Forum de FilmDeCulte

En ce moment, je suis plus capable de faire un top lectures qu'un top ciné... 2017 année de la science-fiction (comme en témoigne le topic du genre):

La Main gauche de la nuit - Ursula Le Guin
Jack Barron et l'éternité - Norman Spinrad (on m'a offert Rêve de fer à Noël, youpi!)
Vernon Subutex 1 - Virginie Despentes
Voyage au bout de la nuit - Louis-Ferdinand Céline
Splendeurs et misères des courtisanes - Honoré de Balzac

Encore une année où j'ai trop peu lu (j'en ai marre de pas avoir de temps...), du coup, top famélique. Année misérable, même.

Top pas dans l'ordre :

Indian Summer, de William Dean Howells
A Princess of Mars, de Edward Rice Burroughs
The Natural, de Bernard Malamud
The Call of the Wild, de Jack London
Great Expectations, de Charles Dickens
La débâcle, Emile Zola

Et quelques autres trucs qui ne méritent pas de figurer ici (de la SF pas terrible principalement).

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

La débâcle, c'est bien celui sur la guerre de 1870 ?
Il m'avait forte impression celui-là.

_________________
You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

Ouais, c'est ça. C'est vraiment excellent. J'aime de plus en plus Zola, d'ailleurs.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

J'aime bien même si c'est peu suranné et anecdotique aujourd'hui.

J'ai lu relativement peu de fiction.
J'ai beaucoup aimé (attention, ça penche bien à droite) :

Fiction :
Le monde d'hier (Stefan Zweig)
Premier livre de Zweig de plus de 250 pages que je lis, et comme tous les autres, excellents. Quelle fluidité narrative ! Vraiment l'un de mes auteurs préférés.
Le rouge et le noir (Stendhal)
Pfiou, ce fut dur, assez interminable, mais je ne regrette pas.
Les déracinés (Maurice Barrès)
Je l'ai lu parce que c'est pile l'histoire de ma vie, un siècle plus tôt. Vrai livre de droitard, mais qui peut s'adresser à tout le monde.
Bel-Ami (Guy de Maupassant)
Livre qui se lit encore plus facilement que tous les romans de gare, et en plus c'est un chef d'oeuvre.
Vernon Subutex, 1 (Virginie Despentes)
Acheté parce qu'il me fallait un bouquin cool sur le train. Fatigant mais plaisant et accrocheur.

Non-fiction :
Histoire de France (Jacques Bainville)
Je voulais me remettre à jour sur l'histoire de France. Pour ceux qui se poseraient la question : les opinions politiques de Bainville transparaissent très peu dans l'ouvrage. Sinon je ne l'aurais pas lu, en bon militant de l'Empire, euh, de la République, je ne voulais pas lire un manifeste monarchiste. C'est neutre. Excellente lecture, maintenant je peux presque citer des rois de France dans l'ordre.
L'anarchisme de droite (Pascal Ory)
Pascal Ory cartonne cette arnaque qu'est l'anarchisme de droite. Juste et vachard, un plaisir.
Orthodoxie / Hérétiques (G.K. Chesterton)
Que des petits textes mind-blowing, comme on dit.
C'était De Gaulle (Alain Peyrefitte)
Vraiment fascinant car ce n'est qu'une compilation en trois très gros tomes de tous les conseils de ministre et réunions politiques sous De Gaulle président. Pas de blabla inutile, que du brut, que de la punchline et des échanges qui déchirent. On dirait du Sorkin. Très cool pour comprendre les arcanes du pouvoir et les rouages institutionnels de la Ve République, et une bonne plongée dans toutes les affaires de ce temps, jusqu'aux plus mineures.
Une histoire de tout, ou presque
Une histoire de l'univers. Comme pour l'histoire de France, je trouvais essentiel de réacquérir les bases là dessus.

J'ai aussi recommencé pour la énième fois Crime et châtiment, mais j'ai encore arrêté au bout de 50 pages, c'est à se flinguer, je ne peux vraiment pas lire ça.

En 2018, j'ai surtout prévu de m'attaquer à Illusions perdues de Balzac.

J'avais trouvé ça complètement nase, abandonné après 100 pages.



Je me suis pris la grosse anthologie de Chesterton disponible chez Everyman, tu conseilles de commencer par quoi ?

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

"Hérétiques" puis "Orthodoxie". J'ai aussi lu un autre recueil d'articles mais je ne me souviens plus du titre.
Pas lu son travail de fiction, qui m'intéresse peu.

Pas lu assez à mon goût (ça fait un mois que j'ai commencé Oscar Birotteau et j'arrive pas à le finir) mais lu de très belles choses (dont pas mal grâce au topic de littérature SF du forum) :

