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MessagePosté: 22 Avr 2006, 12:53 
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De plus en plus souvent, la petite Sharon rêve d'une ville abandonnée, Silent Hill. Sa mère, Rose, décidée à comprendre l'étrange mal dont souffre son enfant, décide de l'accompagner sur place. Alors qu'elles pénètrent dans cet univers lugubre, Sharon disparaît. Rose se lance à sa poursuite, mais se rend vite compte que ce lieu étrange ne ressemble à rien de normal. Noyée dans le brouillard, peuplée d'étranges créatures, hantée par des ténèbres vivantes qui dévorent littéralement tout ce qu'elles touchent, cette dimension va peu à peu livrer ses terrifiants secrets...


EN TOUTE BONNE FOI



Spécialiste incontesté et fan incontestable, Christophe Gans l'avait promis: en adaptant Silent Hill, le célèbre survival-horror d'Akira Yamaoka, il serait fidèle à sa source et ne trahirait rien, immensément respectueux du matériau d'origine. On pouvait lui faire confiance: Silent Hill, c'était chez lui. Le moindre caillou, le moindre détail de déco, la moindre parcelle de terrain constitueraient sa "vision", tellement dense, tellement fidèle, tellement collée aux basques du chef-d'œuvre vidéoludique originel, qu'on y lirait comme dans un miroir… Gans n'a pas menti: son patelin brumeux est bien celui des nuits blanches virtuelles. Dominante ocre, décorum poisseux, faune malséante… Clive Barker rôde et le gamer trépigne. Pourtant, Silent Hill patine. Le jeu, explique Gans dans le dossier de presse, "a été le plus grand moment de terreur de ma vie, celui qui m'a fait cauchemarder en m'impliquant psychiquement et moralement. Je connais peu de gens qui en sortent indemnes. Le joueur est immergé, amené à prendre des décisions qui le plongent de plus en plus dans la fébrilité et la terreur. Silent Hill est captivant au plus haut degré." Ici se trace la ligne de démarcation entre intentions et concrétisation, entre bonne foi et résultat. Préoccupé par la loyauté de sa "vision", qu'il interroge en termes strictement techniques, Gans oublie la puissance immersive du soft, pour œuvrer, en forain, à assembler les pièces finement ornementées d'une attraction grandeur nature, sans valeur cinématographique réelle: un train-fantôme high-tech. L'amateur est donc servi, qui se régale d'un production design d'une précision impressionnante, sans hélas jamais l'investir.


NOUS N'AVONS FAIT QUE FUIR


C'est donc sur la question de l'immersion que Silent Hill trébuche. Cinéaste du visible, inefficace dans le non-dit, Gans filme son monde comme, de crainte de l'abîmer, on touche une maquette: avec les yeux. La caméra plane, de grue en grue, glisse sur des trajectoires fantaisistes, dérive au fil de couloirs à l'éclairage incertain… Radha Mitchell y fait son footing, à grandes enjambées, franchit des portes, évite les ugly guys putréfiés, puis court et court encore. En somme, Gans met ses décors en scène, plutôt que de mettre en scène dans ses décors. Et oublie au passage que ce qui était activité vidéoludique (la fuite, la perte, l'indécision, l'incertitude de la menace), devient passivité en son cinéma. Ce qu'il ne montre pas, le film ne parvient jamais à le sous-entendre, préférant noyer une trame à l'argument narratif finoche, en d'obscurs et emphatiques dialogues ésotériques, péripéties à peu de frais (quelle menace pour une héroïne presque seule, qu'on sait devoir rester vivante deux longues heures durant?) et agaçantes facilités (ici un récurrent fondu au noir elliptique, là une ribambelle d'indices, tous bien en évidence). S'en trouve vidé de sa substance le facteur humain, effleuré en une grossière thématique maternelle, ainsi qu'en une intrigue secondaire accessoire, que le pauvre Sean Bean s'escrime à meubler, à force de mimiques d'impuissance molle. Détaché de toute implication émotionnelle, de ce qui justement rendait le jeu viscéral et organique, ne reste plus au spectateur que le loisir de contempler ce qui l'entoure: images (photo somptueuse), sons (travail acoustique et musical impeccable), créatures… La monstrueuse monstration sied en effet à Gans, qui fait de chacune de ses chimères — manières de boss de fin de couloirs — un petit spectacle à part entière (la traversée d'un champ d'infirmières photosensibles, périlleux "un-deux-trois-soleil", marque ainsi durablement la rétine). Sanglante parade, donc: démo technique sublime, cinématique de luxe — c'est toujours ça.

