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MessagePosté: 29 Mai 2014, 10:00 
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Et si vous en arrivez à faire le rapprochement avec les temps modernes c'est aussi que vous trouvez quelque part que le film des Dardenne est caricatural. Mais la caricature c'est l'essence même du film de Chaplin puisqu'on est ouvertement dans la satire et la moquerie, la caricature donne de la force aux Temps modernes parce qu'elle attaque le système qu'elle dénonce en le tournant en dérision.


Euh non... Satire n'est pas moquerie ni carricature. Carricature = imitation grotesque, simulacre (selon l'Internaute). La notion de carricature appelle le stéréotype, donc l'erreur, et Chaplin comme les Dardenne ne sont pas dans le stéréotype mais dans la caractérisation.

Je reprends l'argument de White car il est juste: Deux jours, une nuit peut paraître répétitif et manichéen sur la forme parce que l'espace social actuel est aménagé comme ça. Demande aux ouvriers de Florange s'ils ont pas ressenti une répétition de l'humiliation jour après jour pendant la fameuse crise.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 10:03 
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En fait au-delà des malheurs qui arrivent à cotillard, dans le film ce que l'on devrait voir c'est que c'est un système entier qui est en crise, au sein duquel les entreprises, ses dirigeants, ses employés, leurs familles sont dans un sens tous des victimes.

Ce que je trouve dommage c'est que le film oppose l'entreprise et Cotillard avec ce rapport bourreau/victime, faisant des dirigeants les bourreaux, et Cotillard la victime, représentation que je trouve effectivement trop manichéenne et dont le film aurait pu se passer à mon, sens. J'aurais trouvé le film, le parcours de son personnage principal, la résonance sur les crises socio-économiques qu'on traverse beaucoup plus puissants en mettant tout le monde dans le même bateau, ou en tout cas en apportant plus de nuances.

Au final, je trouve la vision proposée par les Dardenne trop simpliste pour que ça puisse sincérement me toucher.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 10:12 
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Baptiste a écrit:
On n'a pas vu le même film quand tu dis qu'il décrit ceux qui refusent de voter pour Sandra comme des égoïstes. Au contraire tout est fait, des dialogues à la mise en scène, pour humaniser les raisons de ces personnes et les insérer dans un système plus vaste qui les dépasse et contre lequel ils ne peuvent qu'avoir du mal à lutter. Pour moi, il n'y a pas de dichotomie égoïste/altruiste, davantage une dichotomie faible/fort, les forts étant ceux qui malgré la logique du système se révoltent pour donner leur prime. Mais les faibles ne sont pas jugés moralement. Et encore, les faibles sont montrés la plupart du temps comme ceux qui sont le plus dans la merde financièrement, donc forcément, ils sont en position de faiblesse, non par nature, mais par imbrication.


Je suis d'accord sur la mise en scène qui cherche à humaniser chaque personnage, chaque rencontre. Sans même prendre partie pour son héroïne. La mise en scène, je l'ai trouvé très juste.
C'est au niveau de l'écriture que pour moi ça péche. Les faibles ne sont pas pour moi montré comme financièrement plus dans la merde que les autres. Comme, par exemple, expliquer l'attitude du mec de la blonde, celui du couple qui est en train d'emménager ?


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 10:19 
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Baptiste a écrit:

Euh non... Satire n'est pas moquerie ni carricature. Carricature = imitation grotesque, simulacre (selon l'Internaute). La notion de carricature appelle le stéréotype, donc l'erreur, et Chaplin comme les Dardenne ne sont pas dans le stéréotype mais dans la caractérisation.


Mouais... Regardons ce que dit l'Internaute de la satire dans ce cas là :) :

"Discours écrit ou oral qui se moque de quelque chose, souvent de façon ironique"

Enfin bref, appelle ça de la caractérisation si tu préfères, mais ça ne change pas le fond de mon problème, qui est que je trouve cette caractérisation trop vulgaire (dans le sens véritable de vulgarisé, simple) justement pour que je puisse m'attacher sincérement à ce qu'éprouvent et entreprennent les personnages.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 10:24 
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Mickey Willis a écrit:
En fait au-delà des malheurs qui arrivent à cotillard, dans le film ce que l'on devrait voir c'est que c'est un système entier qui est en crise, au sein duquel les entreprises, ses dirigeants, ses employés, leurs familles sont dans un sens tous des victimes.

