Il est temps de se jeter à l'eau.
20. Gravity d'Alfonso Cuaron19. Mud de Jeff Nichols"Car des cœurs battent la chamade dans «Mud»: celui d’Ellis pour une jeune fille plus âgée que lui, celui de Mud pour la belle Juniper, rossignol prêt à s’envoler à la moindre occasion. Il y a de nombreuses scènes magnifiques -la séquence de l’hôpital, la fusillade, tous les passages sur l’île-, mais la plus belle tient dans la colère d’Ellis contre son grand frère de substitution, quand il refuse le combat, quand il accepte de perdre celle qu’il aime à jamais."
18. No de Pablo Larrain17. Elefante Blanco de Pablo Trapero"Classique dans le propos et le déroulement de l’intrigue, brillant dans une réalisation qui fait la part belle aux plans-séquences à la steadycam, «Elefante Blanco» prend aux tripes quand il se concentre sur le personnage du jeune curé belge, joué tout en réserve par un épatant Jérémie Renier. Et quand ce dernier repart au séminaire après avoir été meurtri dans sa chair, on songe à «Des hommes et des dieux» de Xavier Beauvois et surtout à ceux qui s’engagent pour offrir une vie meilleure aux plus démunis, au mépris de leur vie personnelle."
16. Ilo, Ilo d'Anthony Chen"Le cinéaste prend son temps pour filmer le mépris de classe et la découverte de l’autre, serre le cœur sur des détails –l’odeur des cheveux, la mélancolie exprimée par une chanson populaire. Le regretté Edward Yang («Yi Yi») a peut-être trouvé là son successeur."
15. The Land of Hope de Sono Sion "Filmé presque en temps réel dans le Japon de l’après-tsunami, «The Land of Hope» est un cri du cœur à la rage refoulée derrière l’émotion. Et si Sono Sion appuie parfois trop fort et surtout trop longtemps sur son crayon caméra, les images restent et clament une vérité que le gouvernement nippon a décidé d’enfouir sous les discours niais et rassurants d’une télévision complice."
14. Only God Forgives de Nicolas Winding Refn"Filmé au néon rouge dans un Bangkok de cauchemar, «Only God Forgives» est un Bad Trip radical qui ne tend jamais la joue au spectateur, ou alors pour mieux lui enfoncer ensuite le poing jusqu’aux tripes. Que faire de ses mains quand elles ont tué le père, s’interroge Nicolas Winding Refn? Frapper des inconnus, caresser les cuisses d'une prostituée, détruire le décor d'un karaoké ou peut-être juste trouver l’homme qui acceptera de les trancher…"
13. Cloud Atlas des frères Wachowski12. Inside Llewyn Davis des frères Coen"Combien de temps faut-il pour tomber amoureux du nouveau film des frères Coen ? Trois secondes, tout au plus, le temps que la voix éraillée d’Oscar Isaac susurre son vague à l’âme au micro de la scène d’un bouge new-yorkais. Grands amoureux de musique devant l’Eternel, les réalisateurs d’«O’Brother» signent le faux-biopic ultime de tous les vagabonds de la folk-music, recréation d’une époque, d’un lieu – le fameux Greenwich Village des années 60 -, sans fantasme ni ménagement. Un film d’hiver et de café chaud, dans lequel il fait bon se lover avec mélancolie."
11. The Grandmasters de Wong Kar-waï"Mais le cœur du film est ailleurs, dans cette mélancolie solitaire qu’exprime à nouveau Wong Kar-waï après le diptyque «In The Mood for Love»/«2046». Ce n’est pas un hasard s’il en reprend des motifs esthétiques que l’on aurait tort d’associer à de simples effets de signature. Wong Kar-waï s'imagine moins en grand maître qu'en «l’enfant derrière la fenêtre», un créateur qui s’interroge encore et toujours sur le temps qui passe et l’amour qui s’efface. Ip Man est évidemment son double: un homme aussi habile dans le combat (la mise en scène?) qu’incapable d’exprimer ses sentiments amoureux, éternel nostalgique d'un moment hors du temps - son combat-tango avec Gong Er."
10. Prisoners de Denis Villeneuve"Polar sombre comme la nuit qui plonge le spectateur dans un état fébrile, «Prisoners» et ses 2h30 filent comme la nuit passée à dévorer un roman policier."
