Forum de FilmDeCulte

Séance de rattrapage tardif ce matin

EDIT : AVEC DES MORCEAUX DE SPOILERS INCLUS
Bon ben j’ai trouvé que le film avait vraiment un balais dans le cul, comme on dit. Évidemment, je ne m’attendais pas à de la franche gaudriole, mais on a tellement vanté ce film et son rapport à l’art contemporain (?), que je m’attendais à quelque chose de plus audacieux.
La recherche formelle est bien là, ça on peut difficilement passer à coté, mais c’est pas la plus folle originalité non plus : les longs travellings, les plans bien symétriques, la musique classique sur les scènes de violence (bon ok, c’est bon, tu l’as ton atmosphère étouffante). Je trouve qu’on tombe dans les travers du film glacé et ingrat (qu’évitait par exemple Import Export) à l’image de cette longue scène de dialogue entre le prisonnier et le prêtre, sans respiration, aussi bien dans l’interprétation (les phrases sont enchaînées sans variation de ton et sans le moindre silence) ni dans la mise en scène (on passe en plan rapproché juste à la fin, quand même).
Et derrière tout ça, j’ai eu beaucoup de mal à voir un point de vue sur le sujet, les prisonniers de l’IRA. Ce contexte est tout juste évoqué, et ne sert presque que de prétexte, finalement (puisque tout ce qu’on voit pourrait se passer dans d’autres pays, à d’autres époques…). Peut-être que du coup ce n’est pas ça le sujet ? Mais alors qu’est ce que c’est ? La mutation d’un corps ? C’est vrai qu’on a déjà l’impression que ça intéresse un peu plus le réalisateur, mais ça n’arrive qu’au dernier tiers du film… (d’ailleurs c’est vrai qu’on respire un peu plus dans la deuxième partie du film, même si on finit par du lourdingue, avec cette incrustation d’oiseaux qui s’envolent au moment ou le personnage meurt).

Bref, du coup, tout ce travail formel hyper présent écrase littéralement le peu de propos qu’il y a (à moins que j’ai tout raté) sur un sujet déjà un peu flou à la base, et ce déséquilibre donne un coté « tu vois bien, spectateur, comment je te serre à la gorge ? Tu vois comment je peux te mettre mal à l’aise ? Tu vois de quoi je suis capable ? »

2/6

_________________
Liza says "Don't drop bombs!"

de ce que j'ai vu, je suis assez d'accord avec toi.
ça fait cinq fois que j'essaie de le regarder, cinq fois que je n'ai pas envie, que je m'arrête, que je me dis "bon t'es pas dans le bon état d'esprit", mais non, pas moyen, allez zou poubelle.

_________________

*

Mon dieu...

_________________

Merciii pour le spoiler.

sorry mucho,
mais un spoiler 6 mois après la sortie du film quand même... bon enfin bref

_________________
Liza says "Don't drop bombs!"

Hum, je crois que c'est assez simple ou évident. Pour que la "mutation" puisse s'effectuer, il faut une réaction, engendrée par une révolte. Le côté froid que tu n'aimes guère n'est qu'un des états nécessaires au film pour la transformation, aux côtés du caractère provoquant (par l'image, par les situations,...) de la première partie. D'ailleurs, j'y connais rien et suis peu convaincu, mais c'est peut-être ça qui est assimilé à de l'art contemporain ?
Et sinon, je suis toujours surpris par les remarques qui préfèrent dénigrer un travail formel plutôt que de le saluer, même si l'on trouve qu'il cache une certaine misère de traitement thématique ou autre. A nouveau, l'art contemporain, à mon très humble avis, joue sur la puissance évocatrice de l'appareil.

C'est pas une question de vieillesse, le topic est court, ça veut dire que pas grand monde l'a vu. menfin je pique pas une crise hein, de toute façon le film me dit moyen et je vais attendre quelques mois histoire d'oublier ce spoiler avant de le matter.