Ce que je trouve dommage c'est que le film oppose l'entreprise et Cotillard avec ce rapport bourreau/victime, faisant des dirigeants les bourreaux, et Cotillard la victime, représentation que je trouve effectivement trop manichéenne et dont le film aurait pu se passer à mon, sens. J'aurais trouvé le film, le parcours de son personnage principal, la résonance sur les crises socio-économiques qu'on traverse beaucoup plus puissants en mettant tout le monde dans le même bateau, ou en tout cas en apportant plus de nuances.

Au final, je trouve la vision proposée par les Dardenne trop simpliste pour que ça puisse sincérement me toucher.


Euh économiquement ils ne sont pas dans le même bateau, les dirigeants. Pourquoi diable veux-tu absolument que leur situation soit mise sur le même plan? Il y a bel et bien un rapport bourreau/victime (qui bien sûr ne doit pas être agréable pour les dirigeants). Va quand même falloir accepter qu'il y a une place plus enviable, qu'on est dans la compétition permanente et que c'est justement tout le problème: le seul salut durable est de remplacer le chef.

Ce qui est donc dans le viseur à mon avis, ce ne sont pas les dirigeants, mais l'organisation économique qui fait jouer les uns contre les autres, à tous les niveaux. Tu aimes Loach? Car ça m'y a pas mal fait penser, au final.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 12:57 
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Mickey Willis a écrit:
En fait au-delà des malheurs qui arrivent à cotillard, dans le film ce que l'on devrait voir c'est que c'est un système entier qui est en crise, au sein duquel les entreprises, ses dirigeants, ses employés, leurs familles sont dans un sens tous des victimes.

Ce que je trouve dommage c'est que le film oppose l'entreprise et Cotillard avec ce rapport bourreau/victime, faisant des dirigeants les bourreaux, et Cotillard la victime, représentation que je trouve effectivement trop manichéenne et dont le film aurait pu se passer à mon, sens. J'aurais trouvé le film, le parcours de son personnage principal, la résonance sur les crises socio-économiques qu'on traverse beaucoup plus puissants en mettant tout le monde dans le même bateau, ou en tout cas en apportant plus de nuances.

Au final, je trouve la vision proposée par les Dardenne trop simpliste pour que ça puisse sincérement me toucher.

Ben moi je ne trouve pas le film manichéen. J'y vois bien ce que tu penses que l'on devrait y voir. Je ne vois pas le film comme un combat de la gentille salariée contre le méchant patron. Mais le plus combat d'une femme pour reprendre le contrôle de sa vie. Le patron qui décide de la licencier il n'est ni bon ni mauvais. Il nous est présenté comme neutre. Il subit de plein fouet la concurrence asiatique, il voit que son entreprise fonctionne bien avec un employé de moins et il se pose la question de reprendre quelqu'un qui sort de dépression. Le patron représente le capitalisme, le système.

Il se montre même plutôt conciliant quand il voit comment Sarah s'est battue pour son travail, démontrant que sa dépression était peut-être bien derrière elle. Son deal à la fin est plus que correct, sauf qu'il entre en conflit total avec les convictions que Sarah a pu acquérir au cours de son combat.


Après oui, le perso de Jean-Marc est sans nuance. Mais qui n'aura pas été témoin dans sa vie salariale d'un petit chef tyrannique ressemblant comme deux gouttes d'eau à Jean-Marc ? De plus il est très bien balancé par les personnages de Roger et Jeannette qui sont totalement dévoués à la cause de Sarah.

Sarah elle ne se bat pas contre Jean-Marc ou son patron, elle se bat autant contre elle-même et sa dépression que contre un système. C'est une épreuve qu'elle subit. On pourrait faire le parallèle avec un personnage confronté à une catastrophe naturelle. La chose la plus importante est la volonté de survivre. Ensuite est-ce que la nature (le capitalisme), qui lui inflige cette épreuve, est-elle bonne ou pas, plein de philosophes (économistes) se posent encore la question.