9. Samsara de Ron Fricke"En sanskrit, Samsara signifie la roue de la vie et l'éternelle renaissance d'une humanité dont les civilisations naissent, vivent et meurent. C'est ce passage transcendantal à la fois intime et cosmogonique que met en scène Ron Fricke dans un requiem d'une puissance inouïe, qui nous interroge à la fois sur notre condition d'être humain et sur les ravages de notre temps. D'autres mondes ont dominé cette terre, nous rappelle-t-il, en filmant les ruines des temples et des pyramides sous la voûte céleste, mais aucune civilisation n'est allée aussi loin dans l'absurdité et la violence"
8. A Touch of Sin de Jia Zhang-ke"Il se joue dans le film quelque chose qui dépasse nos simples «héros», l'enregistrement de la profonde mutation de la Chine et de son peuple contraint à une vaste transhumance intérieure avec tout ce que cela provoque – explosion de la cellule familiale, dissolution du lien social, corruption partout. Jia Zhang-ke embrasse le paysage humain chinois dans toute sa diversité linguistique – les différents accents, véritables cartes d’identité des différents protagonistes –, sociale ou même religieuse."
7. Trilogie Paradis d'Ulrich Seidl"Je ne donne pas de jugement moral". Dans un entretien accordé à nos confrères de FilmDeCulte, le réalisateur autrichien Ulrich Seidl livre la clé de son cinéma que d'aucuns jugent obscène et gratuit. Le jugement moral sur les personnages et les situations de ses longs métrages est à la libre appréciation du spectateur, alors que lui explore les failles et les crevasses de l'âme humaine. Melanie est à la fois ridicule et touchante, bouleversante et agaçante de sentimentalisme fleur bleu. Elle veut aimer, se lover dans les bras du docteur, s'enivrer de la découverte de sa sexualité. On ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer mais l'on est toujours impressionné par la justesse psychologique et la puissance de la mise en scène."
6. A la merveille de Terrence Malick" A travers les yeux de l'émigrée ukrainienne, les Etats-Unis représente un paradis perdu, un monde riche, où les enfants rient et chantent, où la nature est belle et accueillante. Mais la terre est damnée par les hommes qui cherchent à la dominer. Le paradis est devenu un enfer industriel qui détruit les plus pauvres et les plus exposés et qu'arpente inlassablement l'Homme (Ben Affleck, dans un rôle quasi-muet) et le prêtre (Javier Bardem, sublime). Ne pas s'y tromper. Si les Evangiles sont cités parfois in extenso, «A la merveille» n'est pas un film sur la nécessité de croire mais une réflexion sur comment croire en Lui, encore aujourd'hui, alors que le monde s'écroule et que l'Amour lui-même porte sa part de dualité entre le Bien et le Mal ? Ce n'est pas un hasard si Terrence Malick emprunte la troisième symphonie de Henryk Gorecki dite des Chants plaintifs pour l'une des plus belles séquences du film, crescendo émotionnel terrassant de beauté, dont le deuxième mouvement s'inspire d'une prière inscrite par une prisonnière dans une cellule de la Gestapo."
5. Haewon et les hommes de Hong Sang-soo"Il filme d’abord une esquisse, un portrait de femme en pointillés. On comprend vite que la belle Haewon n’a pas eu de relation suivie avec sa mère, que ses amours sont parfois imaginaires – la géniale fausse-piste de l’homme à la cigarette -, et qu’elle a eu une relation suivie avec son professeur qu’elle regrette timidement. Elle rêve que quelque chose d’extraordinaire lui arrive, comme une rencontre avec Jane Birkin ou le retour de flamme d’une passion consumée. Plus le film avance, plus les traits s’affirment, plus les rêveries de Haewon se confondent avec sa vie et offrent au spectateur une vision dissonante de la réalité. Quand l’amant éconduit pleure sur une version Bontempi de la septième symphonie de Beethoven, on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer, si l'amante est cruelle ou espère juste être (un peu) regrettée."
4. The Act of Killing de Joshua OppenheimerQuatre scènes commentées par le réalisateur
http://www.parismatch.com/Culture/Cinem ... lie-508648 3. "Longtemps le cinéma de Quentin Tarantino a paru exempt de tout discours politique, son amour pour le septième art prenant toute la place. Dans «Inglourious Basterds» déjà, on sentait poindre un vrai fond derrière les coups de batte. Avec «Django Unchained», l'auteur de «Reservoir Dogs» livre une vision implacable de l'Amérique d'avant la guerre de Sécession. Peu de films hollywoodiens sont allés aussi loin dans la représentation de l'esclavage et la sauvagerie du sort réservé aux noirs dans les plantations de coton."
2. 1. "Il y a des scènes magnifiques dans «Tel père, tel fils», un enfant apeuré dans la baignoire réconforté par la facétie de son «père», les pourquoi d'un garçonnet bien conscient des enjeux affectifs qui se jouent dans l'emploi des mots «père» et «mère». «J'ai l'impression de le trahir», sanglote Midori - magnifique personnage faussement en retrait -, la voix étranglée par l'émotion d'une mère. Dans les films d'Hirokazu Kore-Eda, même les larmes coulent doucement."
Huit films ricains, six films asiatiques, trois films européens, un film français, deux films sud-américains.