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MessagePosté: 26 Jan 2008, 20:40 
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avant toute chose, je tiens à me fâcher tout rouge comme une vieille dame pas contente de c'qui s'passe dans la salle, contre le Reflet Médicis, qui trucide, y'a pas d'autre mot, le son de ce fragile film qui n'en avait pas besoin, en le passant, ce me semble, en mono, alors même que le film m'a l'air mixé en stéréo, ce qui donne au final une bouillabaisse infâme qui va jusqu'à avaler plusieurs dialogues, amplifier des bruits parasites, rendre inaudibles plusieurs subtilités, etc, etc. Bref, une honte, un manque de respect total pour le film projeté.



ceci étant, concentration sur l'image, donc, et plaisir de voir Paris filmé ainsi : çàd qu'on n'est ni chez Jeunet/Doisneau, ni chez Honoré/j'ai-des-références-pas-des-idées. Le voilà le vrai Dans Paris, on y est vraiment, jusqu'au cou, et Garson dans Les Cahiers a raison de faire une critique géographique ; un film géographique, voilà ; géographie des lieux, géographie des corps, géographie des temps...


c'est le plus beau du film, ceci, et cette photo et cette lumière, cette beauté simple, cette élégance.


ça me plaît moins quand ça vire au dandysme appliqué, au Dupuy&Berberianisme du dîner mondain... Bozon en bout de table qui fait des boules de mie pendant qu'on se demande si les queues devant les boulangeries en URSS conduisent au Goulag, et c'est le spectre repoussant d'Étoile violette qui surgit. Heureusement, on n'est pas dans Étoile Violette et on se mettra pas à réciter dans la forêt en marchant à l'envers en gros plans.

Le plus beau du film tient en somme dans sa justesse impossible, et pourtant justesse quand même. Garson, encore, en parle bien, je trouve, de la très juste fausse justesse de la "reconstitution", de la plus grande justesse de cette reconstitution anti-antiquaire (j'admire par ex la séquence au séminaire de Lacan, où on voit toutes les ficelles qu'aurait pu employer la grosse artillerie cinématographique : nettoyer l'enregistrement, ou bien être en "écoute subjective" sous un casque... et puis le choix, au final, d'une silhouette quand même pour incarner ce Lacan, qui fait caca comme tout le monde... j'aime bien cette audace de rien, cette justesse, donc), versus la justesse supposée historique, des fresques amidonnées.


ce que le film capte c'est, l'expression est sans doute idiote, l'air des temps.

c'est là qu'il vaut le mieux, le plus, le plus fort.

après je vais pas cacher que l'ennui est bien là, qu'on s'ennuie quand même, que ça pourrait être sans doute mieux, qu'il y aurait des choses à faire. Seulement quand j'y repense, je vois mal quoi exactement. Aurélia Georges fait tout pour éviter les facilités, utilise le physique de son comédien sans en abuser, sans se moquer ; utilise les époques sans en abuser, sans feindre ; utilise le discours social sans en abuser, sans tirer sur la corde.


Film de trajectoires, de silhouettes : là où elles aboutissent.


Film d'aboutissement, mal commencé, bon, c'est bien déjà, c'est déjà bien, c'est autre chose que ce que le cinéma français fait (enfin, pour ce qu'il fait ces derniers temps).


Léo, plusieurs choses dans ce film pourraient je crois te plaire.

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MessagePosté: 26 Jan 2008, 20:44 
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Ok c'est bon, la semaine prochaine il y passe.

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MessagePosté: 27 Jan 2008, 12:48 
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Zad a écrit:
Film d'aboutissement, mal commencé, bon, c'est bien déjà, c'est déjà bien, c'est autre chose que ce que le cinéma français fait (enfin, pour ce qu'il fait ces derniers temps).


