Totalement culte pour moi.
Vu plusieurs fois. Sa version salle française (plus politique), sa version salle internationale (en Angleterre, carrément surpris par l'existence des deux versions d'ailleurs, c'était cool cette sensation; plus sentimentale). Et sa version longue, qui combine les deux et qui est la meilleure. Parce que encore plus de plus de générosité.
Donc potentiellement plus de défauts pour les détracteurs mais quoi qu'il en soit, ya absolument rien de nanadersque, tout se justifie, tout est à sa place, tout est fait avec soin. C'est un carnaval. C'est un très généreux pot-pourri. Et donc pas de la grande cuisine avec ce risque que tel ou tel ingrédient affadisse un autre. Reste des ingrédients d'excellentes qualités.
Parce que c'est la Hammer, la Shaw et le spaghetti qui rencontrent Cocteau, le roman-feuilleton et le cape et épée. Et le jeu vidéo. Autour d'un fait-divers de malade (et style, ya dû avoir 4 prods sur le sujet en France, dont un docu et un téléfilm... ouais... les Anglo-saxons en auraient déjà 12...). Et toutes ces autres histoires laissées en sommeil parce que, allez, adaptons-donc toujours les mêmes Dumas.
Et sans passer pour la douzemillième fois à Versailles ou assimilés, parce que bon, vu qu'on a encore les décors, on les surexploite à mort. Et en fait si, ya Versailles ! Mais en quelques plans. Sans doute même pas filmé à Versailles d'ailleurs mais ça évite les plans "regardez comme c'est joli quand même le POUVOIR". C'est aussi un film qui parle de malheureuses bergères et enfants campagnards assassinés sauvagement (bergères qui auraient 200K de followers si né à une autre époque et campagne qui a des bordels qui investissent plus et mieux que le Louxor après l'embranchement de la N32 et la D199, là où ya le rayon laser).
J'aime comment ce film embrasse les passages obligés avec un décalage constant. Mais premier degré. Sans, ou très peu, de ce 2nd degré métacinéma ironique dont on a été abreuvé après cette époque. Ca parle beaucoup de Tarantino (ok, plus pour le côté interview de cinéphiles que de qualité de réal) et je suis client jusqu'à Kill Bill, encore assez humble. Après j'adhère beaucoup moins (c'est que l'auteur m'est de plus en plus antipathique à chaque film même si je lui reconnais évidemment une volonté d'évolution cohérente et maîtrisée). Yavait déjà beaucoup de recul et d'analyse avec cette génération mais encore de l'amour, ou le respect d'un amour passé malgré sa naïveté dans cette époque charnière 95-05 environ.
oeil-de-lynx a écrit:
Et puis le résultat qui, sans être forcément réussi, n'avait pas à rougir de ses ambitions et forçait la sympathie mais dont on voyait aussi les limites un peu adolescentes.
C'est exactement ça. Et c'est justement très bien pour ça.
Pour les amours adolescentes (combien d'adolescents visités dans leurs rêves par Monica Bellucci ou Mark Dacascos ?). Et cet adolescent forcément un peu mal foutu et pas fini mais tellement plus intéressant que bien des adultes. Même si finalement, l'âge adulte pour Gans sera La Belle et la Bête. De l'annonce du projet à la BA, je ne suis même pas allé le voir en salle. Finalement vu et c'est tout à fait respectable au regard de ce que propose le cinéma qui se veut populaire mais aussi passionnant qu'un adolescent auteur de poésies prometteuses qui devient journaliste de PQR.
Bon, en vrai Silent Hill, c'était quand même presque la maturité mais à trop vouloir jouer à l'équilibriste entre les narratifs de deux medias, ça pêche.
J'aime beaucoup Crying Freeman. Avant de m'endormir. C'est plutôt chiant mais je salue le résultat d'un film d'action ultra-langoureux. Un mood de film érotique avec des assassinats à la place des scènes de cul. Finalement pas beaucoup plus bandant qu'un film érotique lambda mais beauté du geste.
Et cette volonté fédératrice (l'amour, la politique, l'histoire, l'action, le mystère, le fantastique, le sexe... et de quoi reluquer pour les messieurs-dames sans jalousie) tout en assumant des références de niches, ça donne au film un caractère unique.
Le cast déjà. Alors chez les vieux, c'est une tuerie de tous les instants. Entre les gueules de Jean Yanne et les emphases de quasi tous les autres (Stévenin est génial, ou celui qui joue le curé quand il alerte d'une attaque). Avec Jacques Perrin en toute retenue. Pour un très joli faux happy-end (et qui relève très intelligemment l'artifice de la voix-off "il était une fois, je me souviens"). Et qui rattrape le coup d'un cliché plus énorme que les autres: le fanatisme catho, c'est un peu zzzz de base mais l'interrogation sur le fanatisme révolutionnaire à venir rattrape ça et là, on a quand même du tragique d'excellente tenue avec ce perso. Ok, un peu stabiloté “un monde qui laisse place à un autre” mais finaleent, c'est aussi ce que représente ce fait historique. C'est un de ces jalons symboliques de l'évolution des psychées sociales, l'Affaire du Gévaudan.