Rien à voir, mais on est nombreux à a voir remarqué une similitude de la voix entre le mari (pas très bon d'ailleurs) et Daniel Auteuil. Mais quand on regarde leur nez, ce n'est peut-être pas un hasard :mrgreen:

_________________
Castorp a écrit:
Nan mais je suis d'accord avec Antigone, là.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 13:13 
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Citation:
On pourrait faire le parallèle avec un personnage confronté à une catastrophe naturelle. La chose la plus importante est la volonté de survivre. Ensuite est-ce que la nature (le capitalisme), qui lui inflige cette épreuve, est-elle bonne ou pas, plein de philosophes (économistes) se posent encore la question.


Là on entre dans des eaux dangereuses, faire du capitalisme la nature c'est aller extrêmement vite et ce n'est pas anodin. A part ça, le film pour moi lie les affects vécus par les personnages et le système, il n'y a pas de séparation faite, en tout cas les premiers sont contraints par le second, à défaut d'être totalement façonnés.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 13:32 
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Baptiste a écrit:
Là on entre dans des eaux dangereuses, faire du capitalisme la nature c'est aller extrêmement vite et ce n'est pas anodin. A part ça, le film pour moi lie les affects vécus par les personnages et le système, il n'y a pas de séparation faite, en tout cas les premiers sont contraints par le second, à défaut d'être totalement façonnés.

Je suis d'accord, je me suis un peu emballé, il reste en effet des hommes derrière le capitalisme. Ce que je voulais dire c'est que les Dardenne ne lui font pas forcément un procès dans le film. Qui pourrait réfuter aujourd'hui que le capitalisme n'a pas a une grosse emprise sur nos vie et qu'il peut s'avérer très violent. Ils s'en servent plutôt comme d'un prétexte pour explorer la nature humaine. En ça c'est vrai que le film est peut-être un peu mécanique en nous montrant toutes les réactions possibles face au problème moral que le film pose, un peu comme un devoir de philo le ferait.

_________________
Castorp a écrit:
Nan mais je suis d'accord avec Antigone, là.


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MessagePosté: 29 Mai 2014, 14:57 
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Baptiste a écrit:
Euh économiquement ils ne sont pas dans le même bateau, les dirigeants. Pourquoi diable veux-tu absolument que leur situation soit mise sur le même plan? Il y a bel et bien un rapport bourreau/victime (qui bien sûr ne doit pas être agréable pour les dirigeants).


J'en ai pas absolument envie, j'ai précisé tout de suite derrière que j'attendais surtout plus de nuance. On a ici le cas d'une entreprise confrontée à une concurrence mondiale, opposée à d'autres entreprises rivales qui ont la possibilité de réduire considérablement leur masse salariale en exploitant leurs activités en Chine, qui se retrouve contrainte à réduire son effectif pour survivre (c'est ce qui est dit en substance dans le film) est-ce qu'elle pas quand même un peu elle aussi une tête de victime du système ? Moi je trouve ça regrettable que les Dardenne se sentent obligés de forcer cette dualité et de se trainer l'archétype du petit patron tyranique pour appuyer cette figure de bourreau à l'entreprise. Je crois simplement que le film aurait fonctionné sans ça, et que le propos aurait été plus fort, je ne remets pas en question les rapports de force qui existent entre employés, dirigeants, entreprises, états, etc.

Citation:
Ce qui est donc dans le viseur à mon avis, ce ne sont pas les dirigeants, mais l'organisation économique qui fait jouer les uns contre les autres, à tous les niveaux.


Bah oui mais pourquoi faudrait il charger aussi négativement les dirigeants et une partie de ceux qui refusent de lacher leur prime alors ? On peut avoir des dirigeants simplement démunis par la situation de leur entreprise, et des salariés qui ne peuvent pas se passer de leur prime pour subsister, on a pas besoin d'avoir des persos violents qui se mettent à frapper leur père en un quart de seconde pour donner du sens à ce récit !

Citation:
Tu aimes Loach? Car ça m'y a pas mal fait penser, au final.


Haha je me suis dit la même chose, et justement avec cette discussion je me demandais si j'aurais autant aimé It's a free world si je l'avais vu aujourd'hui, alors qu'à l'époque j'étais encore au lycée je pense. Pour le reste je ne suis pas particulièrement fan. Par contre, j'aime vraiment bien les quelques films des Dardenne que j'ai pu voir à la base.


Dernière édition par Mickey Willis le 29 Mai 2014, 15:10, édité 1 fois.