Désolé, la prochaine fois je tournerais sept fois la langue dans ma bouche avant de spoiler sans réfléchir
(d'ailleurs je continue)

Oncletom : qu'il faille passer par la dureté de la première partie pour arriver à la transformation du corps dans la deuxième, je le comprends tout à fait au niveau du récit. Ce qui m'a gêné, c'est juste que je n'ai pas pu m'empêcher de me demander "c'est un film sur quoi?" vraiment c'est une question super naïve et sincère, hein, pour vous c'est un film sur quoi ? C'est un film sur l'Ira en Angleterre? un film sur la mutation du corps ? un film sur l'automutilation ? sur la vie carcérale ? Sur tout ça à la fois ? Sur autre chose ?

Parce que pour moi, la première partie c'est un film politique, avec beaucoup d'indication sur le contexte (les extraits d'interview radio), une sorte de reconstitution, et la deuxième partie, c'est un film sur le corps, plus "abstrait" d'une certaine manière. Et même si j'ai bien compris que c'était fait exprès que les parties soient bien différentes l'une de l'autre, c'est fait de manière tellement étanche, et au détriment des thèmes abordés dans chacune, que j'ai trouvé ça maladroit. Comme si' l'une annulait l'autre, venait carrément la contredire...
Mais s'il n'y a que moi que ça gêne, c'est peut-être juste un question de gout, hein... et puis c'est pas bien grave

sinon l'art vidéo je kiffe, c'est dit.

_________________
Liza says "Don't drop bombs!"

Pour moi c'est tout con : comment le corps peut devenir l'ultime arme politique quand toutes les autres ont échoué. Le corps de Bobby Sands dans la 2nde partie, en allant peut-être un peu loin mais tentons le truc, est filmé avec la même insistance que Pasolini filme les prêches de Jésus dans L'Evangile (je rapproche les films pour leur rage et leur colère, pas pour un quelconque aspect sacrificiel).

Sinon, si ça cause de l'IRA et de la vie carcérale, c'est un film qui prend place dans un contexte extrême pour faire ressortir une certaine essence de l'homme exacerbée par cette situation (dans sa dignité, son orgueil, son absurdité, sa bêtise, etc. etc.)

Je pense aussi. Twilight j'avais un peu développé mon avis sur la page précédente de ce topic, pour éviter de me répéter et essayer de répondre à ta question.

_________________

j'avais pas lu, effectivement
mode reflexion ré-activé

_________________
Liza says "Don't drop bombs!"

Gros choc pour un film brillant dont la mise en scene tres appuyee est toute adaptee a son sujet. A digerer et a revoir, avant d'en parler un peu plus eventuellement (meme si comme d'hab cette annee, j'arrive apres la bataille, et je commence a en avoir ras-le-cul). 5/6

Ayé c'est fait, rattrapé grâce à l'Ecran Total.

La bonne claque, ça nous a bien calmés. *Ambiance de foliiie pour un vendredi soir*

J'ai trouvé ça très fort. Malgré le côté très graphique (et putain c'est beau), le film évite la pure démonstration esthétique. La mise en scène est un tuerie de bout en bout, je trouve. J'ai jamais eu de problème avec les structures en parties distinctes, et ici ça fonctionne assez bien. Le dialogue central est brillant, mais visuellement c'est plutôt lourd et lassant. Mais je trouvais ça intéressant d'éviter le discours verbal dnas les parties 1 et 3, et d'ouvrir les vannes en une fois, au milieu. Les extraits de Thatcher ont un effet fantôme assez flippant aussi. Tout le travail sonore est d'ailleurs remarquable.
La transformation physique de Fassbender, bien aidé par le maquillage, est extrêmement impressionnante...
Au final j'ai beaucoup plus été marqué par la force esthétique du truc (plutôt que politique/humaine), mais c'était difficiel de faire autrement avec l'idée du film (le coprs comme ultime arme politique), et j'ai trouvé ça passionnant. Steve McQueen est un cinéaste à suivre.

5/6

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Tu déchires nonotte !

_________________

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"