Forum de FilmDeCulte

Voulu voir ce film, présenté comme l'un des meilleurs Assayas, avant la sortie de la déclinaison en série qui m'attire pas mal (pour le casting, pour le sujet).

Bonne surprise. C'est vraiment un film unique, très bizarrement construit et écrit, sans véritable récit central, une chronique libre et bordélique. Et finalement c'est marrant parce que développer le film en série paraît totalement cohérent, c'est même presque la suite logique tant le film lance plein de pistes à droite à gauche sans en boucler aucune. On a déjà le sentiment qu'on est face à l'embryon de quelque chose de plus consistant.

En l'état c'est vraiment un film étrange. Maggie Cheung dans son propre rôle débarque à Paris pour jouer dans un remake des Vampires de Feuillade réalisé par Jean-Pierre Léaud. C'est un tournage hyper bordélique, cheap au possible (Maggie Cheung qui va essayer son costume dans un sex shop), plein de tension et d'engueulades. Et au milieu de tout ça Maggie Cheung (sublime) qui erre dans cette réalité qui ne semble pas la sienne, avec une candeur vraiment touchante, sans jugement de ce monde du cinéma français assez insupportable avec sa tabagie permanente (les années 80/90 et la clope dans le cinéma français il y aurait un bouquin à écrire dessus) et ses guerres d'égo un peu ridicules.

Il y a toute une réflexion sur le cinéma d'ailleurs d'où il est assez difficile de savoir où se place Assayas, notamment par rapport à la carrière de Maggie Cheung (qui sort de gros films d'action HK, il y a d'ailleurs une longue séquence d'Heroic Trio de Johnnie To). Une scène notamment où un journaliste teubé et insupportable interviewe Maggie Cheung et fait la promotion d'un certain cinéma d'action, notamment via une déclaration d'amour à John Woo (et en 96, je pense que la très grande majorité du public français n'avait aucune idée de qui c'était) et en reprochant au cinéma français son nombrilisme. On sent une certaine ironie de la part d'Assayas dans cette manière de nous montrer une industrie du cinéma complètement hors sol, où tout le monde semble s'en foutre un peu du projet de remake des Vampires, où on parle cinéma militant dans un dîner...

Mais le plus réussi c'est que le film s'échappe de ça (c'est pas Doubles Vies quoi) via des bifurcations très surprenantes et belles notamment cette scène centrale où Maggie Cheung se prend au jeu et joue littéralement Irma Vep dans son hôtel, le soir après le tournage et les dernières minutes du film, superbes où Assayas ose d'un coup l'incursion du cinéma expérimental. J'ai moins aimé toute la fin où Maggie disparaît du film de manière brutale même si là encore Assayas n'est pas tendre envers le cinéma (le personnage de Léaud, malade, est remplacé par un autre réalisateur, joué par Lou Castel, qui est ouvertement raciste envers "la chinoise" ).

Je retiens un film totalement libre qui semble par moment presque improvisé, qui part un peu dans tous les sens (une sous sous intrigue avec Nathalie Richard qui tombe amoureuse de Maggie) mais finit étonnement par retomber sur ses pieds, justement dans ses derniers instants avec le cinéma, l'image et la sidération qui peut l'accompagner qui reprend soudain ses droits. Probablement le meilleur Assayas.

4.5/6

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CroqAnimement votre

La belle époque pour Assayas. Entre ça et Fin août début septembre, il avait marqué quelques points.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Art Core m'a bien chauffé. Jamais vu.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui je pense que ça te plairait (pour le côté coulisses du ciné pas conventionnelles).

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CroqAnimement votre

Même moi ça me tente (alors que Demonlover et Carlos Zzzzz).

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Et sinon c'est marrant parce que Assayas s'est mis en couple avec Maggie Cheung suite à ce film, que l'on peut aussi voir comme une technique de drague très sophistiquée (il la fait venir de Hong Kong pour jouer dans un film dans un autre film dans son propre rôle, il veut Maggie Cheung quoi). Ca rajoute une couche assez inattendue à cette réflexion sur l'intrication du cinéma et de la vie.

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CroqAnimement votre

J'étais sur le point de le regarder lorsque j'ai vérifié sur ma liste de films vus et je confirme que je l'avais maté en... 2000.