:shock: *Christine Angot enleve ton masque*


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MessagePosté: 27 Jan 2008, 12:51 
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(la graine et les mulets)

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MessagePosté: 27 Jan 2008, 12:56 
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(la graine et les mulets)


*Tabernac, Rene-Charles a emporte le caribou dans le coffre*


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MessagePosté: 27 Jan 2008, 12:59 
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j'ai lu ailleurs qu'on évoquait des références à la nouvelle vague et c'est plus ou moins vrai.

çàd que c'est plus vrai que chez Honoré, où on n'est même plus dans la citation mais dans la contrefaçon.

Là c'est davantage vrai dans l'esprit technique, je dirais, dans l'idée qu'on peut sortir traverser Paris sans que ce soit touristique, mais en restant ludique. Mais pas comme chez Honoré où on fait semblant, où on prend la posture, où on s'assure bien qu'on a bien vu la référence. On le fait parce que ça vient comme ça, parce que la géographie du film veut ça, parce que la mise en scène géographique du film signifie ça, c'est de la topographie, en somme, c'est presque Le jeu de l'oie de Ruiz -- enfin pas vraiment, mais la façon qu'a Aurélia Georges d'investir les lieux topographiquement me rappelle ce court métrage-là.

il y a bien, certes, une photo de Pierrot le fou collée au mur, mais après tu la vois ou tu la vois pas -- je veux dire elle n'est pas éclairée spécialement pour qu'on la voit, elle est bien dans le cadre, bon, on la remarque, mais elle ne se fait pas remarquer (pas comme chez Honoré, encore).

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MessagePosté: 27 Jan 2008, 13:06 
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vous comprendrez en voyant le film :

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(pourquoi Giacometti ne l'appelle pas "Le Chien qui marche" ?)

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MessagePosté: 27 Jan 2008, 14:41 
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il passe toujours en matinée je crois et sinon il passe au reflet (mais éventuellement avec un son de merde)

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MessagePosté: 27 Jan 2008, 14:49 
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alors rattrapage l'an prochain en dvd césar?

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MessagePosté: 30 Jan 2008, 11:26 
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Attention au texte qui tue.

J'ai trouvé ce film très beau.

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MessagePosté: 31 Jan 2008, 10:06 
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Un peu plus de précision quand même.

Ceci n’est pas un film sur la solitude, tout au plus un film sur un corps solitaire.

Ce qui m’a le plus séduit dans le film c’est la manière dont la cinéaste s’attache à son sujet, ce corps justement (car ici aussi c’est une question importante : faut il parler de corps ou de personnages ?). Elle s’y attache tout en éliminant ce qu’il existe autour, l’homme qui marche devient le seul et unique moteur de fiction. Ceci nous entraine vers un récit simple et épuré : une ligne droite irrémédiable. Malgré ça, comme le dit Zad, Paris est particulièrement bien filmée mais il semble impossible de ne pas raccorder la ville à ce moteur de fiction. La aussi une question s’impose : Qui change en premier au gré des ellipses ? L’homme ou la ville ? En effet, comme dans tout récit simplifié, l’enjeu du film se joue en un passage, en une évolution. Ici pourtant pas de quête spécifique, il est difficile de s’identifier totalement au personnage (du fait d’un grand mutisme), l’homme qui marche est tout simplement inscrit dans le monde. Peut être que lui ne change pas finalement. On peut le supposer.

Un passage donc. Mais de quoi à quoi ?
Surement un passage du corps mystérieux au corps solitaire (la solitude arrivera réellement dans la dernière partie du film, le moment ou la ville nous apparaitra sous un angle plus large).
Au départ, notre homme qui marche (grandiose César Sarachou) attire le regard et les attentions du fait de sa marginalité. Il est observé et intriguant. Il fascine et ceci est parfaitement incarné par la mise en scène très sobre (scène de lecture, scène de repas, le photographe qui incarne à lui seul les étapes du changement). Cet état va progressivement se ternir et c’est très sensible (Aurélia Georges ne se contente pas d’une simple dialectique). Ce qui est beau, pour une fois, c’est le fait qu’il n’y est pas de décrochage du fait d’une grande concision. Tout ce qui ne sert pas le sujet et qui aurait pu venir contaminer le film est retiré. Seul les séquences importantes sont là, en vingt ans de sa vie traitée par ellipse on ne le voie jamais seul chez lui par exemple. Le sujet c’est ce corps et le regard qu’on lui porte. Sa solitude est juste la finalité de ce sujet là.

