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MessagePosté: 22 Nov 2012, 10:18 
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Région parisienne, début des années 70.
Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des aspirations plus personnelles.
De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres, Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.


Je croyais que DPSR avait fait un sujet mais je l'ai pas trouvé.

La bande-annonce me faisait rire parce qu'elle était ridicule, les quelques dialogues qu'on entendait étaient des espèces phrases toutes faites très littéraires mal récitées par des acteurs apathiques et grotesques. Tout ça fleurait bon le cliché du film parisiano-intello bien craignos. Je me disais que ça ne pouvait absolument pas être ça pendant 2 heures, que le film était juste victime d'une bande-annonce ratée. Et bien si, c'est juste ça pendant 2 putain d'heures.

Alors ça ne pourrait être qu'un mauvais film, trop écrit, trop lourd, mal joué par des acteurs amateurs (ils le sont presque tous sauf Lola Créton) mais non le film atteint un niveau d'horreur dans la description de son petit microcosme étudiant que j'avais rarement vu auparavant. Alors ce sont des lycéens qui sont tous artistes, tous ultra cultivés, tous bilingues français/anglais. Ils ne pensent qu'à la révolution, ils sont ultra politisés. Ils ne découvrent pas la sexualité, ils ont déjà fait l'amour, la question ne se pose même pas. Ce sont tous des petits bourgeois têtes à claques et ridicules, les hipsters de l'époque où tu as plutôt envie d'être du côté des flics pour les tabasser plutôt que du leurs pour revendiquer (on sait pas quoi d'ailleurs, ils revendiquent juste). Et Assayas, visiblement nostalgique de cette période, de sa jeunesse, romanticise à fond leur lutte. Les lycéens qui se croient poursuivis par la police, s'enfuient en Italie, à Florence où ils vivent tous dans une somptueuse demeure à discuter de cinéma révolutionnaire. Après quand ils rentrent à Paris, ils vivent tous dans un 100 m² du XVIème prêté par un ami... Quand deux adolescents vont discuter à l'écart du groupe ils se retrouvent dans un verger entouré de bougies. Je pense qu'on est dans quelque chose d'absolument pas réaliste, dans une vision idéalisée de cette période, de tout ça.

Et le plus grand soucis c'est cette vision totalement idéalisé de la jeunesse. Ces jeunes sont asexués, ce sont juste des intellectuels. Ils ne rient pas, ils ne s'amusent pas. Même quand ils prennent de l'opium et fument des joints, ils continuent de discourir sur l'art ou sur la révolution. C'est une jeunesse sinistre, totalement apathique (pas aidé par le cast il faut le dire quand même qui collectionne les gueules de cul inexpressives), totalement refermée sur elle-même, qui pense mener une révolution pour le prolétaire ou pour le peuple mais qui est incapable de penser aux autres. Et du coup il manque l'élément indispensable pour que le film soit viable : l'humain. Il n'y a rien là-dedans d'humain. Quand l'un des jeunes tue presque (par accident) un vigile au début, son cas de conscience ce résume en une ligne de dialogue et quand ledit vigile a droit à une scène vers la fin, on se dit qu'enfin Assayas va sortir de ce microcosme étouffant mais non, cette scène ne sert à rien, le vigile n'aura pas droit au même traitement que ces jeunes bourgeois insupportables et son rôle sera purement narratif. Tout cela est tellement construit, tellement artificiel, tellement ridicule de sérieux que ça en devient étouffant. D'ailleurs le plus gros reproche que l'on peut faire au film c'est cette totale absence de recul. Assayas a le nez dans le guidon et du coup il manque à son film ce petit regard ironique sur cette période qui aurait pu tout changer. Un peu d'humour pour nous signifier que tout cela est quand même un peu ridicule, que ce soit cette meuf qui travaille sur les danses sacrées ou cet hippie américain qui pratique des rituels bouddhiques, que ce soit les cinéastes prétendument révolutionnaires, que ce soit les désirs de peinture de certains personnages principaux... Tout ça aurait tellement pû être désamorcé par un peu d'humour, un peu d'ironie. Mais non Assayas est on ne peut plus sérieux, ça déconne pas, on est pas là pour rigoler. Ses personnages tous plus ridicules les uns que les autres (seul Lola Créton s'en sort un peu mieux) n'auront pas droit de ne pas être sérieux avec eux-mêmes et resteront ces mêmes gros cons, de la première à la dernière minute.