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Dernière édition par Zad le 23 Avr 2006, 07:35, édité 2 fois.

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MessagePosté: 22 Avr 2006, 13:25 
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Zad a écrit:
(quelle menace pour une héroïne presque seule, qu'on sait devoir rester vivante deux longues heures durant?)


C'est un peu con ca comme argument. Dans l'antre de la folie, Hellraiser et l'exorciste il n'y a pas un seul mort "direct" ou presque et ce sont pourtant trois des meilleurs films d'horreur jamais réalisé.

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MessagePosté: 22 Avr 2006, 13:34 
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The Scythe-Meister a écrit:
Zad a écrit:
(quelle menace pour une héroïne presque seule, qu'on sait devoir rester vivante deux longues heures durant?)


C'est un peu con ca comme argument. Dans l'antre de la folie, Hellraiser et l'exorciste il n'y a pas un seul mort "direct" ou presque et ce sont pourtant trois des meilleurs films d'horreur jamais réalisé.


possible, mais ici c'est basé sur la fuite, il n'y a pas de densité des personnages. Radha court, les monstres rôdent et on devrait avoir peur pour savie. Et là, non, car il est entendu qu'elle survivra...

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MessagePosté: 23 Avr 2006, 22:40 
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Rappelez moi, le film est pas encore sorti ? :roll: :wink:


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MessagePosté: 24 Avr 2006, 08:11 
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edenra a écrit:
Rappelez moi, le film est pas encore sorti ? :roll: :wink:


Ben non, mercredi prochain non? Il vient de sortir aux US... 20 millions de dollars, n°1 du week end...


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MessagePosté: 24 Avr 2006, 11:18 
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Mufti a écrit:
edenra a écrit:
Rappelez moi, le film est pas encore sorti ? :roll: :wink:


Ben non, mercredi prochain non? Il vient de sortir aux US... 20 millions de dollars, n°1 du week end...


Oui c'était une boutade...


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MessagePosté: 24 Avr 2006, 11:23 
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edenra a écrit:
Mufti a écrit:
edenra a écrit:
Rappelez moi, le film est pas encore sorti ? :roll: :wink:


Ben non, mercredi prochain non? Il vient de sortir aux US... 20 millions de dollars, n°1 du week end...


Oui c'était une boutade...


Fort.

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MessagePosté: 24 Avr 2006, 15:19 
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NOTONS LA PRESENCE DE ROGER AVARY SUR LE SCENAR, S'IL VOUS PLAIT !


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MessagePosté: 24 Avr 2006, 22:26 
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Lormkissen a écrit:
NOTONS LA PRESENCE DE ROGER AVARY SUR LE SCENAR, S'IL VOUS PLAIT !

ET DE NICOLAS BOUKHRIEF, MAIS CE N'EST PAS LA PEINE DE HURLER


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MessagePosté: 24 Avr 2006, 22:32 
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peter stuart a écrit:
Lormkissen a écrit:
NOTONS LA PRESENCE DE ROGER AVARY SUR LE SCENAR, S'IL VOUS PLAIT !

ET DE NICOLAS BOUKHRIEF, MAIS CE N'EST PAS LA PEINE DE HURLER


SAUF QUE BOUKHRIEF IL ASSUME PAS! ET POURTANT LES MECS, Y'A PAS QU'LUI QUI EST PD Y'EN A UN AUTRE ET IL S'APPELLE GEORGE!