La chouette aveugle de Sadegh Hedayat : mélange entre surréalisme, conte oriental et introspection destructrice, c'est un roman d'une noirceur quasi totale mais aussi d'une poésie macabre magnifique.
La mélancolie de la resistance de Laszlo Krasznahorkai : enfin lu le roman dont est adapté Les harmonies Werckmeister. C'est très différent du Bela Tarr, c'est beaucoup plus drôle et la description de ce village hongrois surgelé par l'hiver est magnifique. La prose (même traduite) est superbe et la galerie de personnages inoubliable.
Un beau ténébreux de Julien Gracq : Gracq est l'un de mes auteurs préférés et autant dire qu'Un beau ténébreux est sans doute son livre que j'ai le moins aimé. Il tente quelque chose d'un peu différent plus proche de Fitzgerald (j'ai pas mal pensé à Tendre est la nuit) avec ces bourgeois oisifs qui se perdent dans la vacuité d'une vie de loisirs. Malgré tout il y a comme toujours chez Gracq des passages absolument exquis et saisissants et une espèce de romantisme suranné.
Des milliards de tapis de cheveux de Andreas Eschbach : roman de SF génial qui te crée toute un univers en partant de cet objet aussi absurde que dérisoire, un tapis fait de cheveux humains. A partir de là on voyage très loin et l'écriture est magnifique. J'en garde plein d'images en tête, j'ai vraiment beaucoup aimé.
Anamnèse de Lady Star de L.L Kloetzer : autre roman de SF d'une ambition folle et qui emmène très loin dans un récit à la construction d'une incroyable richesse mêlant différents genres, différents univers sans jamais sacrifier quoi que ce soit à la poésie de son récit.
Vernon Subutex de Virginie Despentes : fin de cette trilogie qui reste sans doute mon plaisir de lecture le plus immédiat de ses dernières années. J'adore les personnages, l'écriture cash, l'aspect choral, le côté punk et l'orientation que prend le roman. Le troisième tome (peut-être pas le meilleur) conclut parfaitement la boucle avec une idée assez couillue et magnifique. Curieux de voir la série en développement (même si fort probable que ce soit de la merde).
Quinzinzinzilli de Régis Messac : petit roman de SF génial sur un groupe d'enfants qui survit à l'apocalypse dans une grotte et qui grandit sans contact avec la civilisation. C'est très drôle et d'une cruauté terrible. Difficile de croire que ça a été écrit en 1936. Vraiment à redécouvrir.
La main gauche de la nuit de Ursula le Guin : grand plaisir de lecture de ce roman qui mêle parfaitement tous les ingrédients du genre (aventure, politique, humanisme etc...). Il m'a peut-être manqué un poil d'émotion mais ça reste un très beau livre.

_________________
CroqAnimement votre

Oui c'est à la fois dense et limpide, un modèle. Par contre je l'ai trouvé un peu long sur la fin.
Comme toi, Zweig c'est vraiment un auteur que j'adore et admire, tout à fait ma came, cette infusion de philosophie, psychanalyse, ce désir de récit, cette peinture des sentiments liée à la description d'un contexte historique. Et puis cette largesse d'esprit. Par contre, de droite?




Ah bah entre toi et Marlo, c'est encourageant



Failli le mettre mais avec un peu de recul il me manque un peu d'émotion. Et la fin est quand même décevante.

Oui la fin est pas ce que le bouquin a de meilleur en effet. Mais grosse expérience de lecture quand même.

_________________
CroqAnimement votre

Peu lu. Pas une très bonne année sur divers plan. "Découvert" Simenon et Yourcenar ceci dit.

Lu un bon quart de "la Guerre et la Paix" (marquant et passionnant, au cinéma ce serait un énorme monteur, mais j'ai du mal à reprendre après la mort glauque de la Princesse Lise en couches).
"Deniers du Rêve", "Archives du Nord", "le Coup de Grâce" et "Alexis, ou le Traité du vain Combat" de Marguerite Yourcenar (les trois premiers m'ont fait une forte impression).
"le Bilan Malétras" de Simenon (qui m'a fort plu, mais j'ai du mal à trouver des Simenon qui répètent ce plaisir de lecture et cette profondeur psychologique).
Le premier Vernon Subutex que j'ai lu fort rapidement, mais le second m'est tombé des mains.

Non romanesque :
"Martin Luther, un Destin" de Lucien Febvre.
"la Mort" de Jankelevitch, entamé il y a 20 ans (qui m'a amené vers le Tolstoï).
"Droit naturel et Histoire" de Léo Strauss (au bout d'un an)
"Introduction à l'économie politique" de Rosa Luxemburg (j'ai conscience du grand écart politique avec Leo Strauss).
"Vermeer et Spinoza" de Gilles Aillaud.

La moitié du "Spanish Labyrinth" (oublié chez un ami) de Gerald Brenan, extrêmement intéressant sur les rapports entre anarchisme et marxisme, tant dans les différences théoriques que dans la sociologie de leur adhérents. Beaucoup plus profond et dense que l'Hommage à la Catalogne d'Orwell, à partir d'une position politique voisine.
Et Brenan est visionnaire sur les causes économiques et idéologiques de la crise catalane, antérieures à Franco, liée en fait au carlisme (aristocratie non légitimiste) qui racole le prolétariat pauvre d'une province riche (d'autant plus facilement qu'une insurrection anarchiste à Barcelone a été violemment réprimée en 1919, situation pas sans analogie avec la révolution spartakiste, mais le fait que l'Espagne était hors-Catalogbe très agricole, le clivage anarchiste ou catholique plus marqué dans la paydannerie pauvre et dominée par des seigbeurs locayx que dans les villes explique les spécificités de la réaction franquiste par rappoer au fascksme hitlérien).

"'le Conservatisme paradoxal" de Nicolas Zourabitchvili, stimulant mais contestable. Au fond plus réactionnaire que Leo Strauss, malgré la filiation (dans le dos ?) Deleuze-Macherey.

Je dois dire que Leo Strauss m' intrigue beaucoup. Ce n'est clairement pas un penseur de gauche, mais je pense qu'il est moins conservateur que ceux qui se sont revendiqué de lui (ainsi sa sympathie pour Rousseau dans "Droit Naturel et Histoire") . Il y a chez lui une prise en compte du cosmopolitisme philosophique plus forte que ce que l'on trouve chez Heidegger. Ce qu'il dit sur Burke n'est pas si loin de la lecture de Foucault sur l'ordo et le neolibéralisme lors de son séminaire sur les bio-pouvoirs, mais peut-être plus prudent. Lu un très bel article de lui sur Heidegger, intéressé aussi par son intérêt pour les philosophes juifs et arabes de l'epoque médiévale.