Du coup je me suis dit que j'allais découvrir LE MYSTERE VON BÜLOW. Je check dans la liste et, rebelote: vu en 2004.

J'me fais vieux.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

T’avais reconnu Von Bülow dans un quiz, non ?

Certainement grâce à l'acteur.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Vu le premier épisode et j'ai trouvé ça presque totalement nul. Tout ce qui est génial dans le film est étiré et perd direct de son mystère, de son aura étrange et devient une espèce de vaudeville grossier. Que ce soit la vision du ciné (là où le ciné de HK dans le film n'est pas vu avec mépris au contraire, là on sent une ironie constante vis à vis des blockbusters américains) ou le reste (des amourettes dont on se contrebalance totalement). Même Macaigne que j'adore m'a paru un peu moyen en réalisateur névrosé. Bref j'arrête là mais c'est assez fascinant de passer de l'un à l'autre, exactement les mêmes ingrédients (d'ailleurs clin d'oeil marrant, Alex Descas tient le même rôle) mais pas du tout le même résultat.

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CroqAnimement votre

Art Core m'a bien chauffé.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

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CroqAnimement votre

J'ai regardé le premier épisode. Le premier truc que je me suis dit c'est "Mais qui est-ce que ça peut bien intéresser ?" A part nous, les cinéphilos bien sûr. Parce que dans la catégorie "Sujet totalement abscons" ça se pose là.

D'ailleurs ce qui semblait "roots" et wtf dans le premier est ici totalement ripoliné: dans le long-métrage, Cheung allait essayer son costume dans un sex shop. Ici, c'est dans le salon d'un grand hôtel. On sent une sorte d'embourgeoisement d'Assayas, et en même temps en 25 ans il a pu tutoyer la machine hollywoodienne et veut aussi en rendre compte.

Toujours est-il qu'il y a un problème de positionnement: là où le réalisateur légendaire "René Vidal" incarné par Léaud avait du sens dans l'original, ici on garde le nom mais c'est Vincent Macaigne. On passera sur le prénom totalement inadapté à un mec de son âge... Après j'ai bien aimé le jeu de Macaigne (même s'il oscille entre le naturaliste et le goofy selon les scènes), mais bon imaginer que ce gars-là soit culte pour des américaines de 25 ans, ça ne marche pas.
Vous allez dire que je tape perpétuellement sur le même cheval mort, mais de nos jours René Vidal serait... Céline Sciamma. Et ce serait logique que l'assistante personnelle de Vikander (nana sublime d'ailleurs, d'où sort elle ?) soit gaga de ce.tte cinéaste.

D'ailleurs faut qu'on parle des filles dans cette série: sacré lot de belles plantes. Et c'est marrant car quand tu vois tous ces quinquas qui gravitent autour avec leurs cheveux gras et leurs vestes de surplus de l'armée rouge, tu ne peux t'empêcher d'y voir quelque part des substituts d'Assayas lui-même.

Ensuite en ce qui concerne l'histoire, autant j'aime bien l'aspect coulisses du cinéma, même si ça réinvente pas la roue, mais j'ai davantage de mal avec l'histoire d'amour lesbienne et encore plus avec l'amourette Lacoste/Bouaziz.

Mais sinon j'aime encore et toujours comment Assayas prend du plaisir à investir des décors et des genres de transition, de passage: ces aéroports, ces hôtels, ces personnages qui oscillent entre deux culture... Il y a dans son cinéma ce mouvement et cette ouverture qui fait toujours plaisir. Je vais regarder le deuxième.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Globalement d'accord avec tout ça. Macaigne culte ça marche pas il est trop jeune (genre on étudie ses films à la fac) et les histoires d'amour zzzzz (surtout en effet Lacoste/Bouaziz). Et justement les meufs sont toutes trop canons. Il y a une espèce de complexe direct US/France avec d'un côté un défilés de bombes et en face c'est Bouaziz et Bonneton .

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CroqAnimement votre

"Hard Target" et "Broken Arrow" l’ont fait découvrir au grand public, un peu avant "Volte-Face"…c’est d’ailleurs « grâce » au second que j’ai loué "Le syndicat du crime" et "The Killer" au vidéo-club du coin, à l’époque