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MessagePosté: 29 Mai 2014, 15:08 
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Donut78 a écrit:
Ben moi je ne trouve pas le film manichéen. J'y vois bien ce que tu penses que l'on devrait y voir. Je ne vois pas le film comme un combat de la gentille salariée contre le méchant patron. Mais le plus combat d'une femme pour reprendre le contrôle de sa vie. Le patron qui décide de la licencier il n'est ni bon ni mauvais. Il nous est présenté comme neutre. Il subit de plein fouet la concurrence asiatique, il voit que son entreprise fonctionne bien avec un employé de moins et il se pose la question de reprendre quelqu'un qui sort de dépression. Le patron représente le capitalisme, le système.

Il se montre même plutôt conciliant quand il voit comment Sarah s'est battue pour son travail, démontrant que sa dépression était peut-être bien derrière elle. Son deal à la fin est plus que correct, sauf qu'il entre en conflit total avec les convictions que Sarah a pu acquérir au cours de son combat.


Moi je te trouve très conciliant avec le comportement des dirigeants dans ce cas: faire reposer l'avenir d'une employée sur le dos de ses employés c'est très lâche, surtout que la solution ils l'ont dès le début. Pour le coup, ils cherchent surtout à se débarasser d'une employée qui revient de dépression sans se demander un seul instant si elle est en mesure de reprendre son poste.

Et le deal est affreux, encore une fois après la lutte qu'elle a mené pour garder sa place, accepter que son collègue quitte l'entreprise c'est prendre la responsabilité de sa mise au chômage. Je suis loin de trouver ça "correct", pour moi c'est inacceptable et ça revient à de la manipulation. La réaction immédiate de Cotillard laisse aucun doute là dessus d'ailleurs.


Citation:
Sarah elle ne se bat pas contre Jean-Marc ou son patron, elle se bat autant contre elle-même et sa dépression que contre un système. C'est une épreuve qu'elle subit.


Oui ça c'est un aspect du film que je trouve déjà plus interessant.


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MessagePosté: 30 Mai 2014, 02:07 
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Mickey Willis a écrit:
En fait au-delà des malheurs qui arrivent à Cotillard, dans le film ce que l'on devrait voir c'est que c'est un système entier qui est en crise, au sein duquel les entreprises, ses dirigeants, ses employés, leurs familles sont dans un sens tous des victimes.
Ce qui semble intéresser les Dardenne, ce n'est justement pas un combat manichéen, entre les victimes et les bourreaux qui s'affronteraient au sein d'un système en crise. Ils ne s'arrêtent pas à ce constat. Ils pensent plus loin. Ils creusent au-delà de ce constat. Ailleurs, dans une épreuve humaine. C'est en ce sens que le film n'est même plus une attaque contre un système capitaliste.

Une autre façon de formuler ce que tu dis par rapport à "tous des victimes" - et je crois que c'est exactement ce que "Deux jours, une nuit" met en scène, si tu veux c'est précisément la nuance intrinsèque et puissante du film - c'est qu'un système entier est en crise et que tous, dirigeants d'entreprises ou employés, quelles que soient leurs places, sont des potentiels non-victimes ou non-bourreaux justement. Un changement est possible.
Il propose de penser et de raconter, le temps d'un film, l'advenir de l'existence d'un être dans une société humaine en dehors d'une nécessaire victimisation. C'est le chemin du film, la pensée qui s'y déploie. Un changement, un déplacement. De "victime" à "ne plus être victime". D'avoir peur de l'autre, à ne plus avoir peur.

C'est une proposition. Peu à la mode. Difficile à formuler tant on baigne dans une pensée inverse.
Tant on se sent tous victime, tant on cherche tous le pouvoir (économique), quitte à être bourreau.
Tant l'interdépendance entre humanité et économie est complexe et violente.
J'admire la clareté avec laquelle les Dardenne formulent cette complexité et cette proposition.


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MessagePosté: 30 Mai 2014, 03:24 
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El Topo a écrit:
sans parler du caractère violent de certains qui m'a parut totalement injustifié. Je trouve que ça limite le propos à une opposition au final assez simpliste.