Alors il y a bien dans la toute dernière partie l'illustration d'une désillusion, comme une légère amertume qui submerge les personnages et soudain l'idée qu'ils pourraient in fine rentrer dans le rang comme on dit. Le personnage principal part faire un stage à Pinewood sur une série B ridicule (justifié par le fait que son père est scénariste) et soudain, on respire enfin, on voit autre chose mais ça se termine sur le mec qui va voir un programme de films expérimentaux (scène sans intérêt d'ailleurs alors que juste avant il y avait un super plan sur le mec qui passait de "l'autre côté de l'écran").

Et pour l'exemple ça enchaîne comme ça des trucs totalement aberrants :

- Quand un moment donné le personnage principal sort un livre de cul, avec des bites et des femmes à poil tu te dis qu'enfin, Assayas va relâcher la bride et le laisser vivre sa jeunesse et lui offrir une petite masturbation bien meritée mais pas du tout, le mec fait une AQUARELLE inspirée des photos :shock: !
- Quand une meuf va toute seule se faire avorter à Amsterdam son copain ne lui dit pas de faire attention à elle avec des mots doux et compatissants mais lui conseille d'aller dans un musée de merde voir deux peintures de merde parce que Paul Claudel en a parlé dans un bouquin :shock:
- Quand deux potes se retrouvent dans un appart ils parlent pas de cul ou de filles, non ils lisent un bouquin théorique d'un peintre (j'ai oublié qui) et philosophent avec des phrases texto : "je vis trop dans mon imagination, quand le bonheur frappe à la porte, je ne lui ouvre pas" :shock:

Je pense qu'il est impossible de détester plus un film comme j'ai détesté celui-là. Pourtant la mise-en-scène a de sérieux atouts, c'est plutôt beau. Comme je le disais cette romanticisation de l'époque est réussie. Mais tout l'esprit qui le traverse me débecte tellement, est tellement loin de tous ce que je peux aimer dans la vie et dans le cinéma que vraiment rien n'est passé, tout est resté bloqué dans la gorge. Et à la sortie je n'avais qu'une envie : vomir tout ça.

0/6

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 10:26 
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Tiens une critique parfaitement en phase avec mon sentiment :
http://chronicart.com/cinema/chronique.php?id=12559

Cette phrase qui symbolise tout ce que je déteste dans le film :
Citation:
Il y a tout de même quelque chose d'absolument fascinant à imaginer que, penché sur son script, Assayas ne s'étouffe pas lui-même de rire en écrivant des choses comme : " J'vais partir à Londres, mon beau-père fait le late show de la tournée des Soft Machine ".

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 10:28 
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ça donne envie


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MessagePosté: 22 Nov 2012, 11:34 
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A mon avis et sans avoir lu tout ton texte, tu es passé sacrément à côté! Il me tarde de rentrer chez moi pour poster une contre-critique :D


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MessagePosté: 22 Nov 2012, 11:51 
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lol pour toute la critique...


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MessagePosté: 22 Nov 2012, 11:53 
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Je pense qu'on me paierait, je n'irai pas le voir.

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:01 
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idem - la magie d'une bande-annonce


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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:15 
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J'adore Assayas.

Mais la bande-annonce est rédhibitoire.

Critique bien marrante, Art.