(il est déjà neuf heures, là?)

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MessagePosté: 24 Avr 2006, 22:47 
6/6

Merci Christophe.


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MessagePosté: 25 Avr 2006, 00:58 
Et hop, une critique positive pour se venger de celle de Zad :

Il ne serait pas ridicule d'affirmer que Silent Hill est un film d'horreur vraiment moderne, dont l'esthétique incroyable doit beaucoup au surréalisme et à l'art contemporain. Une nouvelle proposition dans un genre qui devenait aussi balisé ne pouvait qu'être stimulante et jubilatoire, ce qui nous change agréablement des pétards mouillés trop souvent annoncés comme des bombes (qui a pensé à Mad Movies?)

La fusion entre le cinéma et le jeu vidéo telle que la propose Christophe Gans devient ici une pure expérience sensorielle, forcément étrange et déconcertante, même pour les cinéphiles et les gamers fans du jeu. Soyons clair : non, Silent Hill n'est pas l'ultime film de trouille qui te fera pisser dans ton froc, et il ne propose évidemment pas la même interactivité que le jeu. Mais il baigne dans un certain flottement entre ces deux médias, comme s'il cherchait à en définir la frontière immuable, sentiment renforcé par le motif des réalités parallèles, assez judicieusement utilisé ici. C'est finalement dans cette impureté, proche de celle du cinéma bis multi-référencé, que Silent Hill trouve toute sa beauté fétichiste et sa cohérence artistique, faisant parfois l'effet d'un pur fantasme imaginaire qui vient de se concrétiser à l'écran. Et d'ailleurs, force est de reconnaître que Silent Hill n'en finit pas d'impressionner (voire même de vous mettre sur le cul) pour son atmosphère néo-gothique, grâce aux magnifiques décors de la géniale Carol Spier, exploités à merveille par la photo de Dan Laustsen. On n'est pas prêt d'oublier le passage vers la dimension des ténèbres, qui pourrait être une vision saisissante de l'Enfer de Dante.

Bon, pas la peine d'insister davantage sur les qualités plastiques du film. Le scénario tient-il la route? Oui, car même s'il ne révolutionne rien, il opère une synthèse très intéressante sur les thèmes liés à l'esthétique du film (l'horreur concentrationnaire, la dualité entre le Bien et le Mal, la chasse aux sorcières lors de l'Inquisition...) Le plus honnête serait simplement de reconnaître que certains grands classiques du cinéma d'horreur ont également un scénario finalement assez simple (non pas simpliste) et des personnages archétypaux, et que tout dépend comment on transcende le matériau de base. Pas de psychologie hyper-fouillée ici, mais le plaisir de voir Radha Mitchell incarner une femme forte et déterminée, dont l'instinct maternel représenterait presque une sorte de super-pouvoir. D'autres personnages féminins restent tout aussi mémorables, comme Laurie Holden en femme flic, l'inquiétante Jodelle Ferland dans le double rôle de la fillette et la perverse Alice Krige. A ce propos, l'intrigue secondaire avec Sean Bean aurait pu sembler déplacée (à l'origine, Gans ne voulait aucun personnage masculin), mais parvient à s'insérer dans le récit sans faire trop de dégâts.

Au final, si Silent Hill s'impose comme une date importante dans l'histoire du genre, c'est aussi parce qu'il a l'énorme avantage de provoquer de nouvelles sensations, ne se contentant pas bêtement d'étaler ses beaux décors, mais de leur donner une certaine viscéralité, pour mieux nous fasciner lorsque la vérité surgit soudain au grand jour, une fois qu'on a enfin traversé le passage nous menant tout droit vers l'antichambre de l'Enfer. :mrgreen: :lol:

5,5/6


Dernière édition par Jericho Cane le 25 Avr 2006, 22:50, édité 2 fois.

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MessagePosté: 25 Avr 2006, 06:51 
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tiens, tant qu'on en cause, d'après allociné, les premières critiques presse en ce 25 avril 7h40 sont pas brillantes non plus...