C’est vrai qu’il y a un sentiment un peu nouvelle vague, mais j’ai du mal à le définir. Ce qui est sur c’est que l’on est pas dans le référentiel gratuit. Deux poster dans la chambre de l’étudiant sont là pour signifier son intérêt pour les icones vieillissants mais rien de plus (un poster de Pierrot le fou et un de Patti Smith).
Mais il y a une manière de traiter subtilement la rupture, par à-coups, que j’ai du mal à rapprocher de la nouvelle vague. Par exemple la séquence où il doit donner son cours de russe. Deux minutes, trois plans sur la fille. En trois plans elle fume trois cigarettes. Lui semble figé, il ne donne pas d’indice d’avancé temporelle contrairement à elle. Les symptômes commencent ici, pourtant c’est très subtil. Le style d’Aurélia George ne saute pas à au visage du spectateur. Ca reste un film qui demande un minimum d’effort, tout concentré de fiction qu’il est. Car oui, ce corps là est fiction avant même que le récit apparaissent (le photographe le verra avant nous). Un récit qu’il créera.

Voilà, il y a une véritable intelligence ainsi qu’une sensibilité palpable dans le cinéma de cette cinéaste. Je ne parle pas en détail de la fin, pour ne pas gâcher la vision de certains. Enfin j’espère qu’on ne sera pas que deux à le voir.


5/6


Les films que j'aime vraiment en ce début d'année arrivent par surprise.

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MessagePosté: 10 Fév 2008, 10:58 
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dégueulasse la fin? en quoi?
je la trouve très forte moi...

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MessagePosté: 10 Fév 2008, 12:42 
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Zad a écrit:
dégueulasse la fin? en quoi?
je la trouve très forte moi...


Inutile de dire que je suis d'accord. :?

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MessagePosté: 10 Fév 2008, 12:58 
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Léo a écrit:
Le film est finalement, dans sa manière, très actuel. Le meilleur de ce style-là, pour moi, c'était le film de Mia Hansen Love l'année dernière.
Et ce style-là, il faut bien dire que ce qui le définit en premier, c'est le dégoût de tout ce qui est contemporain, ou plutôt le dégoût de tout ce qui est moderne...


Je sais pas pour le Mia Hansen Love mais pour ce film, je n'ai pas l'impression que le moderne soit en question, ou alors pas tant que ça. Le personnage est dès le départ mal à l'aise dans le monde et résolu à ne pas y jouer la comédie. Ca n'est pas qu'il n'est pas de son temps, c'est qu'il n'est d'aucun temps, et qu'il ne fait partie de rien, sauf peut être des rues de Paris.

Alors oui c'est une figure d'aristocrate mais moi j'aime bien les aristocrates. Ils font, avec les barbares, les héros les plus intéressants.
Je dirai c'est une sorte de Don Quichotte qui se prend pour un personnage Nietzschéen, et j'ai trouvé ça très beau, très précis.
Le dernier plan est un peu un piège, avec un soupçon de mépris pour le passant peut être, peut être documentaire mais aussi très cinématographique, plus définitif que démonstratif, qui pose plus la fin d'un parcours qu'un discours sur la société.

5/6

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Pré Carré


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MessagePosté: 11 Fév 2008, 10:15 
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Citation:
Voilà, c'est ce changement de style que je trouve "injuste", si tu veux, et assez "dégueulasse" vis-à-vis du réel.


Pourquoi ne jamais vouloir une évolution, un passage, une modification qui correspondrait justement à l'évolution du film ? J'ai vraiment du mal à comprendre.
Bine sur qu'il y a un changement de style, et je trouve ça très cohérent et pas dégueulasse. J'en ai déjà parlé je crois.

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