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:27 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Critique d'un gars qui met quatre étoiles (la cote maximale du journal):

http://www.lalibre.be/culture/cinema/article/777397/apres-mai-formidable-plongee-dans-l-apres-mai-68.html

J'ai comme l'impression que vous n'avez pas vu le même film.. :lol:

Moi, en tout cas, j'irai PAS.

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:27 
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Baptiste a écrit:
A mon avis et sans avoir lu tout ton texte, tu es passé sacrément à côté! Il me tarde de rentrer chez moi pour poster une contre-critique :D


Je déteste les gens qui disent que tu es "passé à côté" de quelque chose (je dis pas ça uniquement pour toi). C'est une insulte à l'intelligence.

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:30 
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Oberkampf Führer
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Art Core a écrit:
Je déteste les gens qui disent que tu es "passé à côté" de quelque chose (je dis pas ça uniquement pour toi). C'est une insulte à l'intelligence.


Pareil.


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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:31 
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Art Core a écrit:
Baptiste a écrit:
A mon avis et sans avoir lu tout ton texte, tu es passé sacrément à côté! Il me tarde de rentrer chez moi pour poster une contre-critique :D


Je déteste les gens qui disent que tu es "passé à côté" de quelque chose (je dis pas ça uniquement pour toi). C'est une insulte à l'intelligence.

J'ai failli réagir aussi.
On peut l'utiliser si on a des arguments pour indiquer ce qu'on estime que l'autre n'a pas saisi.

Baptiste, ta critique est attendue au tournant :D

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 12:39 
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Arnotte a écrit:
Critique d'un gars qui met quatre étoiles (la cote maximale du journal):

http://www.lalibre.be/culture/cinema/article/777397/apres-mai-formidable-plongee-dans-l-apres-mai-68.html

J'ai comme l'impression que vous n'avez pas vu le même film.. :lol:

Moi, en tout cas, j'irai PAS.


C'est une question de sensibilité je pense mais je pense sincèrement qu'hors de son petit système intellectualo-parisien Assayas laisse pas mal de spectateurs en route. Le mec te cite texto des morceaux de Simon Leys, Malevitch, Franz Halst, Gregory Corso (et j'en oublie). Personne connaît ces gens là, ça évoque rien je pense pour 99% du public.

Mais quand je lis :
Citation:
le cinéaste livre un film plein de vie, jamais plombé, démontrant une fois de plus l’éternelle jeunesse de son cinéma.

Je ne peux que marrer, tellement le film pue la mort dans tous ses plans. Je le rappelle, il n'y a pas un SEUL plan où l'on voit les personnages rire ou tout simplement s'amuser. Pas un seul.

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MessagePosté: 22 Nov 2012, 13:14 
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Art Core a écrit:
Baptiste a écrit:
A mon avis et sans avoir lu tout ton texte, tu es passé sacrément à côté! Il me tarde de rentrer chez moi pour poster une contre-critique :D


Je déteste les gens qui disent que tu es "passé à côté" de quelque chose (je dis pas ça uniquement pour toi). C'est une insulte à l'intelligence.


Héhé, j'étais sûr que quelqu'un relèverait parce que je déteste moi aussi qu'on me dise ça, il me semble d'ailleurs qu'un Film Freak ou un Ozymandias me l'ont déjà sorti en me disant peu ou prou "mais c'est pas grave, hein". Je voulais juste faire le gros troll. Autant chauffer la salle avant la polémique qui va réveiller le forum. Ou pas.


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MessagePosté: 22 Nov 2012, 13:25 
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Art Core a écrit:
Je ne peux que marrer, tellement le film pue la mort dans tous ses plans. Je le rappelle, il n'y a pas un SEUL plan où l'on voit les personnages rire ou tout simplement s'amuser. Pas un seul.


Mais n'est-ce pas volontaire ? C'est une vraie question, hein. Ce que tu racontes me fait un peu penser à un film tel que Le Jeune Werther, de Doillon, dans lequel des collégiens philosophent pendant deux heures. Sauf que j'ai adoré ce film.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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