu lourde.
Mais je vous jure que c’est vrai. »
Je me dis qu'en effet l'imagination est très pauvre, on a roman catholique petit-bourgeois, une espèce de
Madame Bovary sur deux tarés (dont un de ces "pervers narcissique" si à la mode aujourd'hui), complètement dépourvu d'ironie, c'est digne de Doctissimo. La discussion sur Meetic est grotesque mais au moins assez amusante; la satire s'y fait un peu moins involontaire. Mais sinon, c'est une écriture qui se voudrait fine, notamment sur la psychologie des personnages, mais elle s'applique à des émotions et des sentiments sommaires pour ne pas dire vulgaires, elle en fait beaucoup trop, c'est un peu embarrassant.
Au niveau de l'anecdote, plus que cette description du gland (qu'elle fasse la remarque qu'il est circoncis, etc, ne me paraît pas improbable), je citerai cette exemple:
" Quand elle avait mal quelque part, il l’emmenait faire des tours de stade, il la faisait marcher pendant des heures, soi-disant pour entretenir sa forme physique et la sortir de cet état maladif où elle se complaisait. Allez, on va marcher, ça va nous faire du bien ! "
Mais bon, on n'est jamais au bout de nos surprises, et le personnage principal, avec son nom de bonne catholique venu d'un roman de Paul Gadenne, est vraiment désolant de bêtise. C'est une prof de français!! Elle a donc des fantasmes de lettrée de province, gênant.
Le mari est un taré.
C'est vraiment de la merde ce roman.
après:
Citation:
Comment passe-t-on de l’enfant terrorisé par un hypothétique avenir à l’écrivain qui reçoit des lettres de fans ?
En osant la sincérité, le premier degré. Mes premiers écrits adoptaient le ton de l’ironie et du sarcasme. Pour Existence, mon troisième livre, mon ambition était d’écrire une comédie grinçante, cruelle et satirique. Mais à force de s’enfermer dans un genre, on finit par mettre de côté des éléments plus précieux et sensibles, essentiels, de sa vie. Cendrillon a été la traduction enflammée et entière de cette prise de conscience.
Le mari de L’Amour et les Forêts est ce qu’on appelle un pervers narcissique. Avez-vous étudié les mécanismes de la pathologie mentale ?
Non, j’en ai même atténué les caractéristiques trop saillantes qui pouvaient apparaître dans les témoignages. Je n’avais pas du tout envie de faire un livre illustrant le comportement des pervers narcissiques. D’ailleurs, le terme n’existait pas encore il y a quelques années : on parlait de harcèlement. Quand c’est devenu un sujet en vogue qui faisait les couvertures de magazine tout le temps, j’ai failli renoncer à écrire ce roman. Mais j’ai compris que ce serait avant tout un portrait de femme et pas un livre autour d’une pathologie.
Mouais, c'est ce que t'a fait. Et écrire des romans d'imbécile heureux élargira ton public, très certainement.
https://www.youtube.com/watch?v=mwMjhWn3OQ4