Je prends l'exemple du fils qui frappe. Voilà quelqu'un qui se sent victime aussi. Mais pas du système, il se sent victime de Sandra. Je le comprends. A cause d'elle, il pourrait perdre sa prime - c'est une voleuse, c'est elle le bourreau à ses yeux. J'ai de l'empathie pour ce garçon là, je le comprends, je l'accepte. Ca raconte bien la façon dont chaque personnage est potentiellement victime/bourreau, de façon complexe, non ?
El Topo a écrit:
Hormis un ou deux personnages dont on comprend (très rapidement et en surface) les raisons qui les poussent malgré eux à voter pour leur prime plutot que pour Cotillard, les autres sont rapidement taxés d'égoïsme.

je vais être un peu direct - mais je pense que c'est une vue de l'esprit, ça. Je ne vois vraiment pas en quoi, ils sont taxés, dans le film, dans l'écriture, d'égoïsme. La base étant ceci : je réfute l'idée que le film met en scène le combat d'une juste contre des injustes. Du bien contre le mal. De la solidarité contre l'égoïsme.
Du point de vue économique, le combat de Sandra est tout aussi égoïste que le combat de celui qui a besoin/veut sa prime.
El Topo a écrit:
Et puis le soucis n'est pas de poser le personnage comme victime, ça très bien. Mais en faire une martyr, qui subit les attaques des uns, contre le soutien tout en pitié (ou piété) des autres, avec ses conflits intérieurs, mais qui en même temps pardonne tout...

Le film fait d'elle quelqu'un qui refuse le martyr justement. C'est exactement la trajectoire du film. De martyr à ne plus être martyr. Pour toi, à la fin du film, elle est une martyr ?

El Topo a écrit:
ça devient une leçon de moral assez gênante

Quelle est-elle la leçon de morale de "Deux jours, une nuit" d'après toi ? (Je demande parce que perso, je ne pense pas qu'il y en ait une et donc je suis curieux de celle que tu y vois)


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MessagePosté: 30 Mai 2014, 09:50 
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Mickey Willis a écrit:
Moi je te trouve très conciliant avec le comportement des dirigeants dans ce cas: faire reposer l'avenir d'une employée sur le dos de ses employés c'est très lâche, surtout que la solution ils l'ont dès le début. Pour le coup, ils cherchent surtout à se débarasser d'une employée qui revient de dépression sans se demander un seul instant si elle est en mesure de reprendre son poste.

Et le deal est affreux, encore une fois après la lutte qu'elle a mené pour garder sa place, accepter que son collègue quitte l'entreprise c'est prendre la responsabilité de sa mise au chômage. Je suis loin de trouver ça "correct", pour moi c'est inacceptable et ça revient à de la manipulation. La réaction immédiate de Cotillard laisse aucun doute là dessus d'ailleurs.


Oui c'est très lâche, je suis d'accord. Mais c'est vrai que je vois plus ça comme un postulat de départ artificiel créé par les Dardenne pour les besoins du film. Un patron ferait-il vraiment cela dans la vraie vie ? C'est un peu suicide managérial je trouve.

Non le deal est correct. Si tu regardes mon premier message sur le topic, je défends comme toi la position de Sarah. Il est logique qu'il soit inacceptable au vu de ces deux jours et un nuit. Quand le patron le lui propose, je sais dans la seconde qu'elle ne peut pas accepter. Normal. Par contre si tu es objectif, le non renouvellement d'un cdd, c'est ce qu'il y a de plus normal et courant dans le monde de l'entreprise. Ça fait partie de la règle du jeu et tout le monde l'accepte en général. Alors proposer la réintégration de Sarah, donner les primes et ne pas renouveler un CDD, je ne vois pas ce qu'il y a de choquant d'un point de vue objectif.

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Castorp a écrit:
Nan mais je suis d'accord avec Antigone, là.


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MessagePosté: 30 Mai 2014, 11:33 
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Bah c'est choquant dans le sens où comptablement, c'est la même chose: un employé dégage. C'est pas le statut CDD qui doit justifier de balancer dans ces circonstances un employé (mise en concurrence avec un titulaire). Le CDD est une manière de se cacher, c'est d'ailleurs sous ce rapport là que ce type de contrat se multiplie.

Et c'est rendu d'autant plus inacceptable pour Sandra que le CDD en question a voté pour elle, mais bon ça je crois qu'on est tous d'accord.


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MessagePosté: 31 Mai 2014, 10:46 
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Léo a écrit:
Il y a du texte entre "C'est vrai que tu as dit aux autres..." et "Tu n'as pas de cœur", coupé dans la bande-annonce.

Et du coup ça sonne faux.


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