Forum de FilmDeCulte

aka Et pour quelques dollars de plus



" L'indien ", bandit cruel et fou, s'est évadé de prison. Il se prépare à attaquer la banque d'El Paso, la mieux gardée de tout l'Ouest, avec une quinzaine d'autres malfaiteurs. Le " Manchot " et le Colonel Douglas Mortimer, deux chasseurs de primes concurrents, décident, après une confrontation tendue, de faire finalement équipe pour arrêter les bandits. Mais leurs motivations ne sont pas forcément les mêmes...

Dans Retour vers le futur II, c'est Pour une poignée de dollars que regarde Biff en s'exclamant "mais quel putain de bon film!!" face à l'astuce finale de l'Homme sans nom. Moi c'est devant ce film que je me dis ça, parce que c'est quasiment une compilation de scènes du même acabit. Il n'y a plus la portée politique assumée provenant de Yojimbo (même si le colonel reconverti chasseur de primes a finalement plus de ressemblance avec le ronin de Toshiro Mifune, dans le sens où il servait jadis un maître/une cause et sert ses propres intérêts aujourd'hui, en soi un potentiel commentaire sur l'Amérique de la Reconstruction), là on est presque exclusivement dans la pure iconographie.

Le frérot a double down sur l'imagerie badass du western (les "gadgets" des flingues de Mortimer, c'est 100% plaisir) et sur le lyrisme (le motif de la montre à musique qui raconte toute une histoire en avançant masquée, Morricone qui sort carrément l'orgue et la compo d'inspiration Bach, vamooooooos) pour un film qui aurait pu tout aussi bien être muet tant tout se raconte par les images dans cette succession de confrontations étirant le temps pour traire la tension entre deux hommes (et vas-y que je gratte une allumette sur ta bosse de moche, et vas-y qu'on devient potes en se tirant le chapeau à tour de rôle comme un garçon tire les cheveux d'une fille dans la cour de récré et ça se termine avec un verre post-coït, sans oublier le duel habité entre Indio et le mec dont il vient de tuer femme et enfant).

D'ailleurs, le personnage du superbe Gian Maria Volonté a vraiment quelque chose de touchant, Leone apportant une nuance au personnage identique qu'il faisait jouer au même acteur dans le précédent, comme une réflexion sur l'archétype du méchant (mexicain) sanglant, le rendant hanté par un crime et donc lui apportant une part d'humanité sans pour autant le dédouaner ou le comprendre une seule seconde. Manco est le moins intéressant (vraiment un Mad Max, témoin/faciliteur de l'histoire des autres) mais avec ce trio de personnages, on est loin de l'opposition white hat/black hat, le carton d'ouverture (la vie a moins de valeur que la mort) et le premier plan (la figure héroïque du cow-boy chevauchant au loin qui se fait sniper) annonçait la couleur : grise.

C'est sans doute un tantinet long mais quel putain de bon film.

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