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MessagePosté: 25 Avr 2006, 07:41 
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Oberkampf Führer
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Bob Harris a écrit:
Et hop, une critique positive pour se venger de celle de Zad :

Il ne serait pas ridicule d'affirmer que Silent Hill est un film d'horreur vraiment moderne, dont l'esthétique incroyable doit beaucoup au surréalisme et à l'art contemporain. Une nouvelle proposition dans un genre qui devenait aussi balisé ne pouvait qu'être stimulante et jubilatoire, ce qui nous change agréablement des pétards mouillés trop souvent annoncés comme des bombes (qui a pensé à Mad Movies?)

La fusion entre le cinéma et le jeu vidéo telle que la propose Christophe Gans devient ici une pure expérience sensorielle, forcément étrange et déconcertante, même pour les cinéphiles et les gamers fans du jeu. Soyons clair : non, Silent Hill n'est pas l'ultime film de trouille qui te fera pisser dans ton froc, et non, ce n'est pas non plus un modèle de perfection en matière d'interactivité. Mais il baigne dans un certain flottement entre ces deux médias, comme s'il cherchait à définir la frontière immuable de ces deux mondes, sentiment renforcé par le motif des réalités parallèles, assez judicieusement utilisé ici. C'est finalement dans cette impureté, proche de celle du cinéma bis multi-référencé, que Silent Hill trouve toute sa beauté fétichiste et sa cohérence artistique, faisant parfois l'effet d'un pur fantasme imaginaire qui vient de se concrétiser à l'écran. Et d'ailleurs, force est de reconnaître que Silent Hill n'en finit pas d'impressionner (voire même de vous mettre sur le cul) pour son atmosphère néo-gothique, grâce aux magnifiques décors de la géniale Carol Spier, exploités à merveille par la photo de Dan Laustsen. On n'est pas prêt d'oublier le passage vers la dimension des ténèbres, qui pourrait être une vision saisissante de l'Enfer de Dante.

Bon, pas la peine d'insister davantage sur les qualités plastiques du film. Le scénario tient-il la route? Oui, car même s'il ne révolutionne rien, il opère une synthèse très intéressante sur les thèmes liés à l'esthétique du film (l'horreur concentrationnaire, la dualité entre le Bien et le Mal, la chasse aux sorcières lors de l'Inquisition...) Le plus honnête serait simplement de reconnaître que certains grands classiques du cinéma d'horreur ont également un scénario finalement assez simple (non pas simpliste) et des personnages archétypaux, et que tout dépend comment on transcende le matériau de base. Pas de psychologie hyper-fouillée ici, mais le plaisir de voir Radha Mitchell incarner une femme forte et déterminée, dont l'instinct maternel représenterait presque une sorte de super-pouvoir. D'autres personnages féminins restent tout aussi mémorables, comme Laurie Holden en femme flic, l'inquiétante Jodelle Ferland dans le double rôle de la fillette et la perverse Alice Krige. A ce propos, l'intrigue secondaire avec Sean Bean aurait pu sembler déplacée (à l'origine, Gans ne voulait aucun personnage masculin), mais parvient à s'insérer dans le récit sans faire trop de dégâts.

Au final, si Silent Hill s'impose comme une date importante dans l'histoire du genre, c'est aussi parce qu'il a l'énorme avantage de provoquer de nouvelles sensations, ne se contentant pas bêtement d'étaler ses beaux décors, mais de leur donner une certaine viscéralité, pour mieux nous fasciner lorsque la vérité surgit soudain au grand jour, une fois qu'on a enfin traversé le passage nous menant tout droit vers l'antichambre de l'Enfer. :mrgreen: :lol:

5,5/6


Toi t'es encore revenu pour dire que tout est génial.


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MessagePosté: 25 Avr 2006, 15:12 
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Ozymandias a écrit:

Toi t'es encore revenu pour dire que tout est génial.



lol

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