Et chez les jeunes, je trouve Le Bihan bon. Dans le ton d'un personnage libertin sous l'optique malin-bourrin. Et le même que Dequenne et Rénier. Celui d'une jeunesse qui ne sonne pas comme leurs ainés. Au contraire de Cassel (qui devrait quand même jouer un méchant dans un Bond un de ces jours), au surjeu délicieux (“mmm mais comment as-tu su ?” génial).
Enfin tout ça me semble bien réfléchi.
Seul truc qui m'a choqué: les FX de la Bête. Malgré un design baroque très réussi, le rendu numérique est absolument dégueulasse.
Baptiste a écrit:
J'avais détesté en ne retenant que les trucs nanardesques, qui prennent beaucoup de place quand même.
Et puis le film m'avait semblé très similaire dans le thème et la trame à Sleepy Hollow, l'un de mes films préférés à l'époque et c'est marrant parce qu'ici des gens sont intraitables avec le Burton et gentils avec celui-là. Achetez-vous des yeux
Mieux vaut être aveugle (et avec un peu de mémoire) que sans papilles ni sinus.
Alors c'était hyper entendu à l'époque. Par les sectaires de Burton qui déglinguaient le film, limite en hurlant au plagiat. Genre c'est lui qui a inventé le gothique (éventuellement un des premiers à y coller du numérique mais faut voir). Et j'aime bien Sleepy Hollow (le seul avec Ed Wood). Burton je crois que je n'ai jamais retouché depuis Big Fish, parce que bon, il faut de tout pour faire un monde mais celui-là n'est pas le mien.
Bizarrement, je le trouve beaucoup plus sous influence Dracula de Coppola (justement un des derniers sans numérique ou quasi) alors que j'ai souvenir d'avoir entendu ou lu Gans dire qu'il détestait ce film (genre parce qu'il pillait carrément les cadres et plans d'autres films, ce qui est vrai mais c'est un des plaisirs de l'exercice... un genre de film samples... bref...).
Puis Mani, il est putain de stylé. Et quelles paires énormes d'avoir exploité l'arc du perso comme ça.
Et evidemment que les Amérindiens, ça se collait des patates pieds-poings. Genre comme toutes les cultures au monde toute le temps. Et que l'essentiel de ce qu'on considère comme art martial asiatique ou autre, c'est codifié plutôt tard dans l'histoire et tout ce que nous montre le cinéma en hyper chorégraphié, c'est du cinéma. Les duels de Jean Marais qui durent 3 plombes, suffit de voir les JO pour comprendre que ça n'existe pas. Et on l'accepte dès que c'est bridé et dans une période historique tellement obscure que même les Chinois mettent des textes d'intros tellement ils s'embrouillent eux-même, mais dans le Gévaudan au XVIIIe, on pourrait pas ?
Gévaudan aussi quoi. Rien que le nom claque. Bah merci Gans d'avoir fait confiance aux envies assumées du bigger than life d'un cinéma populaire.
Parce que si je ne m'abuse, le film a cartonné. Au national. A l'inter.
Puis, plus rien. Donc lire plus ou moins que ce serait un peu la faute de ce film, c'est vraiment dur.
C'est quoi le blockbuster français qui a fait mieux depuis ? Ah oui, peut-être Monte-Cristo. Avec Pierre Niney. Ouais, non, Le Pacte des Loups n'y est absolument pour rien.
Film Freak a écrit:
C'est un peu le spécialiste des projets ambitieux avortés.
La préquelle de 20 000 lieues sous les mers (avec un Russell Crowe pré-Gladiator) puis une adaptation directe, Bob Morane (avec Cassel), Rahan (en proto-langage), Onimusha, Tarzan, Fantômas, Corto Maltese...
Triste de le voir finalement faire une suite.
A part le 20 000 avec Crowe (et le Tarzan), qu'avait l'air complètement pété de ce que j'en ai lu à vouloir coller du US pour avoir du budget(alors que l'autre adaptation devait se faire avec du pognon chinois donc forcément avec de la chinoiserie dedans, j'étais très curieux, le caractère anticolonialiste aurait eu sa place), j'aurais voulu voir tout ça.
Bon, sans trop de regret parce que la carrière de Gans un peu triste.
Est-ce qu'une dynamique s'est cassée sans avoir pu enchaîner direct après le Pacte des Loups ? Notamment avec le cinéma français et qu'il y a eu la malchance d'arriver à cette époque où la TV a définitivement pris le pouvoir et ne jurait que par la grosse comédie (et notamment le symbolique Taxi que j'ai haï de tout mon être à sa sortie)? Et aussi d'autres échecs dans le genre, même si a priori moins risqué financièrement. Yavait les Siri, Aja ou Richet laissant la place aux productions visant aussi des miettes à l'international en singeant trop les US tout en faisant jouer ça en français pour donner l'impression de l'exotisme. Et tout ça finira en Taken.
Enfin Le Pacte des Loups, c'est du cinéma comme on n'en a jamais fait et qu'on n'a jamais refait. Et c'est bien dommage pour le cinéma mais c'est très bien pour le film.
Qui a l'air d'être quand même très bien considéré quand on voit le prix du 4K d'occaz sous blisster. Enfin bon, qui a part des gens de la même génération achère ça ? Qu'il n'ait pas l'air d'avoir fait de petits même le ressemblant de loin est peut-être indicateur.